Janvier 2014, en Russie, les hauts fonctionnaires, les gouverneurs, les cadres du parti Russie unie reçoivent un singulier cadeau de Nouvel An de la part de l'administration présidentielle : des ouvrages de philosophie ! Des oeuvres de penseurs russes du XIXe et XXe siècle.
Si Gogol revenait, il décrirait ces imposants personnages en train de peiner sur la lecture de pages emplies de spéculations sibyllines. Le président lui-même a récemment cité ces auteurs dans des discours décisifs, et il faut essayer de comprendre ce qu'il a voulu dire. Les plus persévérants trouvent d'ailleurs dans ces livres des formules qui résonnent étrangement, et sentent comme une concordance des temps...
Dans cet essai, Michel Eltchaninoff tente de répondre à la question que chacun se pose depuis l'annexion de la Crimée, l'intervention en Syrie, et plus encore en 2022 : qu'est-ce que Poutine a dans la tête ?
Tel un virus, les idées reçues circulent largement et rapidement. Nous pouvons tous être contaminés, parfois sans en être conscients. Elles ont l'apparence de l'évidence, mais elles masquent la réalité.
En interrogeant les idées reçues les plus répandues, Pascal Boniface remet les réalités du monde contemporain en perspective. Grâce à une vision globale et un sens de la pédagogie, il déconstruit les jugements à l'emporte-pièce, qui ne résistent pas à un examen scrupuleux des rivalités géopolitiques.Par un regard critique et expert, cet ouvrage rend accessibles les questions internationales qui agitent le débat public !
Jomo Kenyatta, Aimé Césaire, Ruben Um Nyobè, Frantz Fanon, Patrice Lumumba, Kwame Nkrumah, Malcolm X, Mehdi Ben Barka, Amílcar Cabral, Thomas Sankara... Longtemps regardés avec dédain par ceux qui, au cours des trois dernières décennies, décrétèrent la mort du tiers-mondisme et le triomphe du néolibéralisme, ces noms reviennent aujourd'hui à l'ordre du jour. Avec l'atmosphère de révolte que l'on sent monter aux quatre coins du monde, ces figures majeures de la libération africaine suscitent un intérêt croissant chez les nouvelles générations.
Constatant qu'ils sont trop souvent réduits à des icônes, Saïd Bouamama redonne corps et chair à ces penseurs de premier plan qui furent aussi des hommes d'action. Leurs vies rappellent en effet que la bataille pour la libération, la justice et l'égalité n'est pas qu'une affaire de concepts et de théories : c'est aussi une guerre, où l'on se fourvoie parfois et dans laquelle certains se sacrifient. L'auteur, pour autant, n'en fait pas des martyrs absolus : c'est pourquoi ce livre s'attache, avec beaucoup de pédagogie, à inscrire ces parcours dans leurs contextes sociaux, géographiques et historiques.
À l'heure où l'on se demande comment avoir prise sur le monde, ce portrait politique collectif rappelle qu'il a toujours été possible, hier comme aujourd'hui, de changer le cours des choses.
Comment définir le régime poutinien ? S'agit-il d'un autoritarisme camouflé sous des décors démocratiques ? Ou avons-nous affaire à une forme déguisée d'autocratie s'inscrivant dans la continuité de l'histoire russe ? Sommes-nous plutôt en face d'une oligarchie mafieuse ne recherchant que l'enrichissement ? En quoi le KGB a-t-il marqué de son empreinte la Russie d'aujourd'hui ? Le régime de Poutine peut-il entièrement s'identifier avec l'homme fort du Kremlin ? Lui survivra-t-il ? Quelles sont ses réserves de stabilité ? Pourquoi l'opposition russe donne-t-elle cette impression de faiblesse et de division face à un régime dont les échecs sont de plus en plus flagrants ?
Françoise Thom apporte des réponses à ces questions en se penchant sur la genèse du phénomène poutinien et en retraçant les principales étapes de la mise en place du régime. Elle met l'accent sur la place de la « com » dans l'émergence et le fonctionnement du système, montrant comment le Kremlin associe l'archaïsme avec les formes les plus avancées de la modernité. La politique étrangère de la Russie poutinienne est également analysée à travers le prisme des évolutions de politique intérieure. Ainsi apparaît le principal paradoxe de la Russie actuelle : la référence aux « valeurs traditionnelles » ou l'affirmation d'une « civilisation » russe tournant le dos à l'Occident ne sont qu'un camouflage de la passion nihiliste, très moderne celle-là, qui anime les dirigeants du Kremlin aujourd'hui, et qui exerce une influence délétère en Russie et à l'étranger.
