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Lynda Dion
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Lynda Dion a fait une entrée remarquée dans le monde des lettres par la publication de deux romans au rythme très effréné et au « je » très assumé. Avec Monstera deliciosa, elle délaisse la narration à la première personne au profit de la troisième dans un style tout en retenue où chaque mot participe à la dissection d'un couple, d'une erreur de parcours. Si au départ la proposition peut surprendre, le lecteur se rend vite compte que ça marche. Ça marche parce que Lynda Dion ne sait pas faire autrement que d'être entièrement dans une vérité où il n'y a pas de place pour la concession. Et c'est ce qu'on aime de son écriture.
Lynda Dion a un parcours atypique. Enseignante de français et de création littéraire au secondaire, sa passion pour l'écriture la pousse à fonder Sors de ta bulle !, un concours qui permet à de jeunes écrivains de voir leur première oeuvre littéraire publiée. Depuis quelques années, elle reprend « le temps perdu » en se consacrant à l'écriture de romans. En quatre ans, elle a fait paraître chez Hamac La Dévorante (2011), La Maîtresse (2013) et Monstera deliciosa (2015). -
XYZ. La revue de la nouvelle. No. 155, Automne 2023
Heloise Bernier-Leduc, Lynda Dion, Emmanuelle Parizeau, M. H., Laurence Helie-Fontaine, Fanny Brossard-Charbonneau, Oliv
- Jacques Richer
- 17 Août 2023
- 9782924343425
Les auteurs·rices de ce numéro 155 de XYZ. La revue de la nouvelle écrivent sous le thème « Contre-attaque ».Il vient un jour où c'en est trop. Pour en finir avec la violence et les humiliations, la contre-attaque s'organise. La nouvelle qui ouvre ce numéro, « La chasse aux fourmis » d'Héloïse Bernier-Leduc, et « Manifestaires » de Maël Maréchal, qui le clôt, montrent la force de la communauté, mais aussi sa dangerosité, lorsque la riposte est lancée. La contre-attaque est parfois fantasmée, comme pour cette femme trahie qui s'imagine semer une plante irritante dans le texte de Laurence Hélie- Fontaine ; avérée, comme dans la nouvelle d'Olivier Gamelin, où une enfant se venge du chat de sa mère insensible ; ou le fruit d'un accident, lorsqu'un frère tortionnaire percute une vitre, chez Emmanuelle Parizeau. Mais il s'agit dans tous les cas d'une tentative de retrouver son pouvoir d'agir. La nouvelle de Cristina Vanciu imagine ainsi comment inverser les rôles entre un prédateur et sa victime. La narratrice de Nelly Desmarais se libère quant à elle de sa jalousie tandis qu'une enfant décide de mettre fin à la violence dans le texte de Cynthia Paris. Pour les corps meurtris décrits par Fanny Brossard-Charbonneau et M. H., le seul fait de se lever est un acte de bravoure. Dans le texte de cette der- nière, de même que dans celui de Lynda Dion, la subversion du langage est aussi une forme de révolte. Hors dossier, la nouvelle d'Ariane Duchesne nous fait entrer dans l'intimité d'une femme qui espère avoir un enfant. Jean-François Chassay éclaire l'oeuvre de la nouvelliste américaine Katherine Anne Porter et nos collaborateurs et collaboratrices nous offrent des comptes rendus des recueils La sphinge de Guy Ménard, Il fera chaud cette nuit de Yannick Marcoux et Galumpf de Marie Hélène Poitras. Dans ce numéro est également publié le texte gagnant du 33e concours de nouvelles XYZ, « La dernière tarte » d'Annie-Claude Thériault. Ce récit poignant relatant la fermeture d'un village a su émou- voir le jury, formé cette année de Monique Proulx, Louis Carmain et David Bélanger.
