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Gaston Leroux (1868-1927)
"À toute vapeur, le train filait dans la Prairie. Il avait quitté les rives du Missouri, laissé derrière lui les faubourgs manufacturiers d'Omaha City et dirigeait sa course folle vers Cheyenne, traversant dans toute sa largeur, de l'est à l'ouest, l'État de Nebraska. Le train se trouvait alors dans la partie la plus dangereuse de son parcours de New York à San Francisco.
Aujourd'hui que les Peaux-Rouges se sont civilisés et qu'ils montent dans le train après avoir pris leurs tickets, la sécurité des voyageurs dans le Nebraska est aussi complète que dans les autres États de l'Union.
Mais, si nous nous reportons d'une vingtaine d'années en arrière, il n'en allait point de même. Et quand les Omahas, les Gowas ou les Delawares, les Pawnies et surtout les Sioux, quand quelques membres des tribus du Nebraska sortaient des « territoires réservés » pour prendre le train, c'était pour le prendre d'assaut. Déjà, à cette époque, ils étaient à demi domptés et ne songeaient guère à mettre le siège devant Cheyenne ni à affamer la ville, comme ils l'avaient fait quelques années auparavant. Les représailles avaient été trop terribles. Néanmoins, quelques troupes indépendantes s'attaquaient encore au « monstre de fer et de feu ».
Ainsi nous expliquons-nous que, cette nuit-là, les voyageurs de l'Union Pacific railway n'étaient point pressés de dormir. À peu près tous, hommes et femmes, avaient abandonné les « sleeping car » et leurs couchettes pour les « parlors » et pour les « smoking ».
Mais les passerelles surtout et les terrasses s'encombraient de voyageurs. Il faisait, du reste, une nuit chaude, et l'on étouffait dans les wagons."
Dans le train de l'Union Pacific Railway, un milliardaire, Jonathan Smith, est tué par sa propre fiancée Mary alors qu"il allait faire feu sur Charley, son amant.
Vingt ans plus tard, à Paris, tout le monde est fou amoureux d'une actrice : Diane... -
Fortuné du Boisgobey (1821-1891)
"La nuit est noire ; il pleut à verse, et la pluie, fouettée par le vent, grésille sur les vitres d'une maisonnette isolée, tout au bout du boulevard Voltaire, et tout près de la place du Trône.
Une maisonnette et non pas une villa, ni un petit hôtel.
Un rez-de-chaussée, un étage et des mansardes. Pas de cour, pas de grille, pas de perron. Rien qu'une palissade en planches du côté de la rue et, derrière cette clôture primitive, un terrain vague qui confine à des jardins maraîchers.
L'architecte n'a pas pris la peine de creuser pour asseoir des fondations. Cette bastide parisienne pose à plat sur le sol, comme si on l'y avait apportée toute bâtie.
Elle est habitée, car il y a de la lumière à une des fenêtres du rez-de-chaussée.
Qui peut demeurer là ? Pas des capitalistes, bien certainement ; les capitaux n'y seraient pas en sûreté. Des commerçants ? Pas davantage ; les chalands n'iraient pas les chercher si loin du centre. Cette niche en cailloutis ne convient guère qu'à un vieux rentier misanthrope, retiré là comme un hibou dans un clocher, ou encore à un ménage de petits bourgeois réduits au strict nécessaire et cultivant des légumes dans leur enclos pour corser leur maigre pot-au-feu.
Ainsi pensaient les passants qui remarquaient ce cube de maçonnerie, planté là comme une borne au milieu d'un champ ; ainsi pensaient même les voisins qui connaissaient à peine de vue les occupants de ce château de la misère.
Ils se trompaient tous et il leur aurait suffi de passer le seuil de la maisonnette pour constater que si, à l'extérieur, elle ne payait pas de mine, elle était du moins confortablement meublée."
La roue de la fortune semble vouloir tourner pour Jacques Monistrol : grâce à une invention, il va devenir riche. Mais il est agressé et volé à son domicile. Sa fille Camille poursuit le malfrat jusque la foire aux pains d'épices (aujourd'hui la foire du trône) où il pénètre dans une baraque. Le seul indice que possède Camille : l'homme a des doigts crochus... -
René Pujol (1887-1942)
"- En voiture pour Paris !... en voiture pour Paris !...
