Simone Veil accepte de se raconter à la première personne. Personnage au destin exceptionnel, elle est la femme politique dont la légitimité est la moins contestée, en France et à l'étranger ; son autobiographie est attendue depuis longtemps. Elle s'y montre telle qu'elle est : libre, véhémente, sereine.
Janvier 2014, en Russie, les hauts fonctionnaires, les gouverneurs, les cadres du parti Russie unie reçoivent un singulier cadeau de Nouvel An de la part de l'administration présidentielle : des ouvrages de philosophie ! Des oeuvres de penseurs russes du XIXe et XXe siècle.
Si Gogol revenait, il décrirait ces imposants personnages en train de peiner sur la lecture de pages emplies de spéculations sibyllines. Le président lui-même a récemment cité ces auteurs dans des discours décisifs, et il faut essayer de comprendre ce qu'il a voulu dire. Les plus persévérants trouvent d'ailleurs dans ces livres des formules qui résonnent étrangement, et sentent comme une concordance des temps...
Dans cet essai, Michel Eltchaninoff tente de répondre à la question que chacun se pose depuis l'annexion de la Crimée, l'intervention en Syrie, et plus encore en 2022 : qu'est-ce que Poutine a dans la tête ?
" Ce livre constitue une tentative de compréhension de faits qui, au premier coup d'oeil, et même au second, semblaient simplement révoltants. Comprendre, toutefois, ne signifie pas nier ce qui est révoltant et ne consiste pas à déduire à partir de précédents ce qui est sans précédent ; ce n'est pas expliquer des phénomènes par des analogies et des généralités telles que le choc de la réalité s'en trouve supprimé. Cela veut plutôt dire examiner et porter en toute conscience le fardeau que les événements nous ont imposé, sans nier leur existence ni accepter passivement leur poids, comme si tout ce qui est arrivé en fait devait fatalement arriver. Comprendre, en un mot, consiste à regarder la réalité en face avec attention, sans idée préconçue, et à lui résister au besoin, quelle que soit ou qu'ait pu
être cette réalité. " (Hannah Arendt)
Sur l'antisémitisme est la première partie de l'oeuvre magistrale d'Hannah Arendt, Les Origines du totalitarisme (New York, 1951), qui inclut aussi L'Impérialisme (" Points Essais ", n° 356) et Le Système totalitaire (" Points Essais ", n° 307).
Le système politique mis au point par l'Allemagne hitlérienne et la Russie stalinienne ne consiste pas en une simple radicalisation des méthodes dictatoriales. C'est un système entièrement original qui repose sur la transformation des classes en masses, fait de la police le centre du pouvoir et met en oeuvre une politique étrangère visant ouvertement à la domination du monde. Animé par une logique de la déraison, il tend à la destruction complète de la société - comme de l'individu. Un classique de la théorie politique.
L'oeuvre de Frantz Fanon, psychiatre et militant de l'indépendance algérienne, a marqué des générations d'anticolonialistes, d'activistes des droits civiques et de spécialistes des études postcoloniales. Depuis la publication de ses livres, on savait que nombre de ses écrits psychiatriques restaient inédits, dont ceux consacrés à l'« aliénation colonialiste vue au travers des maladies mentales » (selon les mots de son éditeur François Maspero).
Le lecteur trouvera donc dans le présent volume les articles scientifiques de Fanon, sa thèse de psychiatrie ainsi que des textes publiés dans le journal intérieur de l'hôpital de Blida-Joinville où il a exercé de 1953 à 1956. On y trouvera également deux pièces de théâtre écrites durant ses études de médecine, des correspondances et certains textes publiés dans El Moudjahid après 1958. Cet ensemble remarquable est complété par la correspondance entre François Maspero et l'écrivain Giovanni Pirelli à propos de leur projet de publication des oeuvres complètes de Fanon, ainsi que par l'analyse raisonnée de la bibliothèque de ce dernier.
Cette oeuvre fut publiée pour la première fois en 1848 et rédigée à la demande du deuxième congrès de la Ligue des Communistes, réunie à Londres en décembre 1847.
Une seule phrase et tout l'acquis de la civilisation a été remis en question : « Prolétaires du monde entier, unissez-vous. » Ainsi se termine le Manifeste du Parti communiste. Et ainsi s'ouvre l'ère des grands bouleversements sociaux.
