Écrit au ive siècle avant J.-C., à l'époque des « Royaumes combattants », dans une Chine en pleine effervescence commerciale et culturelle, L'Art de la guerre n'est pas seulement un traité de stratégie. Si nous le lisons encore avec fascination, c'est parce qu'il représente une leçon de sagesse, un art de vivre, et constitue un véritable système philosophique.
Cette traduction est l'édition de référence de Jean Lévi. Elle restitue toute la force littéraire et la concision de ce grand texte classique et le replace dans son contexte historique, à la lumière des dernières études et des textes découverts récemment lors de fouilles archéologiques. Elle s'adresse à tous les lecteurs, curieux et savants.
Directeur de recherche au CNRS, spécialiste de la Chine ancienne, Jean Lévi est à la fois essayiste (Les Fonctionnaires divins), romancier (Le Grand Empereur et ses automates), et le traducteur remarqué de grands textes stratégiques chinois (Les Sept Traités de la guerre).
Préface d'Alain Bauer
La Psychologie des foules fascine. L'ouvrage de Gustave Le Bon éclaire ou inquiète. S'il n'a cessé de connaître le succès, il est autant critiqué qu'encensé.
La France connaît une longue histoire de révoltes souvent traduite par des destructions plus ou moins symboliques : mobilier urbain, véhicules, commerces, grilles de préfecture, radars, Parlement de Bretagne, Arc de Triomphe... Il est aisé de constater que depuis les jacqueries paysannes jusqu'aux rugissements des quartiers, en passant par les pulsions révolutionnaires ou les mutineries de ronds-points, on revit souvent les mêmes phénomènes, mais pas toujours avec les mêmes acteurs.
À la lumière des évènements de ces dernières années, Alain Bauer remet en perspective ce texte fondateur, sans oublier ses zones d'ombre, mais sans négliger ses apports. Afin de permettre le débat.
Pour le peuple et contre la foule.
Gustave Le Bon (1841-1931), médecin, anthropologue et sociologue. Brillant intellectuel, auteur de nombreux ouvrages sur les peuples et civilisations du monde, Psychologie des foules est son oeuvre la plus célèbre.
Alain Bauer est professeur au Conservatoire national des Arts et Métiers et aux universités de Shanghai et New York. Il a publié de nombreux ouvrages sur les questions de sécurité, de défense et de renseignement.
« Devant la patrie en ruine, je retrouve les montagnes et les fleuves toujours aussi tranquilles. » Ce vers du poète Du Fu que tous les Japonais connaissent par coeur symbolise l'étonnante capacité d'un peuple à réinventer sa patrie depuis des siècles.
Les spécialistes ici rassemblés expliquent la nature des cycles - entre repli et ouverture -, qui scandent la voie japonaise. Ils montrent la singularité d'une société hiérarchisée, divisée et en même temps étonnamment solidaire. Ils rappellent enfin comment quinze années de guerre au milieu du XXe siècle, suivies par un rétablissement économique exceptionnel, ont fait du Japon une puissance mondiale singulière.
Tout commence à la tombée de la nuit quand, dans les années 1830, un certain nombre de prolétaires décident de briser le cercle qui place le sommeil réparateur entre les jours du salaire : cercle d'une existence indéfiniment vouée à entretenir les forces de la servitude avec celles de la domination, à reproduire le partage qui destine les uns aux privilèges de la pensée, les autres aux servitudes du travail. Le rêve éveillé de l'émancipation ouvrière est d'abord la rupture de cet ordre du temps qui structure l'ordre social, l'affirmation d'un droit dénié à la qualité d'être pensant.
Suivant l'histoire d'une génération, ce livre met en scène la singulière révolution intellectuelle cachée dans le simple nom de « mouvement ouvrier ». Il retrace ses chemins individuels et collectifs, ses rencontres avec les rêves de la communauté et les utopies du travail nouveau, sa persistance dans la défection même de l'utopie.
À la lumière de ses études éthologiques, qui cherchent à observer le comportement des êtres vivants dans leur univers naturel, Boris Cyrulnik jette un regard nouveau sur le comportement amoureux des humains. La compréhension du monde animal et la biologie le conduisent à livrer de nouvelles interprétations sur les liens naturels qui unissent une famille. On découvre ainsi que l'histoire affective du bébé commence bien avant sa naissance et que la force des liens bébé-père-mère pèse sur l'individu dès la formation de la cellule embryonnaire et l'influence toute sa vif durant.
Boris Cyrulnik nous offre ici la première histoire naturelle de l'attachement.