L'employé courait le long du train en criant machinalement les mots rituels.
À la fenêtre d'un wagon de 1ère classe, un voyageur fumait une cigarette. Il avait l'air impassible, mais il jetait toutes les dix secondes un regard vers l'horloge de la gare de Calais. Ou bien il était pressé de partir, ou bien il attendait quelqu'un qui ne venait pas.
C'était un jeune homme d'environ vingt-cinq ans, assez grand et d'apparence athlétique. Il suffisait de voir ses épaules pour comprendre que c'était un sportif. Son visage reflétait l'énergie tranquille des forts. Nez droit, menton carré, touche rectiligne aux lèvres minces, yeux un peu enfoncés dans les orbites, tout indiquait une volonté qu'il ne devait pas être facile d'abattre.
Il regardait toujours l'horloge, et ses mains se crispaient sur la barre d'appui.
Enfin, un coup de sifflet retentit. Le jeune homme lança sa cigarette sur le quai, avec une nervosité qui trahissait la fin d'une contrainte, et il rentra dans le compartiment en disant :
- Ça y est, Georges !... Le train démarre, nous voilà tranquilles jusqu'à Paris !
Celui qu'il venait d'appeler Georges était du même âge, un peu plus vieux peut-être. Enfoncé, tassé dans son coin, la tête sur un oreiller, les jambes enveloppées dans une couverture de louage. Il était fort pâle et paraissait de complexion maladive. Sa poitrine se soulevait et s'abaissait avec difficulté, sous le rythme irrégulier de la respiration.
En entendant la phrase prononcée avec une satisfaction indicible par son camarade, il entr'ouvrit les paupières et esquissa un faible sourire :
- Tant mieux, murmura-t-il."
Suzy Nelson attrape son train, la Flèche d"Argent, in extremis. Dans le compartiment où elle pénètre, deux hommes sont déjà installés. Au cours du voyage, Suzy est intriguée par une énorme tache sombre sur le sol... une énorme tache de sang... -
Paul Féval (1816-1887)
"Un soir de vendredi, vers la fin de septembre, en 1838, à la tombée de la nuit, le garçon du marchand revendeur établi à l'angle des rues Dupuis et de Vendôme était en train de fermer la boutique lorsqu'un élégant coupé s'arrêta devant la porte. Les échoppes du quartier du Temple reçoivent souvent d'aussi belles visites que les magasins à la mode ; le faubourg Saint-Germain et la Chaussée-d'Antin ont appris dès longtemps le chemin de cette foire et y viennent en tapinois, soit pour acheter, soit pour vendre.
Le garçon remit à terre le volet qu'il avait déjà soulevé à demi et attendit, pensant que la portière du coupé allait s'ouvrir.
Mais la portière ne s'ouvrit point et le store rouge qui défendait l'intérieur de la voiture contre les regards curieux resta baissé. Le cocher, beau garçon au teint fleuri, planta son fouet dans la gaine comme s'il eût été arrivé au terme de sa course et tira de sa poche une pipe qu'il bourra paisiblement.
Le garçon, quoiqu'il fût d'Alsace, connaissait assez bien son Paris, car il se demanda :
- Est-un monsieur qui attend une dame là-dedans ou une dame qui espère un monsieur ?
Et avant de reprendre son volet il tourna le coin de la rue de Vendôme pour voir à quel sexe appartenait le retardataire ; mais il se trouva tout à coup en face d'un bon gros père qui arrivait les mains dans ses manches et qui le salua d'un débonnaire sourire."
