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Klincksieck
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La Genette : Petite biographie d'une furtive
Yann Liotard
- Klincksieck
- De natura rerum
- 7 Mai 2025
- 9782252048702
Certains animaux, oubliés du grand public, semblent tout droit sortis d'un bestiaire fabuleux. La genette en fait partie. Habitante discrète des campagnes, elle intrigue par son apparence composite : la souplesse d'un chat, les oreilles d'un fennec, les taches d'une panthère, la queue d'un lémurien. Elle ondule comme un serpent, se dresse en sentinelle tel un suricate. Insaisissable, elle échappe aux regards, se dérobe avant même qu'on la surprenne. Ce livre est une quête. Celle d'un petit prédateur que Yann Liotard n'a lui-même jamais vu, mais qu'il piste en amateur éclairé, à travers les lettres et les arts. De l'Afrique à l'Ardèche, d'Hérodote à Gérard Genette, de la tapisserie de la Dame à la licorne aux timbres-poste des années 1980, il suit ses traces à distance, là où elle laisse son empreinte dans l'imaginaire. Car la genette, tout occupée d'elle-même, ne se laisse approcher qu'en restant à l'écart. Elle nous apprend ainsi à porter un regard neuf sur le monde naturel, à le réenchanter.
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Il mesure dix-huit à vingt centimètres sans la queue dont la longueur est sensiblement égale à celle du corps. Ce rongeur prolifique est doté d'une intelligence aiguë et d'une détermination singulière à résister, à survivre, à s'infiltrer. À la campagne, en ville, au-dessus de nos têtes, sous nos pieds... il est partout. Et quoi que nous fassions pour l'éliminer, il revient toujours. Ainsi, le rat est devenu notre meilleur ennemi. Notre frère de l'ombre. Notre bête noire. Après s'être immiscé dans nos sous-sols et avoir pris possession de nos maisons, le voilà qui investit notre maison intérieure : la psyché. Ce double agaçant et rebelle, qui nous fascine autant qu'il nous effraie, nous invite à explorer le dédale de notre inconscient et à renouer avec cette part animale que nous préférons étouffer. Et si nous mettions nos angoisses en veille pour aller à la rencontre du rat-Minotaure ? À défaut de nous perdre tout à fait, nous finirions peut-être... par nous trouver.
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La sagesse vient de l'ombre ; dans les jardins de Sicile
Édith de La Héronnière
- Klincksieck
- De natura rerum
- 12 Mai 2017
- 9782252040959
L'oeuvre littéraire d'Édith de la Héronnière a pour terreau la pratique d'un art majeur : celui de l'« égarement ». En s'égarant, on risque bien moins de se perdre que de rencontrer. Et lorsqu'on se trouve en Sicile, ce sont les jardins qui surgissent, ahurissants d'aspect et de tons, au beau milieu des chemins titubants de chaleur.
Édith de la Héronnière nous conduit ici au coeur des mythiques jardins siciliens, ancrés dans une histoire lointaine au parfum oriental. Ces oasis, à la flore si riche en espèces, en couleurs, en odeurs, ont souvent quelque chose d'un peu fou, à l'image du labyrinthe de Donnafugata où l'on peut se perdre à jamais.