Neurologue et psychiatre, Boris Cyrulnik a publié de nombreux best-sellers, et dans la collection « Pluriel » La Fabuleuse Aventure des hommes et des animaux et Mémoire de singe et paroles d'homme.
Saviez-vous que le « cinéma 3-D » existait dans les années 1920 ? Connaissez-vous les vraies raisons qui ont poussé les films à devenir parlants ? Illustrations à l'appui, ce livre fournit des clés d'analyse de près de 130 ans d'histoire d'une industrie considérée à la fois comme un art et comme un média.
Dans un style simple et didactique, les auteurs donnent les repères essentiels du cinéma dans le monde, des origines à nos jours, et abordent les dernières découvertes et les cinématographies méconnues. À quoi reconnaît-on un film expressionniste ? Comment envisageait-on le montage dans les années 1900 ? Et qu'est-ce qui change à l'arrivée du numérique ?
Une synthèse remarquable, qui permettra au grand public aussi bien qu'aux étudiants et aux cinéphiles de comprendre ce qui se trame derrière le grand écran !
Première parution : Pluriel, 2017.
Les sept siècles de présence musulmane en Espagne, de 711 à 1492, ont permis l'émergence d'une civilisation dont témoignent la mosquée de Cordoue, l'Alhambra de Grenade ou encore la pensée d'Averroès. Cet apport majeur à la culture de l'Islam médiéval, constitue aussi une étape décisive de l'histoire de l'Occident.
Sans toutefois mythifier une Andalousie conviviale, celle du califat, où les trois religions monothéistes auraient vécu en harmonie, l'auteur met en scène l'histoire précise de cette Andalousie arabe. Il en retrace les conflits et les réalisations culturelles, proposant ainsi une synthèse de nos connaissances sur la civilisation andalouse.
Qu'est-ce que le socialisme ? Une politique, mais
fondée sur une philosophie, et sur le coeur de la vie
humaine. C'est ce que Jaurès, homme politique, mais
aussi philosophe, démontre dans ces deux inédits
essentiels. Le socialisme consiste à justifier l'intervention
de la société dans la vie humaine, les « relations de
travail ». Mais il le fait pour réaliser la liberté individuelle
et les principes universels, dans le monde concret et
vivant. Revenir à l'origine du socialisme pour résister à
la « fin de l'histoire », tel est le programme de ce livre.
Ce n'est pas un hasard si ces deux textes précèdent
le retour de Jaurès en politique en tant que député
de Carmaux. Jaurès se confronte au réel, à la fois
en philosophe et en citoyen. Pour lui, la liberté et la
justice sont indispensables pour sauver la politique et
l'humanité. Quoi de plus actuel ? Ces textes, qui forment
une véritable leçon de philosophie, aident à penser le
socialisme et notre temps.
Frédéric Worms, professeur de philosophie à l'ENS,
travaille sur le vivant et la politique de Jaurès et Bergson
à aujourd'hui.
Gilles Candar, président de la Société d'études
jaurésiennes, est responsable de l'édition des OEuvres de
Jean Jaurès aux éditions Fayard.
L'histoire de Louis XI est celle d'un homme qui sut imposer ses décisions, qui dut garder sans cesse l'esprit en éveil, plier le temps à ses desseins, être deux fois plus habile et trois plus rapide que ses semblables, et cacher son sens de la comédie derrière les gestes du conformisme.
Ce livre nous montre l'image d'un homme aux capacités exceptionnelles, doué d'une personnalité diverse et complexe. Certains le considéraient comme « le plus subtil qui soit ». Pourtant, peu après sa mort, on racontait qu'il s'abreuvait du sang des nouveau-nés au cours de sa dernière maladie, était l'assassin de son frère et se délectait à écouter les cris de ses victimes torturées.
En abandonnant la légende pour retrouver la vie, Paul Murray Kendall révèle les vraies dimensions de l'homme, son habileté à charmer, son insatiable curiosité, son goût de la loyauté. Tout cela dans une biographie qui apporte une contribution essentielle à l'histoire du xve siècle tout en demeurant d'une lecture facile et passionnante.
Paul Murray Kendall (1911-1973) a enseigné l'histoire à l'université de l'Ohio et à celle du Kansas. Il a consacré plusieurs ouvrages à l'histoire du xve siècle.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Éric Diacon.
