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«Nous commencerons par discuter les points de vue pris sur la femme par la biologie, la psychanalyse, le matérialisme historique. Nous essaierons de montrer ensuite positivement comment la "réalité féminine" s'est constituée, pourquoi la femme a été définie comme l'Autre et quelles en ont été les conséquences du point de vue des hommes. Alors nous décrirons du point de vue des femmes le monde tel qu'il leur est proposé ; et nous pourrons comprendre à quelles difficultés elles se heurtent au moment où, essayant de s'évader de la sphère qui leur a été jusqu'à présent assignée, elles prétendent participer au mitsein humain.» Simone de Beauvoir.
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Tremblez, les sorcières reviennent ! disait un slogan féministe des années 1970. Image repoussoir, représentation misogyne héritée des procès et des bûchers des grandes chasses de la Renaissance, la sorcière peut pourtant, affirme Mona Chollet, servir pour les femmes d'aujourd'hui de figure d'une puissance positive, affranchie de toutes les dominations.
Qu'elles vendent des grimoires sur Etsy, postent des photos de leur autel orné de cristaux sur Instagram ou se rassemblent pour jeter des sorts à Donald Trump, les sorcières sont partout. Davantage encore que leurs aînées des années 1970, les féministes actuelles semblent hantées par cette figure. La sorcière est à la fois la victime absolue, celle pour qui on réclame justice, et la rebelle obstinée, insaisissable. Mais qui étaient au juste celles qui, dans l'Europe de la Renaissance, ont été accusées de sorcellerie ? Quels types de femme ces siècles de terreur ont-ils censurés, éliminés, réprimés ?
Ce livre en explore trois et examine ce qu'il en reste aujourd'hui, dans nos préjugés et nos représentations : la femme indépendante -; puisque les veuves et les célibataires furent particulièrement visées ; la femme sans enfant -; puisque l'époque des chasses a marqué la fin de la tolérance pour celles qui prétendaient contrôler leur fécondité ; et la femme âgée - devenue, et restée depuis, un objet d'horreur.
Enfin, il sera aussi question de la vision du monde que la traque des sorcières a servi à promouvoir, du rapport guerrier qui s'est développé alors tant à l'égard des femmes que de la nature : une double malédiction qui reste à lever.
Prix de l'essai Psychologies-Fnac 2019 -
Depuis que j'ai quitté le Liban pour m'installer en France, que de fois m'a-t-on demandé, avec les meilleures intentions du monde, si je me sentais plutôt français ou plutôt libanais . Je réponds invariablement : L'un et l'autre ! Non par quelque souci d'équilibre ou d'équité, mais parce qu' en répondant différemment, je mentirais. Ce qui fait que je suis moi-même et pas un autre, c'est que je suis ainsi à la lisière de deux pays, de deux ou trois langues, de plusieurs traditions culturelles. C'est cela mon identité ?
Partant d'une question anodine qu'on lui a souvent posée, Amin Maalouf s'interroge sur la notion d'identité, sur les passions qu'elle suscite, sur ses dérives meurtrières. Pourquoi est-il si difficile d'assumer en toute liberté ses diverses appartenances ? Pourquoi faut-il, en cette fin de siècle, que l'affirmation de soi s'accompagne si souvent de la négation d'autrui ? Nos sociétés seront-elles indéfiniment soumises aux tensions, aux déchaînements de violence, pour la seule raison que les êtres qui s'y côtoient n'ont pas tous la même religion, la même couleur de peau, la même culture d'origine ? Y aurait-il une loi de la nature ou une loi de l'Histoire qui condamne les hommes à s'entretuer au nom de leur identité ?
C'est parce qu'il refuse cette fatalité que l'auteur a choisi d'écrire les Identités meurtrières, un livre de sagesse et de lucidité, d'inquiétude mais aussi d'espoir.
Amin Maalouf a publié les Croisades vues par les Arabes, ainsi que six romans : Léon l'Africain, Samarcande, les jardins de lumière, le Premier siècle après Béatrice, le Rocher de Tanios et les Echelles du Levant. -
Effondrement - comment les societes decident de leur disparition ou de leur survie
Jared Diamond
- Folio
- Folio Essais
- 26 Février 2009
- 9782070364305
La question : « Comment des sociétés ont-elles disparu dans le passé ? » peut aussi se formuler : « Au rythme actuel de la croissance démographique, et particulièrement de l'augmentation des besoins économiques, de santé et en énergie, les sociétés contemporaines pourront-elles survivre demain ? » La réponse se formule à partir d'un tour du monde dans l'espace et dans le temps - depuis les sociétés disparues du passé (les îles de Pâques, de Pitcairn et d'Henderson ; les Indiens mimbres et anasazis du sud-ouest des États-Unis ; les sociétés moche et inca ; les colonies vikings du Groenland) aux sociétés fragilisées d'aujourd'hui (Rwanda, Haïti et Saint-Domingue, la Chine, le Montana et l'Australie) en passant par les sociétés qui surent, à un moment donné, enrayer leur effondrement (la Nouvelle-Guinée, Tipokia et le Japon de l'ère Tokugawa).
