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Éditeurs
Editions du Sous-Sol
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Aliène
Phoebe Hadjimarkos clarke
- Editions du Sous-Sol
- Feuilleton Fiction
- 5 Janvier 2024
- 9782364687523
Fauvel a perdu un oeil suite à un tir de LBD. Elle accepte de garder la chienne du père d'une de ses amies dans une maison isolée à la campagne. Hannah n'est pas un chien comme les autres, c'est le clone d'une première Hannah, qui trône empaillée au milieu du salon. Elle suscite les peurs et les reproches muets du village, à mesure qu'on découvre au matin des animaux massacrés, et qu'elle-même rentre parfois ensanglantée.
Cette situation est le point de départ d'un récit de traque et de cauchemar délicatement progressif, la plupart du temps fantomatique. Jamais l'assaillant n'est clairement nommé, jamais la cible n'est clairement identifiée. Fauvel sait être une proie, mais de qui ? Dans le village, un groupe de chasseurs, tous ouvriers ou anciens ouvriers de l'usine d'eau minérale, peu loquaces et mal lotis par la vie, font naître les fantasmes, tantôt sexuels, tantôt horrifiques. Et plus particulièrement chez Fauvel, coupée du monde par sa conscience éparpillée, et chez Mitch, un jeune sociologue qui enquête sur les récits d'enlèvements par les extraterrestres, nombreux dans la région, surtout chez les anciens ouvriers de l'usine.
Au fil d'une pseudo-enquête hallucinée, le roman explore les notions de domination, d'animalité et de violence. À travers la proximité, voire l'amalgame entre animaux et humains, Aliène questionne la nature de ce qui est caché, la vie animale, et surtout l'instinct de peur. Tel est le véritable fil du récit, rarement traité avec autant de nuance et de force. -
Les dangers de fumer au lit
Mariana Enriquez
- Editions du Sous-Sol
- Feuilleton Fiction
- 13 Janvier 2023
- 9782364685192
"Le monde magnifique et horrible de Mariana Enriquez, tel qu'on l'entrevoit dans Les Dangers de fumer au lit, avec ses adolescents détraqués, ses fantômes, les miséreux tristes et furieux de l'Argentine moderne, est la découverte la plus excitante que j'ai faite en littérature depuis longtemps.'
Kazuo Ishiguro, Prix Nobel de littérature
Peuplées d'adolescentes rebelles, d'étranges sorcières, de fantômes à la dérive et de femmes affamées, les douze histoires qui composent ce recueil manient avec brio les codes de l'horreur, tout en apportant au genre une voix radicalement moderne et poétique. Si elle fait preuve d'une grande tendresse envers ses personnages, souvent féminins, des êtres qui souffrent, qui ont peur, qui sont opprimés, Mariana Enriquez scrute les abîmes les plus profonds de l'âme humaine, explorant de son écriture à l'extraordinaire pouvoir évocateur les voies les plus souterraines de la sexualité, du fanatisme, des obsessions. -
À vingt-cinq ans, Sofia travaille comme serveuse en attendant de finir peut-être, un jour, sa thèse. Elle semble avoir mis sa vie entre parenthèses pour s'occuper de sa mère, Rose, qui souffre d'une mystérieuse maladie des os.
Toutes deux quittent Londres pour la côte andalouse, où Rose est prise en charge au sein de la luxueuse clinique du très controversé docteur Gómez, un médecin aux méthodes et aux motivations douteuses, mais qui apparaît comme son ultime chance de guérir.
Enivrées par la chaleur épaisse et la séduction des corps sur la plage envahie de méduses, les deux femmes voient leur relation imploser quand Sofia rencontre Ingrid Bauer, une jeune allemande qui réveille son désir et sa quête d'identité.
À travers les figures opposées de la mère et de la fille, Deborah Levy déploie un roman initiatique aux allures d'éducation sentimentale à la Sagan, une ode sensuelle et intemporelle à la puissance féminine.
