Filtrer
Support
Accessibilité
Prix
Joyce Carol Oates
-
48 indices sur la disparition de ma soeur
Joyce Carol Oates
- Philippe Rey
- Roman étranger
- 14 Mars 2024
- 9782384820757
Tandis qu'une jeune artiste disparaît mystérieusement, sa soeur cadette décide de rassembler les indices afin de faire la lumière sur son sortQu'est-il arrivé à Marguerite Fulmer ? Le 11 avril 1991, la jeune artiste à qui tout réussissait a quitté la demeure familiale, pour ne jamais revenir. Sans laisser la moindre explication, juste une chambre en désordre. Vingt-deux ans plus tard, sa soeur Georgene, mouton noir de la famille, entreprend de traquer en quarante-huit chapitres les maigres indices susceptibles d'élucider cette disparition : à commencer par une " robe-nuisette " Dior en soie blanche abandonnée sur le sol...
Peu à peu, Georgene résout une partie de l'énigme mais reste confrontée aux questions lancinantes : Marguerite s'est-elle enfuie pour échapper à l'un de ses soupirants ? A-t-elle été la victime d'un tueur en série local ? Ou assassinée par son mentor et collègue, le peintre Elke, qui a exploité sa mort dans une collection de tableaux macabres ? Mais les ruminations de la cadette révèlent aussi son caractère jaloux et instable. Serait-elle à l'origine de l'irréparable ?
Récit fragmenté où Joyce Carol Oates démontre une fois encore un art du suspense inégalé,
48 indices sur la disparition de ma soeur dresse les portraits kaléidoscopiques d'une femme, dont la mémoire est honorée de tous, et de sa soeur, élevée à l'ombre d'une idole trop vite façonnée. Un jeu de piste délicieusement féroce. -
Un thriller corrosif et brillamment orchestré aux frontières de l'horreur.
Hannah et Wes Jarrett forment l'une des familles les plus en vue de l'élite blanche et bourgeoise de Detroit, en cette fin des années 1970. Entre les galas caritatifs et les déplacements d'affaires, ils se croisent à peine, et n'ont plus en commun que leurs deux enfants, choyés par la gouvernante. Par ailleurs, depuis plusieurs semaines, des gros titres abominables font la une des journaux : des corps de garçons sont retrouvés nus, sans vie, comme exposés au public. Un meurtrier dont on ne sait rien, que les médias s'empressent de nommer Babysitter.
Alors que la peur couve dans les foyers, Hannah ne se reconnaît plus. Elle, l'épouse fidèle, recherche excitation et aventure auprès d'un mystérieux amant, dont elle ne connaît que les initiales : Y. K. Cependant qu'un piège dévastateur semble se refermer sur elle, les crimes de Babysitter se multiplient...
Portrait âpre et percutant d'une élite blanche américaine isolée du monde,
Babysitter est un roman fiévreux et corrosif, brillamment orchestré. Corruption des forces de police, hypocrisie, prédation sexuelle, fureur et misogynie des hommes, Joyce Carol Oates n'épargne rien ni personne, et surtout pas les lecteurs. -
Flint Kill Creek
Christine Auché, Joyce Carol Oates
- Philippe Rey
- Roman étranger
- 17 Avril 2025
- 9782384822362
Douze nouvelles à suspense, des personnages tourmentés face à des situations d'extrême vulnérabilité, des dénouements toujours inattendus.Au travers de douze nouvelles, toutes plus troublantes les unes que les autres, Joyce Carol Oates explore rêves et réalités.
Dans " Flint Kill Creek " une jeune femme tombe amoureuse d'un étudiant impénétrable. Cette relation étrange et malsaine la mènera sur les rives d'un ruisseau tumultueux tandis que le couple s'engage dans une excursion solitaire.
Venue pour une simple prise de sang, une femme d'âge mûr se voit offrir un verre par le mystérieux laborantin qui a pris soin d'elle (" Le laborantin "). Une veuve dort d'un sommeil de plomb dans son manoir, rêvant au mercenaire commandité par la famille de son défunt mari pour la tuer (" L'héritière. Le mercenaire "). Une autre, remariée, lutte
avec ses rêves horrifiques de sangsues et la possible hostilité de son nouvel époux (" Amours tardives "). Un chercheur surmené oublie son bébé on ne sait où (" Jour de semaine "). Ou encore un homme, obsédé par une date cruciale non identifiée, marquée de trois astérisques dans son calendrier, plonge dans son passé (" *** ").