« On ne peut prétendre que quelques belles pages peuvent à elles seules changer la face du monde. L'oeuvre de Dante tout entière n'a pas suffi à rendre un saint empereur romain aux Communes italiennes. Toutefois, lorsque l'on parle de ce texte que fut le Manifeste du parti communiste publié par Marx et Engels en 1848 et qui a, indéniablement, exercé une influence considérable sur deux siècles d'histoire, je pense qu'il faut le relire du point de vue de sa qualité littéraire ou, du moins, de son extraordinaire structure rhétorique et argumentative.» Umberto Eco
Depuis les premiers puits désormais à sec jusqu'à la quête frénétique d'un après-pétrole, du cartel secret des firmes anglo-saxonnes (les « Sept Soeurs ») jusqu'au pétrole de schiste, Or noir retrace l'irrésistible ascension de la plus puissante des industries.
Ce livre éclaire d'un jour inattendu des événements cruciaux - l'émergence de l'URSS, la crise de 1929, les deux guerres mondiales, les chocs pétroliers, les guerres d'Irak, la crise de 2008, etc. -, bousculant au passage beaucoup de fausses certitudes. Le pétrole, notre source primordiale et tarissable de puissance, est présent à l'origine des plus grands déchaînements du siècle passé.
Or la fin de ce carburant de l'essor de l'humanité devrait se produire bien avant que ce siècle ne s'achève. De gré ou de force. Et nul ne peut dire où cette fin va nous conduire.
Constituée de cinquante-quatre États, berceau de nombreuses civilisations, l'Afrique représente à elle seule un continent-monde de plus d'un milliard d'habitants. Trop souvent considérée comme un tout homogène, elle devrait être pensée dans sa diversité et sa profondeur.
Sur le plan des relations internationales, on la croit en marge du système international. Ses acteurs sont souvent perçus comme passifs et dépendants du reste du monde. Or, c'est une tout autre représentation que propose Sonia Le Gouriellec dans cet ouvrage. Celle, au contraire, d'un continent ouvert sur le monde, ayant depuis toujours participé aux échanges et aux équilibres politiques, commerciaux et intellectuels, et qui est aujourd'hui intégré à la mondialisation et aux dynamiques du système international.
S'appuyant sur de nombreuses études de cas, Sonia Le Gouriellec n'écrit rien de moins qu'une géopolitique des Afriques.
Souvent confondu avec la démagogie, le populisme n'a pas bonne presse. De fait, si le mot renvoie à l'origine à un mouvement politico-social russe de la seconde moitié du XIX siècle, qui s'était donné pour objectif de soulever la paysannerie contre le pouvoir tsariste, il désigne aujourd'hui, dans le débat, les discours et les doctrines qui en appellent au « peuple » comme s'il était un corps politique indifférencié. Le populiste, c'est celui qui flatte les masses dans ses aspirations les moins louables.
Or, les crises multiples que traversent nos démocraties libérales (crises économiques, mondialisation, crises migratoires, crise de la représentation) réactivent un spectre qu'on a cru disparu avec les idéologies du XX siècle. Le populisme est-il une dérive inévitable de la démocratie ? En quoi n'est-il justement pas le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ? Quel en est le moteur ?
Pascal Perrineau tente de circonscrire un concept flou, fait le point sur les études les plus récentes et montre quelles sont les formes nouvelles du populisme à l'heure des réseaux sociaux et des fake news .
Les textes politiques de Frantz Fanon réunis dans ce volume couvrent la période la plus active de sa vie, de la publication de Peau noire, Masques blancs en 1952 - il avait alors vingt-huit ans - à celle des Damnés de la terre en 1961, qui devait coïncider, à quelques jours près, avec la date de sa mort. Retraçant le fil d'une réflexion en constante évolution sur le phénomène colonial, vécu de l'intérieur, ces textes dénoncent à la fois le colonialisme et les pièges de la décolonisation - la « grande erreur blanche » et le « grand mirage noir ».
Explorant tour à tour la situation du colonisé, dont il peut rendre compte scientifiquement par son expérience médicale quotidienne, l'attitude des intellectuels de gauche face à la guerre d'Algérie, les perspectives de conjonction de la lutte de tous les colonisés et les conditions d'une alliance de l'ensemble du continent africain, Frantz Fanon gardait la certitude de la prochaine libération totale de l'Afrique. Son analyse et la clarté de sa vision nous donnent aujourd'hui les clés nécessaires pour comprendre la réalité africaine actuelle.