"J'enquête sur les symptômes de ma mère depuis aussi loin que je m'en souvienne. Si je me considère comme une détective accidentelle mue par un désir de justice, cela fait-il de sa maladie un crime non résolu ? Si oui, qui est le coupable et qui est la victime ? -
La petite soeur : Un portrait de Silvina Ocampo
Mariana Enriquez
- Editions du Sous-Sol
- Feuilleton Fiction
- 22 Août 2024
- 9782364688421
"Dans ce portrait, on trouve une Silvina morcelée, une femme à recomposer.'Affublée de ses lunettes noires à montures blanches, ses éternelles baskets rouges aux pieds, l'insaisissable Silvina Ocampo, à l'instar d'une Clarice Lispector ou d'une Amparo Dávila, est l'une des figures les plus talentueuses et étranges de la littérature sud-américaine.
Fille d'une famille aristocratique argentine, nouvelliste saluée par ses pairs mais méconnue du grand public de son vivant, elle est l'objet de nombreux mythes entourant son oeuvre aussi bien que sa vie privée. Il y a cette langue singulière, qui lui vient peut-être de son éducation francophone.
Il y a la relation particulière qu'elle entretenait avec son mari, Adolfo Bioy Casares. Son amitié changeante et bavarde avec Borges, qui chaque soir dînait chez eux. Ses rapports ambigus avec sa soeur aînée, l'olympienne Victoria Ocampo. Les liaisons qu'on lui prête, entre autres avec la poétesse Alejandra Pizarnik. Et ses prémonitions inquiétantes...
À travers de nombreuses sources et les témoignages de son entourage, Mariana Enriquez questionne les mythes, lève parfois le voile sur les secrets et observe avec une intensité unique la vie de la petite soeur discrète qui aimait à se cacher. Le résultat est le portrait sensible et émouvant d'une femme attachante et sombre, intelligente et doucement perverse, possédant une imagination débordante (et des jambes spectaculaires). L'occasion pour l'autrice de
Notre part de nuit de revendiquer avec force l'héritage d'Ocampo,
sa grande soeur en littérature. -
Mythologie du .12
Célestin De Meeûs
- Editions du Sous-Sol
- Feuilleton Fiction
- 22 Août 2024
- 9782364688445
C'est l'histoire d'un jour de solstice d'été au milieu de nulle part. C'est l'histoire de deux jeunes types qui zonent sur le parking d'un supermarché dans une vieille Clio, à se chambrer et à enchaîner les bières et les joints.
C'est l'histoire d'un médecin, dont la vie rangée et la famille modèle, construites dans une obsession de réussite, volent en éclats, un homme éméché qui ressasse, impuissant, ses échecs et s'enferme peu à peu dans un monologue paranoïaque et délirant.
C'est l'histoire d'une soirée qui n'en finit pas, d'un snack sur le bord de la route, d'un trip dans la nature et d'une petite cabane au bord de l'eau, de Max et de Théo, de Rombouts et du tenancier de Chez Moustache, d'un médecin à la dérive, de traînards, de la haine et de l'ennui, de ce qu'on ne regrette que parce que cela nous échappe, du besoin de possession et du constat amer que rien ne se contrôle, de l'ivresse et de la violence. -
La position de la cuillère et autres bonheurs impertinents
Deborah Levy
- Editions du Sous-Sol
- Feuilleton non Fiction
- 12 Mai 2023
- 9782364686885
Et si Deborah Levy nous ouvrait les portes de sa bibliothèque personnelle ? Si elle nous emmenait à la découverte des artistes qui l'inspirent et la secouent ? Et si, en passant, elle nous livrait une anecdote savoureuse impliquant les petites cuillères, son voisin de palier et Nietzsche ? Tour à tour jeune femme aux yeux noircis de khôl, ses fidèles creepers aux pieds pour arpenter le Londres underground des années 1970, déjà fascinée par Colette et Simone de Beauvoir, amante féministe relisant Marguerite Duras et Sigmund Freud et Violette Leduc et Roland Barthes, voyante lorsqu'il s'agit de scruter l'âme des artistes qui l'obsèdent - Édouard Manet, Lee Miller, Francesca Woodman -, à l'affût du monde sous toutes ses coutures - technologie, pandémie, gastronomie... - Deborah Levy nous livre au fil de ces textes réjouissants, rassemblés ici pour la toute première fois, un véritable traité de l'indiscipline et une plongée revigorante dans son intimité loufoque et érudite.