Du suspense, des personnages tourmentés face à des situations d'extrême vulnérabilité et des dénouements toujours inattendus : du grand Joyce Carol Oates. -
« L'auteur de Rien de grave aime Blonde parce que c'est l'une de ses obsessions : avoir tout et finir avec rien. »
Marie-Laure Delorme, Le Journal du Dimanche, 17 juillet 2008.
Blonde ne ressemble à aucun livre de Joyce Carol Oates. Avec cette oeuvre monumentale et baroque, qu'elle compose à partir des fantasmes que lui inspire Marylin Monroe, l'écrivain a ainsi marqué de son empreinte un genre inédit : la « bio-fiction ». Construite en cinq actes, cette tragédie est écrite sur deux modes : l'un narratif et réaliste, l'autre surréaliste, fait de visions et d'hallucinations. Un peu comme si la folie d'une Marylin starifiée venait interrompre les voix de différents personnages tentant de raconter son histoire. Au sein de ce choeur, on entend le souffle gracile et timide de Norma Jean, l'enfant blessée et perdue que Marylin a dû être, obsédée par le pouvoir de destruction et la fragilité de sa mère.
C'est donc la part d'ombre de ce personnage devenu mythique qui a inspiré Joyce Carol Oates : « Je n'ai pas décidé de faire un livre sur Marilyn Monroe. C'est en découvrant une photo de Norma Jean prise en 1944 quand elle avait dix-sept ans que j'ai eu envie d'écrire sur cette jeune fille ordinaire, quelconque, une Américaine typique avec ses cheveux foncés et son visage rond, qui ne ressemblait en rien à Marilyn Monroe. [...] C'est grâce et à cause d'Hollywood qu'elle s'est métamorphosée, qu'elle est devenue un miracle. Ce qui compte pour moi, c'est la vie privée de Norma Jean, comment cette vie privée s'est transformée en produit. »
Quand on sait que c'est à sa mère que Joyce Carol Oates a pensé en découvrant cette photo des jeunes années de Marilyn, on a très envie d'entendre l'auteur de Mauvaise fille nous raconter en quoi la lecture de Blonde a été pour elle d'une telle importance. -
Le terrifiant récit d'un médecin prêt à toutes les expérimentations dans un asile pour femmes au XIXe siècle pour se faire un nom dans la recherche médicale. Humilié par une accusation mettant en cause son professionnalisme, le Dr Silas Weir, " père de la gyno-psychiatrie " au XIXe siècle, est contraint d'accepter un poste à l'Asile des femmes aliénées de Trenton, dans le New Jersey, où il sera autorisé à poursuivre sa pratique, sans contrôle pendant des décennies. Il s'impose rapidement comme un pionnier de la chirurgie, sans hésiter à soumettre les femmes aux modes d'expérimentation les plus abjects. L'ambition de Weir est exacerbée par son obsession pour une jeune servante irlandaise, nommée Brigit, qui devient non seulement sa principale patiente, mais aussi l'agent de sa destruction.
Raconté par le fils aîné de Silas Weir, qui a répudié l'héritage d'un père trop brutal à ses yeux,
Boucher est un voyage cauchemardesque allié à une histoire d'amour inattendue, dont la conclusion sera surprenante.
Appuyé sur d'authentiques documents historiques, ce roman envoûte et tourmente, confirmant le talent de Joyce Carol Oates pour explorer les régions les plus sombres de la psyché américaine. -
1987, dans un quartier noir délabré d'une ville du New Jersey, une mère cherche partout sa fille, Sybilla, disparue depuis trois jours. L'adolescente sera retrouvée, ligotée, le corps barbouillé d'excréments et d'injures racistes, dans les sous-sols d'une vieille usine abandonnée. Emmenée aux urgences, elle accuse des " flics blancs " de l'avoir enlevée, battue et violée. Ce terrible acte de violence choque profondément sa communauté, où personne ne fait confiance à la police blanche, et exacerbe les tensions raciales frémissant depuis des décennies. Un pasteur noir et son frère, avocat militant des droits civiques récupèrent l'affaire qu'ils exploitent au mieux de leurs intérêts ; imités rapidement par le Prince noir, leader du Royaume de l'islam, plus redoutable encore. La vérité n'importe guère à ces leaders religieux, les médias s'en soucient tout aussi peu, et pourtant les faits se révèlent progressivement de plus en plus troubles. Dans un choeur de voix et de points de vue qui va crescendo - de la police aux médias en passant par la victime et sa famille -, l'auteure offre une nouvelle compréhension, choquante, du pouvoir et de l'oppression, de l'innocence et de la culpabilité, de la vérité et du sensationnalisme, de la justice et du châtiment. S'inspirant, comme souvent, d'un fait divers réel, Joyce Carol Oates explore les lignes de faille d'une société toujours troublée par la question de la race et signe un roman profond et incendiaire.
