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Economie publique
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Travailler moins et gagner plus ! itinéraires autour de l'oeuvre de Paul Lafargue
Thierry Suchère
- Croquant
- 3 Janvier 2017
- 9782365121071
Ce livre a été écrit en réaction face à tous ceux qui réclament la fin des 35 heures. Certains socialistes font aujourd'hui le choix de tourner le dos à ce qui fait l'identité de la gauche. Il s'agit de rappeler que cette dernière s'est construite dans les luttes sociales pour les augmentations de salaire, la réduction du temps de travail et l'amélioration des conditions de travail. Ce livre est construit autour du pamphlet Le droit à la paresse [1883] qu'on peut voir comme une utopie.
Dans ce texte, on va trouver comme une forme de foi naïve dans le progrès technique dont un des effets bénéfiques pourrait être de s'obliger à ne travailler que 3 heures par jour et profiter de la vie. Ce texte a un auteur Paul Lafargue [1842-1911] l'un des fondateurs du Parti Ouvrier qui est l'ancêtre du Parti Communiste Français. Le droit à la paresse fut rédigé par lui dans un contexte de lutte à l'échelle mondiale pour la limitation de la journée de travail à 8 heures par jour à une époque où il n'était pas rare de travailler de 10 à 12 heures hebdomadaires sans le moindre jour de repos. Il systématise les principales revendications du monde du travail des débuts du XXe siècle lesquelles nous interpellent encore aujourd'hui. Réduisant le temps de travail, on fait baisser le chômage. L'offre de travail devient plus rare de sorte que les conditions sont réunies pour des hausses de salaire. Être de gauche, c'est donc refuser le choix entre augmentation des salaires et baisse du temps de travail et réclamer les deux. Le droit à la paresse est aussi un livre à charge contre un salariat qui contribue par son comportement à sa propre exploitation : les heures supplémentaire tuent l'emploi et amènent à la détérioration de nos conditions de travail. Lafargue traque l'emprise du travail jusque dans nos têtes.
Il dénonce une morale bourgeoise faite pour des esclaves qui glorifie le goût de l'effort, la valeur travail et qui a des prolongements dans les partis de gauche lorsqu'ils revendiquent de solutionner nos problèmes en créant toujours plus d'emplois. Le lendemain de la révolution, il faudra réapprendre à vivre : faire autre chose que travailler.