Le point commun de tous ces jardins est sans doute l'exubérance créatrice. Derrière les clôtures, la nature n'a pas seulement fait germer le génie botanique ; elle a aussi produit le génie poétique et littéraire. Car nous sommes sur les terres de Lampedusa ou de Lucio Piccolo, et dans les pas de Goethe ou de Dumas. Sous les ficus géants, pétrifiés de soleil, s'étale l'ombre de la mort avec laquelle les Siciliens ont très lentement, note après note, composé une sorte d'« hymne au silence », chantant ainsi leur singulière sagesse. -
Une Conque à l'oreille : Ode aux trésors minuscules
Nicolas Deleau
- Klincksieck
- De natura rerum
- 6 Septembre 2024
- 9782252047835
« Tu aimes le voyage, lecteur. Puissent ces petites chroniques t'y inviter ; les objets qui en nourrissent les histoires jalonnent les chemins de traverse. Et puisses-tu, en refermant ce livre, te laisser vivre toute une journée, en regardant par ta fenêtre le monde qui va, ou cette lèpre sur tel muret délité, qui ressemble a une tête d'oiseau ; noter qu'a l'heure ou le soleil se lève flotte dans l'air une odeur de poisson ; observer comment tournent les a-plats d'ombre portés sur les murs de l'immeuble, en face, par les saillies des terrasses et des balcons. Quelque chose, alors, aura été gagne. »
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Les Fleurs animées : la botanique des dames ; l'horticulture des dames
Alphonse Karr
- Klincksieck
- De natura rerum
- 4 Octobre 2024
- 9782252047873
« Le temps des fleurs est arrivé ! » affichait-on dans les rues de Paris au milieu du XIXe siècle. Imaginées par une joyeuse troupe de journalistes polymathes entre 1846 et 1847, Les Fleurs animées venaient d'éclore. Elles n'ont pas fané depuis. Composite comme un bouquet de choix, notre nouvelle édition intégrale en deux volumes rassemble des textes d'un genre varié, tantôt fantasmagoriques, tantôt pratiques, qui invitent à mieux connaître les fleurs, qu'elles soient champêtres ou parquées, sauvages ou domestiquées. Une chose est sûre, elles sont adorées ! Et introduites avec une tendresse teintée d'humour par l'auteur du Voyage autour de mon jardin, Alphonse Karr. Un premier volume, mis en récit par Taxile De-lord, conte les historiettes d'une troupe de fleurs devenues femmes. Le célèbre caricaturiste Jean-Jacques Grandville donne vie à cet enchantement végétal, à travers une cinquantaine de planches admirables de poésie et d'esprit, où vous pourrez admirer Pensée, Violette, Tournesol, Lys et Coquelicot. Dans un second volume, le comte Foelix, un des pseudonymes de Louis-François Raban, propose un manuel aussi pratique que distrayant pour initier à la botanique et à l'horticulture. Rosalie de Constant, brillante naturaliste des Lumières, donne vivacité et profondeur aux espèces cueillies.
Notre édition illustrée s'appuie sur celle de Garnier Frères datant de 1867, dont elle reprend les gravures de J.-J. Grandville, auxquelles nous avons ajouté une sélection issue des planches de l'herbier de Rosalie de Constant. Elle est revue, annotée et préfacée par Audrey Dominguez. -
La vie secrète des rapaces nocturnes
John Lewis-Stempel
- Klincksieck
- De natura rerum
- 2 Février 2024
- 9782252047460
La nuit venue, nos bois se remplissent de hululements. Qui n'a pas réprimé un léger frisson en les entendant ? Ne fermez pas vos volets trop vite cependant. Au dehors, une vie nocturne parfois cruelle, toujours fascinante, se déroule. Y règnent en maîtres des rapaces aux yeux perçants et aux serres implacables. John Lewis-Stempel, fermier britannique devenu un des écrivains naturalistes les plus talentueux de sa génération, nous raconte leur histoire. L'histoire familière d'espèces que nous croisons dans nos campagnes, au détour d'une balade en forêt ou dans un grenier à l'abandon : chouettes hulottes et chevêches, hiboux moyen-duc, effraies des clochers,... Depuis la Préhistoire, nous leur prêtons des noms et des attributs variés ; les poètes piquent leur inspiration plume à plume sur leur large tête plate. Illustré par le célèbre ornithologue John Gould, la galerie de portraits tantôt fantomatiques tantôt attachants que nous convie à explorer John Lewis-Stempel déploie les facettes méconnues d'un des animaux les plus populaires du monde vivant.