-
Le récit fiévreux, halluciné d'une épouse déterminée à garder son mari en vie, puis à lui être fidèle par-delà la mort
Originaires du Massachusetts, Michaela et Gerard s'installent pour huit mois dans un institut universitaire renommé de Santa Tierra, au Nouveau-Mexique. Mariés depuis une dizaine d'années, ils voient dans ces paysages d'une beauté saisissante, quoique étrange, l'occasion de vivre enfin leur voyage de noces. Mais à peine sont-ils arrivés que Gerard, victime d'une mystérieuse maladie, est hospitalisé d'urgence. Loin de ses proches, Michaela est subitement confrontée à la terrifiante et vertigineuse perspective du veuvage.
Joyce Carol Oates livre le récit fiévreux d'une femme qui a trouvé dans le rôle d'épouse sa force d'accomplissement et qui, à tout juste trente-sept ans, est appelée à s'occuper de son mari mourant. Tandis que Michaela exhorte désespérément Gerard à respirer, elle se demande si son amour, aussi puissant soit-il, suffira à le sauver. Gouvernée par son chagrin, Michaela perd pied, confond le passé et l'avenir, redoute sa propre mort sur ces terres arides et poussiéreuses aux dieux-démons omniprésents.
Respire... explore avec ferveur le sentiment de loyauté attaché à l'amour conjugal, et questionne : comment rester fidèle à soi-même alors que l'être que l'on admire le plus est sur le point de disparaître ? -
" Le livre le plus important de toute la carrière de Oates. " The Washington Post
2 novembre 1999. Luther Dunphy prend la route du Centre des femmes d'une petite ville de l'Ohio et, se sentant investi de la mission de soldat de Dieu, tire à bout portant sur le Dr Augustus Voorhees, l'un des " médecins avorteurs " du centre.
De façon éblouissante, Joyce Carol Oates dévoile les mécanismes qui ont mené à cet acte meurtrier : Luther Dunphy est à la fois un père rongé par la culpabilité car responsable de l'accident qui a causé la mort d'une de ses filles, et un mari démuni face à la dépression de sa femme. Pour ne pas sombrer, il se raccroche à son église où il fait la rencontre décisive du professeur Wohlman, activiste anti-avortement chez qui il croit entendre la voix de Dieu. Comme un sens enfin donné à sa vie, il se sent lui aussi chargé de défendre les enfants à naître, peu importe le prix à payer.
Dans un camp comme dans l'autre, chacun est convaincu du bien-fondé de ses actions. Mené par des idéaux humanistes, Augustus Voorhees, le docteur assassiné, a consacré sa vie entière à la défense du droit des femmes à disposer de leur corps. Les morts de Luther et d'Augustus laissent derrière eux femmes et enfants, en première ligne du virulent débat américain sur l'avortement. En particulier les filles des deux hommes, Naomi Voorhees et Dawn Dunphy, obsédées par la mémoire de leurs pères.
La puissance de ce livre réside dans l'humanité que l'auteure confère à chacun des personnages, qu'ils soient " pro-vie " ou " pro-choix ". Sans jamais prendre position, elle rend compte d'une réalité trop complexe pour reposer sur des oppositions binaires. Le lecteur est ainsi mis à l'épreuve car confronté à la question principale : entre les foetus avortés, les médecins assassinés ou les " soldats de Dieu " condamnés à la peine capitale, qui sont les véritables martyrs américains ?
Joyce Carol Oates offre le portrait acéré et remarquable d'une société ébranlée dans ses valeurs profondes face à l'avortement, sujet d'une brûlante actualité qui déchire avec violence le peuple américain. -
Veuve au matin d'une nuit de noces hallucinante, lorsque son époux, un jeune pasteur, se suicide en se jetant dans les Chutes du Niagara, Ariah Littrell se considère désormais comme vouée au malheur. Pourtant, au cours de sa semaine de veille au bord de l'abîme, en attendant qu'on retrouve le corps de son mari d'un jour, La Veuve banche des Chutes (ainsi que la presse l'a surnommée avant d'en faire une légende) attire l'attention de Dirk Burnaby, un brillant avocat au coeur tendre, très vite fasciné par cette jeune femme étrange.Une passion improbable et néanmoins absolue lie très vite ce couple qui va connaître dix ans d'un bonheur total avant que la malédiction des Chutes s'abatte de nouveau sur la famille.Désamour, trahison, meurtre ? C'est aux enfants Burnaby qu'il reviendra de découvrir les secrets de la tragédie qui a détruit la vie de leurs parents. Une quête qui les obligera à affronter non seulement leur histoire personnelle mais aussi un sombre épisode du passé de l'Amérique : les ravages infligés à toute une région par l'expansion industrielle gigantesque des années 50 et 60, expansion nourrie par la cupidité et la corruption des pouvoirs en place.Ce roman aussi beau et tumultueux que ces Chutes au charme maléfique a remporté le Prix Femina étranger en 2005.
