Lionel Jospin nous propose une relecture de son histoire personnelle au Parti socialiste, de son expérience du pouvoir... d'abord comme Premier secrétaire du Parti socialiste (1981-1988 ; 1995-1997), puis comme ministre de François Mitterrand (1988-1992) et enfin comme Premier ministre (1995-2002).
Ouvrage de mémoire et de projection, il apparaît au fil des pages que la conquête du pouvoir, et a fortiori son exercice, ne peuvent être que le fruit d'une intense construction militante. Revenant avec une tranquille lucidité sur le bilan des gouvernements socialistes de la fin du siècle, ceux de la présidence Mitterrand comme le sien, Lionel Jospin revendique les succès, y compris lorsqu'ils sont toujours débattus comme l'instauration du quinquennat, et assume les erreurs politiques sans voiler les faux pas moraux.
À la fin, de cette fin qui pourrait être un commencement, se révèle une certitude : à défaut de «?la?» vie, nombreuses furent «?les?» vies changées pour le meilleur, rançon pas si déshonorante de l'espérance. Lionel Jospin nous invite à penser cette idée neuve en actions redevenue la matrice d'un monde où l'égalité sera le socle des solutions pour construire, pour toutes et tous, une vie décente.
Si le Rassemblement national ne s'intéresse guère à l'écologie que par électoralisme, différents individus et structures de l'extrême droite ont, au contraire, développé ces dernières années un discours écologiste.
Ce discours, contrairement à ce que certains peuvent croire, n'est pas nouveau en France ; il a des racines profondes. Il puise dans un romantisme politique faisant l'éloge d'une nature indomptée, et partage avec l'écologie de « gauche » une certaine volonté de décroissance.
Mais il reprend aussi bon nombre des thématiques qui ont structuré la pensée conservatrice (rejet de la technique, organicisme identitaire, etc.). En outre, contrairement à ce qu'on pourrait penser, dans notre pays, la formalisation d'une pensée écologiste à l'extrême droite remonte moins à Barrès ou Pétain qu'à la Nouvelle Droite, via d'anciens SS français. Ce livre se propose d'en faire la généalogie, rappelant le parcours de ceux qui contribuèrent à lui donner ses contours théoriques, analysant les contenus doctrinaux et jette un éclairage cru sur les réels contenus idéologiques de ces discours.
Quelles sont les origines du lien entre la monnaie et le pouvoir de l'État ? Comment celui-ci est-il susceptible, néanmoins, d'insuffler des principes démocratiques dans l'économie de marché ? Quelles perspectives, enfin, se dessinent pour penser la monnaie face aux enjeux sociaux et environnementaux du futur ?
Hélène Thouy est avocate. Elle est aussi la cofondatrice et la porte-parole du Parti animaliste.
Dans ce livre très attendu, elle explique pourquoi le moment est venu pour les défenseurs des animaux de descendre dans l'arène politique. Il s'agit bien évidemment de faire valoir les intérêts de ces millions d'êtres que l'on mutile et engraisse, piège et exhibe, enferme et tue.
Il s'agit aussi de répondre aux attentes de cette majorité de Français qui jugent que la cause animale est importante, qui rejettent massivement l'élevage industriel et s'inquiètent de ses conséquences sanitaires et environnementales catastrophiques.
La grande majorité de nos responsables politiques, eux, ne semblent vouloir servir que les intérêts financiers des grands groupes agroalimentaires. Cette allégeance à une poignée d'industriels est scandaleuse. Elle est contraire aux intérêts des animaux, des éleveurs, des consommateurs. Elle doit prendre fin.
Prenant à contre-pied les commentateurs professionnels et les cyniques, Hélène Thouy répond aux questions que l'animalisme soulève parfois. Elle montre qu'il n'est pas la dernière lubie de citadins déconnectés de la nature, mais une cause défendue depuis la nuit des temps par les esprits les plus libres et les plus brillants.
La démocratie vise un idéal qui mérite d'être vigoureusement défendu?: l'égale liberté politique des citoyens. C'est avec la conviction profonde que l'on doit tous prendre part à la vie démocratique que les auteurs se penchent sur les conditions qui la rendent possible.
Croisant histoire de l'art, histoire des idées politiques, histoire comparée des formes symbolique, ce livre a pour objet la représentation de la souveraineté du peuple dans le cadre des régimes républicains en Europe et en Amérique latine au milieu du XIXe siècle.