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Notre part de nuit
Mariana Enriquez
- Editions du Sous-Sol
- Feuilleton Fiction
- 19 Août 2021
- 9782364684676
Un père et son fils traversent l'Argentine par la route, comme en fuite. Où vont-ils ? À qui cherchent-ils à échapper ? Le petit garçon s'appelle Gaspar. Sa mère a disparu dans des circonstances étranges. Comme son père, Gaspar a hérité d'un terrible don : il est destiné à devenir médium pour le compte d'une mystérieuse société secrète qui entre en contact avec les Ténèbres pour percer les mystères de la vie éternelle.
Alternant les points de vue, les lieux et les époques, leur périple nous conduit de la dictature militaire argentine des années 1980 au Londres psychédélique des années 1970, d'une évocation du sida à David Bowie, de monstres effrayants en sacrifices humains. Authentique épopée à travers le temps et le monde, où l'Histoire et le fantastique se conjuguent dans une même poésie de l'horreur et du gothique, Notre part de nuit est un grand livre, d'une puissance, d'un souffle et d'une originalité renversants. Mariana Enriquez repousse les limites du roman et impose sa voix magistrale, quelque part entre Silvina Ocampo, Cormac McCarthy et Stephen King. -
Nous avions quitté Deborah Levy gravissant sur son vélo électrique les collines de Londres et écrivant dans une cabane au fond d'un jardin. Nous la retrouvons, plus impertinente et drôle que jamais, prête à réinventer une nouvelle page de sa vie. Tandis que ses filles prennent leur envol, elle nous
emmène aux quatre coins du monde, de New York aux îles Saroniques en passant par Mumbai, Paris ou Berlin, tissant une méditation exaltante et follement intime sur le sens d'une maison et les fantômes qui la hantent.
Entremêlant le passé et le présent, le personnel et le politique, la philosophie et l'histoire littéraire, convoquant Marguerite Duras ou Céline Sciamma, elle interroge avec acidité et humour le sens de la féminité et de la propriété.
Par l'inventaire de ses biens, réels ou imaginaires, elle nous questionne sur notre propre compréhension du patrimoine et de la possession, et sur notre façon de considérer la valeur de la vie intellectuelle et personnelle d'une femme.
Pour être romancière, une femme a besoin d'une chambre à soi, nous disait Virginia Woolf. Deborah Levy complète ce tableau par l'étude d'une demeure pour soi.
Avec État des lieux, qui fait suite à Ce que je ne veux pas savoir et Le Coût de la vie, prix Femina étranger 2020, Deborah Levy clôt son projet d'"autobiographie en mouvement', ou comment écrire sa vie sans mode d'emploi. -
Le musée des contradictions
Antoine Wauters
- Editions du Sous-Sol
- Feuilleton Fiction
- 4 Mars 2022
- 9782364686342
Des voix s'élèvent, s'approchent du centre de la scène qu'est ce livre et s'expriment. Ce qui les lie, c'est qu'elles portent toutes des contradictions. On pourrait s'en inquiéter, dans un monde où il faut constamment choisir son camp. Mais ici, l'homme n'est ni bon ni mauvais. Il hésite, souffre, espère et doute, comme nous tous. N'est-ce pas là l'expérience qui est la nôtre aujourd'hui ? Chercher tant bien que mal à accorder nos paroles et nos actes ? Tenter de trouver du sens là où il n'y en a plus ? Voir que les choses sont sans espoir, et pourtant être résolu à vouloir les changer ?