-
Le premier recueil de poésie traduit en français de la grande Joyce Carol Oates
Dans une langue brûlante, Joyce Carol Oates interroge et dénonce une Amérique amnésique car malade. Qu'elle apostrophe " Marlon Brando en enfer " ; qu'elle s'interroge sur les dérives passées de la science lors d'expériences sur des enfants ou des singes ; qu'elle martèle les raisons qui mènent les femmes à un avortement ; qu'elle décrive le destin d'un vieux hobo de retour chez lui dans un quasi-anonymat, Joyce Carol Oates est à la croisée de l'intime et du politique. Ses poèmes disent la peur de la perte, le vide intérieur, la terre boueuse de sang et les hommes ivres de pouvoir.
Premier recueil de poèmes traduit en français de la grande Joyce Carol Oates,
Mélancolie américaine explore les contradictions d'une nation perpétuellement en quête d'un ordre social qu'elle ne cesse pourtant de faire éclater au nom d'une mythique et illusoire gloire passée. -
Douze nouvelles audacieuses et cruelles par la maîtresse du genre.
Une adolescente est tourmentée par sa soeur jumelle, qui grandit sous la forme d'une excroissance crânienne et s'efforce de prendre sa place ; une mère passe des heures à surveiller son nourrisson à travers un babyphone vidéo, jusqu'à l'obsession ; pourtant décidée à séduire son mentor, une brillante étudiante tombe en disgrâce ; des lycéennes créent un savant dispositif pour se venger de prédateurs sexuels ; une femme harcelée par un anonyme fait l'erreur de se confier à un ancien amant : les personnages de ce recueil de douze nouvelles, toutes plus troublantes et cruelles les unes que les autres, sont confrontés à une réalité mouvante et se livrent à de périlleuses manoeuvres.
Joyce Carol Oates explore avec un brio renouvelé la complexité du lien filial et la solitude des mères, les rapports de force entre les êtres et les aléas de la vie, ou imagine l'effondrement prochain de nos sociétés. Chacune de ces histoires agit comme un miroir grossissant de notre époque. En créant des mondes d'obsession érotique et d'idéalisme contrecarré, Joyce Carol Oates provoque, étonne, hypnotise. -
Fille noire, fille blanche
Joyce Carol Oates
- Philippe Rey
- Roman étranger
- 19 Juillet 2013
- 9782848763477
Elles se rencontrent au coeur des années soixante-dix, camarades de chambre dans un collège prestigieux où elles entament leur cursus universitaire. Genna, descendante du fondateur du collège, est la fille d'un couple très " radical chic ", riche, vaguement hippie, opposant à la guerre du Vietnam et résolument à la marge. Minette Swift, fille de pasteur, est une boursière afro-américaine venue d'une école communale de Washington. Nourrie de platitudes libérales, refusant l'idée même du privilège et rongée de culpabilité, Genna essaye sans relâche de se faire pardonner son éducation élitiste et se donne pour devoir de protéger Minette du harassement sournois des autres étudiantes. En sa compagne elle voit moins la personne que la figure symbolique d'une fille noire issue dun milieu modeste et affrontant l'oppression. Et ce, malgré l'attitude singulièrement déplaisante d'une Minette impérieuse, sarcastique et animée d'un certain fanatisme religieux. La seule religion de Genna, c'est la piété bien intentionnée et, au bout du compte inefficace, des radicaux de l'époque. Ce qui la rend aveugle à la réalité jusqu'à la tragédie finale. Une tragédie que quinze ans - et des vies détruites - plus tard, elle tente de s'expliquer, offrant ainsi une peinture intime et douloureuse des tensions raciales de l'Amérique. " Fille noire, fille blanche est un cru d'exception. Au-delà du sujet épineux qu'est la question raciale aux États-Unis, elle use de sa plume fine et féroce pour décrire les tourments de l'âme, la fin de l'adolescence, la perte brutale de l'adolescence. Et le tout se lit comme un thriller vertigineux. " (Augustin Trapenard, Elle) " Redoutable machine romanesque, saisissante d'ambiguïté et d'inconfort. " (Nathalie Crom, Télérama) " Ce