Pourquoi et comment devient-on ethnologue ? Comment les aventures de l'explorateur et les recherches du savant s'intègrent-elles et forment-elles l'expérience propre à l'ethnologue ? C'est à ces questions que l'auteur, philosophe et moraliste autant qu'ethnographe, s'est efforcé de répondre en confrontant ses souvenirs parfois anciens, et se rapportant aussi bien à l'Asie qu'à l'Amérique.
Plus encore qu'un livre de voyage, il s'agit cette fois d'un livre sur le voyage. Sans renoncer aux détails pittoresques offerts par les sociétés indigènes du Brésil central, dont il a partagé l'existence et qui comptent parmi les plus primitives du globe, l'auteur entreprend, au cours d'une autobiographie intellectuelle, de situer celle-ci dans une perspective plus vaste : rapports entre l'Ancien et le Nouveau Monde ; place de l'homme dans la nature ; sens de la civilisation et du progrès.
Claude Lévi-Strauss souhaite ainsi renouer avec la tradition du "voyage philosophique" illustrée par la littérature depuis le XVIe siècle jusqu'au milieu du XIXe siècle, c'est-à-dire avant qu'une austérité scientifique mal comprise d'une part, le goût impudique du sensationnel de l'autre n'aient fart oublier qu'on court le monde, d'abord, à la recherche de soi.
La diversité des cultures, la place de la civilisation occidentale dans le déroulement historique et le rôle du hasard, la relativité de l'idée de progrès, tels sont les thèmes majeurs de Race et histoire. Dans ce texte écrit dans une langue toujours claire et précise, et sans technicité exagérée, apparaissent quelques-uns des principes sur lesquels se fonde le structuralisme.
" Quand, dans la société primitive, l'économique se laisse repérer comme champ autonome et défini, quand l'activité de production devient travail aliéné, comptabilisé et imposé par ceux qui vont jouir des fruits de ce travail, c'est que la société n'est plus primitive, c'est qu'elle est devenue une société divisée en dominants et dominés, en maîtres et sujets, c'est qu'elle a cessé d'exorciser ce qui est destiné à la tuer : le pouvoir et le respect du pouvoir. La division majeure de la société, celle qui fonde toutes les autres, y compris sans doute la division du travail, c'est la nouvelle disposition verticale entre la base et le sommet, c'est la grande coupure politique entre détenteurs de la force, qu'elle soit guerrière ou religieuse, et assujettis à cette force. La relation politique de pouvoir précède et fonde la relation économique d'exploitation. Avant d'être économique, l'aliénation est politique, le pouvoir est avant le travail, l'économique est une dérive du politique, l'émergence de l'État détermine l'apparition des classes. " P. C.
Anthropologue et ethnologue, Pierre Clastres (1934-1977) a effectué de nombreux séjours auprès des Indiens d'Amérique du Sud qui ont été le point de départ de sa réflexion et de ses différents travaux d'anthropologie politique, parmi lesquels Chroniques des Indiens Guayaki (Plon, 1972 ; Pocket, coll. " Terre Humaine ", 2001) et La Société contre l'État (Les Éditions de Minuit, 1974).
« Il y a maintenant presque huit ans, je me suis retrouvée de façon inattendue éperdument amoureuse d'une chienne rouge piment que j'ai appelée Cayenne. » C'est en partant des gestes les plus ordinaires du quotidien et non pas de grands principes que Donna Haraway nous invite à penser notre relation aux espèces compagnes. Ces espèces avec lesquelles nous « partageons le pain », depuis les micro-organismes qui nous peuplent jusqu'aux animaux de compagnie. Cet enchevêtrement nous conduit auprès de bouledogues français à Paris, à des projets concernant les prisonniers du Midwest, à des analyses coûts-bénéfices dans la culture marchande autour des chiens, à des souris de laboratoire et des projets de recherche en génétique, sur des terrains de baseball et d'agility, auprès de baleines munies de caméras au large de l'Alaska, sur des sites industriels d'élevage de poulets, etc.
Il s'agit ici non pas de domestication, de contrôle ou de rachat de la dette mais de contact. Quelle est la valeur ajoutée du contact ? Que nous apprennent à sentir et à faire les « zones de contact » ? Loin de tout retour romantique à une rencontre sauvage, dénuée d'intérêts et de contamination biopolitique, prendre soin du contact entre espèces « entraîne » à un perpétuel zigzag entre ce qui nous affecte, nous rattache, nous rend interdépendants, simultanément robustes et vulnérables.
