Régulièrement voués aux gémonies, associés à une caste, aux privilèges et à la technocratie, les grands corps d'État demeurent largement méconnus. Pour comprendre ce qu'ils sont précisément et les mécanismes qu'ils mettent en oeuvre pour étendre et maintenir leur pouvoir, il était utile de partir à la rencontre des hauts fonctionnaires qui les incarnent. Ce livre saisit sur le vif le plus ancien d'entre eux, le corps des Ponts et Chaussées, au tournant du XXIe siècle. Il l'analyse aux prises avec un impératif managérial à l'oeuvre dans les aspirations individuelles de ses membres, leurs carrières, les mutations de « leurs » grandes Écoles, l'évolution du contenu de leurs enseignements et les réformes administratives qu'ils mènent. Objet d'appropriations différenciées au sein du corps, l'impératif managérial tiraille ses membres entre leurs devoirs publics (être des managers de l'action publique au service de l'État) et leurs désirs privés (leur attirance pour le monde des affaires, la prééminence du secteur privé dans les orientations de leurs composantes). Loin de révéler un ensemble totalement harmonieux et concordant, cette enquête souligne la multiplicité des dynamiques qui travaillent un grand corps, tantôt le renforçant tantôt l'affaiblissant, au gré des évolutions plus macrosociales qui affectent les faiseurs de corps. S'attarder sur ces logiques c'est restituer les conditions sociales de la managérialisation de l'action publique et ce qu'elles nous disent des transformations du rapport à l'État. Ce livre offre ainsi des clés de lecture indispensables pour comprendre les agencements par lesquels les grands corps d'État ont construit leur pouvoir à la charnière des secteurs public et privé.
L'élection présidentielle n'a jamais donné lieu en France à une étude portant sur les acteurs centraux des campagnes électorales que sont les associations, les syndicats, les organisations professionnelles, les collectifs, les ONG ou les think tanks. Tous poursuivent alors un objectif commun : tenter de convaincre les candidats et candidates de l'intérêt d'un projet, d'une cause ou d'une proposition de politique publique. Quelles sont les formes de lobbying à l'oeuvre pendant une campagne électorale et comment appréhender leurs effets ?
Une équipe de politistes et de sociologues répond à cette question inédite en suivant la campagne présidentielle de 2012 au coeur de la mêlée, dans le quotidien des groupes mobilisés. Loin de la vision légitime de l'élection réduite à un simple affrontement de candidats et de candidates arbitré par le vote et les médias, les enquêtes analysent ici la campagne présidentielle comme un terrain privilégié de l'exercice du lobbying.