Qui était le vrai Paul ? Le personnage historique aujourd'hui souvent cité dans les controverses philosophiques et politiques a été présenté par l'Eglise comme le doctrinaire de la conversion des païens. En réalité, il était d'abord homme d'action. Cet originaire de Tarse, devenu disciple de Jésus, s'est comporté au Ier siècle de notre ère en véritable entrepreneur religieux et a sillonné l'Orient romain pour multiplier les noyaux de croyants. Pourtant, l'apôtre connut des échecs qui témoignent de l'autonomie des premières communautés chrétiennes. En vrai stratège, Paul a su composer avec les pouvoirs publics et répondre aux contestations des autres leaders ecclésiastiques. Rechercher Paul derrière les portraits stéréotypés que nous en livrent les sources, c'est donc découvrir une personnalité complexe : un être qui resta attaché à ses origines juives ; un savant doué d'un sens évident de la communication, qui acquit une formidable maîtrise de l'espace politique romain. Un homme, tout simplement, qui partout suscita des attachements au point qu'on en fit le premier héros de roman chrétien.
Dans cette magistrale synthèse, Thierry Lentz retrace l'histoire d'un « empire » et des réactions qu'il suscita en son temps. Si l'on ne peut échapper à la présence permanente de la volonté, de la personnalité et de l'oeuvre de Napoléon, qui ont marqué la période de leur empreinte, l'auteur « raconte » aussi - en l'expliquant - un peu plus d'une décennie d'histoire de l'Europe, voire du monde, en dépassant à la fois la figure de l'empereur et les points de vue purement nationaux. Il relate autant l'histoire des idées que celle des institutions, faisant revivre au lecteur les épisodes essentiels du Premier Empire.
Cette histoire se garde des accents de l'épopée et des facilités de l'anecdote comme des études militaires trop détaillées - même si, comme on peut l'imaginer, les guerres en sont l'une des toiles de fond. Thierry Lentz se place dans la position d'un observateur aussi impartial que possible et ignorant la légende (dorée ou noire) édifiée par les récits enflammés des thuriféraires.
Synthèse inédite
Montres, agendas, horaires : le temps semble être une contrainte à laquelle nul ne peut échapper. Nous avons le sentiment que « le temps passe » mais le temps n'existe pas en soi, affirme Norbert Elias. Il est avant tout un symbole social, résultat d'un processus d'apprentissage qui s'est étendu sur des millénaires. Dans quel but les hommes ont-ils eu besoin de déterminer le temps ? Comment la conscience du temps a-t-elle fini par devenir une seconde nature ? Dans cette vaste exploration de l'expérience du temps au cours des âges, Norbert Elias nous invite à réfléchir sur un aspect fondamental du « processus de civilisation ».
Nietzsche parlait des rapports de l'homme avec la Méditerranée comme d'une « foi dans le Sud ». Avec le livre de Predrag Matvejevitch, cette foi s'est dotée d'un bréviaire. Chant d'amour, cet essai mêle les genres, l'érudition et l'imagination, le savoir et le souvenir, la rigueur scientifique et le souffle épique. Comme pour un concerto, l'auteur mène en trois temps. Le Bréviaire proprement dit énonce les thèmes dans une fluidité musicale : villes, ports, îles, vagues, vents, courants, terroirs, moeurs, langages, peuples... Les Cartes sont plus discursives et analytiques. Le Glossaire, lui, reprend les thèmes pour les commenter et citer les références. Tour à tour archiviste et pèlerin passionné, Predrag Matvejevitch redevient alors poète pour nous rappeler que cette mer qu'il chante, c'est aussi la sienne, et la nôtre.
« Un livre génial et inattendu, foudroyant et fascinant, riche d'intelligence et de poésie, dans lequel se mêlent précision scientifique et épiphanie. »
Claudio Magris
Predrag Matvejevitch (1932-2017), écrivain croate, est l'un des plus éminents essayistes du monde slave. Il a occupé de nombreuses chaires à Paris, Rome, Louvain et Zagreb.
Discours politique par architecture interposée, Versailles s'identifie au long règne de Louis XIV (1643-1715). Trois grands thèmes - le château, le Roi absolu, la vie de cour - rythment ce volume. Le château : comment comprendre l'obstination et l'implication personnelle d'un monarque à vouloir transformer un espace « sans vue, sans bois, sans eau, sans terre » comme l'explique Saint-Simon, en un palais d'une ampleur et d'une richesse inédites ? Par ses dimensions, par son opulence, par sa richesse iconographique, ce palais du « plus grand roi du monde » a en effet fasciné tous les souverains de l'Europe des Lumières et fascine encore chaque année des millions de visiteurs venus du monde entier. C'est que la forme même ici symbolise le pouvoir, un pouvoir absolu, qui se montre à travers la magnificence des décors, mais aussi l'ordonnancement des bâtiments. Jusqu'à la nature qui se plie à la volonté royale en une variété de jardins et de plans d'eau qui témoignent de leur soumission à l'ordre voulu. Quand viendra le temps de la contestation de ce pouvoir absolu, les révolutionnaires de 1789 contraindront le roi et sa famille à regagner Paris. Mais la grande histoire ne doit pas masquer les manifestations moins connues de la vie quotidienne à Versailles, les problèmes d'intendance, le rituel contraignant de la cour, les intrigues, cabales et scandales qui émaillent la vie des courtisans... Sans doute la France républicaine s'inscrit elle aussi dans la continuité de cet héritage, elle qui ne déteste pas les fastes des palis nationaux et dont la président s'attachent à laisser une empreinte de bâtisseurs.