Dans ce livre, claude lévi-strauss expose et met en oeuvre la méthode structurale aux progrès de laquelle son nom est attaché.
Toutes les grandes questions de l'anthropologie sociale y sont évoquées, comme sont discutés les problèmes de méthode , l'on verra définie et illustrée son ambition d'entreprendre une véritable analyse scientifique des phénomènes humains sans les trahir, c'est-à-dire sans rien laisser perdre de leur richesse concrète et des plus subtiles nuances que traduit leur diversité.
Synthèse sur l'histoire de l'anthropologie sociale, ses enjeux, ses méthodes et sa démarche.
Rsoudre les nigmes poses par les rgles du mariage aux ethnologues, notamment celle de la prohibition de l'inceste, telle est la tche que se proposaient initialement Les Structures lmentaires de la parent. Les deux chapitres introductifs, objets de la prsente dition, n'en abordent pas moins des questions philosophiques cruciales : o finit la nature et o commence la culture ? quelles sont les parts respectives de chacune en l'homme ? comment l'homme se distingue-t-il, sous ce rapport, de l'animal ?C'est ainsi du point de vue de l'ethnologie que le texte de Claude Lvi-Strauss apporte matire et mthode la rflexion philosophique.
Premier ouvrage de Claude Lévi-Strauss, Le totémisme aujourd'hui a marqué un tournant, silencieux mais décisif, dans l'ethnologie. Non seulement le concept de totémisme y a été déconstruit, mais l'approche évolutionniste s'est effacée au profit d'un nouveau paradigme structuraliste.
Claude Lévi-Strauss évalue la pertinence du concept de totémisme pour désigner des groupes sociaux mettant en place une dynamique précise de continuité entre l'homme et la nature. Son postulat est le suivant : le totémisme est une illusion. Le terme de « totémisme » est une fabrication des ethnologues dans le but de déplacer ces phénomènes - aussi fascinants que dérangeants - hors de leur propre société. L'anthropologue ne s'en tient pas là : il veut comprendre les raisons de cette chimère. Revenant sur l'ensemble des recherches menées sur ce sujet, et étudiant les mêmes tribus aborigènes australiennes qui ont servi à élaborer ces théories, il redéfinit les contours de la notion de totémisme, la confronte aux phénomènes qu'il observe, pour finalement la dissoudre. En signant la fin du totémisme et des théories animalistes, il marque l'avènement du paradigme structuraliste dans l'étude des sociétés humaines et des rapports entre individus.
Claude Lévi-Strauss a écrit les pages qui forment à présent ce volume pour répondre à une demande du grand quotidien italien La Repubblica. Il en résulte un ensemble inédit, composé de seize textes écrits en français, entre 1989 et 2000.
Partant chaque fois d'un fait d'actualité, Lévi-Strauss y aborde quelques-uns des grands débats contemporains. Mais, que ce soit à propos de l'épidémie dite de " la vache folle ", de formes de cannibalisme (alimentaire ou thérapeutique), de préjugés racistes, liés à des pratiques rituelles, l'excision ou encore la circoncision, l'ethnologue incite à comprendre les faits sociaux, qui se déroulent sous nos yeux, en évoquant la pensée de Montaigne, fondement de la modernité occidentale : " chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage ".
En ouverture du volume un texte écrit en 1952 : Le Père Noël supplicié.
Publié dans une version reliée en 1991, puis réédité dans un format poche, ce dictionnaire est un « outil culturel » passionnant et indispensable, non seulement pour connaître les grands noms de la discipline (94 ethnologues sont présentés) mais aussi pour comprendre leur langage et leurs concepts, car « c'est avec cet instrument analytique qu'ils affrontent la réalité sociale, organisent leur savoir et définissent les orientations de leur réflexion et c'est à travers leur langage que, de l'extérieur, la discipline est identifiée » (P. Bonte et M. Izard).