Qu'est-ce que l'anarchisme ? Ce livre répond à cette question en 10 chapitres courts et concis qui s'intéressent à toutes les facettes de l'anarchisme, pour en comprendre les fondements et les aspirations. Tous les thèmes importants y sont abordés : la religion, le féminisme, le projet économique, l'approche écologiste, les stratégies d'action, etc. En fin d'ouvrage, on trouvera également une galerie de portraits des figures emblématiques du mouvement anarchiste, d'Emma Goldman ou Bakounine à Emile Pouget, Nestor Makhno ou Voltairine de Cleyre.
Ce petit livre de vulgarisation, facile d'accès et à petit prix, donne des outils pour mieux appréhender des notions comme la lutte des classes, l'autogestion, l'anarcho-syndicalisme, qui sont les bases essentielles du mouvement anarchiste.
1992 : 49 % des Français votent « non » au traité de Maastricht. 2005 : 55 % des Français votent « non » au traité constitutionnel européen. 2017 : au total, 48 % des Français votent pour des candidats qui, de Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon, proposent de quitter tout ou partie de la construction européenne. Il apparaît donc que de façon stable, un Français sur deux est souverainiste. Il n'existait pourtant pas, jusqu'à présent, d'ouvrage académique consacré au souverainisme. Thomas Guénolé vient combler ce manque.
Pour la première fois, le souverainisme est présenté dans toute sa profondeur historique et dans sa dimension mondiale : l'indépendance américaine, l'éclatement de l'Autriche-Hongrie, De Gaulle... Et pour la première fois aussi est proposée une typologie, distinguant souverainisme culturel, souverainisme civique, souverainisme révolutionnaire et souverainisme économique.
Plus rien ne régule la bonne marche de la planète : rupture d'accords, alliances fragilisées, affaiblissement des démocraties, basculement géoéconomique vers l'Asie, menaces nationalistes et écologiques... le monde est-il devenu incontrôlable ?
Avec son double regard d'historien et de spécialiste des relations internationales, Thomas Gomart souligne la mutation inédite des rapports de force - ascension de la Chine, unilatéralisme des États-Unis, fragmentation de l'Europe, retour de la Russie - et des sujets transversaux comme l'énergie et le climat, les transformations de la guerre, le cyber ou la pression démographique et migratoire. Avec une grande clarté, il invite les Européens à un exercice de lucidité sur un monde de moins en moins à leur image. Thomas Gomart est historien et directeur de l'Institut français des relations internationales (Ifri). Il est membre des comités de rédaction de Politique étrangère, de la Revue des deux mondes et d'Études dont il assure la chronique internationale.
La mondialisation, ce terme aujourd'hui à la mode, n'est pas un phénomène récent. Elle résulte de l'européanisation du monde, c'est-à-dire de l'expansion des nations européennes dans leur mouvement de conquête. L'auteur se propose à la fois de démystifier ce phénomène fondateur de la modernité occidentale, en montrant qu'il n'est porteur d'aucun sens de l'histoire, et d'en étudier les enjeux les plus actuels. En effet, la mondialisation implique l'explosion de nouveaux conflits entre ses différents acteurs (individus, États), et la quête de normes universelles qui instaurent un équilibre inédit entre le monde et ses régions. Elle est aussi toujours plus inclusive : la crise des années 2000 et l'ampleur de ses conséquences en sont une expression. Et une brûlante invitation à repenser la gouvernance mondiale.
Le substantif « communs » (de l'anglais commons) est d'usage relativement récent en français. Mais la réalité qu'il désigne est de tous les temps : les communs, ce sont les ressources gérées collectivement par une communauté. La notion a refait surface aujourd'hui, et sous cette forme, face à la menace de leur disparition. Pour mieux les gérer, l'heure n'est-elle pas venue d'inventer de nouvelles formes d'organisation et de coopération ? Encore faudrait-il réévaluer les rapports sociaux et la répartition des richesses en posant les bases d'autres manières de préserver ce qui compte réellement. Remise sur le devant de la scène grâce, notamment, aux travaux d'Elinor Ostrom (prix Nobel d'économie en 2009), la dynamique des communs est plurielle et prend de l'ampleur. Elle porte une capacité d'action inédite, orientée vers la prise en charge collective de multiples biens ou services. À ce titre, elle est incontestablement politique : porteuse d'une vision et d'une attente, elle touche à la volonté de réappropriation de la chose publique et induit de nouvelles formes d'engagement.
Durant la guerre froide, le bloc occidental, opposé au bloc communiste dont il craignait l'expansionnisme asservissant, était une entité géopolitique cohérente qui menait un combat justifié pour préserver sa liberté.
