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Flammarion
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Né en 1854, Arthur Rimbaud est entré dans la légende comme l'insurgé de la poésie moderne. Puis il a disparu, tirant un trait définitif sur ses écrits avant même d'avoir atteint la majorité.
"L'homme aux semelles de vent" deviendra tour à tour négociant, explorateur ou trafiquant, indifférent au sort de l'oeuvre géniale qu'il avait créée.
Biographe exigeant, Claude Jeancolas a rassemblé une documentation rare et abondante pour retracer cette vie d'Arthur Rimbaud. Il a mis ses pas dans ceux de l'adolescent prodige né à Charleville au sein d'une famille de la petite bourgeoisie française. Il a traqué dans chaque revirement et dans chaque paradoxe la rigueur d'un parcours existentiel à la logique implacable.
Dans un passionnant travail de contextualisation, Jeancolas suit le jeune homme dégingandé, si proche, si dur, parfois si sensible, les cheveux ébouriffés, le regard fixé sur un horizon idéal ; le biographe nous guide à travers sa scolarité à la fin du Second Empire, sous l'occupation prussienne des Ardennes, puis dans le Londres des communards en exil ou l'Afrique de la conférence de Berlin. Il fait revivre son aventure avec Verlaine, autre icône de la poésie, et interroge la relation ambiguë entre la mère et le fils dans l'ombre du père disparu. Des brumes de la Meuse aux enfers des déserts dankalis, de la passion amoureuse aux lettres désespérées d'Aden, c'est une seule et même vie, cohérente, intime, que le lecteur découvre ici. -
Enver Hoxha, qui a dirigé l'Albanie marxiste-léniniste de 1944 à sa mort en 1985, échappe à toutes les classifications. Dans ce petit pays des Balkans à l'histoire tourmentée, il a théorisé et mis en oeuvre un totalitarisme qui n'a aucun équivalent dans le monde, où l'absurde côtoyait les pires exactions.
Rares sont les historiens à s'être intéressés à la personne et à la déraison de ce tyran atypique. Dans cet essai biographique, Bertrand Le Gendre renouvelle le regard porté sur lui en retraçant pas à pas son itinéraire, sa vision du monde et sa pathologie.
Le « camarade Enver » se méfiait de tout et de tous. Il a rompu successivement avec la Yougoslavie du maréchal Tito, avec l'URSS poststalinienne puis avec la Chine de Mao Zedong. Barricadé derrière des frontières hermétiquement closes, il ne s'estimait en sécurité que seul au monde, reclus dans un pays exsangue, fermé à toute modernité.
Ce livre s'emploie aussi à expliquer le soutien dont Hoxha a bénéficié en France de la part de militants maoïstes, de personnalités hors partis et de « touristes politiques », étudiants pour la plupart, en quête durant leurs vacances d'été d'un modèle de société idéale. En 1991, lorsque l'Albanie en a fini avec le communisme que ces derniers encensaient, elle a sombré dans le chaos. Sa liberté était à ce prix. -
"Comment Hitler a-t-il été possible ? Comment un désaxé aussi bizarre a-t-il pu prendre le pouvoir en Allemagne, pays moderne, complexe, développé et culturellement avancé ? Comment a-t-il pu, à partir de 1933, s'imposer à des cercles habitués à diriger, bien éloignés des brutes nazies ? Comment a-t-il réussi à entraîner l'Allemagne dans le pari catastrophique visant à établir la domination de son pays en Europe, avec, en son coeur, un programme génocidaire terrible et sans précédent ? La réponse à ces questions, je ne l'ai trouvée qu'en partie dans la personnalité de l'étrange individu qui présida aux destinées de l'Allemagne au cours de douze longues années. Hitler, ceux qui l'admiraient comme ceux qui le dénigraient en convenaient, était une personnalité extraordinaire. Il avait de grands talents de démagogue ainsi qu'un oeil sûr, qui lui permettaient d'exploiter impeccablement la faiblesse de ses adversaires. On peut l'affirmer avec certitude : sans Hitler, l'histoire eût été différente. Cela donne à penser que la clé de l'énigme est à chercher moins dans la personnalité de Hitler que dans les changements vécus par la société allemande elle-même, traumatisée par une guerre perdue, l'instabilité politique, la misère économique et une crise culturelle. À toute autre époque, Hitler serait certainement resté un néant."
