«L'Antigone de Sophocle, lue et relue et que je connaissais par coeur depuis toujours, a été un choc soudain pour moi pendant la guerre, le jour des petites affiches rouges. Je l'ai réécrite à ma façon, avec la résonance de la tragédie que nous étions alors en train de vivre.».
Jean Anouilh.
En 1550, une question agite la chrétienté : qui sont les Indiens ? Des êtres inférieurs qu'il faut soumettre et convertir ? Ou des hommes, libres et égaux ?
Un légat envoyé par le pape doit en décider. Pour l'aider, deux religieux espagnols. Ginès de Sépulvéda, fin lettré, rompu à l'art de la polémique, et Bartholomé de Las Casas, prêtre ayant vécu de nombreuses années dans le Nouveau Monde. Le premier défend la guerre au nom de Dieu. Le second lutte contre l'esclavage des Indiens. Un face-à-face dramatique dont l'écho retentit encore.
Affublé d'un nez proéminent qui l'empêche de déclarer à sa cousine l'amour qu'il éprouve pour elle, Cyrano est un homme d'une noblesse rare : il aidera son rival, qu'il sait aimé de la belle, à la conquérir. Rostand a signé avec cette comédie héroïque un chef-d'oeuvre de la littérature universelle.
Une famille est déchirée; sous le masque d'une religion austère, un intrus s'est installé, a conquis Orgon, le maître de maison, et sème le désordre : il courtise en secret la femme de son hôte, convoite sa fille et ses biens. Et Orgon n'y voit que du feu... sacré ! En 1664, Molière montre, dans Le Tartuffe, les dangers de l'imposture et de l'aveuglement. Deux fois interdite à l'époque, sa pièce est plus que jamais d'actualité. Et si le rire restait le meilleur moyen de combattre le fanatisme ?
Il faut lire Le Cid dans sa première version, celle de 1637, qui explose comme un coup de tonnerre, avec la fougue de la jeunesse, le flamboiement du sang, les trompettes de la victoire. On s'aime, on se déchire, on libère sa patrie en quelques heures parmi les plus intenses de notre théâtre.
Drame du conflit entre les sentiments passionnés et les dures contraintes du devoir moral et politique, la pièce offre une liberté de ton et une audace formelle que Corneille, pour se conformer aux codes d'une dramaturgie classique en train de se mettre en place, s'attachera par la suite à atténuer, mais dont le texte original, que cette édition restitue, conserve l'éclat.
Harpagon est l'une des plus grandes créations de Molière. Tout, dans cet homme, respire l'avarice et la décrépitude. Rongé par une maladie de corps, Harpagon l'est aussi par une maladie de l'âme. Ladre, il rogne sur la nourriture et les habits de ses domestiques, sur l'avoine de ses chevaux, sur l'entretien de son fils, obligé d'emprunter à taux usuraire pour vivre, et sur les cadeaux indispensables à sa fiancée. Usurier, il prête à des taux exorbitants, calcule, évalue tous les objets qui l'entourent. Dans cette atmosphère poussiéreuse et sordide, où fusent les mots féroces, le père usurier s'oppose au fils emprunteur. L'avarice détruit l'amour filial, l'amour paternel, l'amour quel qu'il soit. La cassette remplie d'or enterrée dans le jardin est l'âme, le coeur, le souffle même d'Harpagon. Les retrouvailles d'un homme et d'une cassette sont ici le seul hymne à l'amour.
Cette édition s'adresse plus précisément au public des terminales qui aborde ce texte par le biais de la philosophie. Antigone met en scène le conflit entre les lois non écrites, sacrées et inviolables, des Dieux, et les lois écrites, civiles, utiles et opportunes de la Cité.
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Antonio, un riche armateur de venise, décide d'emprunter trois mille ducats à l'usurier juif shylock afin d'aider son ami bassanio à gagner belmont où il espère faire la conquête de la belle et riche portia. comme les autres prétendants, il doit se soumettre à l'épreuve que le père disparu de la jeune femme a imaginée, et choisir entre trois coffrets, d'or, d'argent, et de plomb. mais, au moment où il l'emporte sur ses rivaux, il apprend qu'antonio vient d'être jeté en prison pour n'avoir pu rembourser sa dette à shylock qui exige qu'en vertu du contrat une livre de chair soit prélevée sur le corps de son débiteur.
Publié en octobre 1600, le marchand de venise entrecroise deux intrigues dont l'une met en scène, à venise, le monde de l'argent et de la justice, tandis que l'autre, à belmont, fait place à la musique et l'amour: une double comédie qui ne se referme pas sur une fin heureuse, mais laisse à leur mystère les figures complexes du juif cruel, et cependant humain, et des chrétiens qui ont su en faire leur victime.
