Cortège [...] Un jour Un jour je m'attendais moi-même Je me disais Guillaume il est temps que tu viennes Pour que je sache enfin celui-là que je suis Moi qui connais les autres Je les connais par les cinq sens et quelques autres Il me suffit de voir leurs pieds pour pouvoir refaire ces gens à milliers De voir leurs pieds paniques un seul de leurs cheveux Ou leur langue quand il me plaît de faire le médecin Ou leurs enfants quand il me plaît de faire le prophète Les vaisseaux des armateurs la plume de mes confrères La monnaie des aveugles les mains des muets Ou bien encore à cause du vocabulaire et non de l'écriture Une lettre écrite par ceux qui ont plus de vingt ans Il me suffit de sentir l'odeur de leurs églises L'odeur des fleuves dans leurs villes Le parfum des fleurs dans les jardins publics O Corneille Agrippa l'odeur d'un petit chien m'eût suffi Pour décrire exactement tes concitoyens de Cologne Leurs roismages et la ribambelle ursuline Qui t'inspirait l'erreur touchant toutes les femmes Il me suffit de goûter la saveur du laurier qu'on cultive pour que j'aime ou que je bafoue Et de toucher les vêtements Pour ne pas douter si l'on est frileux ou non O gens que je connais Il me suffit d'entendre le bruit de leurs pas Pour pouvoir indiquer à jamais la direction qu'ils ont prise Il me suffit de tous ceux-là pour me croire le droit De ressusciter les autres Un jour je m'attendais moi-même Je me disais Guillaume il est temps que tu viennes [...]
« Poésie/Gallimard » est une collection au format poche de recueils poétiques français ou traduits. Chaque volume rassemble des textes déjà parus en édition courante - tantôt du catalogue Gallimard, tantôt du fonds d'autres éditeurs -, souvent enrichis d'une préface et d'un dossier documentaire inédits. Élégant viatique pour les amateurs de poésie, la collection offre des éditions de référence, pratiques et bon marché, pour les étudiants en lettres. Aujourd'hui dirigée par André Velter, poète, voyageur et animateur de plusieurs émissions sur France Culture, la collection reste fidèle à sa triple vocation : édition commentée des « classiques », sensibilité à la création francophone contemporaine (Guy Goffette, Ghérasim Luca, Gérard Macé, Gaston Miron, Valère Novarina...) et ouverture à de nombreux domaines linguistiques (le Palestinien Mahmoud Darwich, le Libanais d'origine syrienne Adonis, le Tchèque Vladimír Holan, le Finnois Pentti Holappa, le Suédois Tomas Tranströmer et récemment l'Italien Mario Luzi, deux mois seulement après sa disparition...).
Les Contemplations de Victor Hugo est un recueil de poésies écrites entre 1834 et 1855. Regroupés en deux tomes, ces poèmes se divisent entre Autrefois et Aujourd'hui, une période heureuse où l'auteur contemplait la richesse de l'amour et de la nature, et des jours plus sombres frappés par le deuil de sa fille Léopoldine. Michael Lonsdale et Denis Podalydès lisent en alternance les six livres que composent Les Contemplations, l'un des écrits les plus connus de la langue française.
" et nous sommes debout maintenant, mon pays et moi, les cheveux dans le vent, ma main petite maintenant dans son poing énorme et la force n'est pas en nous, mais au-dessus de nous, dans une voix qui vrille la nuit et l'audience comme la pénétrance d'une guêpe apocalyptique.
Et la voix prononce que l'europe nous a pendant des siècles gavés de mensonges et gonflés de pestilences, car il n'est point vrai que l'oeuvre de l'homme est finie, que nous n'avons rien à faire au monde, que nous parasitons le monde mais l'oeuvre de l'homme vient seulement de commencer et il reste à l'homme à conquérir toute interdiction immobilisée aux coins de sa ferveur et aucune race ne possède le monopole de la beauté, de l'intelligence, de la force et il est place pour tous au rendez-vous de la conquête et nous savons maintenant que le soleil tourne autour de notre terre éclairant la parcelle qu'a fixée notre volonté seule et que toute étoile chute de ciel en terre à notre commandement sans limite ".
La réédition du cahier d'un retour au pays natal, la première oeuvre d'aimé césaire, saluée depuis l'origine comme le texte fondamental de la génération de la négritude.
Walt Whitman, l'homme de l'espace américain, l'homme du surgissement, du déferlement vocal, du souffle porté à sa plus vaste amplitude, cet homme-là se dresse à jamais avec ses cris, ses rages, ses ferveurs. Tant d'énergie brute, tant de puissante naïveté, tant d'intuitions sonores ne cessent d'activer le coeur, d'exalter le corps. C'est la chance d'un bain de houle, avec en plus cette joie singulière, hérétique en poésie, de voguer gaillardement sur de bons sentiments. Whitman porte et emporte, provoque, prend par le bras, allonge le pas, amplifie l'écho et révèle à chacun sa voix d'homme.