Ian Kershaw -
Jean Moulin, l'affranchi
Bénédicte Vergez-Chaignon
- Flammarion
- Grandes biographies
- 15 Mars 2023
- 9782080419880
Chez Jean Moulin, la grandeur allait de soi, écrit André Malraux vingt ans après sa disparition. Vingt-cinq dates-clefs, vingt-cinq journées particulières ont façonné le destin du grand résistant, dont la vie fut tragiquement écourtée à 44 ans. Une vie magnifiée par l'amour de la République et de la démocratie.
Né en 1899 à Béziers dans une famille unie et très attachée aux valeurs humanistes, Jean Moulin s'engage à servir la République à travers ses fonctions dans l'administration. Tour à tour sous-préfet, préfet, membre de cabinet ministériel, il est aussi un dessinateur accompli et un passionné d'art. Il aime la vie parisienne ; les nuits des années folles au coeur de Montparnasse font son enchantement. Est-ce auprès des artistes qu'il a appris à regarder le monde ? Avant la guerre en Espagne et le Front populaire, le 6 février 1934 lui ouvre les yeux sur l'histoire en marche.
L'historienne Bénédicte Vergez-Chaignon éclaire les « grandes heures » de ce parcours où l'on découvre un homme pétri d'enthousiasme, amoureux, un grand sportif passionné de voitures, d'avions, de ski, que son goût certain pour le bonheur et une haute conception de la France ont encouragé à défendre ses valeurs, et à résister - naturellement. -
Sans nul doute, l'Europe aurait pris un cours différent sans l'oeuvre politique de Guillaume le Conquérant (v. 1027-1087). Non seulement il l'a façonnée, mais elle l'a façonné aussi...
Resituant sa vie au-delà des limites nationales et nationalistes, David Bates offre ici une oeuvre aboutie qui fera date. Cette biographie magistrale, ambitieuse et érudite pénètre en profondeur la vie intime de Guillaume, notamment ses origines, la relation à sa mère Arlette, son mariage avec Mathilde de Flandre ou sa fidélité conjugale, mais elle relate aussi un destin politique et militaire hors du commun.
David Bates s'interroge sur les conditions de la conquête de l'Angleterre en 1066, à laquelle il consacre des pages passionnantes, de la succession anglaise à la bataille décisive d'Hastings, dans le Sussex. Une dizaine d'heures durant, le Conquérant combat jusqu'à la mort Harold, dont il nie la légitimité. Devenu roi, Guillaume écrasera impitoyablement toute résistance dans le pays, laissant outre-Manche un souvenir indélébile. Mais ce bouleversement politique et social que d'aucuns ont pu qualifier de colonisation contribua à la formation d'un véritable Empire transmanche. -
Louise Bourgeois est par excellence la femme-couteau, la femme sculpteur, celle qui découpe, tranche, cisaille, mais aussi celle qui incarne l'ambivalence féminin-masculin : la protection et la menace, la fragilité et la force, la tendresse et la violence.
Née en 1911 à Paris, et ayant vécu à New York de 1938 jusqu'à sa mort en 2010, elle est devenue, après une reconnaissance tardive, l'une des artistes les plus emblématiques du XXe siècle. Son oeuvre polymorphe, composée de peintures, gravures, dessins, sculptures, installations, est profondément autobiographique et échappe à toute classification esthétique. En réactivant les souvenirs et les traumatismes de son enfance, Louise Bourgeois donne forme et corps à ses émotions, créant une oeuvre organique, sensuelle et érotique, dont le thème essentiel est la femme-maison. « La sculpture est le corps et mon corps est une sculpture. »
Cette biographie ne retrace pas seulement le parcours d'une grande artiste, sa formation, ses influences ; c'est aussi le récit d'une vie de femme exceptionnelle, ayant connu les deux guerres, l'exil, épouse d'un célèbre historien de l'art, et mère de trois enfants. Elle s'appuie sur les archives personnelles inédites de l'artiste, ses journaux intimes, sa correspondance, ses écrits psychanalytiques, ainsi que sur ses interviews et des entretiens avec ses proches. -
La toile, il la boxe, la caresse, y accumule des mots jusqu'au vertige. Basquiat c'est l'urgence, le lyrisme mêlé d'élégances, de grâce, de naïvetés, avec l'enfance qui rayonne et déborde. Et hurle. Et chante. Et dit la brûlure, le plaisir, la vie courte et intense. Il meurt à 27 ans, laissant mille tableaux et un nombre plus important encore de dessins.