L'Afrique n'a personne à rattraper. Elle ne doit plus courir sur les sentiers qu'on lui indique, mais marcher prestement sur le chemin qu'elle se sera choisi. Son statut de fille aînée de l'humanité requiert d'elle de s'extraire de la compétition, de cet âge infantile où les nations se toisent pour savoir qui a accumulé le plus de richesses, de cette course effrénée et irresponsable qui met en danger les conditions sociales et naturelles de la vie.
Sa seule urgence est d'être à la hauteur de ses potentialités. Il lui faut achever sa décolonisation par une rencontre féconde avec elle-même. Dans trente-cinq ans, sa population représentera le quart de celle du globe. Elle en constituera la force vive. Un poids démographique et une vitalité qui feront pencher les équilibres sociaux, politiques, économiques et culturels de la planète. Et pour être cette force motrice, positive, il lui faut accomplir une profonde révolution culturelle avant d'accoucher de l'inédit dont elle est porteuse. Elle doit participer à bâtir une civilisation plus consciente, plus soucieuse de l'équilibre entre les différents ordres, du bien commun, de la dignité. Ce livre est un acte de foi en cette utopie active : une Afrique qui contribue à porter l'humanité à un autre palier.
Le populisme est le produit de deux secousses telluriques. Premier séisme : la montée d'un immense ressentiment contre les partis et les institutions politiques. Face à l'échec de la droite et de la gauche à contenir les excès du capitalisme, la radicalité « anti-système » a brisé les compromis que l'un et l'autre camps étaient parvenus à édifier. Deuxième séisme : la fin de la société de classes, au profit d'une société d'individus pensant leur position sociale en termes subjectifs. Une nouvelle polarité en résulte, qui sépare les « confiants » des « méfiants » envers autrui. La droite populiste surgit au croisement d'une double méfiance - à l'égard des institutions politiques et à l'égard de la société. Elle prospère sur le désenchantement démocratique, tout en renouvelant le clivage gauche-droite. Fondé sur des données inédites, cet ouvrage se révèle essentiel pour comprendre le présent et l'avenir des sociétés démocratiques.
POURQUOI CE LIVRE ?
- Brexit, populismes, tensions internationales : les élections européennes de mai 2019 seront déterminantes !
- Décriée, mal aimée, mais finalement solide, l'Europe va vivre une période clef.
LES IDEES FORTES - L'Union européenne a traversé de nombreuses crises, dont le Brexit :
Elle en sort paradoxalement confortée.
- Aves les élections de mai 2019 et une nouvelle gouvernance de l'Union, c'est un nouveau départ.
En novembre 2020, les Américains font face à une urgence : libérer leur pays des politiques trumpistes dévastatrices. C'est ainsi qu'ils élisent Joseph Biden. Et le 46ème président des Etats-Unis s'attaque, dès son investiture, à des dossiers problématiques laissés en suspens, voire mis à mal par son prédécesseur. Modeste et empathique, il se montre sensé et sensible à la condition de ses compatriotes, mû ni par la prétention, ni par l'orgueil, mais par le simple désir de servir. Mais saura-t-il réorganiser le paysage politique américain ? Pourra-t-il aplanir les inégalités sociales ? Parviendra-t-il à limiter la polarisation qui fait rage au détriment des valeurs nationales ?
Dans cet ouvrage, Gilles Vandal esquisse le portrait d'un chef de file d'une nation ravagée par les tensions politiques et les crispations identitaires. Entre biographie et analyse politique, il retrace le parcours du président des États-Unis pour connaître l'homme et comprendre le politicien.
Notre monde a abandonné la Syrie et son peuple à une horreur inimaginable. Et cette horreur ne semble nous toucher que par ses « effets collatéraux », les attaques terroristes menées sur notre sol.
Pour qu'une telle indifférence soit devenue possible, il a fallu occulter tout ce qui dans l'histoire de la Syrie résonne dans notre propre mémoire. Il n'en est que plus urgent de renouer le lien avec la part de l'histoire universelle qui s'est déroulée là-bas. Qu'on le veuille non, Damas nous tend aujourd'hui son miroir.
Dans ce livre alerte, inspiré, Jean-Pierre Filiu revisite en Syrie un passé aussi intimement mêlé au nôtre. Il évoque des figures que l'on croit familières, saint Paul, Saladin ou Abdelkader, et nous en fait découvrir bien d'autres, du « chemin de Damas » à l'« Orient compliqué ».