grand roman fait revivre les fièvres, les utopies, les tensions raciales dans l'Amérique des Seventies pas encore délivrée des fureurs ségrégationnistes. " (Francine de Martinoir, La Croix) " Son écriture, fine, cruelle, caresse les contours d'une société américaine bourrée de contradictions. " (Claire Thévenoux, Ouest-France) " Fille noire, fille blanche est le nouveau grand roman de Joyce Carol Oates sur la question raciale aux États-Unis. " (Rolling Stone) " En parvenant à reconstituer avec rigueur ces années où le mouvement hippie et la guerre du Vietnam secouaient l'Amérique, Joyce Carol Oates en montre les contradictions politiques et sociales, la vie quotidienne et les effets pervers de l'éducation. " (Christine Ferniot, Lire) Des blogs en parlent : So many books, so little time, Mustango, Le Grand Nulle Part, Amanda Meyre, In Cold Blog, À propos de livres, Chez Gangoueus
-
Neuf nouvelles écrites au scalpel, une fresque poignante d'individus lambdas confrontés à des situations extraordinaires, aux dénouements souvent désastreux
Un simple néon bleu aperçu dans la vitrine d'un café, et l'esprit de Juliana se trouve brusquement cloué par d'incessants flash-backs. Les lettres clignotantes et disloquées ramènent la jeune femme tout juste enceinte, et visiblement heureuse, à ces nombreux hommes, dans ces nombreux bars, qui ont jadis croisé sa route, tandis que l'alcool coulait à flots. Lui reviennent alors plus vives que jamais ces années d'étourdissements, de violences, d'abus.
Des neuf autres nouvelles qui composent ce recueil d'histoires mystérieuses à suspense, qui saurait désigner la plus perturbante ? Un entretien en huis-clos entre une enseignante et un étudiant, prétendu vétéran de guerre, enragé par les appréciations de la professeure ? Un écrivain en mal d'inspiration, soudainement pris d'une fascination morbide pour une fragile caissière de supermarché ? Un adolescent chargé de s'occuper d'une mère malade qui se réfugie dans les délices de la cigarette électronique ? Une femme d'âge mûr propulsée dans une affreuse réalité alternative, après un accident de voiture ? Ou une poupée-clone de Marilyn Monroe qui propose ses services à des hommes libidineux réunis pour une vente aux enchères ?
Entre folie, harcèlement, fuite et enfermement, Joyce Carol Oates met en scène une variété sombre et inquiétante de femmes prises au piège, physiquement ou symboliquement. Pour le plus grand effroi des lecteurs. -
Abandonnée par sa mère à demi-folle au milieu des marais de l'Adirondacks, Mudgirl, l'enfant de la boue, est sauvée on ne sait trop comment, puis adoptée par un brave couple de Quakers qui l'élèvera avec tendresse en s'efforçant toujours de la protéger des conséquences de son horrible histoire. Devenue Meredith " M.R. " Neukirchen, première femme présidente d'une université de grand renom, Mudgirl, brillante et irréprochable, fait preuve d'un dévouement total à l'égard de sa carrière et d'une ferveur morale intense quant à son rôle. Mais précisément épuisée par la conception d'une rigidité excessive qu'elle a des devoirs de sa charge, tourmentée par ses relations mal définies avec un amant secret et fuyant, inquiète de la crise grandissante que traverse les États-Unis à la veille d'une guerre avec l'Iraq (crise qui la contraint à s'engager sur un terrain politique dangereux) et confrontée à la classique malveillance sournoise des milieux académiques, M.R. se retrouve face à des défis qui la rongent de manière imprévisible. Un voyage sur les lieux qui l'ont vue naître, censé lui rendre un peu de l'équilibre qui lui échappe, va au contraire la jeter dans une terrifiante collision psychique avec son enfance et menacer de l'engloutir une fois encore, mais dans la folie. Cette impitoyable exploration des fantômes du passé, doublée du portrait intime d'une femme ayant percé le plafond de verre à un coût gigantesque, fait de ce livre ainsi que l'a proclamé la critique, " un géant parmi les grands romans de Oates ".