À l'occasion de son quatrième séjour au Japon, au printemps 1986, Claude Lévi-Strauss écrit les trois chapitres qui composent aujourd'hui ce volume - trois conférences faites à Tokyo, à l'invitation de la Fondation Ishizaka. Il choisit pour cet ensemble le titre que porte à présent ce livre.L'anthropologue y aborde les problèmes cruciaux d'un monde sur le point de rentrer dans le XXIe siècle, et propose un nouvel humanisme : " Après l'humanisme aristocratique de la Renaissance et l'humanisme bourgeois du XIXe siècle, l'anthropologie marque donc l'avènement, pour le monde fini qu'est devenue notre planète, d'un humanisme doublement universel.En cherchant son inspiration au sein des sociétés les plus humbles et longtemps méprisées, elle proclame que rien d'humain ne saurait être étranger à l'homme. Elle fonde ainsi un humanisme démocratique qui dépasse ceux qui le précédèrent : créés pour des privilégiés, à partir de civilisations privilégiées. Et en mobilisant des méthodes et des techniques empruntées à toutes les sciences pour les faire servir à la connaissance de l'homme, elle appelle à la réconciliation de l'homme et de la nature dans un humanisme généralisé. " - Professeur au Collège de France, Claude Lévi-Strauss est né à Bruxelles le 28 novembre 1908 et mort à Paris le 30 octobre 2009.
Publié en 1967, recherches en ethnométhodologie est un des ouvrages les plus originaux et les plus novateurs de la sociologie de la seconde moitié du xxe siècle.
Il est devenu un classique et a inspiré un courant de recherche très diversifié qui s'est développé un peu partout dans le monde depuis les etats-unis, sous le nom soit d'ethnométhodologie, soit d'analyse de conversation. son auteur, harold garfinkel, né en 1917, a été professeur de sociologie à l'université de californie à los angeles. reprenant à son compte le questionnement de talcott parsons sur la genèse de l'ordre social, il s'est appuyé sur la phénoménologie husserlienne, telle qu'elle a été introduite dans la sociologie par alfred schütz à partir des années 1930, pour éclairer le problème autrement que parsons.
L'argument de garfinkel consiste, pour l'essentiel, à considérer l'ordre et l'intelligibilité du monde social comme sensibles et concrets, et à rapporter leur production et leur maintien à des opérations, réglées normativement, que les agents sociaux (les " membres ") font méthodiquement entre eux, ou les uns par rapport aux autres, dans la gestion de leurs affaires de la vie courante. cette production et ce maintien sont étayés sur une " connaissance de sens commun " des structures sociales, sur les évidences constitutives de l'" attitude de la vie quotidienne ", ainsi que sur une maîtrise pratique des méthodes et procédés d'organisation des activités ordinaires.
Les anthropologues, bien souvent malgré eux, ont usé et abusé de la notion d'ethnie, sans toujours préciser ce qu'ils entendaient par ce terme. Parallèlement, les médias se sont hâtivement emparés de cette appellation si peu contrôlée pour tenter d'« expliquer » tel ou tel événement de la politique africaine. Encore aujourd'hui, ce terme est utilisé dans les analyses souvent réductrices de certains conflits (ex-Yougoslavie, Rwanda, etc.).
L'ensemble des textes réunis dans ce livre - devenu un classique depuis sa première édition en 1985 - s'efforce, en conjuguant analyses de portée générale et études de cas, de s'interroger sur cette notion controversée à partir de la situation africaine. En effet, il est important de repenser les notions d'ethnie et de tribu, de plus en plus souvent associées à d'autres notions comme celles d'État et de nation. Et il est impératif de revenir sur certaines formes de classifications par trop schématiques et réductionnistes.
« Les conduites d'anticipation s'imposent aujourd'hui dans leur grande variété comme un fait majeur de notre temps », constatait l'auteur dès 1990. Plusieurs fois réédité et corrigé, ce manuel est devenu une introduction classique à l'analyse de ce que l'on appelle les « conduites à projet » et « les cultures de projet ».
Mais, « lorsqu'il passe de la phase de conception à la phase de réalisation, le projet constitue-t-il un guide efficace à l'action » ? Que nous apprend le projet sur la condition humaine lorsque celle-ci se préoccupe du « faire advenir » ? Cette approche anthropologique du projet vise à identifier la diversité des situations, à repérer les invariants, à comprendre comment fonctionne le projet dans différents ensembles culturels, à s'interroger sur la façon dont les individus, les groupes, les cultures construisent et vivent leur rapport au temps.