La descente aux enfers de la Syrie, de ses femmes et de ses hommes, n'est ni une affaire d'Arabes, ni le solde de querelles immémoriales. Elle est épouvantablement moderne, car les bourreaux de ce temps, qu'ils soient jihadistes ou pro-Assad, n'invoquent un glorieux passé qu'à l'aune de leur projet totalitaire.
Nous avons tous en nous une part de Syrie. Dans le miroir de Damas, nous comprenons mieux ce que notre monde est en train de devenir.
Depuis son lancement en décembre 2018, le Manifeste pour la démocratisation de l'Europe, porté initialement par une centaine d'intellectuel-le-s et responsables politiques européen-ne-s, a recueilli plus de 100 000 signatures. Nous présentons des propositions concrètes et précises pour démocratiser la gouvernance économique et sociale de l'Union européenne, lui donner les moyens d'une régulation efficace de la mondialisation (en luttant contre les inégalités et en rétablissant le pouvoir des États de lever l'impôt sur les entreprises et les ménages les plus favorisés) et permettre la transition vers un modèle équitable et écologiquement durable. Il est en notre pouvoir de transformer rapidement et en profondeur les institutions et les politiques européennes.
Manon Bouju, Lucas Chancel, Anne-Laure Delatte, Stéphanie Hennette, Thomas Piketty, Guillaume Sacriste, Antoine Vauchez.
La défaite des Taliban dans le sillage des attentats du 11 septembre ouvre deux décennies d'investissement occidental en Afghanistan. Des centaines de milliards, pour l'essentiel consacrés à l'entretien des forces occidentales, des dizaines de milliers de morts, dont plusieurs milliers de la coalition, montrent l'importance de ce conflit pour les Etats-Unis qui en font le symbole de leur hégémonie mondiale.
Mais, derrière les discours sur la construction d'une « démocratie de marché », se profile un gouvernement transnational qui contourne les acteurs afghans au point d'interdire tout processus démocratique, couvre des fraudes électorales massives, routinise la captation des ressources au profit des entreprises occidentales et des élites afghanes. Les tensions communautaires et sociales s'accroissent à un point jusque-là inconnu dans la société afghane. Les Taliban, capitalisant sur le ressentiment populaire contre les élites au pouvoir, mettent en échec une alliance occidentale qui dissimule, derrière une augmentation des moyens, son incapacité à définir une stratégie cohérente. Après vingt ans de conflit, al-Qaïda est toujours présent en Afghanistan, et le retrait américain ne fait qu'ouvrir une nouvelle période d'une guerre civile vieille de quarante ans.
Ce nouvel essai de Gilles Dorronsoro propose une analyse critique impitoyable des impasses de l'expertise orientaliste et sécurocrate dont la portée comparative, bien au-delà du seul cas afghan, est d'une haute actualité.
Repères et clés pour décrypter l'actualité.
Qu'y a-t-il derrière la formule "Make America Great Again" ? L'immigration, chance ou fardeau ? Quelles relations avec l'Union européenne ? Les Etats-Unis, toujours leader des industries numériques ? Ces questions traversent l'histoire contemporaine et resurgissent au fil de l'actualité. Des clichés à la réalité, cet ouvrage nous parle de lieux, de faits et de chiffres pour nous aider à y voir plus clair. Spécialiste incontestée, l'auteure propose 40 fiches documentées pour cerner les enjeux et les défis de la région. L'ensemble est illustré de cartes, graphiques et tableaux.
"Marie-Cécile Naves nous permet de comprendre les Etats-Unis, au-delà des tensions actuelles et du caractère erratique delà politique de Trump." Pascal Boniface.
La prolifération de la violence est l'une des caractéristiques de la globalisation. Le plus curieux, c'est que cette violence émane souvent de minorités opprimées, de petits groupes capables néanmoins d'altérer rapidement les relations internationales, et qu'elle vise directement l'Etat-nation. Le monde d'aujourd'hui est plein de Sikhs, de Basques, de Kurdes, de Tchétchènes, de Tamouls et autres minorités en colère qui se préparent à créer ou à rejoindre des cellules terroristes. Pour Appadurai, les haines ethniques qui alimentent ce phénomène n'ont pas le caractère de peur primaire qu'on leur prête. Elles constituent plutôt un effort pour exorciser la crainte générée par les incertitudes identitaires, géographiques, politiques, liées à la globalisation.
De l'Asie du Sud à l'Europe, en passant par les Etats-Unis, l'auteur examine ici avec force et subtilité les rapports entre un Etat-nation géographiquement circonscrit et un terrorisme global par essence déterritorialisé.