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Les fleurs parlent. Leur langage original permet de dire, sans un mot, l'amour, l'amitié mais aussi le désespoir, le regret, et bien d'autres sentiments. Cet ingénieux mode d'expression fut véritablement codifié au XVIIe siècle en Perse, où l'arrangement symbolique d'un bouquet (sélam), discours de parfums et de couleurs mêlés, formait une sorte de message secret. Diffusé en Europe par la vague romantique, ce langage fleuri devient un genre littéraire prisé : plusieurs dictionnaires et guides de conversation florale paraissent alors.
Le plus célèbre est Le Langage des fleurs.
Charlotte de La Tour nous guide au fil des mois et des saisons à la découverte des fleurs.
Elle nous dévoile les secrets de leurs significations en une passionnante narration, où légendes et textes anciens les mettent en scène. Chaque fleur est méticuleusement décrite : des couleurs complexes de sa robe à son parfum, en passant par les caractéristiques de son mode de vie.
Richement illustré, ce classique de l'expression florale est l'ouvrage le plus poétique qui soit pour savoir précisément quelles fleurs offrir ou décrypter le message caché derrière un bouquet.
Publié en 1819 par Aimé Martin sous le pseudonyme de Charlotte de La Tour, Le Langage des fleurs sera réédité jusqu'en 1827, puis, à nouveau en 1844, toujours sous le même pseudonyme mais cette fois par Louise Cortambert, femme du célèbre géographe. Durable best-seller, il fera l'objet de plus de vingt-six éditions. -
Après la sidération du premier confinement, Paule Marie Duquesnoy entame son journal dans un coin de campagne corrézienne, celui qui l'a vue naître et ses aïeux aussi. Un an durant, non loin de son jardin où elle nomme avec soin pensées et rhododendrons, la sauvagerie stagnante du marais du Brezou lui sert d'exutoire. Magie ou maléfice de ses eaux troubles, il dilue les dates, confond l'actualité et les souvenirs. En promenade avec Paule Marie Duquesnoy, on ne se soucie que des saisons. On pouponne du regard de jeunes hérons, on contemple les lames vertes des iris, on s'étourdit du ballet des araignées d'eau, on fléchit dans la brise comme fanent les berces.
À travers une langue d'une poésie diffuse, les journées suspendent un fil humide entre la femme et l'enfant, entre les gracieuses libellules et les anneaux de Saturne, entre la Corrèze et la Corée. À chaque contemplation de la nature son échelle, profondément humaine : minuscule ou astronomique, vibrante ou statique. -
La rose secrete ; les histoires de Hanrahan le Roux
William Butler Yeats
- Klincksieck
- De natura rerum
- 5 Avril 2024
- 9782252047514
Cité parmi les plus grands poètes du xxe siècle, William Butler Yeats s'est frayé un chemin envoûtant dans le folklore irlandais, pavé de contes intemporels qui mêlent la prose à la poésie. Dans ces contrées où les roses cultivent leur secret, on croise des pendus qui chantent face à des moines vengeurs, des amoureux maudits et des hommes-oiseaux, des chevaliers oubliés et des magiciens aux mains de bruyères. On croise aussi Hanrahan le Roux, « maître d'école en plein air », poète à la langue vive condamné à vagabonder, intranquille et à demi-fou, après avoir déçu les avances d'Echtge des montagnes, une divinité endormie veillée par les grandes Sidhes. Les Sidhes, sentinelles surnaturelles et ambivalentes, sont issues des légendes gaéliques médiévales. Elles veillent dans la pénombre des forêts, des montagnes et des lacs. Elles ont choisi Yeats comme messager. Là réside sans doute la magie de ces récits qui, dans leur évocation d'une nature pleine de métamorphoses et de mystères, font briller à nouveau les lueurs animistes de nos origines.