Précédée par et les chiens se taisaient (1946, " arrangé " pour le théâtre en 1956) et suivie de une saison au congo (1967), la tragédie du roi christophe constitue la pièce maîtresse de ces " tragédies de la décolonisation " écrites par aimé césaire pour témoigner - remarquablement - d'un acte politique majeur de notre temps.
La tragédie du roi christophe, est une oeuvre barbare (au sens noble du terme) lyrique et nécessaire. affirmant que la politique est la force moderne du destin et l'histoire la politique vécue, aimé césaire donne à voir l'invention du futur, d'un futur enraciné. l'aventure haïtienne de christophe évoque le destin collectif du peuple africain d'aujourd'hui. a la phase de la révolte aiguë a succédé celle de la re-connaissance, de la constitution d'un patrimoine authentique et librement assumé.
Cette entreprise doit être celle d'un bâtisseur, d'un architecte : aimé césaire a su créer un personnage d'une grande et haute stature avec une vigueur et une invention poétique exceptionnelles. christophe (qu'habita, si puissamment, le comédien douta seck) est un homme d'afrique. il est le muntu, l'homme qui participe à la force vitale (le n'golo) et l'homme du verbe (le nommo). le texte initial de la pièce a fait l'objet de révisions multiples.
La dernière version, que présente aujourd'hui présence africaine (après avoir publié le texte initial) révèle la qualité de la collaboration qui a réuni, à tous les instants, l'auteur aimé césaire et le metteur en scène jean-marc serreau.
Étranges prisonniers réunis par Genet dans la cellule d'un quartier de haute sécurité ! Loin de souhaiter échapper à leur condition, ils constituent à eux trois un petit monde clos dont ils exagèrent l'enfermement. Yeux-Verts, le seul assassin du groupe, est un pôle attractif pour les deux autres : ils n'aspirent qu'à l'honneur de l'imiter, sinon de le rejoindre dans le ciel héroïque du crime et de la mort pour lequel la prison se révèle le meilleur tremplin.
Prison et enfermement métaphysiques donc. Yeux-Verts, le plus avancé sur la voie du détachement, fuit dans une sorte de rêve de gloire ; les deux autres s'entre-déchirent pour avoir les meilleures chances d'accéder à une existence vraie en captant à leur profit le reflet de celui qui appartient déjà à l'autre monde. Ce désir luciférien de néantisation salvatrice ne peut aboutir qu'à l'échec. Qui s'en étonnerait oe
Magistrats, avocats, plaideurs, avoués, greffiers, voilà tout un monde étrange, à la fois séparé de la société, notamment par son jargon, mais aussi étroitement attaché à elle par mille liens variés, un microcosme où se rencontrent les passions les plus généreuses comme les mesquineries les plus sordides, un Royaume qui possède ses Palais, ses dignitaires, ses lois et ses usages, qui attire les honnêtes gens comme les crapules, les personnes de bon sens comme les plus forcenés des maniaques.
Rien d'étonnant à ce que ce monde-là ait toujours fasciné les écrivains, d'Aristophane à Courteline en passant par l'auteur de Maître Pathelin, Rabelais et Racine lui-même qui n'hésita pas à délaisser provisoirement ses chères tragédies pour nous divertir avec ces Plaideurs que nous vous présentons aujourd'hui.
Ce dictionnaire déjà traduit dans une dizaine de langues présente les grandes questions de dramaturgie, d'esthétique, de sémiologie et d'anthropologie théâtrale. Il constitue une somme sur l'histoire, la théorie et la pratique des arts de la scène et un outil particulièrement précieux pour l'étudiant tout au long de son parcours en études théâtrales ou au conservatoire.
Les notions clés de l'analyse textuelle et scénique y sont définies et explicitées à travers des exemples pris à la fois dans la dramaturgie classique et dans les mises en scène contemporaines. En traitant également des expériences interculturelles et interartistiques, ce dictionnaire encyclopédique permet une approche actuelle et plurielle des textes dramatiques et des représentations.
4e édition entièrement revue et fortement augmentée.
Le personnage théâtral est souvent l'objet d'un malentendu ; des distorsions considérables existent aujourd'hui entre l'idée classique qu'on se fait de lui et la réalité de ses écritures.