Michel Nuridsany nous donne à voir et à comprendre ici comment le peintre apparaît, se forme, explose, quand naît le hip-hop, se radicalisent les mouvements de protestation des noirs et que se transforme en profondeur le milieu de l'art new-yorkais. Il nous apporte des lumières nouvelles sur l'importance de la musique et de la poésie dans son oeuvre et dans sa vie, sur sa façon de faire passer la technique du sampling dans sa peinture, sur l'origine de son nom, sur sa qualité de métis perçu comme noir, sur son voyage en Côte d'Ivoire, sur la réception de son oeuvre en France et sur ses rapports plus profonds qu'on ne l'a dit avec Warhol.
Quant à la jeunesse, elle est emportée par la bourrasque d'une vie traversée par la drogue, le sexe, l'art, et par une folle énergie. Basquiat, un jaillissement. -
Écrire la vie de Jacques Derrida (1930-2004), c'est raconter l'histoire d'un petit Juif d'Alger, exclu de l'école à douze ans, qui devint le philosophe français le plus traduit dans le monde, l'histoire d'un homme fragile et tourmenté qui, jusqu'au bout, continua de se percevoir comme un « mal aimé » de l'université française.
C'est faire revivre des mondes aussi différents que l'Algérie d'avant l'Indépendance, le microcosme de l'École normale supérieure, la nébuleuse structuraliste, les turbulences de l'après-68. C'est évoquer une exceptionnelle série d'amitiés avec des écrivains et philosophes de premier plan, de Louis Althusser à Maurice Blanchot, de Jean Genet à Hélène Cixous, en passant par Emmanuel Levinas et Jean-Luc Nancy. C'est retracer une série d'engagements politiques courageux, en faveur de Nelson Mandela, des sans-papiers ou du mariage gay. C'est relater la fortune d'un concept la déconstruction et son extraordinaire influence, bien au-delà du monde philosophique, sur les études littéraires, l'architecture, le droit, la théologie, le féminisme, les queerou les postcolonial studies. Pour écrire cette biographie passionnante et riche en surprises, Benoît Peeters a interrogé plus d'une centaine de témoins. Il est aussi le premier à avoir pris connaissance de l'immense archive personnelle accumulée par Jacques Derrida tout au long de sa vie ainsi que de nombreuses correspondances. Son livre renouvelle en profondeur notre vision de celui qui restera sans doute comme le philosophe majeur de la seconde moitié du XX siècle. -
« Tout l'art du passé, de toutes les époques, de toutes les civilisations, surgit devant moi, tout est simultané comme si l'espace prenait la place du temps. »
Alberto Giacometti n'est pas seulement un artiste majeur du XXe siècle : il est aussi l'une de ses personnalités les plus originales. Fruit de recherches nouvelles, cet ouvrage nous introduit dans l'intimité d'un artiste hanté par son oeuvre, toujours poussé en avant par une exigence sans concession.
Après une jeunesse passée dans l'atelier de son père en Suisse, puis dans celui du sculpteur Antoine Bourdelle à Paris, le jeune artiste s'affranchit de ses premiers mentors en se tournant vers le cubisme, puis le surréalisme. Malgré la reconnaissance quasi-instantanée de son travail et l'amitié admirative d'André Breton, il se détourne rapidement des objets surréalistes qui l'ont rendu célèbre, pour s'engager dans une échappée solitaire qui le mènera à la marge des courants dominants. Ami des plus grands artistes et intellectuels, il trace son sillon personnel dans l'intimité solitaire de son mythique atelier de Montparnasse. Profondément attaché à la représentation humaine, influencé par les arts archaïques et non occidentaux, il s'éloigne d'une représentation naturaliste, pour adopter une vision synthétique et parfois hallucinée de la figure, chargée d'une puissance mystérieuse.
Catherine Grenier nous livre le destin et le parcours singulier d'Alberto Giacometti, de sa vie et de son oeuvre, dans une biographie à lire comme un roman. -
Avicenne ou l'islam des Lumières
Omar Merzoug
- Flammarion
- Grandes biographies
- 10 Mars 2021
- 9782081483460
Peut-on être croyant et exercer son esprit critique sur le livre sacré de l'islam ?
