" Ce livre constitue une tentative de compréhension de faits qui, au premier coup d'oeil, et même au second, semblaient simplement révoltants. Comprendre, toutefois, ne signifie pas nier ce qui est révoltant et ne consiste pas à déduire à partir de précédents ce qui est sans précédent ; ce n'est pas expliquer des phénomènes par des analogies et des généralités telles que le choc de la réalité s'en trouve supprimé. Cela veut plutôt dire examiner et porter en toute conscience le fardeau que les événements nous ont imposé, sans nier leur existence ni accepter passivement leur poids, comme si tout ce qui est arrivé en fait devait fatalement arriver. Comprendre, en un mot, consiste à regarder la réalité en face avec attention, sans idée préconçue, et à lui résister au besoin, quelle que soit ou qu'ait pu
être cette réalité. " (Hannah Arendt)
Sur l'antisémitisme est la première partie de l'oeuvre magistrale d'Hannah Arendt, Les Origines du totalitarisme (New York, 1951), qui inclut aussi L'Impérialisme (" Points Essais ", n° 356) et Le Système totalitaire (" Points Essais ", n° 307).
« Personne d'autre que le citoyen libre n'a qualité pour juger de l'emploi qu'il fait de sa liberté, sauf à voir celle-ci disparaître. Ainsi la loi ne peut-elle permettre à l'État de restreindre abusivement la liberté d'aller et venir, de manifester, de faire connaître une opinion, de s'informer, de penser pour finir. » Lorsque Chateaubriand déclare que « sans la liberté il n'y a rien dans le monde », ce n'est pas seulement un propos de littérateur. Il exprime cette vérité trop souvent oubliée que « sans la liberté », il n'y a pas de société politique, seulement le néant de ces individus isolés auquel l'État, porté à l'autoritarisme et à l'ordre moral, a cessé d'appartenir. Tel est bien le danger de la démocratie moderne que François Sureau s'emploie ici à désigner tant dans nos moeurs sociales que dans notre vie politique et, sans concession, à la lumière de nos responsabilités individuelles et collectives. L'homme est voué à la liberté ; il lui revient continûment, avec « patience et souffle », d'en reformuler le projet politique et de n'y rien céder.
Le système politique mis au point par l'Allemagne hitlérienne et la Russie stalinienne ne consiste pas en une simple radicalisation des méthodes dictatoriales. C'est un système entièrement original qui repose sur la transformation des classes en masses, fait de la police le centre du pouvoir et met en oeuvre une politique étrangère visant ouvertement à la domination du monde. Animé par une logique de la déraison, il tend à la destruction complète de la société - comme de l'individu. Un classique de la théorie politique.
L'oeuvre de Frantz Fanon, psychiatre et militant de l'indépendance algérienne, a marqué des générations d'anticolonialistes, d'activistes des droits civiques et de spécialistes des études postcoloniales. Depuis la publication de ses livres, on savait que nombre de ses écrits psychiatriques restaient inédits, dont ceux consacrés à l'« aliénation colonialiste vue au travers des maladies mentales » (selon les mots de son éditeur François Maspero).
Le lecteur trouvera donc dans le présent volume les articles scientifiques de Fanon, sa thèse de psychiatrie ainsi que des textes publiés dans le journal intérieur de l'hôpital de Blida-Joinville où il a exercé de 1953 à 1956. On y trouvera également deux pièces de théâtre écrites durant ses études de médecine, des correspondances et certains textes publiés dans El Moudjahid après 1958. Cet ensemble remarquable est complété par la correspondance entre François Maspero et l'écrivain Giovanni Pirelli à propos de leur projet de publication des oeuvres complètes de Fanon, ainsi que par l'analyse raisonnée de la bibliothèque de ce dernier.
« Faire du citoyen «quelque chose» dans l'ordre politique, faire du citoyen le coeur vivant de la démocratie en affirmant, contre le principe représentatif, qu'il a une compétence pour décider personnellement des lois et des règles du vivre-ensemble et en proposant, contre le présidentialisme de la Ve République, les institutions et les mécanismes par lesquels cette compétence citoyenne s'exercera.