Une adresse aux lecteurs qui intensifie la poésie, une façon de se réapproprier le discours sous forme de nouvelles. Antoine Wauters va toujours plus avant dans l'exploration des frontières du roman, et nous le suivons. -
Un divorce forcément douloureux, une grande maison victorienne troquée contre un appartement en haut d'une colline dans le nord de Londres, deux filles à élever et des factures qui s'accumulent... Deborah Levy a cinquante ans quand elle décide de tout reconstruire, avec pour tout bagage, un vélo électrique et une plume d'écrivain. L'occasion pour elle de revenir sur le drame pourtant banal d'une femme qui s'est jetée à corps perdu dans la quête du foyer parfait, un univers qui s'est révélé répondre aux besoins de tous sauf d'elle-même. cette histoire ne lui appartient pas à elle seule, c'est l'histoire de chaque femme confrontée à l'impasse d'une existence gouvernée par les normes et la violence sournoise de la société, en somme de toute femme en quête d'une vie à soi.
Ce livre éblouissant d'intelligence et de clarté, d'esprit et d'humour, pas tant récit que manifeste, ouvre un espace où le passé et le présent coexistent et résonnent dans le fracas incessant d'une destinée. Le Coût de la vie tente de répondre à cette question : que cela signifie-t-il pour une femme de vivre avec des valeurs, avec sens, avec liberté, avec plaisir, avec désir ? La liberté n'est jamais gratuite et quiconque a dû se battre pour être libre en connaît le coût. Marguerite Duras nous dit qu'une écrivaine doit être plus forte que ce qu'elle écrit. Deborah Levy offre en partage cette expérience. -
Les Naufragés du Wager
David Grann
- Editions du Sous-Sol
- Feuilleton non Fiction
- 25 Août 2023
- 9782364684126
En 1740, le vaisseau de ligne de Sa Majesté le HMS Wager, deux cent cinquante officiers et hommes d'équipage à son bord, est envoyé au sein d'une escouade sous le commandement du commodore Anson en mission secrète pour piller les cargaisons d'un galion de l'Empire espagnol. Après avoir franchi le cap Horn, le Wager fait naufrage.
Une poignée de malheureux survit sur une île désolée au large de la Patagonie. Le chaos et les morts s'empilant, et face à la quasi-absence de ressources vitales, aux conditions hostiles, certains se résolvent au cannibalisme, des mutineries éclatent, le capitaine commet un meurtre devant témoins. Trois groupes s'affrontent quant à la stratégie à adopter pour s'en échapper. Alors que tout le monde croyait que l'intégralité de l'équipage du Wager avait disparu, un premier groupe de vingt-neuf survivants réapparaît au Brésil deux cent quatre-vingt-trois jours après la catastrophe maritime. Puis ce sont trois rescapés de plus qui atteignent le Brésil trois mois et demi plus tard. Mais une fois rentrés en terres anglicanes, commence alors une autre guerre, des récits cette fois, afin de sauver son honneur et sa vie face à l'Amirauté et au grand public.
Reconstitution captivante d'un monde disparu, Les Naufragés du Wager de David Grann est un formidable roman d'aventures et une réflexion saisissante sur le sens des récits. Un grand livre par l'un des maîtres de la littérature du réel. -
Ce que je ne veux pas savoir
Deborah Levy
- Editions du Sous-Sol
- Feuilleton non Fiction
- 20 Août 2020
- 9782364684515
Deborah Levy revient sur sa vie. Elle fuit à Majorque pour réfléchir et se retrouver, et pense à l'Afrique du Sud, ce pays qu'elle a quitté, à son enfance, à l'apartheid, à son père - militant de l'ANC emprisonné -, aux oiseaux en cage, et à l'Angleterre, son pays d'adoption. À cette adolescente qu'elle fut, griffonnant son exil sur des serviettes en papier. Telle la marquise Cabrera se délectant du "chocolat magique', elle est devenue écrivaine en lisant Marguerite Duras et Virginia Woolf. En flirtant, sensuelle, avec les mots, qui nous conduisent parfois dans des lieux qu'on ne veut pas revoir. Ce dessin toujours inédit que forme le chemin d'une existence.
