« Personne d'autre que le citoyen libre n'a qualité pour juger de l'emploi qu'il fait de sa liberté, sauf à voir celle-ci disparaître. Ainsi la loi ne peut-elle permettre à l'État de restreindre abusivement la liberté d'aller et venir, de manifester, de faire connaître une opinion, de s'informer, de penser pour finir. » Lorsque Chateaubriand déclare que « sans la liberté il n'y a rien dans le monde », ce n'est pas seulement un propos de littérateur. Il exprime cette vérité trop souvent oubliée que « sans la liberté », il n'y a pas de société politique, seulement le néant de ces individus isolés auquel l'État, porté à l'autoritarisme et à l'ordre moral, a cessé d'appartenir. Tel est bien le danger de la démocratie moderne que François Sureau s'emploie ici à désigner tant dans nos moeurs sociales que dans notre vie politique et, sans concession, à la lumière de nos responsabilités individuelles et collectives. L'homme est voué à la liberté ; il lui revient continûment, avec « patience et souffle », d'en reformuler le projet politique et de n'y rien céder.
«Je me suis demandé depuis, presque chaque jour, si j'aurais pu rédiger autre chose que ce que j'avais écrit».
Paris, début des années 1980. Un ancien militant basque refuse de rentrer en Espagne après vingt ans d'exil. Il réclame la protection de la France, car il se dit menacé de mort dans son pays.
Pour la justice française, l'affaire est délicate. Accéder à cette demande, c'est nier le retour de l'Espagne à la démocratie et à l'État de droit. Refuser serait faire preuve d'aveuglement sur la réalité de ces assassinats visant régulièrement les ex-opposants du franquisme. C'est au narrateur de ce livre, un jeune juriste encore inexpérimenté, qu'il va revenir de trancher.
De la décision de justice qui sera prise et du drame qui en découlera François Sureau a tiré le plus bref et le plus saisissant de ses textes.
« La Seine est le fleuve sur le bord duquel j'aurai passé l'essentiel de ma vie. Je me suis aperçu très tard que cette mince coulée grise et verte formait le centre d'un territoire, réel et imaginaire, dont je n'avais cessé de vouloir déchiffrer le secret. »Comment raconter un fleuve ? Comment dire ses boucles, ses méandres, les villes qui le bordent, les ponts, les ports, les entrepôts ? Comment dire les générations qui l'ont façonné, ont bâti ses rives, ont cultivé ses terres ?Dans L'Or du temps, François Sureau part de la source et descend, chapitre après chapitre, vers l'embouchure. Il s'arrête avec pour seule nécessité le rêve et le souvenir. Ses haltes se transforment ainsi en autant de récits. De la géographie surgit l'Histoire, la grande, mais aussi la plus intime.Vies héroïques, riches heures d'écrivains et de peintres égarés, moments mystiques, secrets conciliabules, digressions impromptues sur le droit, la politique, l'anarchie, la diplomatie. De la source à Troyes de Samois à Évry, Bercy, Paris... François Sureau avance de proche en proche, et forme peu à peu un livre unique, étonnant, libre, où s'entrecroisent tous les grands thèmes qui le fondent.
À deux reprises, François Sureau a plaidé devant le Conseil Constitutionnel la non-conformité à notre Constitution de dispositions législatives antiterroristes, en tant qu'avocat représentant la Ligue des droits de l'homme : la première pénalisait la consultation de sites terroristes, la seconde créait un « délit d'entrepriseindividuelle terroriste».
À deux reprises, il a gagné.
Ces deux plaidoiries constituent un magistral essai de défense de nos libertés contre la tentation totalitaire d'un État qui, face au péril djihadiste, est tenté d'abandonner ce qui fait l'essence de notre démocratie.
Convoquant Hugo, Tocqueville, Alain, Blum, Maritain ou Simone Weil, François Sureau nous livre ici un petit précis de pensée politique dans une langue altière et ample qui sembleconcentrerl'âme même de la France.