Ce manifeste a pour objet de soumettre à la discussion les principales «thèses» qui informent la démocratie continue : les droits de l'homme, principe de reconnaissance de la démocratie ; l'autonomie constitutionnelle du corps des citoyens par rapport au corps des représentants ; la compétence des citoyens à fabriquer les lois et politiques publiques ; la justice comme pouvoir de la démocratie. » D. R.
Dominique Rousseau nous invite ici au grand débat sur la révision de la Constitution.
Un livre magistral.
Les textes politiques de Frantz Fanon réunis dans ce volume couvrent la période la plus active de sa vie, de la publication de Peau noire, Masques blancs en 1952 - il avait alors vingt-huit ans - à celle des Damnés de la terre en 1961, qui devait coïncider, à quelques jours près, avec la date de sa mort. Retraçant le fil d'une réflexion en constante évolution sur le phénomène colonial, vécu de l'intérieur, ces textes dénoncent à la fois le colonialisme et les pièges de la décolonisation - la « grande erreur blanche » et le « grand mirage noir ».
Explorant tour à tour la situation du colonisé, dont il peut rendre compte scientifiquement par son expérience médicale quotidienne, l'attitude des intellectuels de gauche face à la guerre d'Algérie, les perspectives de conjonction de la lutte de tous les colonisés et les conditions d'une alliance de l'ensemble du continent africain, Frantz Fanon gardait la certitude de la prochaine libération totale de l'Afrique. Son analyse et la clarté de sa vision nous donnent aujourd'hui les clés nécessaires pour comprendre la réalité africaine actuelle.
La Grande Transformation est un bel exemple de ce qu'on appelle un « classique contemporain ». À sa parution en 1983, l'ouvrage est lu et reçu comme une étude d'an thropologie. Vingt ans après, c'est désormais LA référence de tous les courants qui souhaitent penser une alternative au libéralisme économique.
« Être utile pour un ancien président, c'est être libre.
Libre de s'appuyer sur son expérience pour juger de la situation du pays et de l'état du monde. Libre de penser sans fard, sans désir de plaire, sans crainte de déplaire et sans rien rechercher pour lui-même.
Libre, surtout, d'alerter les Français sur la gravité des choix qui les attendent. Pour affronter la mutation écologique, pour affronter ce monde de plus en plus dangereux, pour affronter les divisions qui fracturent la nation, je veux ici ouvrir une voie nouvelle. ».
F. H.
Dans ce livre écrit avec la vivacité et la sagacité qu'on lui connaît, François Hollande passe en revue, au fil de portraits acérés, les prétendants déclarés dans la campagne présidentielle la plus cruciale de la Ve République. Il détaille les défis majeurs que la France doit affronter dans les cinq ans qui viennent, et expose les solutions originales qui permettront au pays de surmonter les multiples crises qui l'assaillent.
Un guide brillant, réfléchi et indispensable pour s'y retrouver avant le scrutin de 2022.
Au terme de cinq années d'enquête entre Paris, Washington, Moscou et Tel-Aviv, la journaliste Chloé Aeberhardt a retrouvé la trace des espionnes des principaux services de renseignement engagés dans la guerre froide. Ces retraités de la CIA, du KGB, du MI5, de la DST ou du Mossad l'ont reçue chez elles et lui ont raconté le rôle décisif qu'elles ont joué dans le conflit Est-Ouest, de la pénétration des cercles du pouvoir occidental par les agents soviétiques à la traque des anciens nazis en Amérique du Sud en passant par l'exfiltration des juifs falachas d'Éthiopie vers Israël dans les années 1980.
Loin du mythe de Mata Hari et du cliché de la séductrice qui prévaut aujourd'hui encore lorsqu'on évoque le renseignement au féminin, la réalité dévoilée au fil de ces rencontres n'en finit pas de dépasser la fiction.
Quels sont les États qui protègent le mieux leurs citoyens dans le contexte international actuel?? Face à des menaces devenues globales, telles les pandémies, les crises environnementales, économiques, migratoires ou alimentaires, quelles puissances ont su rompre avec un passé révolu et développer des stratégies adaptées??
