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Gallimard
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Énigmes et complots : Une enquête à propos d'enquêtes
Luc Boltanski
- Gallimard
- Nrf Essais
- 16 Février 2012
- 9782070136292
Pourquoi, au tournant des XIXe et XXe siècles, observe-t-on tour à tour : le développement du roman policier, dont le coeur est l'enquête, et du roman d'espionnage, qui a pour sujet le complot ; l'invention, par la psychiatrie, de la paranoïa, dont l'un des symptômes principaux est la tendance à entreprendre des enquêtes interminables, prolongées jusqu'au délire ; l'orientation nouvelle de la science politique qui, se saisissant de la problématique de la paranoïa, la déplace du plan psychique sur le plan social et prend pour objet l'explication des événements historiques par les " théories du complot " ; la sociologie, enfin, qui se dote de formes spécifiques de causalité - dites sociales -, pour détermine les entités, individuelles ou collectives, auxquelles peuvent être attribués les événements qui ponctuent la vie des personnes, celle des groupes, ou encore le cours de l'histoire ? La raison en est la conjoncture nouvelle que créent de profonds changements dans la façon dont est instaurée la réalité sociale.
C'est à l'Etat-nation, tel qu'il se développe à la fin du XIX° siècle, que l'on doit le projet d'organiser et d'unifier la réalité pour une population et sur un territoire. Mais ce projet, proprement démiurgique, se heurte à une pluralité d'obstacles parmi lesquels le développement du capitalisme, qui se joue des frontières nationales, occupe une place centrale. Ainsi la figure du complot focalise des soupçons qui concernent l'exercice du pouvoir : où se trouve réellement le pouvoir et qui le détient, en réalité ? Les autorités étatiques, qui sont censées en assumer la charge, ou d'autres instances, agissant dans l'ombre, banquiers, anarchistes, sociétés secrètes, classe dominante, etc.
? Ainsi s'échafaudent des ontologies politiques qui tablent sur une réalité doublement distribuée : à une réalité officielle, mais de surface et sans doute illusoire, s'oppose une réalité profonde, cachée, menaçante, officieuse, mais bien plus réelle. Roman policier et roman d'espionnage, paranoïa et sociologie - inventions à peu près concomitantes - sont solidaires d'une façon nouvelle de problématiser la réalité et de travailler les contradictions qui l'habitent.
Les aventures du conflit entre ces deux réalités - réalité de surface contre réalité réelle- constitue le fil directeur de l'ouvrage.
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De la critique ; précis de sociologie de l'émancipation
Luc Boltanski
- Gallimard
- 24 Septembre 2009
- 9782070126569
Le rapport que la sociologie entretient avec la critique sociale n'a cessé de hanter cette discipline depuis les origines. La sociologie doit-elle être mise au service d'une critique de la société, ce qui suppose de rendre compatibles description et critique ? La critique détourne-t-elle la sociologie de son projet scientifique ou en est-elle la finalité sans laquelle la sociologie ne serait qu'une activité vaine, détachée des préoccupations que nourrissent les personnes en société ? Cette question a déterminé les couples d'oppositions fondateurs - entre faits et valeurs, idéologie et science, déterminisme et autonomie, structure et action, approche macro et micro sociales, explication et interprétation, etc. Elle dicte deux des principaux programmes qui aujourd'hui configurent la discipline : la sociologie critique des années 1970, particulièrement dans la forme que lui a donnée, en France, Pierre Bourdieu ; la sociologie pragmatique de la critique, développée dans les années 1980-1990. Dans la sociologie critique, la description en termes de rapports de forces met l'accent sur la puissance des mécanismes d'oppression, sur la façon dont les opprimés les subissent passivement, allant, dans leur aliénation, jusqu'à adopter les valeurs, intériorisées sous la forme d'idéologies, qui les asservissent. La sociologie pragmatique décrit les actions d'hommes révoltés mais dotés de raison, porte l'accent sur leur capacité, dans certaines conditions historiques, à se lever contre leur domination, à forger des interprétations nouvelles de la réalité au service d'une activité critique. Luc Boltanski propose ici un cadre permettant d'articuler ces deux approches, apparemment antagoniques - l'une déterministe et réservant le beau rôle à la science éclairante du sociologue, l'autre soucieuse de se tenir au plus près de ce que disent et font les personnes. Ce travail d'unification le conduit à réélaborer des notions centrales pour la sociologie comme celles de pratique, d'institution, de critique et, finalement, de «réalité sociale». Il a pour ambition de contribuer au renouvellement actuel des pratiques de l'émancipation.
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Le nouvel esprit du capitalisme
Luc Boltanski, Eve Chiappello
- Gallimard
- Tel
- 24 Février 2011
- 9782070131525
Le capitalisme prospère ; la société se dégrade. Le profit croît, comme l'exclusion. La véritable crise n'est pas celle du capitalisme, mais celle de la critique du capitalisme. Trop souvent attachée à d'anciens schémas d'analyse, la critique conduit nombre de protestataires à se replier sur des modalités de défense efficaces dans le passé mais désormais largement inadaptées aux nouvelles formes du capitalisme redéployé. Cette crise, Eve Chiapello et Luc Boltanski, sociologues, l'analysent à la racine. Ils tracent les contours du nouvel esprit du capitalisme à partir d'une analyse inédite des textes de management qui ont nourri la pensée du patronat, irrigué les nouveaux modes d'organisation des entreprises : à partir du milieu des années 70, le capitalisme renonce au principe fordiste de l'organisation hiérarchique du travail pour développer une nouvelle organisation en réseau, fondée sur l'initiative des acteurs et l'autonomie relative de leur travail, mais au prix de leur sécurité matérielle et psychologique. Ce nouvel esprit du capitalisme a triomphé grâce à la formidable récupération de la « critique artiste », celle qui, après Mai 68, n'avait eu de cesse de dénoncer l'aliénation de la vie quotidienne par l'alliance du Capital et de la bureaucratie. Une récupération qui a tué la « critique artiste ». Dans le même temps la « critique sociale » manquait le tournant du néocapitalisme et demeurait rivée aux vieux schémas de la production hiérarchisée ; on la trouva donc fort démunie lorsque l'hiver de la crise fut venu. C'est à une relance conjointe des deux critiques complémentaires du capitalisme qu'invite cet ouvrage sans équivalent.