-
Seize nouvelles brutales et décapantes, parfois insoutenables. Certes, la prose de Joyce Carol Oates n'a jamais été recommandée comme berceuse mais, en ce qui concerne ce recueil, les enfants auront intérêt à aller se coucher encore plus tôt car, très vite, Oates se montre sans pitié pour eux. Bien entendu, les véritables aficionados en redemanderont. Joyce Carol Oates a superbement disséqué le chagrin et le choc provoqués par la mort en 2008 de son premier mari, Ray Smith, et il n'est donc pas surprenant que la perte et le deuil soient les thèmes dominants de ce recueil rageur, dur et viscéralement dérangeant, écrit au lendemain du malheur. On y cherchera en vain la résignation de la veuve : Oates semble déterminée à nous convaincre que la femme en deuil est une sorte de coupable, une victime qui dans un sens mérite tout ce qui lui arrive (et ce n'est pas toujours tendre). La démonstration est réussie, et quel bonheur de lecture que ces pages qui font tomber les idoles et les clichés avec une santé, une énergie - et une plume - d'une jeunesse éblouissante. Traduit de l'anglais par Christine Auché et Claude Seban " Sauvage, poétique et impitoyable... Joyce Carol Oates n'a jamais eu la patte plus sûre, le regard plus perçant. " The Washington Post
-
La nuit. le sommeil. la mort. les étoiles.
Joyce Carol Oates
- Philippe Rey
- Roman étranger
- 14 Octobre 2021
- 9782848768960
Un grand roman de Joyce Carol Oates sur la destruction d'une famille par la violence du racisme de la société américaine
Octobre 2010. John Earle McLaren - " Whitey " - a soixante-sept ans. Homme blanc et puissant, père d'une famille de cinq enfants, il est connu comme l'ancien maire respecté de la petite ville de Hammond, dans l'État de New York. Alors quand il aperçoit un matin sur le bord de la chaussée un individu à la peau foncée brutalisé par des officiers de police, il fait de son intervention un devoir moral. Il tente de ramener les policiers à la raison, mais des coups de Taser l'envoient au sol, de violentes impulsions électriques auxquelles il ne survivra pas. Selon la version officielle, Whitey est décédé dans un accident de la route, des suites d'une crise cardiaque.
Que peut-il rester à une famille quand son seul point de ralliement était ce père aujourd'hui subitement enterré ? Il y a d'abord Jessalyn, qui a toujours vécu dans l'ombre de son mari. Désormais veuve, cette femme douce, éteinte, ne semble pas trouver en elle-même la force nécessaire pour tenir ensemble le foyer. Il lui faudra se relever et se reconstruire en tant que femme avant que de redevenir mère. Viennent ensuite les cinq enfants, Thom, Beverly, Lorene, Sophia et Virgil, aussi différents les uns des autres que peuvent l'être les membres d'une même fratrie. Des adultes englués dans leur quotidien, préoccupés par leur vie de couple, pris dans leurs ambitions et leurs regrets, leurs secrets et leurs fautes.
Oates a écrit un roman magistral sur la dislocation d'une famille. L'une des grandes réussites de ce texte réside dans le portrait des enfants, affrontant chacun à leur façon le deuil de leur père, figure tutélaire, mais aussi dans la force et la résilience dont ils font preuve, notamment lors de la découverte de la falsification de l'acte de décès.
Et puis il y a surtout l'étonnante figure de Jessalyn, la veuve anéantie à qui tout le monde prédit un avenir sombre, d'une tristesse insurmontable, et qui surprendra toute sa famille dans une évolution aussi spectaculaire qu'imprévisible...
Au-delà d'être un roman bouleversant de vérité sur le trauma psychologique d'une famille,
La nuit. Le sommeil. La mort. Les étoiles aborde aussi le racisme des forces de police aux États-Unis et la lutte des classes. Joyce Carol Oates ose ainsi faire le portrait complexe d'une nation en pleine crise identitaire, et place le lecteur face aux contradictions de la société américaine. -
Une plongée au coeur de la psyché féminine, entre cauchemars et délicieux frissons
Dans ce recueil de quatre longs récits à suspense, Joyce Carol Oates se joue de secrets familiaux tous plus glaçants les uns que les autres. Ainsi en va-t-il de Clare, adoptée à l'âge
de deux ans, qui reçoit en héritage de parents inconnus une étrange propriété à Cardiff, dans le Maine. Malgré l'accueil chaleureux que lui réservent ses tantes excentriques, ce legs empoisonné contraint la jeune femme à exhumer le douloureux passé enfoui dans sa mémoire.
Ainsi en va-t-il aussi de Mia, enfant solitaire qui apprivoise une chatte sauvage et qui, plutôt que d'en faire son animal de compagnie, trouvera en elle sa plus fervente protectrice face aux hommes violents de son entourage, jusqu'au point de non-retour. Ou d'Alyce, brillante étudiante qui, se découvrant enceinte de son chargé de travaux dirigés, laisse un éminent professeur passionné de Lewis Carroll la prendre sous son aile. Et enfin Elisabeth, nouvellement mariée, bien résolue à protéger le fils de son époux miraculeusement épargné au moment du suicide de sa mère, célèbre poétesse qui a également tué sa fille cadette. Hantée par la voix de celle qui l'a précédée dans la vieille demeure de Cape Cod, Elisabeth résistera-t-elle à sa fascination pour le garage interdit où mère et fille ont perdu la vie ?
