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vincent duclert
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Michel Rocard a rappelé jusqu'à ses dernières années ce que fut le « miracle calédonien » en expliquant particulièrement sa méthode et son grand attachement au succès qui survint : il résumait pour lui une vie de convictions et d'action. Si le terme de « miracle » est retenu, c'est en référence aux difficultés quasi-inhumaines d'oeuvrer pour la paix dès lors qu'apparaissent les engrenages de guerre civile. La réussite en 1988 découlait d'engagements passés qui avait forgé sa détermination à agir face au risque de guerre civile sur l'île. Il mentionna à plusieurs reprises son engagement contre la guerre d'Algérie en 1958 et comment cette dernière allait le convaincre d'agir sur d'autres conflits à l'issue apparemment inextricable, opposant sur une même terre deux communautés tant ennemies qu'elles finissaient par consentir à la destruction mutuelle. Les accords de Matignon, la méthode suivie et l'impact de la paix pouvaient inspirer d'autres démarches dont celle portant sur le conflit israélo-palestinien. Il usa de sa renommée, de sa faculté de pouvoir parler aux parties ennemies, et de sa volonté de construire les conditions de la paix dans chaque camp. Après 1988 s'ajoute pour Michel Rocard une quatrième et non moins décisive expérience de paix et de « parler vrai ». Celle concernant les relations de la France avec le Rwanda et les responsabilités de la première dans le génocide des Tutsi de 1994, débuté en réalité dès 1990 quand la France s'engage massivement et militairement auprès du régime le préparant.
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Figure majeure de l'histoire française et européenne, personnage central de la République et du socialisme, premier mort de la Grande Guerre par son assassinat le 31 juillet 1914, héros du Panthéon depuis 1924, Jean Jaurès (1859-1914) ne bénéficie pourtant pas d'une biographie à la hauteur de sa place dans l'histoire contemporaine. C'est chose faite aujourd'hui avec l'ouvrage des historiens Gilles Candar et Vincent Duclert, qui orchestre les sources les plus vastes tout en restituant les acquis les plus récents de la recherche.
Se dessine un portrait passionnant de ce brillant normalien, philosophe, professeur, plus jeune député de France, grand orateur et journaliste pénétrant, patriote internationaliste, fondateur du socialisme démocratique, aux avant-postes de la République. Son attention constante à la question sociale l'amène à s'engager dans de très nombreuses luttes ouvrières, paysannes, syndicales, intellectuelles. Ses écrits innombrables témoignent de ce choix de la justice et de la cause de l'humanité.
Ce livre défend une interprétation de l'homme et de son action dans l'étude du combat politique, intellectuel et moral qui entraîna Jaurès tout au long de son existence, et même par-delà sa mort puisque sa mémoire continue d'agir puissamment sur les représentations contemporaines. Jaurès est un symbole pour les sociétés, un emblème à gauche, parfois disputé à droite, une icône aussi pour des générations de militants, un objet d'étude enfin, sans cesse renouvelé.Professeur de chaire supérieure au lycée Montesquieu (Le Mans), président de la Société d'études jaurésiennes, Gilles Candar anime chez Fayard la parution des Oeuvres de Jean Jaurès. Chercheur et enseignant à l'École des hautes études en sciences sociales, inspecteur général de l'Éducation nationale, Vincent Duclert a publié une biographie remarqué d'Alfred Dreyfus (Fayard, 2006). -
Réinventer la République ; une constitution morale
Vincent Duclert
- Armand Colin
- Le Temps Des Idees
- 25 Septembre 2013
- 9782200274771
Un idéal intellectuel et social à reconquérir.
-Un débat indispensable dans un contexte d'élection présidentielle.
-Un appel au sursaut politique.
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Jaurès est « contemporain » des rêves de liberté et des violences de l'histoire, en son temps comme au nôtre. Ce message résonne fortement aujourd'hui en politique, particulièrement chez les socialistes qui se reconnaissentencore dans l'héritage jaurésien.
