Chacun de nous a en mémoire le fameux " élémentaire mon cher watson " de sherlock holmes.
Sans le savoir, conan doyle préfigurait, dans ses romans, la réalité du déséquilibre croissant des connaissances, qui du juge pénal, qui de l'expert. en effet, actuellement, avec l'apparition des technologies numériques, la nouvelle forme des investigations dans les crimes de sang et les délits financiers a engendré une triple évolution : l'identification de tout individu est du domaine du possible, par l'objet réputé lui être attaché, partout et à chaque instant ; l'accès aux informations tirées de l'invisible des cellules humaines, de l'infiniment petit, est grand ouvert ; le contre-piratage des circuits illicites de la criminalité financière offre des perspectives qui ne tiennent compte ni du temps, ni de l'espace et des droits locaux...
Mais les conclusions de l'expertise construites sur l'utilisation des technologies numériques sont-elles vraiment aussi accessibles et " élémentaires " que celles dont pouvait se prévaloir sherlock holmes ? la question mérite pour le moins d'être posée quand on sait que le juge qui dispose n'a pas reçu la même formation scientifique que celle du technicien qui propose, lequel n'a que très rarement une solide formation juridique !
" Qui donc a un avis à donner à sa cité ? " Telle était la formule par laquelle, dans l'Antiquité, était ouverte, deux fois par an, l'Ecclesia d'Athènes, rassemblant l'ensemble des citoyens.
L'Ecclesia, aujourd'hui, s'appelle Internet. A ceci près : la possibilité de prise de parole est multipliée à l'infini, ce qui permet à chaque citoyen - du moins théoriquement - de peser sur les choix collectifs. Mais l'outil ne transforme-t-il pas la fonction ? La quantité d'information et sa vitesse de circulation garantit-elle sa qualité ? Si la déferlante des blogs sape les bases des médias traditionnels pour lui substituer une simple collection de faits et d'opinions toutes faites, la démocratie s'en trouvera-t-elle enrichie ? Le Net apporte une nouvelle liberté.
Mais aucune liberté ne survit sans régulation. Si cette dernière est nécessaire, comment l'organiser ? Economiques, juridiques et éthiques, de nombreuses questions forment la trame de cet ouvrage, qui n'occulte pas les sujets d'inquiétude, mais parie finalement sur l'espoir.