De cette étude comparée, et sans pareille, Jared Diamond conclut qu'il n'existe aucun cas dans lequel l'effondrement d'une société ne serait attribuable qu'aux seuls dommages écologiques. Plusieurs facteurs, au nombre de cinq, entrent toujours potentiellement en jeu : des dommages environnementaux ; un changement climatique ; des voisins hostiles ; des rapports de dépendance avec des partenaires commerciaux ; les réponses apportées par une société, selon ses valeurs propres, à ces problèmes.
Cette complexité des facteurs permet de croire qu'il n'y a rien d'inéluctable aujourd'hui dans la course accélérée à la dégradation globalisée de l'environnement. Une dernière partie recense, pour le lecteur citoyen et consommateur, à partir d'exemples de mobilisations réussies, les voies par lesquelles il peut d'ores et déjà peser afin que, dans un avenir que nous écrirons tous, le monde soit durable et moins inéquitable aux pauvres et démunis.
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" Ce qui circule entre les chercheurs et les non-spécialistes, ou même entre une science et les spécialistes des autres sciences, ce sont, au mieux, les résultats, mais jamais les opérations. On n'entre jamais dans les cuisines de la science. " Ce sont ces secrets de métier, ces recettes de fabrication, ces tours de main, que Pierre Bourdieu tente de livrer ici. En regroupant l'ensemble des réponses qu'il a faites, dans des exposés, des interventions orales ou des interviews, aux principales questions que pose la sociologie, il livre sous la forme à la fois directe et nuancée que permet le discours oral, des réflexions sur la méthode et sur les concepts fondamentaux de sa sociologie (champ, habitus, capital, investissement, etc.), sur les problèmes épistémologiques et philosophiques que pose la science sociale, en même temps que des analyses nouvelles sur la culture et la politique, la grève et le syndicalisme, le sport et la littérature, la mode et la vie artistique, le langage et la musique. En donnant accès au travail sociologique en train de se faire, il invite le lecteur non à s'identifier à une " pensée " toute pensée mais à se rendre maître d'une méthode de pensée.
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Les héritiers ; les étudiants et la culture
Pierre Bourdieu, Jean-Claude Passeron
- Éditions du Minuit
- Le Sens Commun
- 1 Octobre 1964
- 9782707300812
QuaSi l'école aime à proclamer sa fonction d'instrument démocratique de la mobilité sociale, elle a aussi pour fonction de légitimer - et donc, dans une certaine mesure, de perpétuer - les inégalités de chances devant la culture en transmuant par les critères de jugement qu'elle emploie, les privilèges socialement conditionnés en mérites ou en " dons " personnels. A partir des statistiques qui mesurent l'inégalité des chances d'accès à l'enseignement supérieur selon l'origine sociale et le sexe et en s'appuyant sur l'étude empirique des attitudes des étudiants et de professeurs ainsi que sur l'analyse des règles - souvent non écrites - du jeu universitaire, on peut mettre en évidence, par-delà l'influence des inégalités économiques, le rôle de l'héritage culturel, capital subtil fait de savoirs, de savoir-faire et de savoir-dire, que les enfants des classes favorisées doivent à leur milieu familial et qui constitue un patrimoine d'autant plus rentable que professeurs et étudiants répugnent à le percevoir comme un produit social.
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Macron et les Gilets jaunes ont ouvert une page nouvelle de l'histoire de France, qui mêle retour des luttes sociales et apathie politique, sursaut révolutionnaire et résignation devant les dégâts de l'euro, regain démocratique et menace autoritaire.
Pour la comprendre, Emmanuel Todd examine, scrupuleusement et sans a priori, l'évolution rapide de notre société depuis le début des années 1990 : démographie, inégalités, niveau de vie, structure de classe, performance éducative, place des femmes, immigration, religion, suicide, consommation d'antidépresseurs, etc.
Les faits surprendront. Les interprétations que propose l'auteur doivent, quant à elles, beaucoup à Marx, mais à un Marx mis « sous surveillance statistique ». À gauche, comme à droite, elles paraîtront à beaucoup étonnantes, amusantes, contrariantes, ou angoissantes. Cet empirisme sans concession conduit même Emmanuel Todd à réviser radicalement certaines de ses analyses antérieures.
À la lecture de ce livre riche, stimulant, provocateur, la vie politique des années 1992-2019 prend tout son sens : une longue comédie politique où s'invitent les classes sociales.