De son premier ouvrage de mythologie comparée indo-européenne (" Le Festin d'immortalité ") à l'ultime recueil d'esquisses (" Le Roman des jumeaux "), auquel il travaillait encore à la veille de sa mort, survenue le 11 octobre 1986, Georges Dumézil a manifesté un intérêt constant pour la religion des anciens Scandinaves.
A côté de monographies célèbres comme " Mythes et dieux des Germains ", " Loki, La Saga de Hadingus (Du mythe au roman) " et " Les Dieux des Germains ", le grand historien des religions rédigea toute une série d'études sur nombre de thèmes mythiques et de figures divines de la Scandinavie ancienne. Elles concernaient en particulier le personnage féminin de Gullveig, qui fut comparé à la figure de Tarpeia dans la Rome archaïque, mais aussi des dieux tels que Baldr, Heimdall et Vidar, qui jouèrent un rôle de premier plan dans le drame eschatologique des anciens Scandinaves (le Ragnarok), ou encore plusieurs épisodes mythologiques ou légendaires connus tant de la littérature norroise (en particulier " l'Histoire des rois de Norvège " et " l'Edda " de Snorri Sturluson) que des " Gesta Danorum " de Saxo Grammaticus et des récits folkloriques recueillis à l'époque moderne.
Comparable pour le domaine nordique aux volumes " Idées romaines et Fêtes romaines d'été et d'automne " publiés dans la même collection, " Mythes et dieux de la Scandinavie ancienne " rassemble une vingtaine de ces études qui étaient jusqu'alors disséminées dans des revues savantes ou insérées dans des recueils d'hommages ou d'esquisses. Le plan strictement chronologique qui a été adopté permet de suivre le cheminement des recherches de Georges Dumézil, chaque étude étant précédée d'une notice bibliographique qui situe le sujet traité dans l'ensemble de l'oeuvre.
Après avoir évoqué les liens qui unissaient Georges Dumézil à l'Europe du Nord, en particulier à la Suède, où il séjourna à de nombreuses reprises à partir de 1931, François-Xavier Dillmann, directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes études, souligne dans sa préface l'ampleur et la diversité de la contribution de Georges Dumézil à l'étude de la mythologie scandinave.
"Réalisé à partir d'une étude menée aux Nations unies sur quatre continents, ce livre interroge les interprétations de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones (DDPA) de 2007 au sein des systèmes régionaux de droits de l'homme. Afin de comprendre au mieux comment les droits de ces populations autochtones sont visés ou négligés, l'étude propose une lecture qui repose sur trois catégories de droits : la première étant relative à l'espace politique de la gouvernance, la deuxième au rapport à la terre, aux territoires et aux ressources naturelles, la troisième aux droits culturels, économiques et sociaux."
Les passagers, munis de titres de transport électroniques, de bagages de cabine passés aux rayons X, attendent, guidés par un personnel aux uniformes seyants et sous l'oeil d'une police affairée à regarder les écrans de contrôle de sécurité, d'embarquer pour Wapenamanda, Goroka, Kikori, Kundiawa et Wewak. Nous sommes à Port Moresby, capitale de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Rien que de normal.
L'essentiel est ailleurs : ces hommes d'équipage, ces policiers à gadgets électroniques et ces passagers coutumiers de l'avion sont les descendants directs de ces millions de Papous, découverts par une expédition australienne en 1931, vivants isolés dans leurs diverses vallées montagneuses, en petites sociétés closes, dépourvues d'écriture, de monnaie, d'écoles et de gouvernement centralisé, à un âge trop vite jugé 'de pierre'. En quelque quatre-vingts années, la population des Highlands de Nouvelle-Guinée a vécu des changements qui prirent des millénaires à advenir dans le reste du monde.
Jared Diamond, qui découvrit la Nouvelle-Guinée en 1964 pour sa première étude de terrain ornithologique, pose la question, rarement envisagée : que nous apprennent ces Papous de ce que les Occidentaux ont perdu avec la disparition des sociétés traditionnelles - ces sociétés structurées en groupes de faible densité de population (allant de quelques dizaines à quelques milliers d'individus), subsistant de la chasse et de la cueillette, de la culture ou de l'élevage, et que les contacts avec les grandes sociétés industrielles ont transformées de façon limitée?