Les États-nations se sont construits, il y a quelques siècles, sur la gestion des peurs ancestrales (peur de mourir et de souffrir, peur de perdre sa liberté) et des risques nationaux. Ils se sont arrogé le monopole de la sécurité pour en faire un enjeu territorial et militaire, étroitement lié à la souveraineté nationale.
Mais lorsque les risques changent de nature et de périmètre, qu'en est-il de l'ancien ordre international?? Le succès amorcé des puissances les plus agiles, qui - à l'instar de la Corée du Sud, de l'Allemagne et de quelques pays nordiques - savent tirer profit de la mondialisation tout en se protégeant de ses méfaits, ne nous invite-t-il pas à repenser la sacro-sainte sécurité internationale pour l'élargir à ses dimensions humaines?? Et, dès lors, n'est-ce pas tout l'ordre mondial qui est à revoir et à refonder??
Loin des discours souverainistes et des postures démagogiques, Bertrand Badie nous propose une réflexion profonde et sociale sur le thème si fondamental de la sécurité.
« Ce livre fait suite aux Dix-huit leçons sur la société industrielle et à La lutte de classes. Il traite de deux régimes typiques de la civilisation moderne, l'un que j'appelle constitutionnel-pluraliste et l'autre que je caractérise par la prétention d'un parti au monopole de l'activité politique.
La comparaison entre les régimes politiques, à la différence des comparaisons entre les économies, met surtout en lumière des différences. Les régimes apparaissent comme des solutions opposées à des problèmes semblables.
L'année 1957-1958, celle durant laquelle le cours fut professé, fut celle de la fin de la IVe République et du retour au pouvoir du général de Gaulle. Une préface écrite en 1965, équilibre le chapitre consacré à la République morte par une analyse critique de la République gaulliste. » Raymond Aron.
Ni révoltés, ni révolutionnaires, les rebelles de De Gaulle à Macron transgressent les normes du système politique sans pour autant vouloir sa destruction. La rébellion, paradoxalement constructive, devient le moteur de grandes réformes comme la légalisation de l'IVG ou l'abolition de la peine de mort. Enfants terribles dans leur famille politique tels Rocard, Séguin, Chevènement, Sarkozy, retardant toute adhésion à un parti tels Pompidou et Barre ou la refusant tels Badinter, Veil ou Macron, ils ont tous un tempérament frondeur qui ne dessert pas leur ambition de rénover le gouvernement. Héritiers de De Gaulle, ils ont « une certaine idée de la France », héritiers de Mendès France, ils savent que « gouverner, c'est choisir ».
À la veille des élections présidentielles du printemps 2022, qui du président sortant, le « jupitérien » Emmanuel Macron, ayant fait exploser l'organisation des partis, ou de ses adversaires réuniront une France divisée - entre le rural et l'urbain, entre les nantis diplômés et les Gilets jaunes -, tout ceci sur un fond de crise sanitaire, économique et écologique ?
La France est meurtrie par le terrorisme. Mais il y a plus grave : elle est en train de perdre son identité. Si l'on ne fait rien, selon Philippe de Villiers, la voix du muezzin couvrira le son des cloches de nos terroirs.
L'auteur a eu accès à de nombreuses informations qu'il divulgue ici pour que les Français sachent et prennent conscience de l'extrême gravité de la situation.
À travers une mise en perspective vertigineuse, il rappelle comment, depuis les années 1980, notre pays a été lentement mais sûrement « islamisé ». Rien n'a été fait pour répondre aux vagues migratoires et au plan secret de l'Europe. Pire, ce projet d'un « Eurislam », révélé ici au grand jour, a été encouragé par les élites françaises.
Il faut renouer avec notre pays. Philippe de Villiers propose d'inventer un nouveau roman national qui soit un roman d'amour. Pour que chaque Français puisse partir dans la vie avec un bagage imaginaire qui porte ses rêves.