Mais aujourd'hui, le concept de monde occidental est-il encore pertinent ? Continuons-nous à être guidés par les mêmes valeurs que les États-Unis ? L'OTAN a-t-elle pour objectif de nous préserver contre la menace ou de l'entretenir artificiellement, afin de maintenir l'Europe dans un état de dépendance à l'égard de Washington ? Par leur comportement hégémonique, les États-Unis ne sont-ils pas autant source d'insécurité que de sécurité ?
Cet ouvrage salutaire appelle à revisiter les liens transatlantiques, historiquement dépassés, mais savamment entretenus par suivisme et par aveuglement. Après les outrances de Trump, Biden, en se retirant d'Afghanistan sans prévenir ou en cassant le contrat des sous-marins australiens obtenu par la France, a montré qu'il ne considérait pas les alliés comme de vrais partenaires. Les Européens vont-ils se réveiller ou vont-ils demeurer dans un état de somnambulisme stratégique ?
L'histoire de la politique étrangère de la France se confond avec celle de la construction de la nation. De la monarchie et l'empire napoléonien, notre diplomatie hérite la souveraineté et une certaine idée de la grandeur. Pourtant, du congrès de Vienne à la Seconde Guerre mondiale, le voisin allemand, devenu prépondérant en Europe, a largement rebattu les cartes face à une France diminuée. Depuis 1945, la position de cette dernière, engagée dans la construction européenne, n'est-elle pas celle d'une puissance moyenne d'influence mondiale ?
Maxime Lefebvre revient sur cette histoire, et plus largement sur les fondamentaux de notre politique étrangère : les forces et faiblesses de la puissance française, les acteurs et la chaîne de décision, les grandes orientations stratégiques.
Si « la culture, c'est ce qui reste quand on a tout oublié », la France ne s'y trompe pas, qui en a toujours fait un atout incontestable dans ses relations internationales. En prolongeant la longue tradition d'une diplomatie culturelle ambitieuse et emblématique, elle assoit son rayonnement, ou au moins son influence. Alain Lombard présente ici les enjeux et les acteurs de ce soft power. Promotion de la langue française à l'étranger, du plurilinguisme et de la francophonie, promotion des créateurs et des industries culturelles français à l'étranger, ouverture aux autres cultures, coopération culturelle internationale, action internationale dans le domaine du patrimoine et des musées, promotion de la diversité culturelle dans les médias... Autant de dimensions qui confirment la réalité de l'exception culturelle française, laquelle ne cesse toutefois de s'inscrire dans une volonté plus large de dialogue entre les cultures et de promotion de la diversité culturelle.
« Ce livre fait suite aux Dix-huit leçons sur la société industrielle et à La lutte de classes. Il traite de deux régimes typiques de la civilisation moderne, l'un que j'appelle constitutionnel-pluraliste et l'autre que je caractérise par la prétention d'un parti au monopole de l'activité politique.
La comparaison entre les régimes politiques, à la différence des comparaisons entre les économies, met surtout en lumière des différences. Les régimes apparaissent comme des solutions opposées à des problèmes semblables.
L'année 1957-1958, celle durant laquelle le cours fut professé, fut celle de la fin de la IVe République et du retour au pouvoir du général de Gaulle. Une préface écrite en 1965, équilibre le chapitre consacré à la République morte par une analyse critique de la République gaulliste. » Raymond Aron.
Le multilatéralisme renvoie à la concertation pacifique entre au moins trois États dans un cadre défini en commun. L'Organisation des Nations Unies en est l'incarnation la plus connue, mais elle n'est pas la seule. Sécurité, commerce, droits de l'homme, justice pénale, numérique, environnement, santé : aucun domaine n'échappe désormais à l'effort multilatéral. Pourtant, les différents cadres et régimes institués se portent mal. Le multilatéralisme connaît aujourd'hui une crise multidimensionnelle, reflet d'un monde en miettes encore à la recherche d'un nouvel élan collectif.
Mélanie Albaret, Niki Aloupi, Bertrand Badie, Laurence Burgorgue-Larsen, Frédéric Charillon, Pierre Grosser, Auriane Guilbaud, Andrea Hamann, Joël Hubrecht, Lucile Maertens, Chloé Maurel, Anne-Thida Norodom, Alexandra Novosseloff, Kevin Parthenay, Olivier Schmitt, Serge Sur, Caroline Tixier et Laurent Warlouzet : les meilleurs spécialistes du multilatéralisme proposent ici des analyses transversales sur ce phénomène central des relations internationales.