Bienvenue donc dans cette France du xxie siècle, paralysée mais vivante, où se côtoient et s'affrontent des dominés qui se croient dominants, des étatistes qui se croient libéraux, des individus égarés qui célèbrent encore l'individu-roi, avant l'inéluctable retour de la lutte des classes.
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Au cours des dernières décennies, la plupart des sociétés se sont faites plus répressives, leurs lois plus sévères, leurs juges plus inflexibles, et ceci sans lien direct avec l'évolution de la délinquance et de la criminalité. Dans ce livre, qui met en oeuvre une approche à la fois généalogique et ethnographique, Didier Fassin s'efforce de saisir les enjeux de ce moment punitif en repartant des fondements mêmes du châtiment.
Qu'est-ce que punir ? Pourquoi punit-on ? Qui punit-on ? À travers ces trois questions, il engage un dialogue critique avec la philosophie morale et la théorie juridique. Puisant ses illustrations dans des contextes historiques et nationaux variés, il montre notamment que la réponse au crime n'a pas toujours été associée à l'infliction d'une souffrance, que le châtiment ne procède pas seulement des logiques rationnelles servant à le légitimer et que l'alourdissement des peines a souvent pour résultat de les différencier socialement, et donc d'accroître les inégalités.
À rebours du populisme pénal triomphant, cette enquête propose une salutaire révision des présupposés qui nourrissent la passion de punir et invite à repenser la place du châtiment dans le monde contemporain.
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La force de l'ordre ; une anthropologie de la police des quartiers
Didier Fassin
- Seuil
- La Couleur Des Idees
- 20 Octobre 2011
- 9782021050837
ÿþ " Fondé sur une enquête conduite quinze mois durant, des prémices des émeutes de l'automne 2005 jusqu'en 2007, auprès de la brigade anti-criminalité d'une banlieue parisienne, cet ouvrage met en lumière l'exception sécuritaire à laquelle sont soumises les " cités ". Au plus près du travail des policiers comme de l'expérience qu'en ont les populations, il montre que se déroulent au quotidien, près de chez nous, des scènes qui mettent en question le contrat social et la démocratie.À l'opposé des épisodes spectaculaires que relate le journalisme, Didier Fassin raconte l'ennui et l'inactivité des patrouilles, la pression du chiffre et les doutes sur le métier, les formes invisibles de violence et les relations ambiguës avec le monde politique, la banalité du racisme et des discriminations, les interrogations éthiques des agents. Restituant le climat des interventions, il replace les situations dont il témoigne aussi bien dans la perspective du contexte social et politique contemporain que dans celle des imaginaires tels qu'ils se donnent à lire au cinéma et dans les séries télévisées.Loin d'une posture confortable de dénonciation, cette étude s'efforce d'approfondir un nécessaire débat sur la manière dont on police aujourd'hui les milieux populaires et, singulièrement, les jeunes de familles immigrées.
" Didier Fassin est professeur de sciences sociales à l'Institute for Advanced Study de Princeton et directeur d'études à l'EHESS. Il a notamment publié La Raison humanitaire (Hautes Études-Gallimard-Seuil, 2010), L'Empire du traumatisme (Flammarion, 2008) et Quand les corps se souviennent (La Découverte, 2006).
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La vie liquide est la vie prise dans le flux incessant de la mobilité et de la vitesse. Elle est le triomphe du consumérisme. Tout, y compris l'homme, devient objet de consommation, avec une date de péremption au-delà de laquelle il devient jetable.
Analysant les changements qui affectent l'individu, les nouveaux modes de la célébrité, les transformations de la culture ou encore la promotion de la sécurité comme valeur, l'auteur décrit ainsi la société en voie de liquéfaction avancée et avance des pistes pour imaginer un avenir plus vivable.
Ouvrage fondateur de la pensée de Zygmunt Bauman, La Vie liquide annonce les concepts qu'il déploie dans toute son oeuvre et est considéré comme un livre majeur de la sociologie politique.
Zygmunt Bauman est né en Pologne en 1925. Il a enseigné la sociologie à l'université de Leeds, où il est professeur émérite. Sociologue de réputation mondiale, il a publié de nombreux ouvrages et, dans la collection « Pluriel », Le Coût humain de la mondialisation, La Vie en miettes, L'Amour liquide, La Société assiégée. -
Sur l'État ; cours au Collège de France (1989-1992)
Pierre Bourdieu
- Points
- Points Essais
- 8 Janvier 2015
- 9782757848753
Transversale à l'oeuvre de Pierre Bourdieu, la question de l'État n'a pu faire l'objet du livre qui devait en unifier la théorie. Or celle-ci, à laquelle il consacra trois années de son enseignement au Collège de France, fournit à bien des égards la clé d'intégration de l'ensemble de ses recherches : cette « fiction collective » aux effets bien réels est à la fois le produit, l'enjeu et le fondement de toutes les luttes d'intérêts.