L'homme et le penseur auquel cette biographie est consacrée est l'une des plus belles intelligences que le monde musulman a produite. Né en 980 à Afshana (aujourd'hui en Ouzbékistan), Avicenne, de son vrai nom Ibn Sînâ, ne fut pas seulement le médecin dont l'enseignement a traversé les siècles, mais un philosophe engagé, curieux de tous les savoirs, en particulier des grands penseurs grecs. Son oeuvre ne fut pas un vain mot. Pour lui, la philosophie islamique, à laquelle il donna une armature théorique, était un enjeu historique : trois siècles après la mort du Prophète, il s'agissait d'enraciner la raison et la logique en islam, de donner les moyens au croyant de résister au rigorisme des théologiens et autres docteurs de la loi.
Cette histoire raconte ainsi l'impérieux combat qu'Avicenne mena pour réformer l'islam au tournant du XIe siècle. Sans faire école, il a eu de nombreux disciples, mais son athéisme supposé, plus sûrement révolutionnaire que la pensée païenne selon ses détracteurs, aura durablement discrédité cette belle odyssée intellectuelle. -
À l'apparente simplicité des héros de Hergé, qu'ils s'appellent Tintin, Jo et Zette ou Quick et Flupke, semble répondre celle de son auteur : lisse, presque absent, Georges Remi (1907- 1983) donne l'impression de vouloir disparaître derrière ses personnages. Mais si le Hergé public, celui des interviews, est parfois fatigant à force de candeur, l'homme privé est autrement plus complexe. Tourmenté, parfois dur, cet Hergé-là est passionnant. Hergé, fils de Tintin explore la personnalité de l'homme et l'artiste dans toutes ses nuances, avec toutes ses contradictions, fût-ce dans les temps délicats de la Seconde Guerre mondiale : comment il s'est arraché à ses certitudes initiales, à la gangue idéologique de son milieu, et comment il est finalement parvenu à donner naissance à une oeuvre unique, Les Aventures de Tintin, qui a enchanté plusieurs générations de lecteurs dans le monde. Ce livre en est la démonstration passionnante, les péripéties du jeune reporter constituent une autobiographie indirecte, une sorte de journal à travers lequel se donnent à lire tous les événements, publics ou privés, qui ont marqué Hergé. C'est pourquoi il n'est pas abusif de chercher à montrer comment c'est Tintin lui-même qui a enfanté son créateur.
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Toussaint Louverture
Sudhir Hazareesingh
- Flammarion
- Grandes biographies
- 2 Septembre 2020
- 9782081496668
L'épopée de Toussaint Louverture commence par une révolte d'esclaves à Saint-Domingue en 1791 et culmine avec la proclamation du premier État noir indépendant de l'histoire en 1804. Après l'abolition de l'esclavage par la Révolution française en 1794, Toussaint devient le principal personnage politique et militaire de la colonie et prend le titre de "gouverneur général à vie" en 1801.
Profondément attaché aux valeurs républicaines d'égalité et de fraternité, il lutte farouchement contre toute tentative de réimposer l'esclavage à Saint-Domingue. Doté d'un sens politique exceptionnel et d'une endurance à toute épreuve, Toussaint s'appuie aussi bien sur la population noire et l'armée que sur l'élite blanche et l'Église catholique. Jusqu'à sa chute face aux troupes envoyées par Bonaparte, qui saluera les qualités de ce rival hors du commun.
Puisant dans de nombreuses archives inédites - et notamment dans la correspondance de Toussaint -, Sudhir Hazareesingh retrace chaque étape de cette vie extraordinaire, des victoires contre les troupes françaises, espagnoles et britanniques à la promulgation d'une Constitution autonome, en passant par des stratégies diplomatiques innovantes. On y découvre un visionnaire intrépide qui s'inspire des idéaux des Lumières et des traditions révolutionnaires et spirituelles de Saint-Domingue.
Guerrier, législateur, chef providentiel, martyr : Toussaint est devenu une légende pour des générations entières. Premier "modèle noir", il a inspiré Victor Schoelcher, le militant antiesclavagiste Frederick Douglass et les plus grandes contestations du colonialisme, dont le mouvement de la négritude porté par Aimé Césaire. -
Élevé dans une Irlande rurale dont il aura tôt fait de rejeter le poids des conventions, Francis Bacon trouve dans le Londres puis le Paris des années 1920 les sources d'une inspiration plus conforme à sa démesure. Ses premières oeuvres, animées d'une violence aussi vitale que destructrice, dérangent. L'intransigeance de sa vision ainsi que sa virtuosité picturale l'imposent cependant sur la scène artistique d'après-guerre. Consacré comme un des peintres les plus originaux du XXe siècle, Francis Bacon deviendra également une légende vivante des milieux de débauche : son goût revendiqué pour les beuveries, le jeu et les orgies a repoussé chaque fois un peu plus loin les limites de la création chez cet artiste exigeant dont l'oeuvre, devenue exemplaire de notre modernité, exprime avec fureur les soubresauts d'une humanité convulsive. Michael Peppiatt signe ici une biographie de référence, enrichie dans cette nouvelle édition d'éléments inconnus jusqu'à aujourd'hui. Il fait ainsi apparaître les multiples facettes de cet artiste provocateur et secret et nous livre les grandes clés d'explication de son oeuvre.