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Le vrai mystere des champignons - illustrations, noir et blanc
André Dhôtel
- Klincksieck
- De natura rerum
- 9 Septembre 2022
- 9782252046913
Comme le dit un judicieux personnage de Mark Twain, M. Tête de Pudding, un chou-fleur c'est simplement un chou qui a été au collège. Sa monstruosité s'explique par un excès d'éducation, mais c'est bien d'avoir une explication si poussée soit-elle, car nous avons ainsi l'heureuse satisfaction d'expliquer comment le chou-fleur en est venu à ce point. Or les champignons n'ont aucune éducation. Leurs formes affirment une méconnaissance totale de tout usage. Ils ne sont même pas monstrueux. Ambigus et radieux, ils tournent en dérision les plus élémentaires principes. S'ils se pourvoient de ce que l'on appelle un pied et un chapeau, chaque espèce, sur ce thème d'une pauvreté remarquable, s'ingénie à des variations dont la gratuité confine à l'insolence.
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Le renard et autres étreintes mortifères
David Herbert Lawrence
- Klincksieck
- De natura rerum
- 20 Octobre 2023
- 9782252047408
« Baissant les yeux, elle vit soudain le renard qui la regardait, le menton baissé, les yeux levés sur elle. Ils se rencontrèrent et il la posséda. Envoûtée, elle sut qu'il la possédait. Il la regardait au fond des yeux, et son âme défaillait. Il la connaissait, il n'avait pas peur. Elle lutta, revint confusément à elle, et le vit qui filait, bondissant lentement, avec insolence, au-dessus des buissons. Puis il jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule et s'esquiva en silence. Elle aperçut sa queue touffue, lisse comme une plume, l'éclat de son arrière-train blanc, puis plus rien : il avait disparu, aussi rapide que le vent. » D.H. Lawrence
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Le chant des haies : flore et faune des lisières
Jean de Bosschère
- Klincksieck
- De natura rerum
- 7 Avril 2023
- 9782252047293
Jean de Bosschère, dont l'oeuvre atteste à la fois la connaissance profonde et l'amour de la Nature, est un des maîtres dans l'art de découvrir et de décrire le mystère des choses animales et végétales.
Voici la haie vive : monde secret, fourmillant d'êtres dont elle est le refuge, l'abri, le garde-manger. Le naturaliste l'observe, il l'espionne, pourrait-on dire, dès l'aurore, guettant les premiers bruits du réveil, cris, chants qui se mêlent dans un tout harmonieux. Voici le pic, chasseur de vers et de larves, voici les derniers attardés, la chouette et l'effraie...
Les saisons passent sur la haie. La Voie Lactée printanière est une longue et lumineuse traînée de fleurs. Les insectes peu à peu fourmillent : hanneton, cantharide, grillon. Voici les parfums : églantine, muguet, sureau, tilleul ; les parures : liseron, chèvrefeuille, clématite.
Les chenilles apparaissent, mais aussi les papillons. Comme il a amoureusement décrit la fleur, l'oiseau, le scarabée et l'escargot, Jean de Bosschère s'attarde aux merveilles du vanesse, du paon de jour, du machaon. La haie offre ses bouquets : violette, campanule, digitale ; elle est faite d'arbres aussi : charme, érable, cornouiller. La nuit, c'est le règne de la belette et de la chauve-souris.
L'automne transforme la haie en buisson ardent. Les fruits de l'églantier, de l'alisier, du fusain bonnet-de-prêtre revêtent les branches d'écarlate.