Elles ont en effet inventé des milliers de solutions aux problèmes humains différentes de celles adoptées par nos sociétés modernes. Certaines - par exemple, des manières d'élever les enfants, de traiter les personnes âgées, de demeurer en bonne santé, de bavarder, de passer le temps libre, de pratiquer le multilinguisme ou de régler les litiges - semblent supérieures à celles des pays occidentalisés et riches. Les sociétés traditionnelles peuvent nous inspirer quelques meilleures pratiques de vie, mais également nous aider à évaluer d'autres avantages de notre propre société que nous avons fini par considérer comme normaux.
Les rituels constituent des règles sociales, religieuses, culturelles et cultuelles qui permettent de donner sens à la vie. Ils permettent une forme de "retour en arrière collectif" qui peut s'avérer être aussi thérapeutique que le "retour en arrière individuel" préconisé par la psychanalyse. Cet ouvrage est la mise à jour de contributions et de réflexions autour de la notion de "rituel", vue sous l'angle de l'anthropologie, de la psychoclinique et de la psychanalyse.
Le présent ouvrage publie les actes du colloque organisé par l'Association pour la promotion de l'ar- bitrage en Afrique (APAA) à Yaoundé (Cameroun), les 31 octobre et 1 er novembre 2013 dans le cadre de la célébration du 20 e anniversaire du Traité fondateur de l'OHADA, signé à Port-Louis (Île Maurice) le 17 octobre 1993. L'analyse de l'institution arbitrale et la quête de sa maîtrise a conduit à privilégier trois aspects : tout d'abord l'offre d'arbitrage, et plus précisément l'offre institutionnelle d'arbitrage ;
Ensuite les interactions entre la justice étatique et la justice arbitrale en Afrique ; enfin l'exécution des sentences arbitrales contre les personnes morales de droit public. Le rôle de l'OHADA, et tout particu- lièrement de la Cour commune de justice et d'arbitrage créée en son sein, a sous-tendu l'ensemble de cette réflexion. L'ouvrage entend ainsi oeuvrer à la promotion en Afrique de la culture de l'Arbitrage et, plus généralement, des modes alternatifs de règlement des différends.
Le premier numéro de Monde Commun est le manifeste de ce collectif d'anthropologues, réunis autour de Michel Agier, qui entendent faire de l'anthropologie une matière publique et porter à bout de bras les sujets les plus brûlants. En choisissant comme thème inaugural la violence, il affirme l'attachement de ce groupe d'universitaires à une discipline engagée et ancrée dans le moment présent : la violence est partout, toujours, mais jusqu'à quel point est-elle supportable ? Certaines violences sont-elles plus tolérables que d'autres et les pires horreurs doivent-elles masquer les violences quotidiennes ? À partir de quand le chercheur a-t-il le devoir de devenir un lanceur d'alerte ?
Les trois volumes suivants seront :
Fake News , sur la désinformation et les politiques du mensonge ;
Petit Citadin, mauvais citoyen, sur l'ampleur du vote extrême dans les villes petites et moyennes ;
Multitude migrante, pour expliquer que chaque peuple est issu des migrations
Au Maroc, l'expression « filles qui sortent » désigne celles qui se prostituent. Des délires adolescents à la professionnalisation, Les Filles qui sortent analyse la quête de respectabilité de ces jeunes femmes qui se heurtent à un ordre social autant que moral.
Au Maroc, l'expression « filles qui sortent » désigne celles qui fréquentent les night-clubs et les bars la nuit pour gagner leur vie. Au-delà du fait prostitutionnel, le « sortir » renvoie aussi plus largement aux distances qu'une partie de la jeunesse féminine des classes populaires prend avec les normes, la moralité et la respectabilité. Loin d'être confiné à la marginalité, le sortir joue sa partition dans les métamorphoses de l'ordre sexuel et intime dans un contexte d'essor de l'économie du divertissement et d'accroissement des inégalités. Y émergent de nouvelles valeurs qui remettent en cause les régimes moraux et juridiques tout en réaffirmant l'ordre hétérosexuel.
Les diverses contributions illustrent de quelle façon plusieurs méthodes peuvent contribuer à identifier les migrations en Afrique dans des environnements peu propices à la recherche. Elles montrent comment ces méthodes peuvent aider à obtenir de précieuses données empiriques dans des contextes où manque un cadre d'échantillonage adapté, et où il est difficile d'identifier et d'approcher les populations. L'ouvrage aborde aussi des questions d'ordres méthodologique et épistémologique.