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César, le dictateur démocrate
Luciano Canfora
- Flammarion
- Grandes biographies
- 7 Octobre 2020
- 9782080238665
Héros de nos manuels scolaires, modèle de nos grands hommes - de Charles-Quint à Napoléon Bonaparte, en passant par Louis XIV -, Jules César est une grande figure de l'histoire politique européenne.
Mais quel homme fut-il exactement ? Dictateur, Jules César chercha toujours à asseoir son autorité sur un peuple qui l'admirait. Propagateur de la culture romaine chez les populations celtes d'Europe, il fut également l'impitoyable guerrier de la campagne des Gaules, dont on relèvera le caractère génocidaire à l'époque moderne. Enfin, au faîte de sa puissance, César fut assassiné dans des circonstances qui comptent parmi les grandes énigmes politiques et psychologiques de l'histoire.
Dans cette biographie qui repose sur une connaissance exhaustive des sources historiographiques anciennes, Luciano Canfora brosse le portrait étonnamment précis d'une personnalité complexe, dont l'entreprise de « romanisation » est à l'origine de l'Europe moderne. -
Pour le monde arabo-musulman, Saladin est une figure mythique. En Orient comme en Occident, une véritable légende s'est construite autour de ce sultan kurde (1137-1193). Champion de l'islam et souverain d'un immense empire, il est aussi celui qui sut reprendre Jérusalem aux croisés et susciter chez ses adversaires chrétiens, notamment Richard Coeur de Lion, une certaine admiration.
Dans cette biographie nourrie aux meilleures sources, Anne-Marie Eddé a voulu comprendre la formidable popularité qui fut celle de Saladin. Une propagande inlassable encensait le sultan, défenseur de l'islam, serviteur fidèle du calife de Bagdad, parangon de justice, magnanime et généreux envers ses sujets comme envers ses ennemis...
S'efforçant de faire la part de l'imaginaire et de la réalité, Anne-Marie Eddé replace le personnage dans l'époque tourmentée qui fut la sienne. Elle décrit l'ascension d'un homme doté d'un grand sens politique, qui parvint à étendre sa domination sur un territoire allant du Nil à l'Euphrate et du Yémen au nord de la Mésopotamie ; un homme intéressé par la vie religieuse, soucieux d'appliquer la loi musulmane, mais sans excès, notamment à l'égard des communautés juives et chrétiennes ; un homme qui fut un guerrier infatigable, mais aussi un administrateur doué d'une prodigalité qui faisait le désespoir de ses proches. Un homme, enfin, qui montra autant de volonté dans la maladie, le deuil et les combats déçus que sur les chemins de la gloire. -
« Dites-leur que j'ai eu une vie merveilleuse. » C'est sur ces mots apaisés que s'éteint le philosophe Ludwig Wittgenstein à Cambridge. La destinée de celui qui fut l'un des penseurs les plus originaux du XXe siècle fut pourtant traversée de doutes et de combats perpétuels.
Il naît à Vienne en 1889, dernier des huit enfants d'une famille richissime. Le père, industriel de grande envergure, et la mère, musicienne d'exception, reçoivent chez eux Brahms, Mahler ou Klimt, et dispensent à leurs rejetons une éducation élitiste, fondée sur le culte de l'excellence.
Quant à Ludwig, le questionnement philosophique devient vite la grande affaire de sa vie : ce seront la rencontre avec Bertrand Russell, la découverte de la logique et la rédaction du Tractatus logico-philosophicus ; ce seront également des choix radicaux. En 1914, il s'engage sous les drapeaux austro-hongrois, connaît l'emprisonnement et découvre la foi chrétienne. Au sortir de la guerre, il renonce à la philosophie et devient instituteur, puis jardinier ; il envisage même un temps d'être moine... Avant de renouer avec ses premières recherches durant ses dernières années.