Longtemps confortées par une interprétation chrétienne qui voulait ne voir qu'un seul monarque dans les Cieux, les catégories de la pensée politique forgées par Aristote ont imposé l'idée que le pouvoir royal ou princier avait pour lui l'évidence de la nature et la force d'une incarnation. Le Prince, le Roi ou le Tyran, étaient la forme visible du pouvoir.
Celle-ci pouvait alors se prêter facilement à d'infinies stratégies de représentation et de célébration dont l'histoire et l'histoire de l'art se sont emparées très tôt.
Mais quelle forme visible donner non au pouvoir d'un seul, mais au pouvoir du plus grand nombre, c'est-à-dire aux démocraties ? Comment donner à voir ce qu'est la République, régime caractérisé par le libre choix de la forme du gouvernement mais aussi des gouvernants, dont la souveraineté est souvent partagée, contrôlée, provisoire et dont l'autorité ne vaut que pour autant qu'elle rencontre l'assentiment de ceux sur qui elle s'exerce par la loi, le peuple ?
Comment signifier en même temps l'exaltation de la liberté et la soumission volontaire de chacun à la loi ?
Pris dans le tourbillon du quotidien, des cours, des évaluations, des articles, des projets et des rapports rendus à la hâte, l'enseignant-chercheur a rarement l'occasion de s'interroger sur ce qui fait, ou qui devrait faire, l'utilité de son métier. À quoi sert la science politique ? Les étudiants qui nous écoutent et les concitoyens qui nous financent ont, à mes yeux, le droit de nous adresser cette question.
De toute façon, c'est une question que je me suis souvent posée à moi-même. Je crois aussi peu au total désintéressement de l'activité intellectuelle qu'à l'art pour l'art. Si on produit du savoir, c'est pour en faire quelque chose.
À travers un parcours personnel, parsemé de doutes, de joies, de rencontres, j'aborde ici les questions qui me taraudent et me dépassent : comment bien faire son métier quand les conditions d'exercice se détériorent ? Comment ne pas sombrer dans le découragement face aux attaques venues du sommet de l'État ? Pourquoi persévérer lorsqu'on est condamné à la précarité ? L'étude des phénomènes politiques doit-elle être neutre ? Est-ce seulement possible ? Comment inventer des formats d'écriture qui dressent une passerelle entre littérature et sciences sociales, sans nier l'autonomie respective de ces deux domaines ? Peut-on être à la fois philosophe et sociologue ? Peut-on articuler une approche critique et une approche pragmatique ? Quels rapports puis-je déceler entre mes choix théoriques, épistémologiques, méthodologiques, et mon histoire personnelle, sociale, familiale ?
À travers ce récit, aussi sincère que possible, je n'ai eu qu'un seul souhait : donner à penser.
Pierre-Simon Ballanche a été étudié davantage par les littéraires (Paul Bénichou, Jean René Derré, Frank Paul Bowman) et les spécialistes de l'ésotérisme, Auguste Viatte, Léon Cellier) que par les philosophes. Pourtant son influence fut considérable sur la pensée politique sous la monarchie de Juillet, et ce penseur considéré souvent comme un catholique conservateur, au mieux comme le père du catholicisme libéral, a été pourtant une des sources des premiers républicains et des premiers socialistes avec sa théorie de la palingénésie sociale mais surtout du plébéianisme (saints-simoniens, Buchez, Leroux, etc.).
Ce qui explique cette méconnaissance, c'est le refus français, à la différence de l'Allemagne, de considérer l'existence et la légitimité d'une philosophie romantique et d'une philosophie mystique. En Allemagne, Schelling, Fichte, Hegel, sont influencés par Franz von Baader, et ce dernier est considéré naturellement comme un philosophe.
En France, les philosophes romantiques, nourris de mysticisme, Louis-Claude de Saint Martin, Pierre-Simon Ballanche, Pierre Leroux, n'ont pas statut de philosophes. Ce refus est lié à la façon dont, à la même époque, Victor Cousin a constitué, sur la base d'un héritage cartésien, l'institution philosophique et délimité de façon brutale ce qui est philosophique et ce qui ne l'est pas.
Le discours que prononça Nasser le 26 juillet 1956 est historique à plus d'un titre.
