Trois jours avant de se suicider, Romain Gary écrit à son ami : « Cher Raymond Aron, votre esprit souligne si bien ces temps obscurs que l'on en vient parfois, en vous lisant, à croire à la possibilité d'en sortir et à l'existence d'un chemin. Rares sont les cas où la force de la pensée rejoint celle d'un caractère. » « Temps obscurs », la formule fait étrangement écho aujourd'hui. Une Europe qui ne croit plus en ses valeurs. La violence, la haine, la confusion qui gagnent. L'insulte qui remplace le dialogue démocratique. Le brouhaha médiatique, la radicalité inquiétante des réseaux sociaux. Le désarroi des intellectuels.
Le « petit camarade » de Sartre, qui fut son adversaire le plus intelligent, a tenté, sa vie durant, de penser le monde dans sa complexité. Son obsession : le goût de la vérité, la détestation des fake news, la défense de nos systèmes démocratiques, « les pires des régimes à l'exception de tous les autres ».
Les Désillusions du progrès, Penser la guerre, L'Opium des intellectuels... Il est salutaire aujourd'hui de relire ce « professeur d'hygiène intellectuel » dont parlait Claude Lévi-Strauss, l'un des esprits les plus lucides du XXe siècle.
"Venez apprendre comment, nées compagnes de l'homme, vous êtes devenues son esclave. Apprenez qu'on ne sort de l'esclavage que par une grande révolution. Cette révolution est-elle possible ? C'est à vous seules à le dire."
La droite française a bien changé. Depuis la Manif pour tous, la jeunesse conservatrice fait sa révolution : elle a l'individualisme et le libéralisme en horreur, affiche un catholicisme militant et n'est plus dégoûtée par le Rassemblement national, qui pour la première fois sait qu'il peut compter sur le soutien d'une part massive des jeunes de ce pays.Qu'est devenue la fringante droite littéraire qui sévissait il y a quinze ans ? Muray et Dantec sont morts, Houellebecq est maintenant consensuel, Nabe n'est plus audible... Le panthéon intellectuel de la jeunesse conservatrice d'aujourd'hui, bercée aux éditos de Zemmour et aux livres de Michéa, est d'un tout autre genre.Une droite « décomplexée » qui ne croit plus à la littérature est-elle toujours de droite ? Deux visions du monde s'opposent : l'une est idéologique, l'autre artistique. L'une joue sans fard le jeu de la politique, l'autre cherche à lui échapper. Reste à savoir laquelle des deux l'emportera.
Alexandre de Vitry est né en 1985. Ancien élève de l'Ecole normale supérieure de Lyon, il est l'auteur de deux essais : L'Invention de Philippe Muray (2011) et Conspirations d'un solitaire. L'individualisme civique de Charles Péguy (2015), ainsi que d'un récit : La Conquête de l'Alsace (2014).
Voici un réjouissant petit dictionnaire offrant à chaque entrée des jeux de mots décalés et truculents donnant à voir la langue française autrement, qu'ils soient issus de la création collective ou le fruit de brillantes sorties de plus grands auteurs.
Extraits :
ARGENT DE POCHE : Le salaire mini-môme.
BANQUE : Établissement qui a pognon sur rue.
AMITIE : Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu hais (Victor Hugo), Dieu est formidiable !
(Jacques Prévert)