Ce que je ne veux pas savoir est une oeuvre littéraire d'une clarté éblouissante et d'un profond secours. Avec esprit et calme, Deborah Levy revient sur ce territoire qu'il faut conquérir pour écrire. Un livre talisman sur la féminité, la dépression, et la littérature comme une opération à coeur ouvert. -
Le colonel ne dort pas
Emilienne Malfatto
- Editions du Sous-Sol
- Feuilleton Fiction
- 19 Août 2022
- 9782364686656
Dans une grande ville d'un pays en guerre, un spécialiste de l'interrogatoire accomplit chaque jour son implacable office.
La nuit, le colonel ne dort pas. Une armée de fantômes, ses victimes, a pris possession de ses songes.
Dehors, il pleut sans cesse. La Ville et les hommes se confondent dans un paysage brouillé, un peu comme un rêve - ou un cauchemar. Des ombres se tutoient, trois hommes en perdition se répondent. Le colonel, tortionnaire torturé. L'ordonnance, en silence et en retrait. Et, dans un grand palais vide, un général qui devient fou.
Le colonel ne dort pas est un livre d'une grande force. Un roman étrange et beau sur la guerre et ce qu'elle fait aux hommes.
On pense au Désert des Tartares de Dino Buzzati dans cette guerre qui est là mais ne vient pas, ou ne vient plus - à l'ennemi invisible et la vacuité des ordres. Mais aussi aux Quatre soldats de Hubert Mingarelli. -
"Il faudrait des mots nouveaux, y compris pour raconter Auschwitz, une langue nouvelle, une langue qui blesse moins que la mienne, maternelle.'
En moins de deux cents pages vibrantes de vie, de lucidité implacable et d'amour, Edith Bruck revient sur son destin : de son enfance hongroise à son crépuscule. Tout commence dans un petit village où la communauté juive à laquelle sa famille nombreuse appartient est persécutée avant d'être fauchée par la déportation nazie. L'auteur raconte sa miraculeuse survie dans plusieurs camps de concentration et son difficile retour à la vie en Hongrie, en Tchécoslovaquie, puis en Israël. Elle n'a que seize ans quand elle retrouve le monde des vivants. Elle commence une existence aventureuse, traversée d'espoirs, de désillusions, d'éclairs sentimentaux, de débuts artistiques dans des cabarets à travers l'Europe et l'Orient, et enfin, à vingt-trois ans, trouve refuge en Italie, se sentant chargée du devoir de mémoire, à l'image de son ami Primo Levi.
"Pitié, oui, envers n'importe qui, haine jamais, c'est pour ça que je suis saine et sauve, orpheline, libre." -
Ne réveille pas les enfants
Ariane Chemin
- Editions du Sous-Sol
- Feuilleton non Fiction
- 1 Septembre 2023
- 9782364684812
La soeur jumelle. Puis la mère. Puis la petite fille. Puis le fils adolescent, et enfin le père. Le 24 mars 2022 une famille française se jette du septième étage de son balcon, face au lac Léman, à Montreux, en Suisse.
"Suicide collectif', concluent presque aussitôt les enquêteurs, malgré la présence de deux enfants mineurs. Un an plus tard, le dossier est clos. Les autorités ont posé une chape sur le "mystère de Montreux', un peu comme soixante ans plus tôt un cercueil fut scellé sans autre forme de procès sur le corps du grand-père des jumelles, l'écrivain Mouloud Feraoun, assassiné par l'OAS aux derniers jours de la guerre d'Algérie.
Quel scénario s'est imposé à cette famille lorsque la police a frappé à sa porte ? D'où lui vient sa "grande méfiance à l'égard de l'État' ? Pourquoi faudrait-il laisser à cette tragédie sa "part de mystère', comme l'enjoint le commissaire qui commente l'affaire ? Peut-on relier des morts par-delà les pays et les sépultures ? -
Cambrai 1917. Sur un champ de bataille, John, un soldat, gît à terre à la suite d'une explosion, incapable de bouger ou de sentir ses membres. Il voit ses souvenirs défiler avant de s'évanouir dans une tempête de neige.