Au terme d'une enquête précise, Ray Monk réussit ici le tour de force d'éclairer les contradictions et les zones d'ombre du personnage, sans sacrifier jamais la profondeur de sa philosophie. -
Alexandre Ier, le tsar qui vainquit Napoléon
Marie-Pierre Rey
- Flammarion
- Grandes biographies
- 7 Octobre 2020
- 9782080238740
Du tsar Alexandre Ier, son éternel rival, Napoléon en exil disait : « Il peut aller loin. Si je meurs ici, ce sera mon véritable héritier en Europe. » Napoléon est bien mort à Sainte-Hélène, en 1821 ; mais Alexandre le suivit dans la tombe dès 1825, à l'âge de quarante-huit ans. Et sa disparition brutale, survenue dans des circonstances troublantes, ajouta encore au mystère de celui que ses contemporains appelaient le « sphinx ».
S'appuyant sur des archives jusque-là négligées et sur des documents inédits, cette biographie éclaire d'une lumière nouvelle le destin complexe d'Alexandre. Elle peint l'enfance du grandduc, couvée et régie par sa grandmère, Catherine II ; elle décrit son accession brutale au trône en 1801, à l'âge de vingt-trois ans ; les débuts brillants de son règne ; et surtout son duel avec Napoléon, qui culmine avec l'invasion de la Russie par la Grande Armée et l'incendie de Moscou en 1812. Sur l'échiquier titanesque qu'est alors l'Europe, le jeune tsar devient une pièce centrale.
La gloire, pourtant, Alexandre en est las : à mesure que les années passent, son salut le préoccupe toujours plus. Une obsession qui prend d'étranges chemins, puisqu'il envoie à Rome, peu de temps avant de mourir, un émissaire secret au pape Léon XII.
L'enquête de sa biographe montre que la tentation catholique a bien effleuré le tsar Alexandre... Est-il vraiment mort, d'ailleurs, en 1825 ? Le doute subsiste... -
Edouard Glissant ; l'identité généreuse
François Noudelmann
- Flammarion
- Grandes biographies
- 21 Février 2018
- 9782081425309
Né en 1928, Édouard Glissant est l'un des écrivains et penseurs les plus importants du XXe siècle. Auteur d'une quarantaine d'essais, de romans, de recueils poétiques et de pièces théâtrales, il a donné une mémoire aux peuples issus de l'esclavage et de la Traite. La créolisation du monde lui a inspiré une philosophie de la Relation qui s'adresse à tous. Partant de la transformation de soi, dans la rencontre des autres, il a pensé une nouvelle identité, non plus fondée sur les racines, mais nomade et généreuse.
François Noudelmann, qui l'accompagna pendant les douze dernières années de sa vie, a mené l'enquête sur les traces du poète-philosophe en Martinique, en Louisiane, à Cuba, Paris, Tokyo et New York. Dans ce portrait sensible, il suit l'enfance tourmentée de « ti-Édouard », ses relations admiratives et critiques avec Aimé Césaire, son arrivée à Paris dans le renouveau artistique de l'après-guerre, ses succès littéraires, ses amours et ses amitiés. Il analyse ses engagements politiques pour la décolonisation et les indépendances, sa lutte inlassable contre les enfermements identitaires, son activisme culturel à l'Unesco. Il découvre aussi les visages intimes d'Édouard Glissant : les gouffres et les désirs, les nourritures et les vertiges qui ont inspiré ses utopies pour le XXIe siècle. -
Claude Lévi-Strauss est né en 1908 et mort centenaire, en 2009, tout près de nous, lecteurs du XXIe siècle. Il grandit dans une famille juive, bourgeoise, mais qui a connu des jours meilleurs. Le père est peintre, bricoleur ; le fils choisit la voie de la philosophie et du militantisme socialiste. Le jeune agrégé part en 1935 enseigner la sociologie à São Paulo. Lors de rudes expéditions dans le Brésil intérieur, il se fait ethnologue, découvrant l'Autre indien. Les lois raciales de Vichy le contraignent à repartir : il gagne l'Amérique en 1941 et devient Prof. Claude L. Strauss - pour ne pas qu'on le confonde avec le fabricant de jeans. Cette biographie décrit l'accouchement d'une pensée d'un type nouveau, au milieu d'un siècle chahuté par l'Histoire : l'énergie des commencements au Brésil et l'effervescence du monde de l'exil européen à New York, entre surréalisme et naissance du structuralisme. Le retour en France, après la guerre, sonne le temps de l'écriture de l'oeuvre : plusieurs décennies de labeur intense où Lévi-Strauss réinvente l'anthropologie, une discipline qui a désormais pignon sur rue et offre une nouvelle échelle pour le regard. En 1955, Tristes Tropiques en est la preuve éclatante, en France puis dans le monde entier. Au cours des années, Lévi-Strauss est devenu une gloire nationale, un monument pléiadisé de son vivant. Mais il a sans cesse revendiqué un « regard éloigné » qui lui permet de poser un des diagnostics les plus affûtés et les plus subversifs sur notre modernité en berne. Cette biographie souligne l'excentricité politique et intellectuelle de l'anthropologue. Sa vie décentrée par rapport à l'Europe, ses allers-retours entre ancien et nouveaux mondes, son goût de l'ailleurs font de ce savant-écrivain, mélancolique et tonique, esthète à ses heures, une voix inoubliable qui nous invite à repenser les problèmes de l'homme et le sens du progrès. Lévi-Strauss est moins un moderne que notre grand contemporain inquiet.