Le jeune procureur Remy d'Arx a décidé d'abattre les "Habits noirs" : justice ou vengeance ? Ceux-ci ont autrefois assassiné son père. Les "Habits noirs" ont un adversaire sensé et tenace, mais l'arme invisible mise au point par leur tout-puissant chef est infaillible... Remy d'Arx aura-t-il une chance ? -
Gaston Leroux
(1868-1927)
"Ce jour-là, l'express du Dauphiné était en retard d'une heure et demie. Les voyageurs qui en étaient descendus se précipitaient dans la cour de la gare pour y prendre la diligence qui faisait le service entre cette dernière station et les chemins de fer du Sud. Le conducteur, le bonhomme Rango, dont la face s'illuminait de tout l'alcool consommé pour charmer les loisirs d'une longue attente, les avertit :
- Mes braves gens, nous manquerons sûrement la correspondance du Sud et vous serez obligés de coucher à l'auberge du Petit-Chaperon-Rouge.
Ceci posé, il se cligna de l'oeil à lui-même, exprimant ainsi son intime satisfaction de l'effet qu'il n'avait point manqué de produire ; de fait, pendant que, retourné vers ses bêtes impatientes qui agitaient leurs sonnailles, le conducteur semblait ne s'apercevoir de rien, il y avait derrière lui des protestations et de la consternation.
L'auberge du Petit-Chaperon-Rouge était bien connue dans la région frontière des Alpes où la légende lui avait fait une réputation redoutable. Dans les veillées, au fond des chaumières, on racontait, à son propos, des histoires qui donnaient le frisson : des voyageurs y avaient passé la nuit que l'on n'avait jamais revus !
Tantôt toute retentissante de mystérieuses ripailles, tantôt aussi fermée qu'un tombeau, elle se dressait comme une énigme à la sortie du bourg d'Ena (la Haine) sur le bord de la route qui longe les eaux souvent torrentueuses de la Bigiou, et non loin de l'endroit où cette rivière se jette dans les lugubres marécages de l'étang de San.
Quant à l'aubergiste, c'était maître Tullamore, surnommé à vingt lieues à la ronde Tue-la-Mort, parce que, contrebandier d'une audace incomparable, il échappait aux pires dangers."
Maître Tullamore, surnommé Tue-la-Mort, est le propriétaire d'une auberge : "Le Petit-Chaperon-Rouge". Il y vit avec sa fille Canzonette et tire ses richesses de la contrebande, ce qui fait enrager le secrétaire de mairie M. Graissessac et le douanier Filippi... Arrive à l'auberge, un mystérieux prêtre... -
Paul Féval (1816-1887)
"Un soir d'hiver de l'année 1840, par un froid noir et mouillé, un pauvre homme entra au poste de la rue Culture-Sainte-Catherine. C'était une bonne figure naïve et un peu étonnée. Il portait un costume bourgeois très râpé, avec un tablier de garçon pharmacien, dont la grande poche bâillait sur son estomac. Dans cette poche, il y avait un paquet assez volumineux, ficelé dans du papier d'emballage.
Il demanda la permission de se chauffer au poêle ; ce qui lui fut volontiers accordé. Le jour s'en allait tombant au-dehors, et dans l'intérieur du corps de garde la nuit était tout à fait venue. On n'avait pas encore allumé le quinquet.
Quand le pauvre homme s'en alla, personne ne s'aperçut qu'il n'y avait plus de paquet dans la poche de son grand tablier.
À quelques pas du corps de garde s'élevait une maison d'assez grand aspect et fermée sur le devant par un mur. On l'appelait l'hôtel Fitz-Roy. Le dernier duc de Clare (celui qui portait le titre de prince de Souzay) l'avait habité un temps avec la princesse sa femme. On disait qu'ils étaient séparés maintenant.
Et la maison restait déserte, au point que, depuis le décès d'un vieux concierge, qui était resté là comme un chien dans sa niche après le départ des maîtres, on n'avait pas vu une seule fois la porte cochère rouler sur ses gonds.
Du haut en bas de l'hôtel, hiver comme été, les contrevents fermés masquaient les croisées, ce qui mettait le quartier en mauvaise humeur. Les marchands d'alentour disaient, non sans raison :
- C'est comme si on avait dans la rue un monument du Père-Lachaise. Qu'ils vendent ou qu'ils louent ! Il y a de quoi mettre là-dedans douze ménages de rentiers ou une fabrique de bronzes, qui ferait aller le commerce.