Nord du Yorkshire 1920. John revient de la guerre vivant mais amputé d'une jambe. Il retrouve sa femme Helena, une artiste. Il reprend son activité de photographe et s'efforce de continuer à vivre. Mais le passé fait irruption avec insistance dans le présent, alors que des fantômes apparaissent sur des clichés, des visages qu'il ne se souvient pas avoir photographiés.
Ainsi commence un récit sur quatre générations, une série d'histoires interconnectées sur près d'un siècle, tissant un texte pareil à un morceau de musique dont chaque mouvement répéterait un certain nombre de motifs, et ses variations : les liens qui unissent les êtres, dans la vie comme dans la mort ; la fugacité de l'existence ; la différence entre savoir et comprendre ; l'art comme une forme d'amour. -
Dedalus du Lower East Side, Joseph Mitchell a su peindre les rues du vieux Manhattan comme retranscrire la drôlerie désespérée de sublimes anonymes bringuebalant l'Histoire dont ils sont les héritiers. Chacun de ses caractères entonne tour à tour son aria : le patron d'un restaurant, le marin-pêcheur, l'ostréiculteur, le prêcheur composent l'oratorio d'une cité en perpétuel mouvement. La déambulation hasardeuse de l'arpenteur urbain est à l'image de ses digressions fulgurantes : imbriquées les unes dans les autres comme les blocks aux quartiers. Quand en 1960 paraît Le Fond du port, Joseph Mitchell a cinquante et un ans. Soutier du journalisme, il est devenu un auteur littéraire à part entière. L'attention au détail, le sens de la construction, la minutie obsessionnelle, il avait élevé le reportage au rang d'art et mêlé fiction et réalité avec une maestria inégalée. Inoubliable volume, Le Fond du port, tient autant de la chronique d'un temps révolu que de la collection littéraire, au sens d'un inventaire cabossé par la poésie des rues et des noms, Fulton Street, Louie Morino, M. Hunter comme autant de notes d'un blues du macadam.
"Voilà ce qu'aurait pu écrire Borges s'il avait été originaire de New York.' Martin Amis
''Les autres livres de Joseph Mitchell - Le Merveilleux Saloon de McSorley, Old Mr. Flood, Le Secret de Joe Gould - sont superbes, mais ils sont au Fond du port ce que Tom Sawyer et Un Yankee du Connecticut à la cour du roi Arthur sont à Huckleberry Finn.'' Janet Malcolm -
Je te laisse dormir
Edith Bruck
- Editions du Sous-Sol
- Feuilleton non Fiction
- 6 Octobre 2023
- 9782364686694
L'Hirondelle sur le radiateur et Je te laisse dormir sont les deux livres qu'Edith Bruck
a écrits pendant les derniers mois de la vie de son mari Nelo Risi, poète et cinéaste, frère de Dino Risi, et après sa mort, survenue en 2015. Nous les rassemblons ici dans un seul ouvrage sous le titre : Je te laisse dormir.
Ce livre est le témoignage bouleversant d'une histoire d'amour, à travers lequel Edith Bruck évoque sa dévotion poignante à l'égard de son mari Nelo Risi, atteint de la maladie d'Alzheimer. Rédigé à la fois comme un journal et comme une autobiographie - car l'auteure se remémore leur vie commune ainsi que sa propre jeunesse hongroise, sa déportation et son retour -, elle y raconte la façon dont elle le maintient en vie, tente de préserver sa dignité, avec Olga, son aide à domicile, une jeune grand-mère ukrainienne, elle-même immigrée en Italie. Edith Bruck décrit minutieusement la vie quotidienne de leur trio, et en même temps reconstitue le passé de Nelo Risi, son oeuvre, ses poèmes et ses lettres qu'elle cite, les tournages auxquels elle a participé. -
Banzeiro Òkòtó : L'Amazonie, le centre du monde
Eliane Brum
- Editions du Sous-Sol
- Feuilleton non Fiction
- 12 Septembre 2024
- 9782364688452
"Libérer l'avenir n'est pas une petite idée sympathique, inoffensive ou mignonne. C'est une insurrection.'