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Susan Sontag occupe une place à part aux États-Unis : à l'écart des institutions, indépendante et le plus souvent rebelle, elle a été une observatrice et une critique à la plume acérée. Romancière, philosophe, dramaturge et cinéaste, rien ne lui a échappé du Vietnam à Sarajevo, de l'art photographique à la critique littéraire, du féminisme à la réflexion sur le sida. Intellectuelle engagée dans son temps, elle ouvrira toute sa vie des voies nouvelles et lèvera bien des tabous. Discrète quand il s'agit de sa vie privée, elle ne cachera pourtant pas sa bisexualité, révélée au grand public par les photos de sa dernière compagne Annie Leibovitz.
Béatrice Mousli nous livre ici la première biographie sur cette figure essentielle de la pensée contemporaine. -
Désormais lue et célébrée dans le monde entier, Nathalie Sarraute (1900-1999) aimait répéter qu'elle « n'avait pas de biographie ». En réalité, sa vie fut durablement marquée par les événements de son temps. Née en Russie, ballottée entre des parents divorcés, elle vécut une enfance solitaire, tirée entre deux vies, entre deux mondes : de la Russie tsariste à l'émigration russe à Paris, ou plus tard dans la clandestinité sous l'Occupation, qui lui imposa une identité juive. Cependant, la vie de Nathalie Sarraute fut ailleurs, tout entière tournée vers l'accomplissement de sa vocation d'écrivain. Réfugiée très tôt dans les livres, passionnée de littérature, elle élabore une forme d'écriture qui, dès la fin des années 30, ouvre la voie à la modernité avec ses Tropismes.
Cette première grande biographie, nourrie d'archives inédites, montre l'émergence difficile de son oeuvre dans l'univers littéraire de l'après-guerre dominé par le couple Sartre-Beauvoir. Nathalie Sarraute a cheminé longuement avant d'être la figure de proue du Nouveau Roman, toujours inquiète de n'être pas comprise, ne cessant d'expérimenter, y compris au théâtre ou à la radio.
Proche d'Hannah Arendt, militant pour le droit de vote des femmes, participant à Mai 68 et défendant le jeune État d'Israël, l'écrivaine fut aussi attentive à son époque : elle afficha ses engagements politiques avec la vigueur de la combattante qu'elle ne cessa jamais d'être, luttant là encore avec ses propres armes : les mots. -
Enfin la première biographie officielle du père de Marius, Fanny, César, Jofroi, Panisse, Cigalon, Merlusse, Ugolin et bien d'autres ! Derrière l'auteur de La Fille du puisatier, de La Femme du boulanger et des merveilleux Souvenirs d'enfance se cache l'un des hommes parmi les plus importants du XXe siècle.
Avec sérieux et patience, grâce à de nombreux entretiens accordés par la famille de Pagnol, son concitoyen et biographe Jean-Jacques Jelot-Blanc analyse ce parcours exceptionnel. Ce portrait fait même dire à sa veuve Jacqueline Pagnol, immortelle Manon des sources : « Dans ce gros volume, je découvre en même temps l'être exceptionnel et familier dont j'ai partagé la vie durant trente années et un personnage toujours renouvelé qui continue de me charmer. »
En effet, comment ne pas être subjugué par son incroyable itinéraire à travers le théâtre, le cinéma et la littérature !
