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"Le commissaire Boris Samarcande est attablé avec Montoya à la table du fond, à côté du bar. La petite chatte tigrée du patron est assise sur le comptoir et elle les regarde avec bienveillance. Elle est au courant de toutes les histoires du quartier parce que tous les paumés du coin, ils viennent lui faire leurs confidences, à la bestiole. Et c'est précieux ça, pour un flic. Plus tard, à l'heure de la happy hour, la jeunesse débarquera, porteuse d'espoir, comme en juin 1944. Plutôt sympa d'ailleurs, la jeunesse, trouve Boris, qui n'a jamais supporté les vieux qui marchent à reculons vers l'avenir, en béatifiant un passé merveilleux qu'ils ont réinventé."
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"Ring Lennox se trouvait confronté à un problème délicat. Oh, cela ne concernait en rien le journaliste qui le dévisageait de ses trois yeux. Il était clair que la balle de huit millimètres avait pénétré son front alors qu'il était déjà froid. Quelqu'un avait assassiné un mort. Le fait était sans doute curieux, mais quand on a vingt ans de carrière dans la police... à New York, qui plus est. Non, son problème était de nature plus personnelle. Depuis près d'un lustre il réussissait à se faire oublier. Il avait fini par se fondre dans la grisaille de son bureau. Or, aujourd'hui on était venu le tirer de sa torpeur."
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"Et durant tout ce temps la planète a été en feu : partout des chantiers, des fleuves de sang. N'entends-tu pas les cris d'agonie de notre monde ? Crois-tu que tout cela s'est fait seul ? Du levant au couchant pas un continent qui ait été épargné."
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"Boris Samarcande croit aux faits, pas aux idéologies. Il ne voit pas les hommes du monde entier faire gentiment la ronde en se tenant par la main. Il ne croit pas à l'Homme abstrait, celui qui donne bonne conscience à peu de frais. Il croit aux hommes et à la multiplicité des cultures, pas à leur mélange en une sorte de soupe épaisse, indigeste et sans goût. Il pense aussi que ceux qui réfutent la différence provoquent les guerres : pour lui, le racisme est une construction sociale. En un mot, il préfère la Raison à la Tolérance. C'est un flic."
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Quand Simon, libraire à Paris, revoit la photo de sa barmitzvah subitement, il revit tout son passé. Les souffrances ressurgissent. Judith qu'il a aimée en Israël, sa famille emmenée à Birkenau, un fils qu'il n'a jamais vu...Simon ne se reconnaît plus dans le Peuple du Livre. Il désapprouve autant les orthodoxes Hassidim que les sionistes guerriers. Déchiré par "ces Juifs" qui manquent à leur "mandat" qui serait de "saupoudrer le monde de paix ! ", Simon préfère rejoindre les fous à l'asile psychiatrique, car avec les dingues, pas moyen de penser de travers...
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"Le matin, elle avait relut toute la première partie du livre, provisoirement intitulé en français les Voleurs d'atomes.Tout s'enchaînait avec une logique implacable. Le récit, parfaitement documenté, n'était jamais ennuyeux. Il se contentait de rapporter les faits bruts et sans aucun commentaire. L'analyse politico-économique proprement dite serait développée dans la seconde partie. Cette nuit Tatiana a décidé de dormir rue Lepic, sur le canapé du salon, car elle n'a pas le courage de rentrer chez elle, dans le XIIIe."
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"En ce qui concerne les derniers instants de ma mère, j'ignore comment ils se sont réellement déroulés. Ce qui est sûr, c'est que depuis cette nuit-là, je n'ai cessé de revivre cet ultime noël. Je lui imagine mille déroulements divers. Je n'ai jamais envisagé de reprendre l'enquête de la police à mon compte. Pour moi, il n'y a pas un assassin. Il y en a une multitude. Mon père d'abord, ce milicien de passage, qui n'a peut-être jamais su que j'existais.Tous les clients du Café de Sablon ensuite, qui offraien à ma mère le dérivatif qu'elle cherchait de temps à autre, sans jamais se demander si elle n'avait pas plus besoin de coeur que de cul. Ma grand-mère aussi. Et puis, le monde qui a oublié le sens du mot amour."
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"Insupportable, cette impression de se sentir emporté dans un dédale d'événements infernaux. Ici, je vois moins le bout du tunnel qu'au Centre où j'avais espoir de retrouver Suzanne, mon métier, Paris. L'espoir est évacué désormais. Envisager de vivre des années dans ces murs voués à une piété qui me révulse m'est insupportable. J'ai déjà souhaité en finir. Maintenant, c'est décidé. Demain je sortirai. Je m'enfuirai dans le désert. Je sais ce qui m'en coûtera. Je n'ai pas le choix."
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D'un pot en terre, s'échappent des effluves de menthe, sarriette, aneth... Été 50, à Uzès en Gaule narbonnaise, un repas de fête se prépare au domaine viticole de Lucius Savosius. Il est en passe d'obtenir le mirifique contrat d'approvisionnement en vin du chantier de l'aqueduc du Pont-du-Gard. Aldith, la compagne de Lucius et cuisinière émérite, a mis les petits plats dans les grands. Hélas, un esclave retrouvé égorgé dans une des cuves du domaine, puis un autre pendu aux portiques où pousse la vigne vont bouleverser la vie d'Aldith et Lucius. D'autant que de nouveaux meurtres seront commis dans les carrières et le chantier de l'aqueduc. Qui souhaite la perte de Lucius ? Des rivaux, furieux de voir le contrat leur échapper ? Ceux qui vouent une haine farouche aux innovations apportées par Rome ? Épaulé par Aldith et leur ami Cosconnius, un ancien de la VIIIe Légion, Lucius mène l'enquête.
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"Le génie ne s'ordonne pas. Ses créations étaient fabriquées et non inspirées. Les acheteurs le lâchèrent. Plus de commande. Le départ de Laurence additionné à cette désillusion corroda son caractère. Il devint insupportable, envoyait paître les gens, excédé, alla donc jusqu'à tuer un client, le plus calmement du monde, sans repentance aucune. On lui en avait assez fait. Répliquer à cette vacherie de destinée n'était que justice."
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"Je décidai de fouiller l'endroit de fond en comble, sans trop de conviction toutefois. Je ne décelai pas la moindre trace de sang. Il fallut bien se rendre à l'évidence, il n'y avait pas de cadavre dans cette maison. Tout au moins aux étages, car en redescendant dans le salon, Mary Jane n'était plus dans le divan où je l'avais installée. Mais je n'eus pas l'occasion de la chercher tout de suite, car un homme que je ne connaissais pas avait pris sa place. Il était grand, bien baraqué, les cheveux blonds, vêtu avec une certaine élégance et comme signe distinctif, il avait la gorge tranchée d'une oreille à l'autre. Cette fois, il serait moins aisé de faire disparaître les tâches de sang."