Dévoilant les illusions de la « pensée d'État », vouée à entretenir la croyance en un principe de gouvernement orienté vers le bien commun, il se montre tout autant critique à l'égard de l'« humeur anti-institutionnelle », prompte à résumer la construction d'un appareil bureaucratique à une fonction de maintien de l'ordre social.
Mais cette transcription donne aussi à lire un « autre Bourdieu », d'autant plus concret et pédagogue qu'il livre sa pensée en cours d'élaboration.
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Anthropologie économique ; cours au Collège de France ; 1992-1993
Pierre Bourdieu
- Seuil
- 2 Novembre 2017
- 9782021375961
La révolution qui conduit de l'économie du don caractéristique de la plupart des sociétés précapitalistes à l'économie du donnant-donnant des sociétés modernes s'est-elle étendue à tous les domaines de l'existence, comme le supposent tacitement ceux qui prétendent appliquer à toutes les pratiques le modèle de l'arbitrage entre coûts et intérêts (à l'éducation ou encore au mariage, par exemple, conçu comme échange économique de services de production et de reproduction) ? Et s'est-elle réalisée complètement au sein même de la sphère la plus strictement fondée sur la tautologie constituante « business is business » ?
Dégageant les présupposés de l'anthropologie imaginaire propre à la théorie économique dans sa définition dominante, Pierre Bourdieu pose ici l'exigence d'une autre théorie, qui rompt avec l'idée de choix individuels libres de toute contrainte et substitue à la notion de marché pur et parfait celle de champ économique structuré par des rapports de force et des luttes symboliques.
Il montre ainsi que, sans faire appel à la conscience calculatrice parfaitement lucide de l'homo oeconomicus, ou à la logique de la « rationalité limitée », l'on peut rendre compte du caractère « raisonnable » de la majorité des conduites économiques par l'ajustement des espérances subjectives aux chances objectives.
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éthique de la considération
Corine Pelluchon
- Seuil
- L'ordre Philosophique
- 11 Janvier 2018
- 9782021321593
Pourquoi avons-nous tant de mal à changer nos styles de vie alors que plus personne ne peut nier que notre modèle de développement a un impact destructeur sur le plan écologique et social ni douter de l'intensité des violences infligées aux animaux ?
Relever ce défi implique de combler l'écart entre la théorie et la pratique en développant une éthique des vertus. Au lieu de se focaliser sur les principes ou sur les conséquences de nos actes, celle-ci s'intéresse à nos motivations concrètes, c'est-à-dire aux représentations et aux affects qui nous poussent à agir. Quels traits moraux peuvent nous conduire à être sobres et à avoir du plaisir à faire le bien, au lieu d'être constamment déchirés entre le bonheur et le devoir ?
L'éthique de la considération prend sa source dans les morales antiques, mais elle rejette leur essentialisme et s'appuie sur l'humilité et sur la vulnérabilité. Alors que Bernard de Clairvaux fait reposer la considération sur une expérience de l'incommensurable supposant la foi, Corine Pelluchon la définit par la transdescendance. Celle-ci désigne un mouvement d'approfondissement de soi-même permettant au sujet d'éprouver le lien l'unissant aux autres vivants et de transformer la conscience de son appartenance au monde commun en savoir vécu et en engagement. La considération est l'attitude globale sur laquelle les vertus se fondent au cours d'un processus d'individuation dont l'auteur décrit les étapes.
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Le triomphe de l'injustice ; richesse, évasion fiscale et démocratie
Emmanuel Saez, Gabriel Zucman
- Points
- Points Essais
- 19 Août 2021
- 9782757891063
Pour la première fois depuis plus d'un siècle, les milliardaires américains paient moins d'impôts, en proportion de leurs revenus, que chacun des autres groupes sociaux. Mêlant récit historique et étude économique, Emmanuel Saez et Gabriel Zucman analysent les choix (et non-choix) qui ont conduit au creusement des inégalités et au triomphe l'injustice fiscale, de l'exonération progressive des revenus du capital au développement d'une nouvelle industrie de l'évasion fiscale, en passant par l'engrenage de la concurrence fiscale internationale. Si l'on veut éviter que, à l'image de l'Amérique, l'Europe ne s'enfonce à son tour dans une dérive inégalitaire et oligarchique, il y a urgence à proposer une refondation de l'impôt et à réconcilier la mondialisation et la justice économique.