Ce fut dans une allée étroite et sombre, située vis-à-vis de l'hôtel Fitz-Roy, que se réfugia l'homme au paquet en sortant du corps de garde. Peut-être était-ce tout uniment pour se mettre à l'abri, car la pluie tombait. Nous devons dire pourtant que, dans cette espèce de guérite, il avait plutôt l'air d'un factionnaire qui fait le guet."
8e et dernier opus des "Habits noirs".
Le colonel est mort mais son fantôme plane toujours sur les débris de ce qui fut la formidable organisation criminelle des "Habits noirs" : la "bande Cadet". Où est caché le trésor du colonel ? En attendant de le trouver, il y a un héritage à capter... celui des Fitz-Roy. -
Fortuné du Boisgobey (1821-1891)
"Les Parisiens adorent la campagne, c'est convenu, et, dès que les feuilles nouvelles poussent aux arbres, ils essaiment comme les abeilles.
Deux mois après, la banlieue est presque aussi peuplée que la ville. Les riches y ont des châteaux et les bourgeois des maisonnettes. Les petites gens y trouvent des guinguettes où ils mangent de la friture et où ils boivent du vin clairet. Ceux-là, n'y vont que le dimanche et s'y amusent de tout leur coeur. Les autres, ceux qui s'y installent pour l'été, prétendent qu'ils s'y plaisent et ils s'y ennuient ferme.
La preuve, c'est qu'ils ne perdent pas une occasion d'aller à Paris. Monsieur y est appelé par une affaire ; madame y va essayer une robe chez sa couturière où même, tout simplement, courir les magasins ; le fils y va faire des visites à des demi-mondaines de sa connaissance.
Et la villa, si vantée, reste à la garde des domestiques, lesquels ne se privent pas d'aller au cabaret, pendant que les femmes de chambre vont au bois se faire conter fleurette par les jolis militaires de la garnison la plus prochaine.
Il y a pourtant des jours où toute la famille reste au logis : les jours où elle reçoit des invités ; il y a même des temps où elle s'y tient, pendant toute une semaine, pour héberger des amis.
Alors, elle s'ingénie à les distraire. Le soir, on a le whist pour les vieux, la sauterie au piano pour les jeunes. Le matin, on a les lettres et les journaux, toujours attendus avec impatience. L'après-midi, on se promène, et on va voir passer le train, tout comme jadis, dans les châteaux de province, on allait attendre sur la grande route le passage de la diligence."
Lors d'une promenade le long de la voie ferrée, avec sa famille et des amis, la comtesse de Muire s'écroule victime d'une balle tirée d'un train. Balle perdue ou meurtre ? Qui aurait pu en vouloir à la comtesse ? -
René de Pont-Jest (1830-1904)
"La nuit était venue ; les bâtiments de tous pays qui sillonnaient la rivière des Perles n'y apparaissaient plus que comme des ombres fantastiques, au milieu du brouillard s'élevant des flots, après une journée torride ; les oiseaux faisaient entendre leurs derniers chants ; les lis fermaient leurs corolles ; les nénuphars se penchaient sur leurs tiges, en s'étendant sur les eaux, comme pour obéir, eux aussi, aux gongs de la pagode, qui avaient sonné la prière du soir et dit que le moment du repos était arrivé.
Cependant, sur la rive droite de ce grand fleuve, la seule voie de communication entre Macao et Canton, une villa, pleine d'animation et de lumières, faisait un contraste complet avec le silence et le calme qui régnaient sur les environs.
Un orchestre, composé, d'une centaine de musiciens, envoyait au loin ses notes joyeuses que redisaient les échos ; mille lanternes de couleur donnaient un aspect féerique aux superbes jardins dont l'habitation était entourée, et les détonations incessantes des pièces d'artifice, qui, après avoir décrit leurs sillons lumineux dans le ciel sans étoiles, retombaient au milieu des rizières, réveillaient d'innombrables couples de gros pigeons bleus qui s'enfuyaient à tire-d'aile.
Cette villa était la demeure du jeune Ling-Ta-Lang, ce qui veut dire : Ling enfant aîné. Il s'était marié le jour même, et la fête qu'il donnait en l'honneur de cet heureux événement ne semblait pas toucher à sa fin."