Fermer ou protéger les frontières, interdire l'immigration clandestine et incontrôlée, expulser les étrangers clandestins ou non « exemplaires », stopper le regroupement familial, remplacer le droit du sol par le droit du sang, empêcher les personnes en situations irrégulières de se marier ou de bénéficier de prises en charge et tarifs préférentiels, interdire la scolarisation des clandestins ou les prénoms « non français », expulser les fichés « S »...
Il ne se passe pas une élection, un débat électoral, sans que ces questions ne soient abordées. Pour autant, sont-elles réalistes ? Reflètent-elles réellement l'état du droit ? Jusqu'où peuvent s'engager nos politiques ? Pourquoi ce débat est-il aussi stagnant ? Et surtout avons-nous raison de les croire ?
Ce livre part du constat que jusqu'à la révolution française, il y avait des moralistes et des conseillers des Princes, des hommes d'Etat qui écrivaient sur l'art de gouverner les hommes.
Depuis, on feint de croire que les hommes sont parfaits et que les gouvernants sont des personnes chargés de résoudre des problèmes et dont on doit s'assurer qu'ils n'abusent pas de leur pouvoir et qu'ils sont honnêtes. Il y a beaucoup de juges de morale et plus de moralistes humanistes.
Et pourtant la politique et la conduite des affaires de l'Etat obéissent toujours aux mêmes lois universelles du comportement humain, décrites non seulement par des hommes d'Etat mais aussi par les plus grands romanciers.
L'ambition de ce livre est, en exposant cette sagesse millénaire, de réhabiliter l'art de gouverner les hommes comme un acte de tendresse parce qu'il suppose non pas de traiter des dossiers mais de maîtriser l'art de manier les hommes.
L'originalité de ce livre est aussi que ramenant la politique au coeur des passions humaines et de la nature humaine, il s'appuie non seulement sur les pensées des politiques mais sur le regard pénétrants des grands écrivains ou des mystiques.
Un concentré d'intelligence, d'expérience, de culture et de sagesse.
«Quelle heure est-il? Tôt le matin, l'Europe se met en route pour l'école. Elle rapporte ses devoirs à la maison : lutter contre les poussées en arrière par un élan vers une union plus étroite.
Le devoir sera effectué par les meilleurs élèves, ceux du noyau fondateur.
Que feront les autres? Ils suivront, un peu à contrecoeur, par le chemin des écoliers.» Dans cet essai inédit, prolongé par quelques textes d'intervention précédemment parues dans la presse, Erri De Luca exprime son attachement à une Europe ouverte et humaniste. Revendiquant son devoir d'ingérence au nom de la mixité des cultures, il nous offre, par ses mises à feu, sa vision d'une communauté humaine au-delà des frontières - telle que la littérature sait l'incarner : «Le remède obligatoire et immunitaire reste la lecture des livres du monde. Je leur dois d'être porteur de citoyennetés variées et de fraternité européenne.»
Un monde s'invente sous nos yeux qui semble nous échapper. Qu'il s'agisse du climat, de la globalisation, de la crise sanitaire ou du numérique, ces questions nouvelles suscitent une défiance inédite envers les systèmes démocratiques dont on trouve les échos dans les records d'abstention, la crise des Gilets Jaunes et les manifestations contre le passe sanitaire. Les modèles forgés au fil des quatre derniers siècles semblent épuisés.
La voie d'un dépassement existe pourtant, nous n'avons même jamais été aussi proches de réaliser la promesse démocratique d'une émancipation individuelle et collective et d'une maîtrise de nos vies et notre avenir.
En partant du constat qu'il y a un écart manifeste entre les discours propagés sur le retrait des citoyens de tous les espaces politiques et le fait que, sur le terrain, les Français n'ont presque jamais fait autant de politique, cet ouvrage présente un tout autre visage des citoyens, esquissant une façon différente de gouverner nos sociétés.
Un ouvrage à la fois sans concession sur le diagnostic mais aussi très optimiste sur la possibilité d'inventer une issue et porteur d'espoir.
Malraux avait tort. Le XXIe siècle ne sera pas religieux avant tout : il sera sportif. Nous sommes entrés dans l'ère du sport mondialisé. Le sport est devenu le nouveau terrain d'affrontement - pacifique et régulé - des États. C'est la façon la plus visible de montrer le drapeau, d'être un point sur la carte du monde et d'exister aux yeux de tous.