Une à une, toutes les plantes sont décrites avec leurs habitats, leurs moeurs, leurs vices et leurs vertus. Tous les oiseaux, tous les insectes et le comportement particulier de chaque espèce ; aucun être végétal ou animal n'est oublié, et des dessins aussi gracieux qu'exacts illustrent ces pages où la poésie ne le cède qu'à la science. -
La prairie ; la vie privée d'un champ anglais
John Lewis-Stempel
- Klincksieck
- De natura rerum
- 13 Mai 2022
- 9782252046616
De loin, un champ a l'air d'un seul tenant ; mais de près ? Que se passe-t-il vraiment dans l'herbe haute ? En apparence, La Prairie est un simple journal : de janvier à décembre, John Lewis-Stempel raconte le passage des saisons, des renoncules au printemps à la coupe des foins en été et au pâturage en automne. Il dévoile les vies des animaux qui habitent l'herbe et le sol : le clan des blaireaux, la famille des renards, la garenne des lapins, la couvée des alouettes des champs et le couple de courlis, entre autres. L'histoire de leur naissance, leur vie et leur mort est une biographie intime de la vie animale. Rapprochez-vous encore un peu, suivez les phrases ciselées de Lewis-Stempel et vous vous apercevrez, par exemple, que ce qui paraît plat ne l'est pas vraiment, que ce qui paraît petit est grand et ce qui paraît un est multiple. En d'autres termes, vous vous apercevrez que la prairie qui enchante le regard - et l'estomac des moutons - est, à elle seule, un monde. « Je ne vous parlerai que de ce que l'on ressent quand on travaille et qu'on observe un champ auquel on est lié depuis toujours. Tout essai de rationalisation... est inutile », nous aura avertis Lewis-Stempel.
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Quand Virginia Woolf, aussi fascinante et au venin aussi meurtrier que cette horreur, la vipère du Gabon (Bitis gabonica) la mord au coeur en lui disant qu'elle « écrit de l'extérieur », sous-entendu qu'il vaudrait mieux qu'elle fasse autre chose, Vita Sackville-West aurait pu répondre qu'elle, Virginia, ne connaissait rien au jardinage, occupation aussi meurtrière si on la conçoit comme un des Beaux-Arts. Elle ne le fit pas, sans doute parce qu'elle était trop blessée, trop généreuse et - même si c'est démodé - trop bien élevée pour faire ce genre de répartie. Il suffit de lire ce petit livre, musical comme un jardin anglais, pour retrouver à la fois l'artiste et la jardinière, c'est-à-dire aussi bien des images de rêve que des conseils pratiques à toutes celles (tous ceux) qui ont, ou qui désirent avoir la main verte. Rimbaud le savait : « La main d'un maître anime le clavecin des prés » - P.R.
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Cent et un pétales pour une rose
Séverina Lartigue
- Klincksieck
- De natura rerum
- 8 Septembre 2023
- 9782252047385
Séverina Lartigue est parurière florale depuis plus de vingt-cinq ans. Elle crée des fleurs de soie aux pétales en forme de coquille ou de coeur, pareilles à des bijoux de conte de fées. Importé d'Italie où on l'exerçait depuis un temps immémorial, ce beau métier est répertorié, en France, dès le milieu du XVIIIe siècle. Séverina Lartigue, qui a d'abord été maquettiste en volume, mosaïste d'art, pépiniériste et paysagiste, est l'un des très rares artisans à être aujourd'hui dépositaire, comme une magicienne, d'un savoir-faire sans âge, insolite et unique. Dans ce livre irrigué par le lyrisme exaltant de cette créatrice et par sa passion pour la botanique, son amour pour ses filles et quantité de rencontres aussi affectueuses que fécondes, elle retrace son parcours exemplaire tout en évoquant les voyages qui l'ont inspirée, de la Côte d'Ivoire au Japon en passant par la Grèce. Avec délicatesse et éloquence, Séverina Lartigue nous confie les ressorts d'un métier où se sont conjugués ses multiples talents, dans une singulière harmonie, au profit d'une idée sereine de la beauté comme antidote aux vicissitudes d'un monde extravagant qui court à sa perte. Dans la grande tradition du poète et designer William Morris, cette femme extraordinaire et attachante est parvenue à hisser l'artisanat au rang d'un art majeur.