Banzeiro est ce que les peuples d'Amazonie appellent l'endroit où la rivière se transforme en un redoutable vortex. Òkòtó, dans la langue yoruba, désigne une coquille qui s'enroule vers l'infini. Ces mots, intraduisibles, sont au coeur de la démarche d'Eliane Brum. Son outil, c'est l'écoute. Il y a les témoignages qu'on lui confie, il y a les mots-cicatrices des corps réduits au silence. Il y a le langage de la forêt et le murmure de la rivière. Celui du Xingu, qui se tarit depuis qu'un monstrueux barrage le défigure, non loin d'Altamira, la plus grande ville du Brésil, et la plus dangereuse où l'autrice s'est installée en 2017. Car il n'y a pas d'autre foyer possible quand la planète brûle. Depuis le chaos où elle écrit ce livre, sous le mandat de Jair Bolsonaro, c'est tout son corps de femme devenue forêt qui écoute l'Amazonie pour nous restituer son cri, intime, organique, poétique et politique.
Tel le Xingu, qui ondule à mesure qu'il coule,
Banzeiro òkòtó est un récit implacable et remarquablement documenté sur la lutte contre la destruction de l'environnement et le rôle central qu'y tient l'Amazonie, centre du monde. -
Les Argonautes
Maggie Nelson
- Editions du Sous-Sol
- Feuilleton non Fiction
- 4 Janvier 2018
- 9782364682917
Les Argonautes, c'est d'abord une histoire d'amour. Deux êtres qui se rencontrent et tombent éperdument amoureux. Leur amour grandit, leurs deux corps se transforment, et avec leurs mutations d'autres grandes questions résonnent : qu'est-ce que la maternité ? Comment se construit le genre ? Comment vivre et penser la marge en construisant une famille ?
À la lisière de l'essai et de l'autofiction, Les Argonautes est à la fois amusant et indigné, souvent emporté, toujours brillant. Maggie Nelson nous y présente les penseurs qui l'ont aidée à vivre, Judith Butler, Susan Sontag, Gilles Deleuze ou Roland Barthes. Elle parvient à mêler histoire intime et réflexion, livrant un texte à nul autre pareil, brillant et solaire. Au fil de ses lectures, elle nous emmène en Floride sur la plage, au cabaret burlesque, dans une université de New York, dans le bureau d'un shérif en Californie, à la très kitsch chapelle de Hollywood... Et surtout, elle s'assure que nous ne verrons plus jamais de la même façon le mystère de la fabrication d'un corps par un autre.
"Les Argonautes l'a imposée aux États- Unis comme une star de la 'non-fiction'. (...) Surprenante, exigeante, la pensée de Maggie Nelson vogue à contre-courant, ne prend rien pour acquis et force à réfléchir. Non-fiction, mais oui-talent.'
ELLE
"Le portrait exceptionnel à la fois d'une relation amoureuse et de la collaboration entre le coeur et l'esprit de Maggie Nelson.'
The New Yorker -
Quelque chose de brillant avec des trous
Maggie Nelson
- Editions du Sous-Sol
- 8 Mars 2024
- 9782364685604
"Tu n'as pas la moindre idée
du genre de lumière que tu laisseras entrer
quand tu feras tomber ce bol,
aucune idée
de ce qui te remplira"
Maggie Nelson
Poétesse, essayiste et critique d'art américaine née en 1973, elle s'est affranchie du carcan des genres littéraire établis.
Mêlant avec brio écriture autobiographique et théorie critique, Maggie Nelson a fait de ses questionnements sur la famille, le genre, la violence sexuelle, l'histoire de l'avant-garde et la philosophie des sujets de prédilection. Recueil paru en 2007 aux Etats-Unis, Quelque chose de brillant avec des trous est une méditation intemporelle sur la perte et la liberté. -
Dans le sillage des Pensées de Pascal citées en exergue, Bleuets est un objet hybride quelque part entre l'essai, le récit, le poème. Deux cent quarante fragments composent cette méditation poétique, intime et obsessionnelle autour d'une couleur, le bleu. Le deuil, le sentiment amoureux, la mélancolie sont autant de thèmes chers à Maggie Nelson ici abordés dans une maïeutique convoquant l'art et la beauté entre deux digressions introspectives ou savantes, des fantasmes de l'auteure à des approfondissements autour de la pensée de Platon ou de Goethe, en passant par l'oeuvre d'un Warhol ou d'un Klein ou la musique de Leonard Cohen. Laissons-nous séduire par cette déclaration d'amour fou à une couleur, un livre à ranger précieusement entre les Fragments d'un discours amoureux de Roland Barthes et Notre besoin de consolation est impossible à rassasier de Stig Dagerman.