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Raisons pratiques. sur la theorie de l'action
Pierre Bourdieu
- Points
- Points Essais
- 2 Mai 2014
- 9782757841709
Ce livre présente la théorie anthropologique que Pierre Bourdieu a dû construire pour fonder sa recherche scientifique. Qu'il prenne à revers, pour mieux les résoudre ou les dissoudre, les problèmes que les philosophes " structuralistes " se sont posés, comme celui du " sujet " de l'action, ou qu'il mette à l'épreuve les analyses de Strawson, Austin, Wittgenstein, Kripke - ou des philosophes classiques, délibérément convoqués à contre-emploi -, le sociologue, bien qu'il se défende de " faire le philosophe ", traite de manière tout à fait nouvelle d'un certain nombre de questions philosophiques essentielles. Et l'épure conceptuelle que dégage le commentaire rétrospectif fait apparaître sous un jour totalement nouveau l'une des oeuvres les plus importantes de notre temps.
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L'esprit de Philadelphie ; la justice sociale face au marché total
Alain Supiot
- Seuil
- Debats
- 7 Janvier 2010
- 9782020991032
Le 10 mai 1944, à Philadelphie, est proclamée la première Déclaration internationale des droits à vocation universelle. Après les monstruosités de la guerre, il s'agissait de bà¢tir un nouvel ordre international qui ne soit plus fondé sur la force, mais sur le droit et la dignité humaine ; un monde où l'organisation économique serait subordonnée au principe de justice sociale. C'est la perspective inverse qui préside à l'actuel processus de globalisation : à l'objectif de justice sociale a été substitué celui de la libre circulation des capitaux et des marchandises. Au lieu que l'économie serve les besoins des hommes, on l'indexe sur les exigences de la finance et on traite les hommes comme du « capital humain ». La foi dans l'infaillibilité des marchés a remplacé la volonté de faire régner un peu de justice dans la répartition des richesses, condamnant la foule des perdants à la migration, l'exclusion ou la violence. L'objectif de ce livre est d'analyser ce processus de renversement, qui semble avoir aboli les leçons tirées de la période 1914-1945. Mais il est aussi de montrer que cet esprit garde toute son actualité pour ceux qui n'ont pas renoncé à l'idéal d'un monde où tous les hommes, quels que soient leur race, leur croyance et leur sexe, auraient le droit de poursuivre leur progrès matériel et leur développement spirituel dans la liberté et la dignité, dans la sécurité économique et avec des chances égales. Professeur de droit à l'université de Nantes, Alain Supiot a publié de nombreux livres sur le droit du travail et le droit social, notamment Homo juridicus. Essai sur la fonction anthropologique du droit (Seuil, 2005), Le Droit du travail (PUF, « Que sais-je », 2006) et Critique du droit du travail (PUF, 2007).
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Quel est l'héritage de Pierre Bourdieu aujourd'hui ? Quel apport son oeuvre fournit-elle à l'élaboration contemporaine de nouvelles théories et de nouvelles politiques ? La pensée de l'auteur de La distinction continue à servir de point d'ancrage à ceux qui entendent fournir des instruments de réflexion et de critique de la réalité.
Chacun à leur manière, Annie Ernaux, Didier Eribon, Arlette Farge, Frédéric Lordon, Geoffroy de Lagasnerie, Frédéric Lebaron et Édouard Louis montrent à quel point Pierre Bourdieu constitue une source inépuisable pour aborder des sujets aussi divers et actuels que la domination et la reproduction sociale, les rapports de classe, les théories de la reconnaissance et de la justice, l'amour et l'amitié, les luttes et les mouvements sociaux, la politique et la démocratie, etc. Ces textes s'efforcent de mettre au jour ce que Pierre Bourdieu a rendu pensable et visible bien au-delà de la sociologie, c'est-à-dire dans tous les espaces de la création : la littérature, l'art, l'histoire ou encore la philosophie.
Faire vivre Bourdieu, ce n'est pas seulement faire vivre une doctrine.
C'est avant tout réactiver une attitude : l'insoumission.