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Qu'est-ce qui s'imprime dans la prunelle, laissant une marque indélébile, à la lecture de ces contes : l'herbe longue des pampas, ondulant comme la mer à perte de vue, l'ombre gigantesque du feuillage de l'Ombú abritant les paroles du vieux Nicandro déroulant ses souvenirs : la balle tirée à bout portant par le maître des lieux, l'intraitable Santos Uguarte sur son esclave préféré, Meliton, le calvaire de Monica devenue folle à la révélation de la mort de son promis, le cheval-pie de l'étranger, tué par accident, le jour du marquage des bestiaux, les manigances de l'invisible Niño Diablo qui entend dans la plaine des bruits qu'il est seul à entendre ? Le rire strident des sorcières, la nuit, très haut dans le ciel, au-dessus de la pampa ou les cris terrifiants « qu'aucune âme humaine ne pourrait supporter », à l'instant où Marta Riquelme, accablée par la vie, se transforme en Kakué, l'oiseau des âmes infortunées ?
Au dire de ses amis londoniens, William Henry Hudson (1841-1922) qui « écrivait comme l'herbe pousse » (Conrad) ressemblait « à un faucon sur le point de s'envoler » (Garnett) ou à « un aigle du jardin zoologique, noble, mélancolique étranger, survolant en pensée les pampas Argentines » (Masshingham). Ornithologue de grand renom, prêt à tout moment à devenir oiseau, ses oeuvres complètes comprennent vingt-quatre tomes. -
L'oeil du chat : l'ultime bête noire
Julie Delfour
- Klincksieck
- De natura rerum
- 3 Mars 2023
- 9782252047040
Le chat s'est attelé à nous faire accepter le paradoxe sur lequel se fonde notre relation : faire ami-ami avec un fauve. Exerçant son emprise sur notre esprit, il en a percé les couches les plus profondes et a reprogrammé notre cerveau. Et nous voici sous influence, ensorcelés par son sourire qui, tel celui du chat du Cheshire, flotte encore longtemps dans l'air quand tout le reste s'est évaporé. Par un brillant tour de passe-passe, ce prestidigitateur de génie a réussi à prendre le pouvoir et à étendre son empire en nous faisant oublier qu'il était un prédateur et que nous devions en avoir peur. Du jour où nous l'avons laissé entrer, s'infiltrant par les toits, poussant les portes, se coulant par les chatières, il a dérobé les clés de notre âme. Il s'est installé de la cave au grenier, s'étalant, si possible, au centre du canapé. À peine a-t-on eu le temps de déceler sa présence qu'il nous a presque déjà croqués...
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À la recherche du temps perdu de Marcel Proust a rendu internationalement célèbre le nom de Ruskin. Mais l'image ainsi donnée de son oeuvre est biaisée, car John Ruskin (1819-1900) n'était pas qu'un spécialiste de Turner ou de l'architecture gothique.
Sa science s'étendait à la géologie, à l'histoire naturelle ou à l'économie politique. Le nombre de ses travaux, dans ces domaines également, est considérable.
Ces Écrits naturels réunissent, pour la première fois en français, quatre conférences d'histoire naturelle, dans lesquelles l'érudition prodigieuse de Ruskin s'allie à une verve humoristique déconcertante. Qu'il retrace le mythe d'Arachné, qu'il discoure sur le rouge-gorge, le crave à bec rouge ou sur les serpents, Ruskin se laisse entraîner par des réflexions beaucoup plus vastes, plus profondes, et toujours insolites. Un regard unique sur la nature, à découvrir de toute urgence. -
Le troisième animal : naissance de la bete noire
Julie Delfour
- Klincksieck
- De natura rerum
- 26 Mai 2021
- 9782252045596
Les animaux dits « nuisibles » ne cessent d'alimenter des polémiques sans fin. Chaque partie possède de bons arguments (du moins recevables) mais si l'impossible consensus échappe, c'est que les « bêtes noires », sujets des débats, échappent elles-mêmes... Dans cet essai magistral, où l'auteure retrace l'histoire ancestrale du rapport si complexe entre l'homme et l'animal sauvage, on comprend la raison pour laquelle l'espoir d'une telle concorde juridique et sociétale est chimérique : c'est que le « troisième animal », selon l'heureuse expression de Pierre Michon, est par nature insaisissable. La haine que l'homme voue depuis toujours aux carnassiers (fouines, putois, loups, renards, etc.), ces êtres que l'Histoire a peints en rouge et noir (le sang et le poison), exprime d'abord la terreur suscitée par « le Sauvage ». Derrière les combats bruyants relayés par la lumière des médias, il y a l'espace poreux de la « bête noire » où se déroule une vie honnie : activité secrète, silencieuse, nocturne, rapines, meurtres furtifs... Julie Delfour nous fait comprendre, en fin de compte, que la meilleure connaissance du troisième animal se trouve dans certains polars. Ensuite seulement, on pourra se (re)mettre à discuter calmement.