À nous lecteurs de ce début de XXIe siècle, le chef de l'État égyptien montre que la civilisation arabomusulmane libérée du colonialisme ottoman puis occidental, désormais fi xée vers des perspectives meilleures, ne peut se résumer en une soumission à une pratique religieuse, comme trop souvent l'Occident le ressent.
L'action de Nasser modernise l'identité arabe et peut se lire comme une tentative de réforme de l'islam.
À cette époque, Nasser parle, Oum Kalsoum chante, et les grandes puissances s'agitent.
Disposons-nous d'une synthèse idéologique et morale proportionnée aux défis de notre siècle ? La notion de progrès est critiquée de toutes parts. La synthèse catholique l'est aussi. Et que dire de l'utopie qui trouva son acte de naissance dans le Manifeste communiste de 1848 ? Les grands combats actuels, l'écologie, la justice sociale, l'antiracisme, le féminisme sont-ils condamnés à s'improviser sans racines solides dans la culture européenne ?
Cet ouvrage montre qu'une succession de déviations a laissé en jachère le meilleur de notre patrimoine. Progressivement éliminé au cours des trois Internationales des Travailleurs, le socialisme républicain, n'a pas été relevé dans toute sa richesse malgré la chute du communisme. Sous la conduite de Jacques Viard (1920-2014), ce livre reprend le cours de l'histoire à partir de 1830 et parcourt le chemin balisé par Pierre Leroux, Louis Blanc, le premier Proudhon, Michelet, Péguy, le premier Jaurès, Simone Weil et tant d'hommes et de femmes dont le nom est tombé dans l'oubli. Il apparaît que le socialisme républicain était largement libéral, antiraciste, philosémite, féministe et écologiste avant la lettre.
Abaissant les barrières entre les disciplines, Jacques Viard met en communication histoire, politique, philosophie, morale, et redonne à la littérature toute la place qui lui revient dans la formation des esprits fraternels. Car elle est plus sensible que les théories, charnelle même, plus dialogique et inscrite dans la diachronie. Jacques Viard se livre lui-même à une lecture approfondie et renouvelée de Sand, de Proust, de Giono.
À l'heure de l'affaire Cambridge Analytica, de la course à la revente des données personnelles et à la montée en puissance des plateformes du type NationBuilder en France, cet ouvrage pénètre dans les coulisses du big data élector al.
Les big data sont devenus un impératif pour mener une campagne électorale. La campagne pour l'élection présidentielle française de 2017 a été marquée par le rôle majeur joué par des plateformes de gestion et d'analyses des données massives, telles que NationBuilder ou 50+1.
Qu'est ce que change le recours au big data électoral dans les manières de faire campagne ? Introduit-il des pratiques « innovantes » pour mobiliser les électeurs ? Voit-on apparaître de « nouvelles » formes de militantisme ? Comment sont construits les algorithmes prédictifs ? Sommes-nous réellement fichées sur
Au croisement des travaux sur les entourages politiques et sur le genre en politique, cet ouvrage révèle la contribution, aussi essentielle que méconnue, des conjointes d'élus. Connoté par la presse à scandale et non questionné par la science politique, ce sujet est au mieux réduit à l'étude de la communication politique des élus les plus médiatisés. Bien au-delà, et à l'aide des concepts de la sociologie de la famille et de la sociologie politique, l'analyse des rôles endossés par les conjointes au sein des maisonnées politiques enrichit doublement notre compréhension du « métier » d'élu : elle révèle d'abord certaines conditions pratiques et parfois prosaïques de cette activité sociale ; elle rompt ensuite avec l'image d'un élu coupé de ses attaches privées et sans affects. Nourrie de récents travaux sur le genre en politique, cette approche permet de mettre en lumière l'importance de cette catégorie de femmes impliquées de fait dans la vie politique et pourtant jusque-là particulièrement ignorées.
À l'encontre de la théorie politique et de la plupart des travaux de sociologie politique, qui interdisent ou s'interdisent de franchir la frontière qui sépare vie publique et vie privée des élus, c'est donc la nécessaire imbrication et articulation de ces deux sphères au cours de l'ascension élective que cet ouvrage met en évidence.
Pourquoi republier, près de deux siècles après sa première parution??
Leroux, inventeur du socialisme, le premier à avoir, selon ses propres termes, « mis le socialisme dans la République et la République dans le socialisme », le philosophe de l'Humanité, retrouve enfin sa place au panthéon des grands ancêtres.