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Les formes élémentaires de la vie religieuse (7e édition)
Emile Durkheim
- Puf
- Quadrige
- 4 Janvier 2013
- 9782130609322
" Une religion est un système de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, croyances et pratiques qui unissent en une même communauté morale, appelée Église, tous ceux qui y adhèrent. Le second élément qui prend ainsi place dans notre définition n'est pas moins essentiel que le premier ; car en montrant que l'idée de religion est inséparable de l'idée d'Église, il fait pressentir que la religion doit être une chose éminemment collective. "
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Les gars du coin ; enquête sur une jeunesse rurale
Nicolas Renahy
- La découverte
- Poche Sciences Humaines
- 1 Avril 2010
- 9782707160126
Quand on parle de la « jeunesse » aujourd'hui, on pense plus souvent aux jeunes « des quartiers » qu'à ceux de la campagne. Ces derniers, quand ils sont ouvriers, sont alors doublement invisibles, comme « ruraux » et comme « ouvriers » (car la classe ouvrière demeure associée, dans les esprits, aux régions industrielles). Les sociologues eux-mêmes se sont peu intéressés à cette catégorie de population, pourtant nombreuse. Ce sont ces jeunes « gars du coin » que nous propose de découvrir Nicolas Renahy dans cet ouvrage, fruit d'une enquête menée pendant dix ans dans un village de Bourgogne. Tandis que leurs pères et grands-pères avaient bénéficié de la période faste du paternalisme industriel (travail fixe à l'usine, facilités de logement, fierté d'appartenir à une génération ouvrière), ces jeunes gens peinent à trouver leur place dans un contexte de plus en plus incertain et précaire. Restés au village, voués au chômage ou à une succession de petits boulots, hantés par la crainte du célibat, ils doivent renoncer à l'accession au modèle familial dans lequel ils avaient été socialisés ? reconnaissance professionnelle, accès à la propriété, famille nombreuse... ? et tentent de survivre socialement en se repliant sur les ressources que leur offre le seul fait d'être « du coin » (leur « capital d'autochtonie »). En nous faisant pénétrer dans le monde des « gars du coin », en retraçant leurs parcours familiaux et scolaires, en s'intéressant à leurs espaces quotidiens (l'usine, le domicile, le foot, les cafés...) et à leurs expériences intimes, l'auteur éclaire les tentatives individuelles et collectives pour maintenir une honorabilité populaire menacée et offre un portrait inédit d'une jeunesse rurale méconnue.
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En attendant les robots ; enquête sur le travail du clic
Antonio a. Casilli
- Seuil
- La Couleur Des Idees
- 3 Janvier 2019
- 9782021401882
L'essor des intelligences artificielles réactualise une prophétie lancinante : avec le remplacement des êtres humains par les machines, le travail serait appelé à disparaître. Si certains s'en alarment, d'autres voient dans la « disruption numérique » une promesse d'émancipation fondée sur la participation, l'ouverture et le partage.
Les coulisses de ce théâtre de marionnettes (sans fils) donnent cependant à voir un tout autre spectacle. Celui des usagers qui alimentent gratuitement les réseaux sociaux de données personnelles et de contenus créatifs monnayés par les géants du Web. Celui des prestataires des start-ups de l'économie collaborative, dont le quotidien connecté consiste moins à conduire des véhicules ou à assister des personnes qu'à produire des flux d'informations sur leur smartphone. Celui des microtravailleurs rivés à leurs écrans qui, à domicile ou depuis des « fermes à clic », propulsent la viralité des marques, filtrent les images pornographiques et violentes ou saisissent à la chaîne des fragments de textes pour faire fonctionner des logiciels de traduction automatique.
En dissipant l'illusion de l'automation intelligente, Antonio Casilli fait apparaître la réalité du digital labor : l'exploitation des petites mains de l'intelligence « artificielle », ces myriades de tâcherons du clic soumis au management algorithmique de plateformes en passe de reconfigurer et de précariser le travail humain.
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Pierre Bourdieu veut montrer que l'anthropologie ne peut s'accomplir comme science qu'à condition de prendre aussi pour objet les actes et les instruments de la pratique scientifique et, plus précisément, le rapport que le chercheur entretient avec son objet. C'est ce qu'il montre très concrètement en rappelant l'itinéraire qui l'a conduit à des recherches dites ethnologiques sur la civilisation Kabyle aux recherches dites sociologiques sur les aspects les plus divers de notre société, en passant par différentes études sur la société béarnaise dont il est originaire.
Ce que nous appelons pensée « primitive », « prélogique » ou « sauvage », n'est autre chose que la logique pratique à la fois commode et tournée vers l'action, à laquelle nous avons recours chaque jour, dans nos actions et nos jugements sur les autres et le monde. Parce que la logique logique, qui s'est construite contre les logiques pratiques, est un peu notre point d'honneur intellectuel, nous nous refusons à voir ce qu'est la logique réelle de notre action, jamais complètement logique, jamais complètement illogique. Il suffit de décrire cette logique, de l'objectiver, de la mettre sur le papier, pour apercevoir que le primitif, c'est nous ; que nous n'agissons pas autrement lorsque nous classons des hommes politiques, ou des mobiliers, ou des peintres, que les « primitifs », lorsque pour mettre de l'ordre dans leur monde, ils mettent en oeuvre des principes classificatoires comme masculin et féminin, sec et humide, haut et bas ou est et ouest.