En instillant dans chacun de ces récits un oppressant et délicieux sentiment de malaise, Joyce Carol Oates brouille avec brio les frontières entre rêve et réalité, semant le doute dans l'esprit du lecteur terrifié. -
Une exploration aussi troublante que brillante sur ces vies que nous aurions menées si nous avions fait des choix différents
Dans
Un (autre) toi, la libraire de la petite bourgade de Yewville se prend à imaginer ce qu'aurait pu être sa vie si ses résultats médiocres à l'examen de fin d'études ne l'avaient pas contrainte à sacrifier ses rêves d'indépendance, alors qu'à quelques pas de là, de retour dans la demeure familiale, une écrivaine accomplie est troublée de se projeter en bibliothécaire mère de famille, celle qu'elle aurait pu devenir si elle n'était jamais partie. Dans
Guide Bleu, un professeur retraité part à la recherche de son amour perdu et le retrouve sous la forme d'un oiseau. Dans
La fente, une jeune fille décédée brutalement déambule parmi les vivants sans comprendre qu'elle n'est plus de leur monde.
Joyce Carol Oates explore brillamment les réalités alternatives auxquelles nous avons échappé. Amours déçues, espérances trompées, regrets amers, autant de sentiments déclinés dans toute leur noirceur, et que l'autrice prend plaisir à manipuler. Saisissantes, incisives, les quinze nouvelles de ce recueil bousculent les destinées de leurs personnages dont le principe de vie n'est autre que l'absolue liberté de la création en littérature - cela pour le plus grand délice des lecteurs. -
Un thriller complexe et bouleversant, du grand Joyce Carol Oates
De son enfance, Abby garde le souvenir de nuits tourmentées, habitées par un cauchemar récurrent : un champ peuplé d'ossements humains dans lequel elle erre à l'infini. Aujourd'hui Abby a vingt ans et, tandis qu'elle pensait avoir vaincu ses démons, son mariage imminent ravive l'affreux cauchemar. Moins de vingt-quatre heures après la cérémonie, Abby s'engage sur la chaussée et se fait renverser par un bus.
Accident ou résultat d'un geste prémédité ? C'est ce qu'essaie de déterminer son mari, Willem, alors qu'un troublant faisceau d'indices se présente à lui : quelle est donc cette marque rouge autour du poignet droit d'Abby ? Pourquoi se réveille-t-elle en hurlant chaque nuit ?
De confession en confession, Abby partage avec Willem ce qu'elle n'a jamais avoué à personne : l'histoire de Nicola, sa mère perpétuellement terrifiée, et de Lew, son père jaloux, violent, vétéran de la guerre d'Irak, accro à toutes sortes de drogues. Entre les deux, une fillette prise en
étau...
Porté par une écriture nerveuse oscillant entre le présent et l'enfance torturée d'Abby, à la poursuite de la surprenante vérité d'une famille, ce roman méticuleusement orchestré tient en haleine le lecteur jusqu'à la dernière seconde. -
Un récit poignant et teinté d'humour.
Elle, c'est Ursula. Parce qu'elle est trop grande et mal dans sa peau, Ursula se surnomme elle-même la Nulle.
Lui, c'est Matt. Doué, drôle, il aime faire le malin. Trop parfois. Lorsqu'il a menacé de faire exploser le lycée, il plaisantait. Mais tout s'enchaîne: accusé, isolé, Matt voit sa vie devenir un enfer. Seule Ursula ne cède pas à la rumeur... -
Oates explore brillamment les longs échos de la violence, du sexisme et du racisme dans la vie d'une jeune Américaine
Doit-on être loyal à la justice ou loyal à sa famille ?
Rejetée par ses proches, Violet Rue Kerrigan revient sur son passé. Sa faute ? Avoir dénoncé pour meurtre ses grands frères, tortionnaires d'un jeune Africain-Américain. Lors de leur accès de violence raciste, elle avait douze ans.
Dans un récit émouvant, Violet se remémore son enfance en tant que cadette d'une fratrie dysfonctionnelle d'origine irlandaise, durant les années 70 dans l'État de New York. Une famille où la parole du père ne souffre aucune contestation et où les garçons ont plus de valeur que les filles. La jeune femme raconte comment elle est passée du meilleur au pire : elle était la préférée des sept enfants Kerrigan, elle est maintenant celle qui " a cafardé " et entraîné l'arrestation de ses frères. Une décision qui lui a valu d'être exilée, chassée par ses parents, ses frères et soeurs, son Église...