Découvrez, racontés par le détail, les débuts de ce poète de 16 ans, du bohème des folles années 20 à Paris, de l'insolent jeune homme révolté par la tuerie de la guerre de 14-18, auteur des Marchands de gloire et de Topaze, du promoteur du cinéma parlant et père du néo-réalisme à la française, du premier producteur indépendant de films, du directeur des studios où, saltimbanque à pantalon élimé, il fi t tourner Raimu, Fernandel et Bourvil, de l'ami d'Orson Welles, Alexandre Korda ou William Wyler, du très peu académique académicien qui fi t entrer le cinéma sous la Coupole, du président du Festival de Cannes découvrant Brigitte Bardot, du consul du Portugal à Monaco pour Rainier et Grace Kelly...
Un portrait inattendu, décapant, insolite, rare... -
« Poète, vagabond. Voyageur. Contestataire », Philippe Soupault (1897-1990), fondateur du mouvement surréaliste avec André Breton et Louis Aragon, a vécu en marge, à dessein et par inadvertance. À dessein, il s'est tenu à l'écart des projecteurs, n'aimant ni l'idée ni les servitudes de la gloire. Et c'est par inadvertance qu'il est resté dans l'ombre : trop occupé à vivre, il a oublié de préparer sa postérité...
Auteur avec Breton, en 1919, des Champs magnétiques, un des livres les plus marquants du XXe siècle, il est avant tout poète. Mais c'est aussi un romancier de talent (du Bon Apôtre aux Dernières Nuits de Paris), et un critique prolifique, inclassable. Éditeur, journaliste à Paris-Soir et à L'Excelsior, directeur de Radio-Tunis, producteur à Radio-France, sa vie professionnelle est variée et passionnante, marquée par de nombreux voyages, de multiples rencontres. Proche de la résistance gaulliste, il connaît les geôles vichystes à Tunis. Considéré comme l'un des plus authentiques écrivains de la littérature française, on le retrouve en 1944 professeur dans une université chic de la côte Est des États-Unis. Sa vie, retracée ici à travers son oeuvre et de très nombreux inédits, suit les soubresauts littéraires et politiques du siècle, du mouvement dada aux errances du surréalisme, de la montée du nazisme en Allemagne à la dictature du gouvernement de Vichy, de la création de l'URSS à la décolonisation. De Paris à Mexico, de Tunis à New York en passant par Berlin, Prague et Rio de Janeiro, c'est une longue vie pleine de poèmes et de traversées, cherchant sans cesse un difficile équilibre entre l'écriture, les amitiés et les amours.
Le livre imprimé contient un cahier hors-texte de 8 pages en noir et blanc, qui n'est pas repris dans la présente édition numérique. -
Guy Debord, le naufrageur
Jean-Marie Apostolidès
- Flammarion
- Grandes biographies
- 14 Octobre 2015
- 9782081373525
Il y a plus de vingt ans disparaissait Guy Debord, l'un des derniers grands intellectuels français, figure mythique des mouvements d'avant-garde de la seconde moitié du xxe siècle. Écrivain, cinéaste, penseur révolutionnaire, autodésigné « ennemi de son siècle », il a été le chef de file de l'Internationale lettriste (1953-1957) puis de l'Internationale situationniste (1957-1972), et, à partir de son oeuvre majeure, La Société du spectacle (1967), l'infatigable pourfendeur de la société de consommation. Mais Debord était également, selon ses mots et comme le révèlent ses archives, « un déclassé conspi¬rateur, un aventurier ne respec¬tant rien parce que n'ayant rien à perdre », un « enfant gâté, qui a toujours cru que le monde était fait pour lui faire plaisir et n'a jamais été capable de ressentir les choses au-delà de cet infantilisme affectif », un « Capricorne patient comme le grisou qui s'accumule dans les galeries de mines de la société ». C'est qu'il était bien placé pour connaître l'homme qui se cachait derrière le mythe qu'il s'était forgé, et cette part d'ombre que l'impressionnant travail d'investigation de Jean-Marie Apostolidès met enfin au jour. Une biographie intime et sans concession où l'on découvre un homme qui construisit sa vie comme une oeuvre d'art, en se rêvant tour à tour bandit, chef de bande, agitateur, général d'armée, empereur et philosophe.