Lorsque la globalisation efface les identités nationales, le sport devient le moyen le plus efficace pour ressouder la nation, autour d'un projet commun et fédérateur. Dans ce « village global » qu'est devenue la planète, les champions sont les habitants les plus connus et les plus populaires. Tout le monde a entendu parler d'Usain Bolt ou de Cristiano Ronaldo. Qui connaît le nom du Premier ministre jamaïcain ou portugais ? Qui se souvient du nom du président du Brésil en 1970 ? Celui de Pelé est gravé à tout jamais dans les mémoires.
Le sport aujourd'hui c'est donc plus que du sport. C'est de l'émotion, des sensations, des moments de désespoir, de joie, de fraternité, etc., mais aussi de la géopolitique, de la puissance en version « soft ». Bref, un élément essentiel de rayonnement pour un État.
Comment les hommes comprennent-ils leur époque ?
Comment envisagent-ils leur avenir ? Quelle influence leurs idées exercent-elles sur la société ? Quel lien existe-t-il entre la philosophie, le droit, la religion et les grandes luttes politiques qui divisent le corps social ?
Dans une perspective ouverte sur l'histoire sociale et politique, l'auteur procède à une analyse rigoureuse des grands débats philosophiques et juridiques qui ont contribué à la formation de la pensée occidentale.
La troisième édition de cet ouvrage, véritable référence dans le domaine, qui présente un vaste panorama des idées politiques de l'Antiquité gréco-romaine à nos jours, est enrichi d'un chapitre inédit entièrement consacré à la question des pensées dites « dissidentes » : féminisme contemporain, pensée environnementaliste, nouvelles radicalités intellectuelles...
Une somme de connaissances incontournable pour tous les passionnés des idées.
Cours professé à l'Institut d'études politiques de Bordeaux.
Pendant quelque trente années, Jacques Ellul a proposé aux étudiants de l'Institut politique de Bordeaux un cours sur la Pensée marxiste rendu disponible au public en 2003 aux Éditions de La Table Ronde. Ce cours était dispensé en alternance avec un autre, les Successeurs de Marx, qui fait l'objet du présent ouvrage. Ellul y montre que les fractures dans l'héritage de Marx ont révélé des contradictions ou des évolutions déjà présentes dans l'oeuvre de ce dernier, accentuées par le caractère de plus en plus douteux de certaines de ses prédictions. Avec un talent didactique confirmé, Ellul nous présente ici les différentes écoles, leur porte-parole et les fondements théoriques de leurs désaccords.
Mais la publication de ce cours est aussi l'occasion d'approfondir un peu plus les liens complexes qu'entretenait Ellul avec le marxisme. À propos du marxisme tchèque des années soixante qui allait déboucher sur le Printemps de Prague de 1968, il déclarait ainsi à ses étudiants : «J'ai repris un certain espoir à l'égard du socialisme en général lorsque j'ai rencontré la pensée des Tchécoslovaques [...] : une réponse marxiste aux problèmes d'une société technicienne.» Cette sympathie envers ces thèses, largement développées ici, montre à quel point le marxisme a influencé les recherches d'Ellul et aide à leur compréhension.
Cinq ans après les attentats qui ont ensanglanté la France - de la tuerie de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 aux massacres du Bataclan le 13 novembre 2015 - ce livre présente le premier récit de l'intérieur du processus qui a vu naître le jihadisme français parmi les « cités » enclavées des banlieues populaires et a mené ses activistes, en passant par le « califat » de Daech au Levant, jusqu'aux prisons de l'Hexagone.