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Les guetteurs d'ombres : face à la bête noire
Julie Delfour
- Klincksieck
- De natura rerum
- 16 Septembre 2022
- 9782252046920
Tout au long du processus de civilisation, l'homme n'a cessé de vouloir gommer la part d'ombre ; d'effacer ce chemin qui l'a conduit de l'état animal à l'état humain. Pourtant, et bien qu'il en ait souvent peur, il conserve cette nostalgie de l'ombre. Il aspire à se raconter des histoires noires... et à affronter le Sauvage. Se mesurer à la bête offre la possibilité d'une page à écrire, d'une relation à inventer. Grâce à elle, il ne renonce pas tout à fait à ses racines. Il hésite : toujours se civiliser davantage ou ne pas oublier son noyau d'obscurité ?
Du fond des cavernes, le troisième animal observe encore l'homme moderne comme il observait jadis le chasseur primitif. Drapé dans ses incertitudes, il nous invite à ne jamais cesser de rêver. Et vient nous rappeler que nous restons, malgré nous, des guetteurs d'ombres. Il est ce gardien du rêve dont les yeux continuent de briller dans l'obscurité, dont les oreilles restent perpétuellement à l'écoute, attentif au moindre de nos mouvements. Il est ce voleur de feu qui montre le chemin de la liberté. -
« Là, sur cette rive perdue, le berger nu à mes côtés, écoutant alentour les cris spectraux des oiseaux d'eau aux longues pattes, au long bec, écoutant l'eau clapoter sinistrement comme la langue d'un lion repu contre la rive perlée, je sentis que, même si j'étais submergé plus tard par la vulgarité du monde moderne, celui des voitures, des usines, des téléphones et des "cinémas", je ne pourrais jamais oublier qu'un jour - un certain dimanche après-midi - j'avais contemplé une partie de la Terre où demeuraient des traces évidentes du formidable génie créateur de Dieu. J'avais l'impression d'être le premier mortel qui, errant loin du berceau asiatique de sa race, avait eu le privilège, en levant la tête, de scruter les noirs secrets de ce continent immense si longtemps inviolé, seulement dérangé par la présence de fabuleux sauriens flânant et s'ébattant sous le soleil solitaire de l'équateur. » Llewelyn Powys
Sont ici réunis les récits africains de Llewelyn Powys écrits lors du long séjour qu'il fit au Kenya pour aider son jeune frère Willie, le benjamin de la famille, à la ferme qu'il avait acquise. Y apparaissent en pleine lumière, la vulgarité, la rapacité et la cruauté des sujets de Sa Majesté, décuplées par le soleil qui flambe et attise les pulsions, tandis que rôdent les bêtes de proie, que rugissent les lions et que se déchaînent les éléphants de la vallée du Grand Rift. -
Splendeurs de l'araignée
Dominique Jacobs
- Klincksieck
- De natura rerum
- 12 Septembre 2018
- 9782252041819
Si vos tripes se nouent au seul mot d'araignée, si vous hésitez entre indifférence, répulsion et attirance, si vous êtes mortifié(e) d'avoir peur, alors acceptez de regarder en face un animal dérangeant, peu communicant, il est vrai, mais sujet exceptionnel pour la recherche scientifique et l'inspiration artistique. Comptines, fables, peintures, ballets, bijoux lui doivent nombre d'oeuvres. Essayez seulement de trouver une chanson enfantine sur le cloporte... Quand on enlève le grappin des pattes, il ne reste pas grand-chose, juste un corps pas plus gros que celui d'une grosse mouche, dodu, habillé de velours comme un ourson. Mais les pattes, qui lui permettent de foncer plus vite qu'un rat, donnent à la bestiole une dégaine aussi admirable que terrifiante. Donc, la phobie des araignées tiendrait à l'organisation de la bête plutôt qu'à la peur de la morsure : sa tournure elle-même trouble et fait peine à voir. Allons, du courage ! Elle ne tue que ce qu'elle peut manger, certainement pas vous, ce qui vous laisse le temps de lire l'hommage que j'ai voulu rendre à une bête singulière.