Si cette publication pouvait contribuer, après d'autres, à une meilleure connaissance de l'oeuvre de Leroux, ce ne serait que justice. Mais la vérité est autre.
S'il y a une actualité de ce livre, il la doit au fait qu'il incarne ce qui aurait pu être une autre voie possible pour l'organisation des rapports du politique et du religieux en France, soit une certaine façon d'entendre la laïcité, très différente de celle qui a triomphé en reconduisant le thème chrétien de la séparation de ce qui est à César et de ce qui est à Dieu, du temporel et du spirituel, des Églises et de l'État. Car c'est précisément cette séparation, étrangement pour nous tant elle nous semble évidente et indissociable de la pensée républicaine, que Pierre Leroux critique et refuse, en même temps qu'il conteste toute possibilité pour l'État d'être «?neutre?».
Cette actualité serait non seulement liée à cette crise de la sécularisation mais à la reconnaissance, qui lui est contemporaine, de la persistance du théologico-politique.
Il conduit à une proposition?: organiser religieusement la société laïque. Cette proposition ne peut manquer d'apparaître surprenante, pour ne pas dire incompréhensible. Elle suppose en tout cas, a minima, de mobiliser un autre concept de la laïcité et un autre concept de la religion que ceux qui sont les nôtres aujourd'hui.
Après plus d'un demi-siècle d'absence, la guerre entre grandes puissances pourrait-elle signer son retour ? Alors que la dégradation des relations entre les Etats-Unis, la Chine et la Russie a désormais été actée, cet ouvrage entend s'interroger sur le risque du déclenchement d'une guerre, globale ou régionale, entre eux d'ici à 2030.
Certaines évolutions technologiques pourraient-elles venir remettre en cause la stabilité de l'équilibre nucléaire, garant de la paix depuis 1945 ? Les projets américains, notamment dans le domaine des défenses anti-missile balistique, sont-ils sur le point de rendre caduc les dissuasions nucléaires chinoise et russe ? Se dirige-t-on en réaction vers une nouvelle course aux armements nucléaires ?
Sur le plan conventionnel, comment Pékin et Moscou pourraient-ils chercher à contourner la supériorité militaire américaine ? Dans quelle mesure le développement de leurs capacités dites de « déni d'accès » renforce la probabilité d'un conflit armé au niveau régional ?
Qu'en est-il du devenir humain dans la période contemporaine marquée par l'explosion des NBIC (Nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives), véritable catalyseur des théories et recherches transhumanistes ? Les questions afférentes au transhumanisme, qui soulèvent un ensemble de passions, sont principalement investies dans une perspective éthique.
Et il n'existe pas de réfl exion éducative articulée avec cette révolution numérique et technoscientifi que autre que centrée sur les modalités d'utilisation des nouvelles technologies dans l'activité pédagogique.
L'enjeu du transhumanisme est appréhendé ici comme directement politique, et les questions éducatives travaillées par les auteurs sont empreintes de cette réfl exion politique sur le devenir de l'humanité. Parmi les questions fondamentales de l'éducation au coeur de cette révolution numérique et technoscientifi que nous relevons : Pour quel horizon éduquer cet homme augmenté ? Que doit-il permettre de faire advenir ? Quelle opportunité représente- t-il pour le monde ? En d'autres termes : quelle est la fi - nalité politique de son éducation ? De quoi est-il responsable, et comment peut-il préparer l'avenir ?
Les auteurs tentent de dessiner les contours de l'horizon politique de l'éducation de cet homme augmenté. La thèse centrale de cet ouvrage est que, si l'« homme technique » est en train de devenir un « homme augmenté », l'enjeu politique auquel il doit être préparé par l'éducation est paradoxalement de permettre l'avènement d'une société postprométhéenne. La mutation anthropologique qui est développée afi n de donner à l'aventure humaine la possibilité de sa pérennité est celle de l'apprentissage du renoncement au besoin de contrôle, de pouvoir et de domination (de soi, des autres comme du monde). Si l'éducation de l'homme augmenté apparaît nécessaire afi n de ne pas ouvrir largement au transhumanisme, elle est appréhendée comme l'opportunité de faire advenir une société postprométhéenne.