Réfléchir sur Jaurès, c'est imaginer l'avenir et s'en donner les moyens de penser et d'action.
Ce livre rassemble les textes inédits d'historiens, chercheurs, spécialistes de la FondationJean-Jaurès et de la Ligue de l'Enseignement.
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Serviteurs de l'Etat ; une histoire politique de l'administration française, 1875-1945
Marc-olivier Baruch, Vincent Duclert
- La découverte
- 22 Septembre 2000
- 9782707133694
À partir d'une quarantaine de contributions de chercheurs (historiens, juristes, politistes), cet ouvrage aborde un volet indispensable à la connaissance des serviteurs de l'État au cours d'une période fondamentale de l'histoire de la France contemporaine. Par-delà les deux crises majeures que sont l'affaire Dreyfus et l'Occupation, on y trouvera à la fois une analyse de la machinerie de l'État et une étude des représentations que se font les fonctionnaires de leur place dans l'État, la société, la nation.
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Le génocide des Arméniens. Un siècle de recherche (1915-2015) est publié à l'occasion de la tenue à Paris, du 25 au 28 mars 2015, du colloque international « Le génocide des Arméniens de l'Empire ottoman dans la Grande Guerre. 1915-2015 : cent ans de recherche ». Il réunit les contributions scientifiques présentées à la Sorbonne, au Mémorial de la Shoah, à l'École des hautes études en sciences sociales et à la Bibliothèque nationale de France. Ce colloque introduit par le président de la République est organisé par le Conseil scientifique international pour l'étude du génocide des Arméniens (CSI), avec le soutien de la Mission du centenaire 2015 et de nombreuses institutions savantes.
Un siècle après le déclenchement à Constantinople, le 24 avril 1915, de l'extermination des Arméniens ottomans par l'État unioniste, la recherche internationale démontre par cette publication l'étendue de la connaissance scientifique sur le premier génocide contemporain. Cet ouvrage s'inscrit dans le mouvement des études sur les génocides, en plein développement en France comme dans le monde. Le centenaire de 1915 marque un tournant dans la résonnance publique des savoirs scientifiques les plus élevés et l'affirmation d'une conscience internationale de prévention des génocides. -
« Êtes-vous un intellectuel de gauche ?
- Je ne suis pas sûr d'être un intellectuel... Quant au reste, je suis pour la gauche, malgré moi et malgré elle. ».
(Entretien du 14 décembre 1959, Albert Camus avec François Meyer, université d'Aix en Provence.).
Albert Camus est mort dans un accident de voiture le 4 janvier 1960. Il y a tout juste 60 ans. Il a été de son vivant méprisé, haï même, pour avoir combattu tous les totalitarismes, pour avoir défendu une position réconciliatrice face à la guerre d'Algérie, pour avoir écrit L'Homme révolté. Il s'est tenu dans une position morale face à l'histoire tout en demeurant un homme de théâtre et un romancier exigeant.
Aujourd'hui il est reconnu, célébré souvent, toujours discuté pour sa solidarité en faveur de ses soeurs et frères algériens et sa critique permanente d'une gauche complaisante avec la violence d'État. Personnalité complexe et entière, Camus n'a pas transigé sur l'essentiel, le choix de la liberté et le devoir de vérité, lui imposant alors l'épreuve de la solitude et l'incompréhension de ses contemporains, ne comptant plus que sur le soutien de ses amis et celui des femmes qu'il aimait.
Pour mieux comprendre Camus, Vincent Duclert ouvre des archives familiales, notamment le récit de la toute dernière intervention publique de Camus (citée ici) qu'a menée son propre grand-oncle, François Meyer. Vincent Duclert revisite enfin les pays dont Camus a su donner une âme autant qu'un destin, celui de la liberté, de la vérité et du courage. Fondé sur la relecture de ses écrits notamment politiques, ce livre se veut hommage réfléchi à une pensée française autant qu'internationale, qui demeure de notre temps.