À partir de ce bannissement, Joyce Carol Oates analyse les souffrances de Violet, mais aussi comment elle s'est émancipée de l'emprise familiale pour partir en quête de sa propre identité. En définitive, c'est une vérité douloureuse qui parcourt ce roman sombre et sensible: les émotions les plus tendres peuvent changer en un instant. Vous pensez que vos parents vous aiment ? Êtes-vous bien certain que c'est vous qu'ils aiment, et pas juste l'enfant qui est le leur ? -
Descente en terres intimes et ravagées avec ces onze nouvelles oppressantes à souhait
Dans
Les beaux jours, un artiste peintre joue un jeu dangereux auprès de l'une de ses jeunes modèles, tandis qu'au fur et à mesure s'érode la frontière entre érotisme et abus. Dans
Fleuve Bleu, des amants conviennent d'un pacte d'honnêteté pour remédier à leurs vies moroses de femme et d'homme mariés, oubliant que la vérité peut être plus impitoyable que n'importe quel mensonge. Dans
Big Burnt, un couple est pris au milieu d'une violente tempête sur un bateau de fortune, après un étrange et charmant tête-à-tête sur une île déserte, cependant que l'homme esquisse un cruel projet.
Dans chacune des huit autres nouvelles qui composent ce recueil, l'autrice met en scène des personnages en quête d'amour et de reconnaissance, destinés à méconnaître ceux qui leur sont les plus proches. Des drames de l'intime tapis dans l'ombre, qui n'attendent qu'une étincelle - ou une rencontre - pour se réveiller. Entre choix audacieux et intrigues en apparence ordinaires, Joyce Carol Oates manie une prose aiguisée et pose la seule question qui vaille : les liens que l'on noue, amoureux ou amicaux, sont-ils voués à se rompre tragiquement ? -
Un irrésistible suspens psychologique pour un livre subtil et bouleversant.
Francesca est surnommée Franky mais aussi Zarbie les yeux verts, lorsque l'adolescente rebelle pointe sous la carapace. Elle habite à Seattle avec sa soeur Samantha et leur demi-frère Todd. Elle a tout pour être heureuse : un père riche et célèbre, une mère artiste et adorable, une somptueuse maison. Elle voue à son père Reid Pierson, un reporter sportif célèbre, une véritable vénération. Mais les apparences sont parfois trompeuses. Franky sent bien que quelque chose ne va pas.
Elle en veut terriblement à sa mère qu'elle sent s'éloigner d'eux. Étouffée par son mari, Krista, qui cherche à retrouver un peu de liberté et d'indépendance, a aménagé un bungalow non loin de leur maison, où elle exerce ses talents de peintre et reçoit ses amis. Son mari, qui lui reproche de déserter le foyer, monte ses enfants contre elle jusqu'au jour où elle disparaît. Reid Pierson est interrogé par la police et ses filles le soutiennent, persuadées que leur mère les a abandonnées... Effrayées aussi par la violence de leur père...
Mais Franky retrouve un journal écrit par sa mère qui révèle la terreur dans laquelle celle-ci a vécu. D'autres détails refoulés reviennent à l'esprit de Franky... -
Une plongée intrigante dans les univers troubles de personnages aux limites de la folie
Une célèbre peinture d'Edward Hopper prend vie : il est 11 heures, une femme nue, chaussée de talons hauts, le regard tourné vers une fenêtre, attend un homme. Au même moment, celui-ci est en route pour honorer ce rituel quotidien, tandis que le lecteur pénètre l'esprit des deux amants, chacun empreint pour l'autre de désir, de dégoût et de haine...
Ces six nouvelles qui composent ce recueil sont des prodiges. Une épouse jalouse invite une étudiante à se joindre à elle pour le thé et initie un funeste jeu de roulette russe : entre une
infusion corsée et un assortiment mortel de médicaments, qui boira quoi ? Dans un autre récit, une jeune femme se retrouve cobaye malgré elle d'un comité de recherche scientifique
dont le projet est de créer une espèce hybride. Dans un autre encore, hommage à H. P. Lovecraft, un jeune marginal se croit hanté à la suite du décès de son père, atteint de syphilis.
Joyce Carol Oates ausculte brillamment les thèmes de l'abus physique, psychologique et émotionnel. Chaque nouvelle se lit comme une flèche empoisonnée logée en plein coeur.
Personne, ni les personnages ni le lecteur, n'en sortira indemne.