C'est en effet à partir de quatre-vingts entretiens avec des jihadistes incarcérés que Hugo Micheron a pu reconstituer la structuration des réseaux et des territoires du jihad. S'inscrivant en faux contre l'opinion commune qui fait du monde pénitentiaire une institution totalitaire coupée de la société, il analyse les interactions constantes entre celui-ci et les « quartiers ». Il montre comment la projection dans l'hyper-violence sur la « terre sainte du Châm » en Syrie et sur le territoire français est l'aboutissement d'un itinéraire qui démarre dans les cercles salafistes de Toulouse et Molenbeek dès la fin du siècle dernier. Il est scandé par les grands bouleversements des attentats du 11 Septembre 2001 aux États-Unis et les meurtres commis par Mohamed Merah en mars 2012, préludes à la proclamation du « califat » à Raqqa.
Ces analyses, qui reposent sur la familiarité de l'auteur avec les banlieues populaires, sur sa connaissance des langue et culture arabes et de la Syrie, ainsi que son immersion pendant deux années dans le monde carcéral, ouvrent des perspectives totalement nouvelles.
Elles permettent de comprendre pourquoi la majorité de la classe politique, des hauts fonctionnaires et beaucoup d'universitaires, n'ont eu du phénomène jihadiste qu'une lecture superficielle et inopérante - dont notre société a payé un prix particulièrement élevé. Elles ouvrent également la réflexion sur les pistes pour anticiper « l'après-Daech ».
L' Art de la guerre de Sun Tzu exerce toujours la même fascination sur nos contemporains. Est-ce parce qu'il s'agit du premier livre de stratégie écrit il y a 2 500 ans ? Peut-être, mais cela ne suffirait pas à expliquer son succès jamais démenti. Il contient surtout des leçons qui ont franchi le mur des siècles et qui restent pertinentes.
Pascal Boniface, avec la clarté pédagogique qu'on lui connaît, nous offre une mise en perspective de L'Art de la guerre avec l'actuelle stratégie chinoise. Il démontre que lire Sun Tzu permet de comprendre la montée en puissance de la Chine qui paraît aujourd'hui irrésistible. Mais aussi que ses leçons sont désormais au service de tous ceux qui veulent se les approprier, y compris Donald Trump.
Avec cet ouvrage,L'Esprit du Tempsalimente le débat sur la propriété et propose au lecteur une vision différente de ce que Proudhon a tout d'abord présenté comme étant un vol et du poids de celle-ci dans le processus civilisationnel.« Qui a pu faire que la propriété, instinct naturel de l'homme, de l'enfant, de l'animal, but unique, récompense indispensable du travail, fût mise en question ? » Cet essai date de 1848 - année qui voit la naissance de la Seconde République, et l'affrontement entre théoriciens de la remise en cause de la propriété et les économistes libéraux qui prennent sa défense. Le texte de Thiers peut être considéré comme l'antithèse du « Qu'est-ce que la propriété ? » de Proudhon - ouvrage déjà publié àL'Esprit du Tempsdans la même collection - ; en effet, Adolphe Thiers affronte la théorie « communiste » du célèbre anarchiste.À la propriété c'est le vol, Thiers oppose donc la propriété comme fondement de toute société. La propriété serait à l'origine de la prospérité et des autres libertés, son caractère universel la rendant nécessaire au développement des sociétés, avant toute autre réalité économique. Le débat, près de deux siècles plus tard, n'est toujours pas clos.
Le moment historique de la pandémie de coronavirus a indéniablement placé la gestion publique des crises au centre des agendas politiques mondiaux. Si la question de la gestion des crises par les pouvoirs publics n'est pas nouvelle, la mutation des menaces intentionnelles comme le terrorisme, et l'avènement de nouveaux risques (technologiques ou sanitaires) viennent cependant renouveler leur analyse. Cet ouvrage présente, de manière syncrétique, les grands auteurs, modèles analytiques et approches permettant d'appréhender ces phénomènes dans nos sociétés contemporaines. Quels sont les usages politiques du risque dans le cadre de la compétition politique, de la gestion publique ? Quelles conséquences les menaces et les risques ont-ils sur les résultats électoraux ? Quel est le rôle des acteurs de la société civile dans la construction des risques (le cadre des mobilisations collectives) ?
Un ouvrage assorti de nombreuses études de cas (menace terroriste, affaire du sang contaminé, rôle de l'OMS dans la gestion de la crise du coronavirus, etc.).