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Cédric Ferrand
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SOVOK : adj. Arg. Qui désigne les individus et les idées qui sont profondément imprégnés de réminiscences nostalgiques de l'ex-URSS.
Même s'il est né au Birobidjan, l'oblast autonome juif, c'est porteur d'une nationalité russe fièrement acquise au combat que Méhoudar débarque à Moscou en quête d'un boulot. Autour de lui, l'ancien empire soviétique, dont on devine encore des traces de la puissance et de la magnificence, achève de se déglinguer. Tout comme les Jigouli, les ambulances volantes de la compagnie Blijni dont le patron, Saoul, est prêt à mettre Méhoudar à l'essai. Sans salaire, évidemment.
Il sera supervisé par Manya et Vinkenti, une équipe de nuit désassortie. Elle a été médecin, ou peut-être seulement vétérinaire, et fume des cigarettes à la chaîne ; lui est russe jusqu'au bout de la barbe, et pilote leur épave avec douceur et (im)prudence... Ensemble, ils peignent à Méhoudar un portrait peu reluisant du métier : le système de santé fonctionne aux pots-de-vin car l'État ne verse plus les salaires, la bureaucratie occupe plus de temps que les soins et, pire, une compagnie privée européenne leur livre une compétition déloyale.
D'une intervention à l'autre, Méhoudar remarque que des changements se trament. Mensonges et vérités s'affrontent à grands coups d'imprimés clandestins dans les rues de la capitale.
Et voilà que Moscou se révolte !... -
« C'est rien qu'une anomalie locale, Jess. Ils ont pas ça à New York ni à Paris. Y'a qu'ici que ça se passe de même. Il y a comme un défaut dans le palpable, et nous autres, on peut exploiter cette défaillance du vrai. Ça paraît ben extraordinaire, mais c'est très terre à terre, quand on y pense comme il faut. Moi j'appelle ça du montréalisme magique. »
Ainsi parlait Almérique, mon grand-père, le père de mon père. C'est par lui que tout a commencé à déraper, mon histoire comme, peut-être, la vôtre aussi si vous habitez Montréal, voire le Québec tout entier. Parce qu'il en menait large, Almérique, même s'il a toujours gardé profil bas, ce qui faisait l'affaire de ceux qui le connaissaient comme le meilleur homme pour faire arriver les choses, comme on disait autrefois.
Si je vous dis ça, c'est parce que je connais bien le pouvoir d'Almérique puisque j'en ai hérité. Mais contrairement à mon grand-père, qui a été jusqu'à inventer ma grand-mère Rita, je ne tiens pas tant que ça à traficoter le réel - enfin, juste ce qu'il faut pour vivre ma petite vie tranquille et bien ordinaire.
Or, ce n'est pas facile de passer inaperçu quand on est de la lignée d'Almérique, et c'est de ça dont je veux vous parler... -
Montréal, printemps 1930...
Alors que le monde se remet difficilement de la crise économique, l'aventurier Sachem Blight n'a pas à s'inquiéter de son avenir professionnel. De fait, le Torontois se spécialise dans le sauvetage des écervelés de bonne famille qui se mettent dans le pétrin dans les coins les plus reculés du globe, aveuglés par les mensonges des guides de voyage.
Dans ce créneau, les offres d'emploi lucratives ne manquent pas... mais lorsqu'on lui demande de retrouver, dans les déroutants quartiers francophones de Montréal, l'héritier du concepteur du pont du Havre, Sachem doit admettre qu'il préfère affronter des cultistes fanatiques au coeur de grottes oubliées plutôt que ces ouvriers au parler plus que déconcertant !
La Providence - ou le Diable ? - place alors sur sa route Oxiline, sa demi-soeur qu'il n'avait jamais rencontrée. Or, élevée chez les religieuses, Oxiline connaît bien Montréal et ses accents. À son corps défendant, Sachem se retrouve donc avec une partenaire, et c'est aussi bien, car deux têtes (dures) ne seront pas de trop pour comprendre la menace - société secrète ? police privée ? entité mystérieuse ? - qui plane, en cette veille d'inauguration du pont, sur la ville de Montréal, la province de Québec et le reste du monde.