Les contributions rassemblées relèvent de la pensée philosophique politique de l'éducation et intègrent une composante prospective.
Pierre Laroque, conseiller d'Etat, fut le grand ordonnateur de la Sécurité sociale mise en place en 1945. Ce grand serviteur de l'Etat ne s'est pas contenté de servir des politiques ; il a su tout au long de sa carrière concevoir des institutions soucieuses d'organiser la solidarité sociale et répondant à une exigence fondamentale : celle de démocratiser la « sécurité ».
L'auteur dénonce les idées reçues sur le libéralisme politique. Contrairement à Michea, il refuse de se plier à l'injonction de ne pas séparer le libéralisme politique du libéralisme économique.
La liberté de l'homme n'est pas la même que celle de la finance. Il ne peut y avoir de liberté s'il n'y a pas d'égalité. Or, l'économie reconstruit les inégalités.
La liberté dont parle la philosophie politique libérale n'est pas celle que revendique la théorie économique néo-classique. Le libéralisme politique perd sa portée émancipatrice s'il n'adjoint pas au primat de la souveraineté individuelle, les valeurs d'égalité et de solidarité.
L'attention accordée à l'égalité peut sembler excessive mais elle vise à montrer la compatibilité avec la liberté.
Quant à la place accordée à la solidarité, elle est nodale. Sans elle, la connivence entre libéralisme et socialisme, qui dessine un autre avenir que celui de la globalisation néo-libérale, est privée de fondements.
Jules César, Louis 14, Napoléon III, Ismaïl Pacha, Hitler, Staline ou Mao Zedong ont voulu des places publiques à leur image. Ils ont été les commanditaires d'espaces qu'ils destinaient à incarner leur vision politique et à consolider leur pouvoir. Eux et leurs congénères nous ont légué des places royales, impériales, nationalistes, fascistes qui, aujourd'hui encore, jalonnent nos villes et nos villages. Mais qu'en est-il des démocrates convaincus ? Se sont-ils eux aussi demandés quelles places pourraient convenir à leurs idéaux et à la promotion des modes de vie qui leur tiennent à coeur ? À quelques exceptions près, la réponse est non. Cette question n'a pas été posée, pas même à Athènes. D'où vient cette lacune ? Quelle est la nature de l'inconscient politique qui nous la rend invisible ? Quelles places en démocratie ?
Depuis la chute de l'URSS, la Russie n'a connu qu'une brève expérience du multipartisme au début des années 1990. Avec l'élection de V. Poutine, en 2000, l'emprise du pouvoir sur la scène politique s'est accentuée, excluant les partis de l'opposition libérale et démocrate de la représentation parlementaire.
Privés de partis et de représentation, comment les opposants politiques peuvent-ils faire entendre leur voix dans la Russie des années 2000 ?
Dans un contexte politique contraint, comment s'organisent-ils collectivement pour intervenir dans la vie publique ? Quelles sont les ressources dont ils disposent ? Quelles sont les menaces qu'ils rencontrent ? Autant de questions auxquelles ce livre répond en restituant leurs trajectoires au long des années 2000, leurs revendications et leurs alliances, les diffi cultés qu'ils connaissent mais aussi l'inventivité dont ils font preuve pour contourner les contraintes, les précautions qu'ils prennent mais aussi les risques qu'ils encourent.
Cette enquête sur les militants d'opposition en Russie est l'occasion d'une réfl exion sur le rôle des partis dans les systèmes politiques contemporains, sur les conséquences de leur aff aiblissement, voire de leur disparition. Les leçons politiques du cas russe sont certes spécifi ques à ce contexte national mais elles illustrent les dangers pesant sur les partis politiques dans d'autres espaces européens où leur rôle est souvent négligé, voire méprisés.
A partir du cas russe, c'est donc au fond à une réfl exion sur le rôle des partis politiques que ce livre invite.
La dernière crise économique a rempli les rues de manifestants indignés (par exemple ceux du 15-M en Espagne ou de Nuit debout en France) et a donné naissance à de nouveaux mouvements sociaux, et parfois à de nouveaux partis. Cette puissante vague d'indignation a fait chanceler de nombreuses institutions, a déchaîné de grandes passions politiques mais a également engendré un certain sentiment de désarroi. Le temps de l'indignation semble bien être en même temps un temps de confusion. Ce livre est une tentative de mesurer la valeur, mais aussi les limites, de ce mouvement.