Nous supportons avec beaucoup d'impatience les analyses des sociologues lorsqu'ils décrivent nos conduites dans le langage de la règle (en France, lorsqu'on est reçu à dîner, il faut apporter des fleurs en nombre impair) ou du rituel (en France, les femmes se marient en robe blanche, symbole de pureté). Pourtant nous ne voyons rien à redire lorsque les ethnologues emploient ce langage pour parler des peuples dits primitifs : et cela, tout particulièrement, lorsqu'il s'agit de mariage ou de rituel. C'est cette discordance que Pierre Bourdieu interroge, demandant pourquoi nous sommes spontanément objectivistes lorsqu'il s'agit des autres et pourquoi nous revendiquons pour nous-mêmes et nous seuls le privilège de la liberté et de la subjectivité. Les Béarnais (d'autrefois) ou les Kabyles, lorsqu'ils choisissent leur conjoint, n'obéissent pas plus à une règle que les Parisiens d'aujourd'hui. Et Pierre Bourdieu se moque de ceux qui, à force de parler de « mariage préférentiel » avec la cousine croisée ou la cousine parallèle, finiront un jour par démontrer, de préférence mathématiquement, que deux cousines parallèles à une même troisième sont parallèles entre elles.
Critiquer la notion de règle ou de coutume ou de droit et toutes les notions équivalentes, qui n'expliquent jamais rien, puisqu'il faut encore expliquer pourquoi on obéit à la règle, à la coutume ou au droit plutôt que de lui désobéir, ce n'est pas abandonner les pratiques à l'inexplicable. Il suffit de se placer au point de vue de la pratique, qui est celui des acteurs, pour savoir que les pratiques ont pour principe, non des règles, mais des stratégies ; et que ces stratégies ne sont pas livrées au hasard. Comme aux cartes, elles dépendent - on le voit bien dans le cas du mariage - de la donne (capital possédé, nombre d'enfants à marier, etc.) et de l'art de jouer. La même chose est vraie dans le cas des pratiques rituelles qui ne sont ni des séquences insensées d'actes sans queue ni tête, ni les actes inspirés d'une liturgie mystique, ni les opérations logiques d'une sorte d'inconscient calculateur (comme chez Lévi-Strauss), mais des séquences pratiques d'actes orientés par un sens analogique, un «démon de l'analogie» comme dit Mallarmé, qui est caractéristique d'une société déterminée et qui nous fait par exemple apercevoir une affinité immédiate entre la femme et la lune. Le mouvement qui conduit de la règle à la stratégie est le même qui mène de la pensée « prélogique » ou « sauvage » au corps géomètre, « corps conducteur » tout entier traversé par la nécessité du monde social. - « Je crois que j'ai fait une découverte théologique », dit Charlie Brown, le héros de la bande dessinée de Schulz. - « Laquelle ? » - « Si on tient les mains tournées vers le bas, upside down, on obtient le contraire de ce pour quoi on prie. » La pratique rituelle, comme la plupart des pratiques, est une gymnastique symbolique, dans laquelle le corps pense pour nous.
Une véritable compréhension des pratiques autres ou propres suppose un double travail : il s'agit d'objectiver les structures objectives ou incorporées, ce qui suppose une mise à distance, fondée sur l'emploi de techniques d'objectivation. Une science sociale vraiment rigoureuse suppose ce double mouvement, qui conduit au-delà de l'objectivisme, moment inévitable (symbolisé en ethnologie par l'oeuvre de Lévi-Strauss) et du subjectivisme (représenté sous une forme limite par la phénoménologie « sartrienne ») : objectiver les structures objectives (par exemple, les régularités statistiques des pratiques) ou incorporées (par exemple, les catégories sociales de perception, comme brillant / terne, distingué / vulgaire, etc.) mais aussi objectiver l'objectivation, c'est-à-dire les opérations qui rendent possible l'accès à cette « vérité objective » et le point de vue à partir duquel elles s'opèrent. Et découvrir ainsi qu'il y a une objectivité du subjectif, que la représentation que les acteurs se font de leur pratique et que le chercheur, armé de ses instruments d'objectivation (statistique, observation, etc.) doit détruire pour saisir les structures objectives, fait encore partie de l'objectivité. Les illusions collectives ne sont pas illusoires et les mécanismes les plus fondamentaux tels ceux de l'économie, ne pourraient fonctionner sans le soutien de la croyance qui est au principe de l'adhésion accordée aux jeux sociaux et à leurs enjeux.
Pierre Bourdieu nous donne ici une théorie de l'action qui n'est pas à elle-même sa fin mais qui est la condition d'une interprétation adéquate des pratiques : et cela aussi bien de celles que privilégie d'ordinaire l'ethnologie, comme le mariage et le rituel, que de celles qui retiennent plutôt l'attention du sociologue, comme les conduites économiques ou les pratiques culturelles. Ce qui revient à réintégrer les disciplines séparées dans l'unité d'une anthropologie.