La question de l'animalité de l'homme, qui préoccupe les sciences humaines et sociales depuis longtemps, est ici abordée dans une perspective qui récuse les réductionnismes, aussi bien sociologiques que biologiques, mais aussi le dualisme âme-corps hérité de la philosophie classique.
Boris Cyrulnik expose son point de vue original sur la psychologie de l'enfant, qui permet de reformuler complètement le rapport entre l'inné et l'acquis, et donne une contribution nouvelle à la question de
l'inceste, débattue tant dans le domaine anthropologique que dans les écoles psychanalytiques.
Ce recueil rassemble dix articles et lettres de jeunesse de Raymond Aron, jamais ou rarement réédités, rédigés à un moment où il pressent l'arrivée de l'âge des tyrannies recouvrant l'Europe. Universitaire à Cologne en 1930 puis à Berlin entre 1931 et 1933 - où il assiste à des autodafés -, il perçoit avec une grande acuité la montée du totalitarisme nazi.
De ces textes, parmi lesquels figure la célèbre conférence « États démocratiques et États totalitaires », le lecteur tire l'impression de revivre la révolution nationale en Allemagne, le basculement dans le totalitarisme des démocraties occidentales et la naissance d'une pensée résistante. En même temps, il se donne les moyens de comprendre ce passé tragique aux échos contemporains. À l'heure où l'Europe voit ressurgir ses vieux démons nationalistes et antidémocratiques, relire le jeune Raymond Aron est salutaire et éclairant.
Quoi de plus familier que le métro ? Comment le regard ethnologique, accoutumé à nous rapporter les pratiques lointaines pourrait-il éclairer ce qui s'y joue ? Tel a pourtant été le pari de Marc Augé dans cet ouvrage qui révèle tout ce que le métro recèle de conventions, de rites et d'institutions. Mais c'est aussi l'occasion d'une présentation buissonnière des principaux thèmes classiques de l'anthropologie, depuis le « fait social total » de Marcel Mauss, jusqu'à la question du symbolique, en passant par le problème de l'« individu moyen ». Le livre inaugural d'une « ethnologie du proche », devenu un classique.Marc Augé est directeur d'études à l'EHESS, après en avoir assuré la présidence. Ethnologue, ses travaux ont d'abord porté sur l'Afrique avant de le conduire à explorer divers aspects de la vie quotidienne dans la France contemporaine. Il a notamment publié chez Fayard Le sens des autres et Fictions fin de siècle.
Tout le monde a entendu parler, un jour ou l'autre, de François d'Assise, ce saint italien du xiiie siècle qui aimait la pauvreté, prêchait aux oiseaux et serait le premier stigmatisé de l'histoire.
Malgré la sympathie générale qui entoure sa figure, le « Pauvre d'Assise » reste cependant mal connu du public, car son image a parfois été brouillée par des interprétations édifiantes ou fantaisistes qui ont affadi ou dénaturé son message.
Depuis un demi-siècle, les recherches qui lui ont été consacrées, en Italie et dans le monde entier, ont profondément modifié la connaissance et la compréhension que l'on pouvait avoir du « Poverello ». Aussi était-il devenu urgent de lui consacrer une étude nourrie des travaux les plus solides. Le présent ouvrage cherche à expliquer, en se plaçant du point de vue de l'historien, pourquoi François d'Assise continue à exercer une réelle fascination à huit siècles de distance.
Le singe figé dans son isolement recommence à vivre lorsqu'on lui offre un leurre sur lequel il peut fixer son affection, la paralysie hystérique du chien disparaît quand ses maîtres le caressent : les animaux connaissent donc aussi la souffrance psychique et l'étude de celle-ci peut nous en apprendre beaucoup sur la psychologie humaine. Dans ce livre très vivant, plein d'anecdotes, écrit dans un langage simple et drôle, Boris Cyrulnik montre que l'éthologie est une des voies les plus fécondes pour explorer les soubassements biologiques du comportement. Peut-être alors regarderons-nous autrement l'enfant abandonné qui se laisse mourir de faim parce qu'il n'a rencontré personne à aimer.