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J'ai découvert les libellules un jour très précis à une heure non moins précise. D'où m'est venue cette fascination, je ne saurais le dire, elle est aussi ancienne que moi, je pense bien que nous sommes nés en même temps. La passion est la seule attitude d'esprit, la seule forme d'engagement qui puisse ouvrir à la compréhension de ce qui se montre, dans quelque domaine que ce soit. Mais pourquoi les libellules ? Je renonce à répondre, évidemment, le philosophe que je suis rend les armes, non je ne parviendrai pas à argumenter de telle sorte que je puisse démontrer la supériorité des odonates sur les autres insectes. L'horizon de sens d'un groupe animal est comparable à une langue, qui saisit le monde d'une manière déterminée. Il fallait tenter d'écrire le dictionnaire et la grammaire de cette langue magnifique : le libellulien, que parlent couramment ou en rêvassant les ruisseaux et les rivières, en dormant les mares et en frémissant les lacs. Les quatre-vingt-douze espèces du territoire métropolitain sont décrites et inscrites dans une grande clé de détermination au fonctionnement inédit, inventé, affiné et perfectionné durant des années d'observations.
Les planches de Vanessa Damianthe sont bien plus que des illustrations, elles donnent une présence réelle par représentation aux libellules. -
Des hommes qui aiment les plantes
Stefano Mancuso
- Klincksieck
- De natura rerum
- 21 Septembre 2016
- 9782252040379
Ce livre relate les vies exemplaires, les anecdotes et les recherches de quelques hommes naturalistes, botanistes, généticiens, philosophes et explorateurs qui ont révolutionné notre idée du monde végétal.
Cinq siècles de stupéfiantes découvertes botaniques. Charles Darwin et l'orchidée de Madagascar qui ne peut être pollinisée que par une seule espèce de papillon ; la théorie fondamentale du savant anglais sur la fécondation croisée et sur l'évolution des plantes ; Federico Delpino qui a étudié la collaboration entre végétaux et fourmis ; les observations de Léonard de Vinci sur la disposition adoptée par les feuilles pour capter la lumière solaire ; la découverte de l'Amorphophallus titanum par Odoardo Beccari à Sumatra ; l'histoire tragique de Nikolaj Ivanovic Vavilov qui, en cherchant à sélectionner en laboratoire un super-blé capable de nourrir des millions de Russes, préservera la diversité des plantes mais mourra de faim dans une prison soviétique. Et encore, le génie de Marcello Malpighi ; l'invention de la génétique végétale par l'abbé Mendel ; la vie extraordinaire de George Washington Carver, premier Noir américain diplômé, et la ténacité de Charles Harrison Blackley cherchant la cause du rhume des foins.
Traduit de l'italien par Gérard Marino.
Portraits de Vincent Rio.