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« Le bref essai de David Rousset est en rupture avec tous les autres témoignages, fussent-ils ceux de militants politiques attentifs au système des camps. Son titre d'abord, avec l'invention de l'adjectif "concentrationnaire" qui deviendra un substantif. Il permet de distinguer les camps qui font système, différents d'autres camps comme ceux de prisonniers de guerre, de réfugiés ou d'internement et l'idée qu'ils forment un "univers à part, totalement clos, étrange royaume d'une fatalité singulière".
De cet univers, David Rousset offre un tableau saisissant, combinant la puissance de l'analyse à la beauté et la violence de la langue. »
Annette Wieviorka
Résistant et déporté, David Rousset écrivit dès son retour L'Univers concentrationnaire. Publié en 1946, son livre reçoit le prix Renaudot. Cet ouvrage fondamental rejoint en 1965, comme Le Convoi du 24 janvier de Charlotte Delbo, le catalogue des Éditions de Minuit qui avaient publié La Nuit d'Elie Wiesel en 1958. -
Tombeaux : autobiographie de ma famille
Annette Wieviorka
- Seuil
- Fiction et Cie
- 2 Septembre 2022
- 9782021478198
Lors du décès d'une tante sans descendance, Annette Wieviorka réfléchit aux traces laissées par tous les êtres disparus qui constituent sa famille, une famille juive malmenée par l'Histoire. Il y a le côté Wieviorka et le côté Perelman. Wolf, l'intellectuel yiddish précaire, et Chaskiel, le tailleur taiseux. L'un écrit, l'autre coud. Ils sont arrivés à Paris au début des années 1920, en provenance de Pologne. Leurs femmes, Hawa et Guitele, assument la vie matérielle et celle de leurs enfants.
Dans un récit en forme de tombeaux de papier qui font oeuvre de sépultures, l'historienne adopte un ton personnel, voire intime, et plonge dans les archives, les généalogies, les souvenirs directs ou indirects. Par ces vies et ces destins recueillis, on traverse un siècle cabossé, puis tragique : d'abord la difficile installation de ces immigrés, la pauvreté, les années politiques, l'engagement communiste ou socialiste, le rapport complexe à la religion et à la judéité, puis la guerre, les rafles, la fuite ou la déportation - Paris, Nice, la Suisse, Auschwitz - et enfin, pour certains, le difficile retour à la vie marqué par un autre drame.
Tout l'art consiste ici à placer le lecteur à hauteur d'hommes et de femmes désireux de bonheur, de joie, de liberté, bientôt confrontés à l'impensable, à l'imprévisible, sans certitudes ni connaissances fiables au moment de faire des choix pourtant décisifs. C'est ainsi que des personnages très attachants et un monde disparu retrouvent vie, par la grâce d'une écriture sensible et précise.Directrice de recherche honoraire au CNRS, Annette Wieviorka est une spécialiste mondialement reconnue de l'histoire de la Shoah. Elle a notamment publié au Seuil Auschwitz expliqué à ma fille (1999), 1945. La Découverte (2015) et récemment, aux éditions Stock, Mes années chinoises (2021). -
L'historienne Annette Wieviorka, spécialiste émérite de la Shoah, est, en 1970, une jeune militante maoïste. Dans l'enthousiasme de Mai 1968 et de la Révolution culturelle, les intellectuels français sont pris de passion pour la Chine communiste (dont Philippe Sollers, Julia Kristeva ou Roland Barthes, qui en rapportent des écrits fortement empreints d'idéologie).
Avec son mari et son petit garçon, Annette Wieviorka s'installe pour deux ans à Canton comme professeure de français. Dans le « laboratoire de l'homme nouveau », ils s'attendent à apprendre du réveil des masses et du modèle démocratique chinois. À la place, ils découvrent la pauvreté des Chinois et le vert des rizières, la surveillance constante, la soif de camaraderie mêlée à l'isolement dans une société collective.
Dans ce récit où se croisent la fraîcheur de notes prises sur le vif et le regard rétrospectif de l'historienne, les rencontres, les paysages et les questions se succèdent au son des chants révolutionnaires et de l'opéra chinois. Devant « l'impossibilité de saisir autre chose que la surface de la société chinoise », quel sens donner à ce qui est vécu ?
De ces années chinoises se dégage une « passion douloureuse, passion louche, passion déchirante » pour un pays, une époque et des idéaux. -
Tribulations d'un jeune Juif polonais en URSS entre 1939 et 1946
Maurice Drumlewicz
- Fauves editions
- 25 Juin 2021
- 9782336932835
Maurice Drumlewicz a 18 ans lorsque, le 6 octobre 1939, il prend la route à la recherche de son frère Henri, enrôlé dans l'armée polonaise. La guerre vient d'éclater et l'armée est prise en étau entre les Russes et les Allemands. Maurice quitte sa Pologne natale, muni d'un simple baluchon, ignorant encore l'incroyable voyage qui l'attend.
Entre 1939 et 1946, Maurice parcourra ainsi plus de 11 000 kilomètres, en grande partie à pied. Un périple extraordinaire à travers l'Union soviétique, de Varsovie jusqu'au fin fond de la Sibérie, en pleine guerre, avant de rejoindre Paris en 1946.
Comment survivre lorsque les dangers affleurent de toutes parts? Maurice raconte une vie au jour le jour: marcher, ruser, multiplier toutes sortes de travaux contre du pain, une soupe, des cigarettes, tout en évitant les rafles car, en fil rouge, se dessine la grande Histoire, ses enjeux et la réalité des camps de travail. Ces tribulations sont aussi celles de ces copains d'enfance qui furent ses compagnons d'infortune. La fraternité, la solidarité auront été le moteur de leur survie durant ces années difficiles.
Un témoignage rare, nourri et complété des commentaires de sa fille, Sylvie Lidgi, qui vient éclairer une page de l'Histoire encore trop peu documentée.