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«le courage qu'il faut à la Maîtresse pour ne pas pleurer pour ne pas montrer qu'elle a peur rester calme en contrôle de la situation malgré la paralysie intérieure qui la gagne surtout ne rien laisser paraître
les gestes la réplique tout de suite répondre avec aplomb avant d'être complètement démolie une larve une merde une enseignante dont la réputation fera dire aux élèves celle-là on peut faire ce qu'on veut avec»
La Maîtresse, qui porte avant tout un regard lucide sur la profession d'enseignante, est aussi l'histoire d'un livre qui refuse de s'écrire. Peut-on tout dire, tout montrer, même le monstre en soi? Mère, enseignante, amante, la narratrice confond les rôles, ne sait plus qui elle est dans ce parcours labyrinthique.
La Dévorante avait révélé sa voix unique. La Maîtresse la confirme. Il n'y a maintenant plus de doute: Lynda Dion construit une oeuvre littéraire solide.
À l'adolescence, Lynda Dion achète son premier carnet après avoir lu le Journal d'Anne Frank. À l'université, elle s'inscrit en littérature française et empile les manuscrits pendant des années. Enseignante de français au secondaire, elle fonde le concours littéraire Sors de ta bulle! qui permet aux jeunes lauréats du secondaire de publier une première oeuvre. Elle rêvait d'écrire, mais elle a enseigné. Maintenant, elle fait les deux avec passion. -
«j'ai la peau des mains qui fripe qui s'amincit le dedans des cuisses tendre comme du boeuf haché le dos qui coince quand je garde trop longtemps la même position je lis je réfléchis j'écris je médite devant la tête des arbres je ne bouge pas assez j'habite un corps de sédentaire qui n'a pas baisé depuis belle lurette ce qui me semble est pire encore»
Depuis la mort de sa mère, un an plus tôt, et le départ de sa fille, la narratrice se sent plus seule que jamais. Ni le chambreur avec qui elle partage son quotidien dans l'appartement de la rue de Vimy ni les hommes qui la courtisent sur les sites de rencontres ne parviennent à calmer sa faim. Jusqu'où ira-t-elle pour trouver l'amour et alléger ce coeur qui pèse dangereusement dans la balance ?
Présenté sous forme de fragments, La Dévorante explore sans pudeur les thèmes du célibat et du rapport au corps. L'écriture de Lynda Dion est à la fois fluide, tranchante et viscérale.
Lynda Dion est née à Québec avec la Révolution tranquille. Elle habite les Cantons-de-l'Est, où elle enseigne le français. Elle a fondé le concours littéraire Sors de ta bulle ! qui, chaque année, permet à de jeunes lauréats du secondaire de publier une première oeuvre. C'est une adepte de Rainer Maria Rilke, à qui elle doit la patience d'écrire. La Dévorante est son premier roman. -
On dit qu'une image vaut mille mots. Huit dessins émergent du passé de la narratrice pour lui rappeler le drame jamais résolu de son corps tenu à la pointe d'un couteau. Trente ans plus tard, la ronde des régimes n'a rien changé à sa situation de femme aux prises avec l'obsession du corps parfait. Résultat: elle est devenue plus grosse que jamais. L'urgence de ne pas mourir la pousse dans ses derniers retranchements. Le corps est disséqué, dépecé, exposé sans pudeur, avec des mots qui dévoilent une vérité pas toujours belle à regarder. À cause de la honte qui étrangle. L'enfance, l'adolescence, le début de l'âge adulte. Les premières expériences sexuelles. Elle revisite son passé sans jamais détourner les yeux. Affronte le miroir déformant du regard des autres pour se donner le droit d'exister. Dans un duel ultime avec la mort.
Lynda Dion écrit des livres sans pudeur dans lesquels elle aborde des sujets qui poussent au dévoilement. Sa vie est partagée entre l'écriture, l'enseignement et l'étude de l'objet littéraire. En plus de Grosse, elle a fait paraître chez Hamac La Dévorante, La Maîtresse et Monstera deliciosa.