Dans l'histoire humaine, la fabrication des images atteste une persistance et une continuité au moins égales à celles de la «question de soi», que l'homme n'a jamais cessé de se poser. Pourtant, une science générale de l'image nous fait encore défaut, qui saurait rendre compte de cette unité symbolique fondamentale de l'activité humaine.
Parallèlement à l'histoire de l'art et aux disciplines intéressées par les dispositifs techniques de production et de transmission des images, la perspective anthropologique en est une vision ouverte, qui met au jour des correspondances dans le temps et l'espace, révèle des affinités inaperçues entre les productions iconiques les plus anciennes du genre humain et celles qu'on s'est peut-être empressé trop vite de dire «nouvelles», images numériques ou représentations élaborées par l'imagerie scientifique.
Hans Belting met ici ses réflexions à l'épreuve de divers types d'images, prélevées au fil de l'histoire humaine, depuis les images du culte des morts de l'Antiquité jusqu'aux images «virtuelles» contemporaines, en passant par la photographie, la théorie de l'ombre chez Dante ou l'analyse de la rivalité qui opposa quelque temps, à l'aube de l'humanisme et de l'émergence du sujet, blason et portrait.
Entre septembre et novembre 2014, Bettina Rheims, encouragée par Robert Badinter, photographie des femmes incarcérées au sein de quatre établissements pénitentiaires français. Cette série intitulée «Détenues» rassemble plus d'une soixantaine de portraits, reproduits dans cet ouvrage.
Ce travail photographique s'inscrit pleinement dans le cadre des recherches que mène Bettina Rheims depuis plus de trente-cinq ans en explorant de multiples angles et territoires, en questionnant les conventions et les a priori pour interroger la construction et la représentation de la féminité. Après avoir photographié ses modèles, célèbres ou inconnues, dans des lieux fermés, souvent exigus, Bettina Rheims a souhaité aller à la rencontre de femmes contraintes à vivre dans ces lieux de privation de liberté pour essayer de comprendre leur quotidien, de quelle manière elles imaginaient leur féminité loin des leurs, dans des conditions matérielles difficiles. Pour les séances de pose, chaque établissement a mis à disposition une pièce qui est devenue le temps du projet un studio improvisé. Chacune des modèles avec l'autorisation préalable de l'administration pénitentiaire et celle du juge d'application des peines, s'est présentée au studio. Pour se faire coiffer et maquiller si elle le désirait. Retrouvant ainsi un peu de cette estime de soi, bien souvent égarée dans ces lieux de détention où rien n'est fait pour elles. Le texte «Fragments» est une fiction construite à partir de souvenirs de ces rencontres. Le récit d'une attention davantage portée sur les émotions suscitées par ces femmes que sur des propos qui auraient été entendus.
L'exposition Icônes de l'art moderne sera présentée à la Fondation Louis Vuitton de Paris du 21 octobre 2016 au 20 février 2017. Cet événement historique réunit pour la première fois à Paris les principales oeuvres de la collection de Sergueï Chtchoukine conservées au musée de l'Ermitage à Saint- Pétersbourg, et au Musée Pouchkine à Moscou.
La collection Chtchoukine est essentiellement dédiée aux plus novateurs des artistes français fondateurs de l'art moderne, appartenant principalement à la scène parisienne pour la période 1890-1914, tels Cézanne, Gauguin, Van Gogh, Monet, Renoir, Degas, Rousseau, Derain, Matisse et Picasso.
Ces chefs-d'oeuvre furent aussi une source d'inspiration pour les artistes des avant-gardes russes. Grâce au soutien de la Galerie Tretyakov et d'autres grandes institutions, l'exposition esquissera les termes d'une confrontation entre les principaux protagonistes du xxe siècle autour d'enjeux artistiques et esthétiques majeurs pour l'histoire de l'art de l'époque.
Le catalogue de l'exposition est élaboré en collaboration avec les équipes scientifiques de l'Ermitage et du musée Pouchkine comme avec des experts français et russes. Il permettra de découvrir la collection, son origine et sa place dans le monde de l'art pour la période 1890-1914. En plus des 160 oeuvres de la collection présentées dans l'exposition et reproduites en grand format, le catalogue proposera un inventaire général de la collection Chtchoukine (278 numéros) et restituera pour chaque oeuvre les éléments documentaires historiques et descriptifs. Enfin, une chronologie de la vie de Serguei Chtchoukine, ainsi qu'une anthologie des grands textes théoriques ou critiques, témoigneront de la réception de la collection en Russie. Afin de contextualiser la présentation de ces chefs-d'oeuvre, de grands dépliants reproduiront les photographies du palais Troubetzkoi ou elles étaient exposées.