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Entreprise, économie & droit
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Dans la philosophie ancienne, qu'elle soit grecque ou romaine, la distinction entre le droit et le juste n'existe pas : dikaion, ius, c'est à la fois le droit et le juste, ce qui résulte de l'exercice de la vertu de justice, dikaiosune, iustitia. Le droit est donc l'objet de la justice, c'est-à-dire d'une vertu morale qui se définit comme une disposition libre et constante de la volonté à faire le bien, en instituant l'équité, en attribuant à chacun ce qui lui appartient. Le droit est ainsi indissociable de la morale, dont il constitue la réalisation concrète à travers la manière dont il instaure ou restaure des rapports équitables entre les hommes.
Dans la philosophie moderne, le droit et la morale ont progressivement été séparés, jusqu'à l'émergence du positivisme juridique, qui repose sur l'affirmation que « La validité du droit positif est indépendante de son rapport avec une norme de justice1 ». Le droit vaut indépendamment de son rapport avec la morale, qui n'est donc plus considérée comme le fondement de la validité du droit. Hans Kelsen souligne que cette affirmation constitue la « différence essentielle2 » entre positivisme juridique et théorie du droit naturel au-delà des nombreuses expressions historiques de ces deux paradigmes philosophiques.
Cette différence essentielle entre philosophie ancienne et philosophie moderne, entre théorie du droit naturel et positivisme juridique, fait encore aujourd'hui débat. L'objectif de cette conférence n'est cependant pas de restituer ces discussions : il est de défendre que la morale et le droit ne peuvent pas être séparés ni confondus, mais doivent être distingués et articulés. Je procéderai en trois temps : je résumerai d'abord les arguments du positivisme juridique, les confronterai ensuite à la théorie du droit naturel et montrerai enfin que cette théorie elle-même reconnaît un écart, une tension légitime entre morale et droit.
Émilie Tardivel, diplômée de Sciences Po Paris et docteur en philosophie de l'Université Paris 1, est professeur extraordinaire à la Faculté de philosophie de l'Institut catholique de Paris et titulaire de la Chaire ICP-ESSEC Entreprises et Bien Commun. Elle vit à Paris. -
L'économie, science barbare ? une philosophie de l'investissement
Rostand Alexis
- Boleine
- 24 Janvier 2023
- 9782490081462
Plus que jamais, l'économie est une discipline révérée car elle est présumée apporter la richesse et le bien-être. Elle s'est progressivement imposée comme une science qui ne serait subordonnée à aucun autre savoir, ce qui a singulièrement compliqué le dialogue avec les autres disciplines, en particulier l'histoire et la philosophie. Ayant pour ambition de proposer une vision transversale de la finance, l'auteur reprend ces échanges en convoquant des noms tels que Jean-François Mattei et Hannah Arendt, Ludwig Von Mises, Joseph Schumpeter et Benjamin Graham, Arnold Toynbee et Fernand Braudel. L'investissement apparaît bien comme un acte clef puisqu'il permet d'animer les forces productives (capital et travail) et donc d'engendrer la croissance. Un investissement qui se voudrait authentiquement responsable ne saurait donc faire l'économie d'une approche intégrale sans renoncer aux sciences humaines, dans une approche pluridisciplinaire. C'est précisément ce défi que prétend relever cet ouvrage en proposant des axes de réflexion susceptibles d'influer les décideurs, particulièrement en temps de crise. Alexis Rostand est diplômé d'HEC et dirige actuellement une société de gestion basée à Paris. Expert des sujets règlementaires et financiers, il a travaillé à Londres puis à Paris dans les domaines de la gestion d'actifs et de l'assurance. Il enseigne également la philosophie de l'investissement à l'Université Paris Dauphine. Il vit en région parisienne.
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Un constat : deux conceptions de la norme divergent. L'une se fonde sur un ordre « donné » et l'autre sur un pur « construit ». Dans le positivisme juridique, la norme est fondée sur la seule force de la volonté générale, selon un principe immanent, tandis que dans le réalisme, celle-ci est fondée sur un ordre établi, extérieur et préexistant. La loi est ainsi pensée comme la règle du droit (nomos), soit la mesure du droit, mais non le droit lui-même.
Face à ces deux grandes conceptions du droit, le juriste est amené à faire un choix : celui du fondement de la norme.
Bénédicte Bernard, docteur en droit canonique, a exercé en tant qu'avocat et enseigné le droit privé à Paris I Panthéon-Sorbonne. Auteur de Laïcité française et sécularité chrétienne, elle est actuellement directrice des Editions Boleine et vit à Paris. -
Revue de Philosophie du Droit n.1/2024
Pierre-Hugues Barré, Grégoire Belmont
- Boleine
- Revue De Philosophie Du Droit
- 15 Avril 2024
- 9782490081585
La philosophie du droit comme branche de la philosophie est souvent comprise comme une analyse des discours des philosophes sur le droit. En raison de leur pratique des affaires humaines et du droit, les juristes sont toutefois raisonnablement mal à l'aise avec cette approche, tant elle apparaît éloignée de l'expérience fondamentale que leur confère l'exercice quotidien de leur art. Cette revue a pour vocation d'alimenter ces débats qui constituent la palpitation de la vie juridique ; puisque le juste est chose concrète, elle fera appel à la plume des chercheurs mais aussi des praticiens, associés dans la recherche d'« id quod justum est ». La revue est publiée avec le soutien de l'Académie des Sciences Morales et Politiques, l'Université Toulouse 1 Capitole et l'Institut de Recherche Juridique de la Sorbonne. Docteur en droit, Pierre-Hugues Barré est professeur à l'Université Versailles Saint Quentin en Yvelines. Sébastien Neuville est professeur de droit à l'Université Toulouse Capitole. Grégoire Belmont est avocat au barreau de Paris.
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Qu'est-ce que le droit ? : la réponse moderne du réalisme juridique
Javier Hervada
- Boleine
- 16 Novembre 2021
- 9782490081318
Le droit doit être conforme à la nature des choses. Ce livre est une introduction au droit, principalement destinée à des étudiants en sciences juridiques qui souhaitent appréhender les fondements du droit. La science du droit souhaite que la société soit juste afin qu'elle puisse donner à chacun ce qui est juste. La tâche est difficile mais mérite qu'on s'y attarde car seule l'objectivité des faits est capable d'apaiser les esprits.