Premier roman de Léon Bloy, Le Désespéré (1887) est un pavé dans la mare de tous les conformismes.
Caïn Marchenoir est le héros de ce roman largement autobiographique: catholique intransigeant révolté par le silence de Dieu et la vaine attente de la rédemption, paria parmi les hommes, il lance le plus violent des anathèmes contre ses contemporains. Le Désespéré est tout à la fois un cri de révolte, un amoureux blasphème, un pamphlet vitriolé contre la foule des "digérants" républicains et la "Grande Vermine" des lettres.
Mais Le Désespéré est surtout un aérolithe littéraire, écrit dans une langue barbelée de mors rares, étrangement mystique, une oeuvre d'une surprenante modernité. Cette édition, abondamment annotée et qui tient compte des différents états du texte, offre un éclairage précieux sur ce formidable roman de l'inquiétude spirituelle.
« Il sertit d'or l'excrément ; il monte sur des métaux précieux, précieusement ouvrés, la perle noire de la bave. Quand il en arrive à ce point d'orfèvrerie et de ciselure, l'excrément lui- même devient un joyau », écrivait Octave Mirbeau à propos de Léon Bloy.
Écrivain intransigeant, pamphlétaire exaspéré, catholique fervent et farouche anticlérical, absolu en tout, Léon Bloy (1846-1917) fut l'une des plumes les plus atypiques de la langue française et effraya ses contemporains, dont il attaqua inlassablement les réputations, par sa terrible éloquence.
Initialement publié en 1894, le recueil des Histoires désobligeantes, dont la cruauté s'avère enracinée dans l'angoisse religieuse de leur auteur, donne la mesure de la remarquable puissance verbale de ce dernier.