A Canton, dans la Chine impériale du XIXe siècle, Ling-Ta-Lang se marie avec la jeune Saule-Brodé. Mais la nuit de noce ne se passe pas comme prévu : Ling-Ta-Lang est retrouvé mort; Très vite, Saule-Brodé est accusée et arrêtée... Est-elle coupable ? -
Edgar Wallace (1875-1932)
"Il n'existait pas à Siangtan de maison identique à celle de Joe Bray. À cet égard, Joe était même unique en Chine, où tant d'originaux en dérive ont abordé depuis l'époque de Marco Polo.
La maison était de pierre et elle avait été conçue par un certain Pinto Huello, ivrogne, Portugais et architecte, qui avait quitté le Portugal dans des circonstances dégradantes et échoué, via Canton et Wuchan, dans cette ville immense et débraillée.
L'opinion admise était que Pinto avait dessiné ses plans après une nuit de délire dans un paradis de fumée et les avait corrigés dans une crise de remords. La transformation s'était opérée quand l'édifice était à moitié construit, si bien que la partie Nord, pareille à la Tour de porcelaine, représentait Pinto dans ses transports, et tout ce qui rappelait une pente au bord de l'eau marquait assez bien la période de réaction de l'excentrique Portugais.
Joe était grand et pourvu de multiples mentons, un colosse épris de la Chine, du gin et des longs rêves qu'il faisait éveillé. Il rêvait de choses merveilleuses et la plupart du temps irréalisables. C'était sa joie et ses délices de sentir que, de ce coin perdu du monde, il pouvait agir sur des leviers et aiguiller la destinée humaine vers de profonds changements.
Tel un Haroun-al-Raschid en état de somnambulisme, il se promenait, déguisé, parmi les pauvres, prêt à répandre de l'or sur ceux qui le méritaient. Seulement il ne découvrait jamais l'espèce de pauvres qu'il cherchait."
Que ne ferait-on pas, quand on est escroc sans morale et qu'on a besoin d'argent, pour entrer en possession d'un héritage promis par un vague cousin milliardaire et original vivant en Chine ? -
René Pujol (1887-1942)
"Paulette se dressa sur son séant et tendit l'oreille, car il se passait dans la maison quelque chose d'anormal. On courait dans le couloir, des coups sourds retentissaient à intervalles inégaux, et une voix étouffée répétait :
- Ouvrez, monsieur !... ouvrez !...
Quelques secondes suffirent à Paulette pour s'éveiller tout à fait. Elle sauta sur le tapis, et chercha ses mules dont une avait glissé sous le lit.
Une autre voix cria :
- Allez chercher un serrurier !...
Paulette rajusta son pyjama et donna un rapide coup de brosse à ses cheveux courts. C'était une belle jeune fille blonde, ayant à peine dépassé vingt ans. De grands yeux gris éclairaient son visage, sous l'arc parfait des sourcils admirablement dessinés. Avec son petit nez légèrement retroussé, sa bouche gourmande, elle avait un air à la fois puéril et très féminin.
Avant de sortir de sa chambre, Paulette regarda machinalement la pendule. Dix heures. Elle se levait habituellement beaucoup plus tôt, mais la veille, après une représentation de Lohengrin à l'Opéra, elle était allée souper à Montmartre avec sa tante, son oncle et des amis.
Au bout du couloir, devant la porte de la salle de bains, quatre domestiques étaient groupés. Il y avait là le maître d'hôtel Pierre, les deux femmes de chambre Léontine et Maria, et le chauffeur Gaston. C'était ce dernier qui heurtait obstinément le panneau en disant :
- Ouvrez, monsieur !... ouvrez !..."
M. Dauterive est retrouvé mort enfermé dans sa salle de bain ; son épouse est inconsciente dans un placard et ne se souvient de rien. L'affaire est confiée à M. Fringuet, un vieux policier plutôt peureux et secondé par M. Marmoussaille aussi fort que bête. M. Fringuet arrivera-t-il à dénouer les fils de cette étrange énigme ?