Cet essai, centré sur les textes contemporains et leurs innovations dramaturgiques spécifiques, s'attache à éclairer les évolutions de cette figure. Il s'adresse ainsi à tous les amateurs de littérature dramatique. Que ce soit au lecteur solitaire, pris au plaisir du texte théâtral, au lecteur potentiel de la représentation, le spectateur, ou aux lecteurs particuliers que sont l'acteur et le metteur en scène, cet ouvrage propose une approche renouvelée de l'être théâtral.
Recourant à des analyses qui témoignent des nombreux statuts alternatifs du personnage, Jean-Pierre Ryngaert et Julie Sermon se mettent à l'écoute de ce que son écriture peut encore avoir à nous dire. Il démontre notamment que le théâtre n'en a pas fini de donner à voir, à lire et à entendre l'humain.
longtemps, la forme dialoguée fut l'indice majeur du genre théâtral ; les répliques de personnages bien identifiés étaient au service de l'action.
mais avec la crise du drame moderne le dialogue a investi de nouveaux territoires littéraires, linguistiques, philosophiques. certaines pièces du xxe siècle apparaissent ainsi comme des laboratoires de la parole oú se multiplient combinaisons et partages de voix, essais choraux et tentatives " d'accordage ". une cartographie des diverses formes du dialogue, à différentes échelles (concepts généraux, auteurs de référence et gros plans sur des textes très récents) est ici proposée par le groupe de recherche poétique du drame moderne et contemporain (paris-iii-sorbonne nouvelle).
ses articles courts, complétés par une bibliographie, sont autant d'accès possibles à ce nouveau paysage. le lecteur est ainsi invité à construire son propre cheminement sur le partage des voix au théâtre.
« Tu ruines ton voisin au quotidien.
Tu étouffes les consciences par le gain.
Et puis les dimanche et vendredi.
Tes frasques de la semaine tu renies.
Et remets tes coups bas au lendemain ».
Ainsi va la chanson d'Anikura, le roi des Mendiants d'Opera Wonyosi, pièce créée en 1977 au Nigeria quelques années après la fin de la guerre civile, lorsque la manne pétrolière s'était transformée en malédiction avec son cortège d'excès, de luxe tapageur et de violence.
Librement adaptée de L'Opéra de quat'sous de Bertolt Brecht (1928) et de L'Opéra du gueux de John Gay (1728), cette pièce de Wole Soyinka est une satire décapante de l'arrivisme, de la corruption et des abus de pouvoir d'une société obnubilée par les pétrodollars et par le wonyosi, étoffe d'un prix exorbitant portée comme symbole de réussite par les « en-haut-de-en-haut ».
Le livre & le CD nous plongent dans le plus grand scandale politico-financier de la France du XXe siècle. Il s'agit de la pièce de théâtre créée à partir du procès par N.Lambert et des émissions qui lui furent consacrées à FranceInter «Je m'aperçois que nous ne sommes pas face à trois personnes qui ont dérapé. C'est beaucoup plus profond que ça. Il s'agit réellement d'un système de gouvernement.» Eva JOLY De ce «casse du siècle», N.L. a tiré une pièce souvent drôle mais toujours cruelle, qui se veut tout autant la lecture d'un procès à bien des égards exceptionnel qu'un réquisitoire militant contre cette forme de colonialisme pétrolier français. Après deux heures de spectacle, Nicolas Lambert s'avance vers le public. Il n'est plus président du tribunal, ni prévenu, ni même comédien. Simplement un citoyen qui s'interroge... Pascale ROBERT-DIARD, Le Monde Le Floch-Prigent, Alfred Sirven, André Tarallo... Tous racontent et avouent, dans le texte, le pillage d'Elf... Karl LASKE, Libération / Véritable oeuvre théâtrale, portée par un auteur-comédien impitoyablement honnête. Denis BONNEVILLE, La Marseillaise
"Ce numéro aborde les questions juridiques liées au statut social et fiscal des artistes (droit au chômage, droit d auteur, droit à l image...) plus que jamais au centre de leurs préoccupations en cette période de crise où des coupes sévères sont opérées dans les budgets de nos institutions culturelles et où les conditions de travail des artistes, tout comme la réglementation sur leur droit au chômage, se voient durcies."
Cette étude examine différents contours du théâtre au Burkina Faso du point de vue de nombreuses articulations thématiques et chronologiques. Elle présente de manière détaillée les grandes figures passées et présentes du théâtre, faisant ressortir leur parcours, leurs perceptions, leurs particularités et leurs visions. Cette étude analyse aussi les expressions marquantes du déploiement de cet art sous ses formes contemporaines avant de se projeter dans l'avenir pour envisager le devenir de la pratique théâtrale.