« Solitaire américain poussé comme un gratte-ciel dans un désert inculte de maisons à bas étages », selon Jacques Darras, Walt Whitman apparaît bien aujourd'hui à cette place de guetteur : il respire haut, il voit loin, il préfigure un monde fraternellement habitable.
Nouvelle édition revue en 1994
"Quelle que soit la disparate de ses tons et de ses thèmes, Le Jardinier d'amour s'enracine dans un espace humain dont l'unité s'impose au lecteur jusqu'à la monotonie et qui est l'envers même du décor de la fable et de la cour ; l'espace extraordinairement cohérent et terriblement concret d'une communauté villageoise archaïque aux prises avec le problème quotidien de sa subsistance. Et s'il est une philosophie éparse jusque dans ses poèmes qui en paraissaient d'abord les plus dépourvus, celle-ci s'exprime dans le refus de toute transcendance el l'amour de la finitude qui ont inspiré à Tagore la solennité dolente de son hymne à la Terre : LXXIII Ô Terre, ma patiente et sombre mère, ta richesse n'est pas infinie. Tu te fatigues à nourrir tes enfants ; mais la nourriture est rare. Les joies que tu nous offres ne sont jamais parfaites. Les jouets que tu fabriques pour tes enfants sont fragiles. Tu ne peux satisfaire nos insatiables espoirs ; te renierai-je pour cela ? Ton sourire assombri par la douleur est doux à mes yeux. [ ... ] J'ai vu la douceur de ton visage et j'aime ta lamentable poussière, ô mère Terre." Jean-Michel Gardair.
Cette anthologie fut publiée pour la première fois en 1948 à l'occasion du centenaire de la Révolution de 1848 et de la publication des décrets abolissant définitivement l'esclavage et instituant l'instruction gratuite et obligatoire dans les colonies. « C'est ainsi que les hommes de couleur, singulièrement les Nègres, ont pu accéder non seulement à la liberté du citoyen, mais encore et surtout à cette vie personnelle que seule donne la culture. » « Voici des hommes noirs debouts qui nous regardent et je vous souhaite de ressentir comme moi le saisissement d'être vus. » Dans un texte préliminaire, Orphée noir, lu et discuté avec passion, notamment aux États-Unis, Jean-Paul Sartre témoigne avec lyrisme de « l'éminente dignité de la négritude » et analyse l'importance littéraire mais aussi politique de cette Anthologie, dont les oeuvres apportent « leur contribution à l'humanisme français d'aujourd'hui, qui se fait véritablement universel parce que fécondé par les sucs de toutes les races de la terre ».
«Sans doute se rencontre-t-il encore des lecteurs qu'irritent ou que déconcertent Les Complaintes mais, pour peu que l'on soit capable de saisir les finesses d'un langage, ce que Laforgue laisse entendre pour n'avoir pas à le dire ne présente guère de difficultés d'interprétation. Si sa poésie se dégingande, ce n'est pas pour faire scandale, c'est au contraire par discrétion; si elle bouffonne, c'est pace que le respect humain lui interdit les effusions romantiques d'un Musset et ses pleurnicheries d'enfant gâté. Laforgue est facile à déchiffrer, et je ne crois pas qu'on puisse le faire sans éprouver pour lui une sympathie de même nature que la sympathie qu'il inspira à ceux de ses contemporains qui eurent l'avantage de le fréquenter et qui, même quand ils ont eu sur maints sujets des opinions très différentes (comme Bourget et Fénéon), se sont tous accordés à lui reconnaître une rare qualité d'âme. Vers 1920, j'ai vu Édouard Dujardin, qui approchait alors de la soixantaine, abréger la conversation que j'avais avec lui sur Laforgue, parce que le souvenir de celui-ci l'emplissait d'une émotion qui lui nouait la gorge. À la même époque, Fénéon m'a dit de Laforgue:La noblesse même, sans particule, sans adjectifs. La délicatesse en personne.» Pascal Pia.
Il était une fois... où l'auteur dramatique de Du vent dans les branches de sassafras et le romancier de Tamerlan des coeurs (le même homme !) se donnèrent le mot pour faire l'école buissonnière. Et écrire des poèmes. Ce furent les Innocentines.
Innocentines, enfantines, comptines... Moments de grâce où dansent les mots sans rides, où la fraîcheur de l'inspiration allie le rire à l'émotion. Source vive. Invitation à une cure de jouvence !
" Chez moi ", " La Sologne ", " Intimité ", " Le zizi perpétuel ", " Petite ritournelle impériale ", " Le plus beau vers de la langue française ", " Les cuisses de Colette ", " Le courant d'air ", " Les jumeaux de la nuit ", on aimerait citer toutes ces petites histoires, si légères, si drôles, pathétiques parfois, et dont chacune délivre un univers original.