Le discours que prononça Nasser le 26 juillet 1956 est historique à plus d'un titre.
À nous lecteurs de ce début de XXIe siècle, le chef de l'État égyptien montre que la civilisation arabomusulmane libérée du colonialisme ottoman puis occidental, désormais fi xée vers des perspectives meilleures, ne peut se résumer en une soumission à une pratique religieuse, comme trop souvent l'Occident le ressent.
L'action de Nasser modernise l'identité arabe et peut se lire comme une tentative de réforme de l'islam.
À cette époque, Nasser parle, Oum Kalsoum chante, et les grandes puissances s'agitent.
Dans ce livre, Noam Chomsky s'entretient avec le réalisateur et journaliste d'enquête Andre Vltchek sur la puissance de l'Occident et son appareil de propagande. « L'Occident terroriste » constitue une excellente introduction à la pensée politique de Chomsky et une lecture éclairante sur le véritable rôle de l'Occident dans le monde. S'ouvrant sur l'histoire du kiosque à journaux de New York où le jeune Chomsky a commencé à faire son éducation politique, la discussion s'élargit progressivement sur des sujets tels que le colonialisme et le contrôle impérialiste, la propagande et les médias, la puissance et le déclin des États-Unis. Les auteurs critiquent de façon magistrale l'héritage du colonialisme et l'exploitation des ressources naturelles par l'Occident en effectuant un retour sur les grands événements qui ont jalonné le XXe siècle. Ce livre d'entretiens est une bouffée d'air frais pour tous ceux et celles qui refusent de se laisser gagner par le cynisme et la déception devant l'état du monde actuel.
Produit de la centralisation monarchique et des révolutions modernes, l'État-nation apparaît aujourd'hui bien mal adapté à l'intégration économique mondiale.
Les eurosceptiques, qui en revendiquent l'héritage et affirment sa pérennité, redoutent l'ouverture des frontières et appellent au refus de la mondialisation des échanges.
Les eurolibéraux, qui se satisfont d'une Europe du Grand marché, n'ont que faire des structures politiques et se moquent des malheurs de nos Etats nationaux.
Les fédéralistes, qui revendiquent à la fois l'ouverture des frontières et la formation d'un espace politique intégré à l'échelle européenne, fondent leur position sur la nécessité d'élever le pouvoir politique à la hauteur de la puissance nouvelle de l'économie afin de lui faire contrepoids. Jürgen Habermas est de ceux-là, refusant tout à la fois le passéisme des premiers et l'aveuglement des seconds. Mais il va plus loin.
Poche de ceux qui militent en faveur d'une démocratie cosmopolitique, il réfléchit aussi dans ce livre aux conditions qu'il est nécessaire de mettre en oeuvre une régulation mondiale.
Né en 1929 près de Cologne, Jürgen Habermas est l'auteur d'une oeuvre considérable. On trouvera notamment chez Fayard : Après Marx (1985), Théorie de l'agir communicationnel (2 vol. 1987) et L'Intégration républicaine (1998).
L'histoire des Etats-Unis est courte au regard des nations européennes. Le présent document analyse la politique étrangère de ce jeune Etat. A la fin du XVIIe siècle, la doctrine Monroe impose une politique isolationniste. Pendant l'entre-deux-guerres, le pays sort de son isolationnisme pour devenir après la Seconde Guerre mondiale le leader du "monde libre".
Le Royaume-Uni des dernières décennies est indissociable des crises multiples qu'il a affrontées et qu'il continue d'affronter. Certaines culminent avec le Brexit, qui en retour en provoque d'autres.
Crise économique et aggravation des inégalités sociales, nationalisme exacerbé, velléités de sécession de l'Écosse, instabilité de l'Irlande, services publics exsangues, syndicats laminés par quinze ans de thatchérisme et perte d'influence sur la scène diplomatique européenne et mondiale... Ces tensions qui parcourent la société britannique sont aussi les défis auxquels il lui faudra faire face à l'aube de cette nouvelle époque pour retrouver une identité commune sereine.
Contextualisant ces crises au regard du temps long de l'histoire britannique, Clémence Fourton analyse les dynamiques à l'oeuvre qui expliquent comment le Royaume-Uni en est arrivé là.