L'Iran actuel éclipse une civilisation millénaire, l'une des plus anciennes et des plus brillantes du Proche-Orient, l'Empire perse, dont le Shah Reza Pahlavi faisait encore un modèle dans les années 1970 : les Empires perses. Ce livre est l'occasion d'interroger les continuités et les ruptures d'un Orient qui ne vit pas uniquement au rythme de la religion chiite. Jadis, en effet, les Perses étaient considérés comme les Barbares par excellence et les Grecs, comme les Romains, les ont combattus en les regardant tels des sauvages gouvernés par des despotes. Pourtant, la culture perse s'est montrée d'une rare richesse et d'une grande tolérance. N'est-ce pas là que le monde juif puisa une partie de ses traditions et de ses coutumes ? N'est-ce pas aussi dans l'Empire perse que trouvaient refuge les bannis des cités grecques ? Quand le pays de Zarathoustra se convertit à l'islam, cet Orient change en profondeur. Il prend les allures d'un concurrent d'un genre nouveau pour le monde occidental, qui le regarde aujourd'hui avec une terrible angoisse, celle de voir une théocratie se doter de l'arme nucléaire.
L'histoire, selon Thucycide, était un « trésor pour toujours ». La philosophie ancienne n'est-elle pas, à l'inverse, un « trésor de toujours » ? Car on peut encore penser avec les Anciens. Et sur trois points décisifs : l'être, l'homme et le disciple.
L'être, c'est l'objet rêvé et impossible. Car « tout est être », mais tout quoi ? Tout ce qu'on peut montrer, ou tout ce qu'on peut dire ? L'ontologie se construit, et se perd, en se partageant entre deux voies, Démocrite ou Platon : une physique ou une logique.
L'homme, c'est l'objet nécessaire et introuvable. Son ombre pèse sur les éthiques les plus opposées, d'Aristote à Épicure, et impose sa figure constante, entre deux autres, l'animal et le dieu.
Le disciple, c'est le destinataire privilégié. Trois figures en sont possibles (socratique, épicurienne et aristotélicienne), qui dessinent trois voies de la philosophie : une critique, un art de vivre, un savoir.
Francis Wolff est professeur émérite à Normale Sup. Son dernier ouvrage, Pourquoi la musique ? (Fayard) a été classé meilleur livre de l'année 2015 par la rédaction de Philosophie magasine.
Personnage le plus célèbre de l'histoire de France, Jeanne d'Arc n'a cessé de fasciner. Biographie méticuleuse de celle qui fit irruption dans l'histoire en changeant le cours de la guerre de Cent Ans, fit couronner le roi et fut condamnée au bûcher après un procès inique en 1431. Ce livre raconte l'itinéraire extraordinaire de la jeune bergère de Domrémy. Il resitue Jeanne dans son contexte et brosse les portraits des principaux protagonistes de son histoire. Les auteurs livrent tous les éléments connus qui éclairent le mythe et les controverses qu'elle suscita, dont sa canonisation tardive et les polémiques contemporaines portent encore la trace. Paru en première édition chez Fayard en 1986.
Analyse des différentes pathologies liées à l'alimentation à travers les facteurs individuels, familiaux ou culturels. Les troubles de la conduite alimentaire concernent majoritairement des adolescentes dont dix pour cent en meurent.
Dès sa première publication en anglais en 1985, ce livre a suscité de nombreuses discussions et controverses, toujours pas apaisées. Penseurs à l'origine du mouvement post-marxiste, Ernesto Laclau et Chantal Mouffe y défendent une vision de l'émancipation conçue comme « radicalisation de la démocratie ».
L'émergence de nouvelles luttes sociales et politiques, en lien avec les transformations du capitalisme, a rendu l'approche théorique qu'ils proposent plus pertinente que jamais pour envisager un projet de gauche capable de fédérer les demandes de la classe ouvrière et celles d'autres mouvements sociaux (féministes, antiracistes, écologistes, LGBT...).
Au moment où la crise de l'hégémonie néolibérale peut ouvrir la voie à des solutions autoritaires, ce texte fondateur fournit les bases philosophiques permettant de poser les questions politiques essentielles pour concevoir une stratégie populiste de gauche.
Ernesto Laclau (1935-2014) est un théoricien politique argentin. Chantal Mouffe est une philosophe politique belge, professeur de théorie politique à l'université de Westminster (Londres).