Ces " Poèmes pour enfants et quelques adultes " sont un dimanche dans l'oeuvre d'Obaldia. Et, pour nous tous, une merveilleuse récréation.
Il est rare que s'allient la maîtrise du verbe et la profondeur de l'émotion, que s'accordent la distance et le don.
En cette harmonie paradoxale le meilleur se révèle. la parole de david diop témoigne de ce lieu admirable et difficile. david diop savait l'afrique par coeur, au plus profond d'elle-même, en ses sources vives, en son peuple, c'est-à-dire en sa vérité. il la connaissait en sa fragilité et en ses caricatures, avatars d'une afrique vendue et exploitée aux marchés de l'histoire. le poète vivait cette tension, lourd de cette souffrance, mais porté en avant par l'espoir que la vitalité des peuples d'afrique inspire.
Cette double postulation marque sa démarche d'écrivain négro-africain engagé, lucide et rigoureux en son combat. c'est pourquoi ces textes beaux et fiers restent si proches de nous, fraternels et toujours exemplaires.
À partir de son expérience de comédien et de lecteur de poésie, Jacques Bonnaffé s'interroge : Qu'est-ce que la poésie ? C'est bien sûr autre chose que la récitation, autre chose que ce qui est « poétique ». C'est quelque chose qu'on ne peut définir d'un seul coup. C'est peut-être ce qui résiste à un monde où tout doit être fiché, casé, transmis immédiatement.
C'est un secret du langage qui traverse toutes les époques et toutes les langues, c'est le plaisir d'une entrée dans la forêt des mots, plus libre et plus aventureuse que toutes les autres et qui, par sa précision et son sens du rythme, fait vibrer la matière même du monde, coeur de nos émotions.
Un beau texte très agréable à lire, plein de citations drôles et étonnantes.
Aujourd'hui un ange et un oiseau sont morts Je les ai vus dans mon jardin tomber hors de la vie comme dans un ciel à l'envers - C'est pourquoi ce soir je voudrais faire un enfant, dit rêveusement la jeune femme.
(Déjà pour lui un ballon roule sur l'herbe.)
Que la parole nous porte aussi bien individuellement que collectivement, cela est évident. Notre voix est ce que nous avons de plus précieux, de part en part du mystère de l'existence. A l'aube il y a la parole de Dieu, ou des dieux, c'est selon ; le soir est silence. Entre les deux, pour nous autres humains, parler devrait signifier notre présence. Pourtant, chaque jour n'a de cesse d'érafler d'un doute, ou de faire chanceler la foi à accorder à la voix de chacun d'entre nous, dans cela même qui ne devrait pas souffrir le doute.
Un poème interroge : Les invocations ?... / Mais pourquoi rappeler à nous les dieux et les morts, / quand les vivants habitent si peu / en nos mains sans amour !...
Un autre proclame plus loin :
Rendre sensible à notre caresse /la carte des écorchures, des blessures et des brisures...
Laisser résonner en nous la voix franche d'émoi, / pour aller à chaque rencontre /avec /l'échographie /de notre âme.
"Contrairement à « L'albatros » de Charles Baudelaire, notre éléphant Necké Bernard a bien les pieds posés au sol et domine les réalités terrestres sans pour autant manquer de s'élever au-dessus des contingences. Incarnerait-il un mythe nouveau, celui de l'éléphant-ailé, qui malgré son allure pachydermique vole à tire-d'aile avec une telle aisance. Au bout du compte, l'on perçoit dans cette oeuvre un lyrisme raisonné et une passion éclairée qui sous-tendent une ferme volonté d'appel à l'amour de l'humain dans toute sa dimension. - - "
L'Islam est-il un frein au développement, comme certains l'ont affirmé ? L'islam ne renferme-t-il pas plutôt un potentiel de transformation porteur de développement ? L'auteur se réfère à plus de deux cents versets du Coran et plus de cinquante hadîss, tout en s'appuyant sur des enseignements de disciplines comme l'économie politique et la philosophie, de découvertes scientifiques et de faits d'actualité.
L'ouvrage contient une adition des poésies d'Etienne de La Boétie, les poésies latines, texte et traduction, et les vers français publiés par Montaigne. Sont jointes les poésies latines de Scaliger dédiées à La Boétie, ainsi que les textes de Montaigne et de Baef se rapportant à La Boétie.
L'ouvrage contient une édition des poésies d'Etienne de La Boétie, les poésies latines, texte et traduction, et les vers français publiés par Montaigne. Sont jointes les poésies latines de Scaliger dédiées à La Boétie, ainsi que les textes de Montaigne et de Baïf se rapportant à La Boétie.
La stylistique des textes et la poétique des genres et des formes littéraires coopèrent dans la pratique en préservant leurs principes doctrinaux et compétences propres. Cet ouvrage tente d'apporter une justification théorique à cette condition fondamentale, avant de proposer deux lectures conjointes à un échantillon de la poésie africaine francophone.