Soixante ans après son vote par les Nations unies, que reste-t-il aujourd'hui de la Déclaration universelle des droits de l'homme, de ses promesses, des engagements à la respecter pris par les Etats? Les plus grands juristes français commentent le préambule et les trente articles de ce texte fondateur. Des analyses qu'enrichissent les témoignages de personnes dont les droits ont été bafoués, en violation des principales dispositions de la Déclaration. Avec cet ouvrage, chacun pourra évaluer la réalité de ce que Robert Badinter, dans sa conclusion, appelle "l'horizon moral de notre temps".
Le terme de citoyenneté est galvaudé.
Jugé passéiste il y a vingt ans, il est aujourd'hui comme un nouveau talisman que l'on brandit pour appuyer toute revendication. le terme a pourtant un sens historiquement précis : l'appartenance à une communauté politique autonome, définissant des droits et des devoirs. il n'en reste pas moins que les grandes traditions politiques l'ont interprété différemment, lorsqu'il s'est agi d'articuler la citoyenneté à l'individu, à la nationalité, aux croyances religieuses, aux inégalités sociales, aux traditions historiques et communautaires.
C'est donc l'histoire, les idéologies, la sociologie de la " citoyenneté " que retrace cet ouvrage qui est en soi un véritable manuel contemporain d'instruction civique.
De la naissance de la réflexion politique dans la Grèce antique aux interrogations contemporaines sur les rapports de l'Homme à la Cité et sur le devenir de l'Humanité, la pensée politique a connu un long et riche cheminement, donnant naissance à un grand nombre d'idéologies, élaborées et illustrées par des auteurs aussi divers qu'Aristote, Comte, Montesquieu, Marx ou Popper. Mais - par delà la diversité des doctrines - certaines constantes peuvent être dégagées à partir des idées forces autour desquelles ces doctrines s'ordonnent : l'autorité, la liberté, l'égalité. Au long de l'histoire, ces valeurs de référence ont ainsi donné naissance aux trois grands courants qui structurent la pensée politique : l'autoritarisme, le libéralisme, le socialisme. Au cours des siècles, la pensée politique a évidemment évolué en même temps qu'elle s'enrichissait et qu'elle s'adaptait à l'époque. Au sein de ces grands courants, se sont naturellement développées des variantes. Mais, jusqu'à la fin du 20 ème siècle et la crise d'idéologies en mal d'adaptation à un monde en mutation accélérée, la référence - au moins implicite - à ces trois grands courants a perduré. Et même la quête actuelle de nouveaux modèles (écologique, populiste, féministe) ne les a pas fait disparaître tant ceux-ci peinent à imposer de nouveaux paradigmes.
Bien plus qu'une simple présentation chronologique d'auteurs ou d'oeuvres, c'est donc une approche synthétique de vingt-cinq siècles d'évolution de la réflexion politique sous-tendue par cette constante et par ses valeurs fondamentales qui est présentée et analysée dans la présente Histoire des grands courants de la pensée politique.
À ce jour, le genre humain n'a pas trouvé une manière de vivre ensemble qui permettrait à tous - égalitairement - de se nourrir et de mener une vie modestement heureuse et exempte des soucis existentiels les plus élémentaires. La rapine de quelques-uns a servi de prétexte à une interprétation faussement darwiniste « de l'émergence des meilleurs, de la victoire des élites », alors que le vrai darwinisme vise simplement une survivance des plus adaptés. Or, avec le brigandage actuel de ses ressources naturelles, l'espèce humaine risque, à plus ou moins courte échéance, d'arriver à une inadaptation totale, d'autant plus qu'elle se menace elle-même de stocks nucléaires incontrôlables et fatidiques. Au milieu du xixe siècle, Karl Marx a sonné un tocsin dont les échos se perdent aujourd'hui. Il faut revenir sur nos pas et contempler, sans préjugés et rationnellement, les possibilités de transformer de fond en comble les prémisses et les conclusions de notre vie en commun.
Les frontières représentent aujourd'hui un enjeu complexe dans la vie des personnes. Elles relient et divisent, elles se font mobiles, s'individualisent aussi, laissant circuler librement certains et retenant d'autres. Qu'elles s'ouvrent ou se ferment, elles font l'objet de politiques publiques spécifiques et constituent un levier privilégié du capitalisme marchand. Elles sont le lieu d'exacerbation des processus politiques, sociaux, économiques actuels, un laboratoire de notre époque.
Pour l'heure, les frontières internationales restent les supports d'une citoyenneté qui elle-même fonde la démocratie. Mais la façon dont nos limites vacillent met en évidence le devenir incertain de nos systèmes politiques. Comprendre ce qu'est une frontière aujourd'hui, c'est ainsi interroger l'avenir de nos sociétés et reformuler notre relation au monde.