Comment l'ADN peut-il nous aider à remonter à la rencontre de nos ancêtres, proches ou lointains parents ? Que permet-il de plus que la paléontologie ou l'archéologie ? Que nous livre-t-il de la grande et de la petite histoire de l'humanité ? Mais que penser de l'intérêt croissant pour la biologisation de nos origines et des sociétés qui « vendent » des ancêtres à partir d'échantillons d'ADN ? Cela ne va-t-il pas à l'encontre d'une vision plus « métissée » de l'humanité ?
Les arbres évolutifs, ou phylogénies, racontent une histoire, l'histoire des êtres vivants, de leur morphologie et de leurs gènes, mais aussi, l'histoire des langues, des textes, des faits culturels ou même des idées. Ces arbres sont avant tout des hypothèses sur les liens de parentés qui exigent réflexions à la fois sur les faits et sur les méthodes. Ce livre définit les concepts fondamentaux de la reconstruction phylogénétique. Il explique la nature et la diversité des approches pratiquées depuis leurs balbutiements au XIXe siècle jusqu'à nos jours. Il insiste, de manière pédagogique et aussi objectivement que possible, sur leurs performances et leurs limites, en fonction de la nature des données étudiées.
Cet ouvrage constitue une version largement augmentée de La Reconstruction phylogénétique. Concepts et méthodes publié en 1993 dans la collection « Biologique théorique » des éditions Masson. Il tient donc compte des méthodes et débats qui ont marqué l'évolution rapide de la discipline ces vingt-cinq dernières années.
Il s'adresse aux étudiants des 1er, 2e et 3e cycles et aux chercheurs non spécialistes de phylogénie mais désireux de connaître l'état actuel de la question.
En soixante ans d'existence, l'ADN s'est échappé des laboratoires de génétique pour devenir un acteur essentiel des séries télévisées de police scientifique. Il est désormais présent au premier plan dans nombre de questions de société. L'ADN est là pour parler d'identité, de liberté individuelle, de sécurité et de gestion de populations par le fichage. L'ADN est encore là pour promettre une nouvelle médecine personnalisée, pour proposer ses réponses aux interrogations sur les origines familiales et sur les mouvements migratoires. En illustrant par de nombreux cas les enjeux sociaux, économiques et politiques qui entourent ces usages, les auteurs, tous deux chercheurs en génétique humaine, souhaitent remettre l'ADN à sa place, pour mieux libérer l'espace démocratique des débats.
Catherine Bourgain est chercheuse en génétique humaine et statistiques à l'Inserm. Présidente de la Fondation Sciences Citoyennes, elle a témoigné dans plusieurs procès pour refus de prélèvement ADN.
Pierre Darlu est directeur de recherche émérite au CNRS, spécialiste de génétique des populations humaines et d'évolution. il est très impliqué dans les recherches à l'interface de la biologie et des sciences humaines.