La vie
Considéré comme une figure emblématique du Tibet, Milarépa (1040-1123) incarne à lui seul le poète, l'ascète, le maître spirituel. Il pratiqua d'abord la magie noire avant de devenir un être pleinement réalisé. Ce récit de sa vie rédigé par Tsang Nyôn Heruka au XIVe siècle, après trois siècles de tradition orale, raconte les événements qui l'ont mené du crime à l'éveil. Ce sont d'abord des histoires de famille, sur fond de jalousies et de vengeances. Puis une rencontre, celle de Marpa, le maître, qui lui infligera d'éprouvantes épreuves avant de lui accorder les enseignements du bouddhisme tantrique.
Ce texte est un document littéraire et spirituel exceptionnel, qui témoigne aussi de l'organisation sociale et des conditions de vie dans le Tibet des XIe et XIIe siècles.
Cette histoire d'une vie excède de loin son époque, elle offre à chacun l'occasion de s'y retrouver à un moment ou à un autre, de s'identifier à l'un ou l'autre des personnages.
Traduit du tibétain par Marie-José Lamothe
Avec La Vie et Les Cent Mille Chants, c'est l'ensemble des narrations, chroniques et poèmes attribués à l'ermite-poète tibétain (1040-1123) qui se trouvent ici rassemblés. Evocation minutieuse de l'un des parcours spirituels les plus singuliers et les plus foudroyants qu'ait jamais accompli un esprit humain, ce livre s'apparente pourtant à un récit d'aventures, à une épopée, à un florilège. Pour tous les Tibétains, il s'agit d'une oeuvre essentielle, unique, qui relate et exalte le chemin vers l'Éveil d'un Bouddha à la mesure des hautes terres himalayennes.
Dans sa traduction, Marie-José Lamothe a su restituer le rythme, ou mieux, la rumeur de la langue tibétaine, si bien accordée à l'espace de ce Haut-Pays qu'elle connaissait intimement. Aussi cette version française conserve-t-elle l'écho du souffle originel, son pouvoir d'arrachement au monde, de mise en altitude du corps et de l'esprit. Dès sa parution, elle a été unanimement saluée, notamment par Jacques Lacarrière : « Quelle vie, quelle énergie, quelle jouvence en ces chants ! Voilà Milarépa : un embraseur d'éveil au pays des glaciers » (Le Monde), par Claude Roy : « Un traité de renoncement où passe le souffle des grands espaces himalayens » (Le Nouvel Observateur), et par René Char : « L'oeuvre de Milarépa fait mon enchantement. Ma reconnaissance à Marie-José Lamothe pour son fervent et brûlant présent bordé de grâce au Pays affirmatif des neiges ».
En postface, la traductrice, qui a mis ses pas dans ceux de Milarépa, propose un pèlerinage sur les traces du Maître de vie, occasion unique pour le lecteur de prendre la mesure du Tibet d'aujourd'hui.