----- Table des matières ----- Préface Livre 1. Critique de la raison théorique : Avant-propos - Chapitre 1. Objectiver l'objectivation - Chapitre 2. L'anthropologie imaginaire du subjectivisme - Chapitre 3. Structures, habitus, pratiques - Chapitre 4. La croyance et le corps - Chapitre 5. La logique de la pratique - Chapitre 6. L'action du temps - Chapitre 7. Le capital symbolique - Chapitre 8. Les modes de domination - Chapitre 9. L'objectivité du subjectif Livre 2. Logiques pratiques : Avant-propos - Chapitre 1. La terre et les stratégies matrimoniales - Chapitre 2. Les usages sociaux de la parenté : L'état de la question. Les fonctions des relations et le fondement des groupes. L'ordinaire et l'extra-ordinaire. Stratégies matrimoniales et reproduction sociale - Chapitre 3. Le démon de l'analogie : La formule génératrice. La partition fondamentale. Seuils et passages. La transgression déniée. Transferts de schèmes et homologies. Le bon usage de l'indétermination Annexe. La maison ou le monde renversé Bibliographie - Index
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« Nous devons reprendre l'ouvrage. Nous, la Gauche. En renouant avec notre identité : refaire de la justice sociale la colonne vertébrale des politiques publiques ; reprendre en charge la question démocratique ; penser la culture ; retisser les liens de solidarité internationale avec les travailleurs, les déshérités, les femmes opprimées, les enfants exploités, les croyants et les incroyants persécutés, les victimes des traites, des guerres, des misères, des catastrophes. Et assumer tout cela tête haute. » Ch. T. Dans une langue éblouissante, Christiane Taubira s'indigne des inégalités et des violences sur notre planète, s'attaque aux idées dangereuses des extrêmes, critique l'invocation permanente du concept de crise qui assoit la domination des puissants, identifie les règles de vie commune dans une société laïque, redonne leur sens aux mots si souvent dévoyés aujourd'hui, trace les axes d'un combat urgent. Un livre lucide et engagé, un livre d'espoir porté par le souffle d'une citoyenne de la Terre qui ne peut vivre sans exaltation ni s'accommoder du monde tel qu'il lui est donné.
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Salué aussi bien par Edward Said que par Toni Morrison ou J. M. Coetzee, Homi K. Bhabha est l'un des théoriciens les plus importants et les plus influents du postcolonialisme. S'appuyant sur la littérature, la philosophie, la psychanalyse et l'histoire, il invite notamment à repenser les questions très actuelles d'identité et d'appartenance nationales ; à dépasser, grâce au concept très fécond d'hybridité culturelle, la vision d'un monde dominé par l'opposition entre soi et l'autre ; à saisir comment, par le biais de l'imitation et de l'ambivalence, les colonisés introduisent chez leurs colonisateurs un sentiment d'angoisse qui les affaiblit considérablement ; ou encore, plus largement, à comprendre les liens qui existent entre colonialisme et globalisation.
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La force d'une idée ; l'idée de justice sociale
Alain Supiot, Alfred Fouillée
- Les Liens Qui Liberent
- 6 Novembre 2019
- 9791020907714
Tel un phénix, l'idée de justice sociale resurgit aujourd'hui de ses cendres. Dénoncée comme un « mirage » par les théoriciens du néolibéralisme, elle a disparu de l'agenda politique des gouvernements. Depuis la conversion des régimes communistes à l'économie de marché, tous les pays du monde sont engagés de gre´ ou de force dans une course au moins-disant social et fiscal, qui offre pour seule perspective a` leurs peuples de « nager ou couler » dans une lutte de tous contre tous a` l'échelle du globe. Ce race to the bottom a engendré un creusement vertigineux des inégalités, qui nourrit en retour un puissant sentiment d'injustice, ainsi que l'émigration massive de jeunes, privés de travail décent dans leur propre pays. Cette rage sourde contre l'injustice est aujourd'hui captée par des démagogues, qui la détournent vers des ennemis intérieurs ou extérieurs, sans remettre en cause les vertus supposées de l'ordre spontané du marché.
Se vérifie ainsi une fois de plus le bien-fondé des déclarations solennelles qui, tirant les leçons de la Première, puis de la Seconde Guerre mondiale, avaient affirmé« qu'une paix durable ne peut être établie que sur la base de la justice sociale ». Fruit de l'expérience des massacres insensés du XXe siècle, ces déclarations internationales ont consacré juridiquement une « idée de justice sociale », dont Alfred Fouillée avait donné en 1899 la première formulation solide et argumentée. Invitant à la relecture de ce texte séminal, Alain Supiot retrace les avatars de cette idée et en montre la force inentamée.