« Des paroles de souffrance exprimées par des femmes victimes de violences au sein de leur couple, j'en ai entendu depuis près de trente ans, dans l'exercice de mon métier de juge.
Il y a aussi celles que je n'ai pas pu entendre, car elles s'étaient tues : celles des femmes mortes sous les coups - de feu ou de couteau - de leur assassin qu'il m'appartenait de juger avec la Cour et les jurés.
Parmi celles qui vivent encore, toutes disent qu'elles sont mortes «à l'intérieur». C'est pour elles que je mène combat.
J'aimerais également m'adresser à toutes celles qui vivent sous le même toit qu'un homme violent, mais aussi à celles et ceux qui peuvent avoir, au sein de leur entourage, une de ces victimes. Quels sont les signaux d'alerte ? Quelles attitudes ne pas laisser passer ? Et comment s'en sortir ?
En tant que haute-fonctionnaire chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes du ministère de la justice, je dois mettre en oeuvre et coordonner un plan d'action de lutte contre les violences conjugales. ».
I. R.
Aujourd'hui haute fonctionnaire chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes au Ministère de la justice, Isabelle Rome présidait encore très récemment des cours d'assises.
Depuis trente ans, cette juge s'est engagée pour les droits des femmes, la prévention de la délinquance et la réinsertion. Elle n'a eu de cesse de comprendre les causes des passages à l'acte criminel et a noué un dialogue singulier avec ceux que l'on appelle souvent « les jeunes des banlieues ».
A l'heure où la France est secouée par la vague noire du terrorisme, ces derniers - majoritairement Français, musulmans, nés de parents étrangers - sont aujourd'hui propulsés à la croisée de notre méfiance et de nos peurs. Sont-ils en réalité si différents des autres ? Ne doivent-ils pas, eux aussi, vivre et se projeter dans l'avenir au sein d'une société en crise ?
A Creil, Isabelle Rome a voulu donner la parole à ceux qui, souvent, se sentent exclus ou stigmatisés. Elle a aussi interrogé les adultes qui les entourent au quotidien et croient en eux. Des professionnels souvent « invisibles » que sont les chefs d'établissements scolaires, les personnels éducatifs, culturels ou associatifs, élus locaux...
A l'issue d'un travail minutieux et très documenté, structuré autour de dix axes comme le sentiment d'appartenance sociale, la perception de la loi et des valeurs républicaines, le fait religieux et la laïcité ou encore la place des filles et le respect des droits des femmes, Isabelle Rome nous propose des pistes de réflexion originales et audacieuses qui nous permettent d'espérer encore. Et c'est à l'instauration d'un nouveau droit fondamental qu'elle invite, in fine, notre société : celui du droit à l'espoir pour tous.
La conférence en ligne organisée par l'Unesco et l'Agence universitaire de la francophonie le 8 mars 2021 a été l'occasion de porter un regard sur l'engagement pour les droits des femmes aujourd'hui. Mariage forcé, inégalité des salaires, accession diffcile à l'éducation, violences conjugales, sexuelles... partout sur la planète, en dépit des acquis récents, les femmes subissent au quotidien discriminations et atteintes à leur intégrité physique et morale. Un état des lieux alarmant encore aggravé par la crise de la Covid-19, qui vient de faire basculer dans l'extrême pauvreté 47 millions de femmes et de fllles. Dix-huit personnalités engagées dans la lutte pour les droits des femmes témoignent de leur action, de leurs réflexions et ouvrent des pistes pour que l'égalité entre hommes et femmes devienne enfin une réalité. Car défendre ensemble, tous sexes et générations confondus, les droits des femmes à disposer de leur corps, de leurs rêves, de leur vie, c'est créer une société meilleure pour chacun.e d'entre nous.
Un regard juridique et pluridisciplinaire sur un sujet essentiel.
Cet ouvrage a pour vocation d'éclairer les enjeux critiques de l'usage de la notion d'emprise au sein du couple au regard des violences qui sont susceptibles d'y être commises. L'emprise amoureuse qu'exprime le romantisme ou les traités de séduction, l'emprise joyeuse ou les liens d'attachements réciproques ne sont malheureusement pas son objet. C'est de l'emprise sociale et interpersonnelle dont il s'agit. De celle qui empêche d'être soi, détruit l'estime de soi et aliènent jusqu'à la perte de soi. Une grammaire qui se conçoit dans une anthropologie des violences physiques et psychologiques dont les femmes sont les premières victimes.
Longtemps considérées comme étant du ressort de la sphère privée et de l'ordre de l'intime, ces violences sont actuellement l'objet d'une prise de conscience collective et sont devenues tout à la fois des questions d'ordre public, de justice et d'éducation. Elles engagent à la mise en place de nouvelles interventions sociales pour que les personnes qui en sont victimes puissent être mises en sécurité et sécurisées. Ce sont toutes les implications des nouveaux dispositifs juridiques et des nouvelles politiques publiques à la suite du Grenelle des violences conjugales que ce livre analyse.
Celle-ci est inter disciplinaire, inter professionnelle et intègre les réflexions de la société civile et des associations. Loin d'une lecture strictement institutionnelle elle a pour vocation d'institutionnaliser de nouvelles pratiques et de nouveaux engagements pour que le droit et la justice soient deux vecteurs de lutte efficaces concernant les violences au sein du couple.
Isabelle Rome et Eric Martinent
Si l'institution judiciaire est aujourd'hui largement féminisée, l'accession des femmes aux professions juridiques n'a guère plus d'un siècle. Celle-ci s'est faite pas à pas, initiée par des pionnières qui embrassèrent notamment la profession d'avocat et de magistrat.
Il s'agira de retracer le parcours de ces battantes et d'examiner la place des femmes, aujourd'hui dans l'exercice des métiers du Droit.
Il conviendra aussi de s'interroger sur les représentations des femmes et des jeunes filles par l'institution judiciaire, à travers la prise en charge des mineures délinquantes et le traitement de la criminalité féminine.