La France connaît, avec les institutions de la Ve République, une démocratie stable depuis six décennies - fait rarissime dans notre histoire. Chacun doit connaître notre Constitution, pour comprendre comment le pouvoir est attribué et exercé, pour se saisir des droits et libertés que chacun peut désormais invoquer.
Loin des idées reçues, ce livre commente notre texte fondamental, article par article, avec un mélange exceptionnel de rigueur et d'humour, de précision et d'esprit critique. Ainsi est-il devenu la bible des étudiants, des journalistes, des élus et, de plus en plus, des citoyens.
Guy Carcassonne a écrit ses onze premières éditions. Marc Guillaume a ensuite pris le relais pour faire vivre cette oeuvre fondamentale.
Qu'est-ce qu'une nation, et qu'est-ce que le sentiment national qui fait que des individus s'identifient corps et âme à d'autres individus qu'ils ne connaissent pas et ne connaîtront jamais ? Dans cet ouvrage désormais classique, Benedict Anderson montre que l'adhésion à l'idée de souveraineté nationale n'a rien de naturel. Il analyse ainsi les facteurs historiques dont la conjonction - comme celle de l'émergence du capitalisme marchand et de l'invention de l'imprimerie - a permis la naissance de ces singulières « communautés imaginées » que sont les nations. Convoquant une riche gamme d'exemples, du Brésil à la Thaïlande en passant par l'Europe centrale et l'Amérique latine, l'auteur étudie l'interaction complexe entre la logique populiste et démocratique du nationalisme et les stratégies des régimes impériaux et dynastiques à la fin du XIXe siècle. Écrit dans un style élégant teinté d'une ironie typiquement britannique, l'ouvrage d'Anderson - traduit dans toutes les grandes langues européennes - offre à la fois le plaisir d'un certain raffinement intellectuel et l'utilité d'une introduction originale à un thème trop souvent traité de façon superficielle.
Jomo Kenyatta, Aimé Césaire, Ruben Um Nyobè, Frantz Fanon, Patrice Lumumba, Kwame Nkrumah, Malcolm X, Mehdi Ben Barka, Amílcar Cabral, Thomas Sankara... Longtemps regardés avec dédain par ceux qui, au cours des trois dernières décennies, décrétèrent la mort du tiers-mondisme et le triomphe du néolibéralisme, ces noms reviennent aujourd'hui à l'ordre du jour. Avec l'atmosphère de révolte que l'on sent monter aux quatre coins du monde, ces figures majeures de la libération africaine suscitent un intérêt croissant chez les nouvelles générations.
Constatant qu'ils sont trop souvent réduits à des icônes, Saïd Bouamama redonne corps et chair à ces penseurs de premier plan qui furent aussi des hommes d'action. Leurs vies rappellent en effet que la bataille pour la libération, la justice et l'égalité n'est pas qu'une affaire de concepts et de théories : c'est aussi une guerre, où l'on se fourvoie parfois et dans laquelle certains se sacrifient. L'auteur, pour autant, n'en fait pas des martyrs absolus : c'est pourquoi ce livre s'attache, avec beaucoup de pédagogie, à inscrire ces parcours dans leurs contextes sociaux, géographiques et historiques.
À l'heure où l'on se demande comment avoir prise sur le monde, ce portrait politique collectif rappelle qu'il a toujours été possible, hier comme aujourd'hui, de changer le cours des choses.
On connaît le plan, resté fameux, de la première partie de la brochure de Sieyès :
1. Qu'est-ce que le tiers état? - Tout.
2. Qu'a-t-il été jusqu'à présent dans l'ordre politique? - Rien.
3. Que demande-t-il? - À être quelque chose.
Grand brûlot politique, écrit avec une vigueur et une brutalité rares, Qu'est-ce que le tiers état?, publié en janvier 1789, rend immédiatement son auteur célèbre et connaît un succès retentissant.
Sieyès y attaque la noblesse «étrangère à la Nation», dresse le bilan négatif de la politique passée et montre la tâche à venir. Que faire pour rendre le peuple heureux? Avoir recours à la Nation et non aux privilégiés, car la Nation est tout, elle est l'origine de tout. La Nation doit donc se donner librement sa Constitution et les lois qui protègent les citoyens et décident de l'intérêt commun. Ainsi seront posés les fondements de la société nouvelle.
Oeuvre de circonstance, Qu'est-ce que le tiers état? allait devenir l'un des textes fondateurs de la société moderne.