"Et si je commençais en disant que je suis tombée amoureuse d'une couleur. Et si je le racontais comme une confession ; et si je déchiquetais ma serviette en papier pendant que nous discutons. C'est venu petit à petit. Par estime, affinité. Jusqu'au jour où (les yeux rivés sur une tasse vide, le fond taché par un excrément brun et délicat enroulé sur lui-même pareil un hippocampe), je ne sais comment, ça a pris un tour personnel."
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Céline Leroy -
Chiennes de garde
Dahlia de La Cerda
- Editions du Sous-Sol
- Feuilleton Fiction
- 1 Mars 2024
- 9782364687196
Une jeune héritière d'un empire narco fait construire une tombe digne d'un palace à sa meilleure amie assassinée ; une migrante tuée revient à la vie, bien résolue à se venger de ses agresseurs ; une sorcière invoque le seigneur des Ténèbres pour se débarrasser de sa voisine et de ses chiens qui défèquent dans son jardin ; une femme devient tueuse à gages pour subvenir aux besoins de sa famille...
Qu'elles soient femmes au foyer, influenceuses, trafiquantes, riches ou pauvres, les héroïnes de Chiennes de garde sont déterminées à résoudre leurs problèmes par elles-mêmes, car elles savent que, s'il y a bien une chose sur laquelle elles ne peuvent pas compter, c'est sur l'aide de Dieu.
Composé de treize histoires liées, aussi féroces que fascinantes, ce premier livre de Dahlia de la Cerda décrit sans complaisance les difficultés et les dangers dus au simple fait d'être née femme au Mexique. Écrites à la première personne, ces histoires offrent au lecteur une plongée dans les différentes réalités, sociales et politiques, de ce pays. Dotée d'un talent immense pour restituer le discours de rue et d'une bonne dose d'humour noir, Dahlia de la Cerda nous rappelle que "la vie est une chienne, c'est pour ça qu'il faut ruer dans les brancards'.
"Le Mexique est un énorme monstre qui dévore les femmes.
Le Mexique est un désert fait de poudre d'os.
Le Mexique est un cimetière de croix roses.
Le Mexique est un pays qui déteste les femmes. -
The White Darkness
David Grann
- Editions du Sous-Sol
- Feuilleton non Fiction
- 4 Février 2021
- 9782364684089
Comme souvent dans les récits de David Grann, un homme est dévoré par son idéal.
Ce personnage d'un autre temps sorti tout droit d'un film de Werner Herzog, se nomme Henry Worsley. The White Darkness raconte son extraordinaire histoire. Celle d'un militaire britannique fasciné par l'exemple d'Ernest Shackleton (1874-1922) et par ses expéditions polaires ; un homme excentrique, généreux, d'une volonté exceptionnelle, qui réussira ce que Shackleton avait raté un siècle plus tôt : relier à pied une extrémité du continent à l'autre. Une fois à la retraite, il tentera d'aller encore plus loin en traversant l'Antarctique seul, sans assistance.
Il abandonne tout près du but, dans un état de santé tel qu'il meurt quelques heures après son sauvetage. Édifiant destin d'un homme perdu par une quête d'impossible, qui n'est pas sans rappeler Percy Fawcett, autre explorateur guidé par une obsession, dont David Grann avait conté l'histoire dans La Cité perdue de Z.
"Tout le monde a son Antarctique', a écrit Thomas Pynchon, rien n'est moins vrai dans ce récit magnifique qu'on ne peut lâcher avant de l'avoir accompagné jusqu'à son terme.