À une époque où domine ce sentiment d'indignation, où sont questionnées et critiquées quantité d'institutions et d'idées que nous pensions partager pacifiquement, l'auteur essaie de remettre sur le chantier notre conception de la politique, en se demandant en particulier si nous avons réussi à répondre de manière pertinente à ces questions : à qui appartient-il de faire la politique ? Que peut la politique, et quelles sont ses limites ? Que valent nos lieux communs au sujet de la politique ? Que pouvons-nous attendre d'elle ?
Le livre voudrait contribuer à ce que cette indignation dépasse le stade de l'échappatoire improductive, qu'elle parvienne à renforcer et améliorer nos démocraties.
Afi n d'expliquer la montée des forces populistes - Trump, le Brexit, le Front national, Orban... - les experts invoquent l'avènement de la « post-vérité ». Ce concept connaît une infl ation galopante, couronnée par le titre de « mot de l'année 2016 » décerné par le prestigieux Dictionnaire d'Oxford, lequel défi nit ainsi la post-vérité : « Des circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d'infl uence pour modeler l'opinion publique que les appels à l'émotion et aux opinions personnelles ».
Ceux qui utilisent cette notion considèrent que le monde est entré dans une nouvelle ère au cours des années 2000 :
L'empire des fake news. Cette ère se caractérise selon eux par la multiplication des contre-vérités outrancières professées par les dirigeants politiques (séquence inaugurée par le fl acon de Colin Powell) et par l'indifférence des peuples à l'égard de la vérité. Extrêmisme, complotisme et populisme seraient les preuves irréfutables que la vérité est en train de s'éroder.
Faut-il croire cette analyse ? Pas selon Manuel Cervera-Marzal.
Ce livre retrace la généalogie de cette notion, aujourd'hui très prisée par les élites progressistes, et pourtant forgée par la droite américaine dans les années 1970 afi n de discréditer la nouvelle gauche. Il fournit une analyse des usages politiques, médiatiques et académiques de la « post-vérité », en montant que cette notion nous en apprend davantage sur les préjugés de ceux qui l'utilisent que sur les phénomènes qu'elle est censée décrire. Et il prend à contre-pied le discours dominant, en soutenant une thèse forte : il ne faut pas craindre l'avènement de la post-vérité mais au contraire s'en réjouir. Car la première vertu d'un citoyen est de savoir mentir, de déformer la réalité afi n de la transformer. On comprend ainsi que la post-vérité - et son frère jumeau : le populisme - ne constituent pas une menace pour la démocratie mais la possibilité de sa régénération.
De la Commune aux Gilets Jaunes, un plaidoyer pour renforcer le pouvoir local afin de redonner un cadre à l'engagement citoyen
Le livre prend le contre-pied du discours habituel sur Trump, dominant dans les média américains et français, qui présentent le président US sous un jour aberrant, monstrueux, imprévisible, absurde, fou... L'auteur en fait le symptôme banal, trop banal, du monde actuel : signe d'une Trumpisation ordinaire de nos sociétés qui va bien au-delà du cas Trump.
Jusqu'alors assez discret, le Groupe de Recherche et d'Étude pour la Civilisation Européenne (GRECE) fut placé sous les feux des projecteurs de l'opinion publique en 1979, à la suite d'une campagne médiatique particulièrement violente, donnant naissant à l'expression « Nouvelle Droite ». Elle fut forgée pour qualifier le GRECE et ses positions idéologiques. On fit de la Nouvelle Droite une usine de recyclage d'idées nazies, un club de surhommes, un trotskisme de droite cherchant à infiltrer les médias et les instances politiques ou intellectuelles. Tout ceci est partiellement faux... et donc également en partie réel. Cet ouvrage se propose de montrer les soubassements idéologiques du GRECE, ses filiations intellectuelles et son apport dans l'apparition de l'idéologie identitaire qui dépasse aujourd'hui le cadre restreint de l'extrême droite radicale. Stéphane François y analyse différents points de l'idéologie promue par la Nouvelle Droite et ses principaux théoriciens, notamment Guillaume Faye et Alain de Benoist.
Il revient également sur ses liens avec le Russe Alexandre Douguine et les théoriciens américains du racisme, dont le courant « altright », connu depuis l'accession de Donald Trump à la présidence des États-Unis