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Aline Kiner
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Paris, 1310, quartier du Marais. Au grand béguinage royal, elles sont des centaines de femmes à vivre, étudier ou travailler comme bon leur semble. Refusant le mariage comme le cloître, les béguines forment une communauté inclassable, mi-religieuse mi-laïque. La vieille Ysabel, qui connaît tous les secrets des plantes et des âmes, veille sur les lieux. Mais l'arrivée d'une jeune inconnue trouble leur quiétude. Mutique, rebelle, Maheut la Rousse fuit des noces imposées et la traque d'un inquiétant franciscain... Alors que le spectre de l'hérésie hante le royaume, qu'on s'acharne contre les Templiers et qu'en place de Grève on brûle l'une des leurs pour un manuscrit interdit, les béguines de Paris vont devoir se battre. Pour protéger Maheut mais aussi leur indépendance et leur liberté.
Aline Kiner nous entraîne dans un Moyen ge méconnu. Ses héroïnes, solidaires, subversives et féministes avant l'heure, sont résolument actuelles. -
Dans ce coin de Lorraine à la sérénité trompeuse, la mine, la guerre et les vieilles haines ont creusé bien des failles. C'est dans l'une d'elles qu'un matin d'hiver, le cadavre d'une jeune fille est retrouvé, une corde savamment nouée autour du corps. Le lendemain, on découvre un assemblage de brindilles dans le cimetière du village, à l'endroit même où, à la Libération, un homme a été pendu. Chargés de l'enquête, Simon Dreemer et Jeanne Modover devront sonder les souvenirs des « gueules jaunes », ces anciens mineurs malmenés par l'Histoire.
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Une cabine téléphonique à Belleville. Une sonnerie qui résonne dans le vide chaque jour à midi. Répondre serait absurde. C'est pourtant ce que fait Éva. Pour cette jeune femme qui a mis sa vie entre parenthèses depuis qu'un cancer la menace, la voix venue des bords du Nil va devenir un point d'ancrage. C'est grâce à cette voix, grâce aux récits désormais quotidiens que lui fait Gabriel, un photographe parti réaliser un reportage sur la vallée des morts d'Abydos, qu'elle saura faire sienne la vision de l'au-delà des anciens Égyptiens: un fil tendu entre passé et présent, un passage de l'obscurité à la lumière.
Comme ses personnages, fragment après fragment, Aline Kiner façonne un roman pudique et solaire sur notre peur du néant et des rendez-vous manqués. Entretien avec Aline Kiner : Après Le Jeu du pendu (Liana Levi, 2011) pourquoi ne pas avoir écrit un autre roman policier ?
Pour moi, le roman policier n'est pas un genre fermé. C'est une forme d'écriture, un système de codes, qui permet d'approcher ce qui me passionne le plus : la vérité des êtres et leur façon de se débrouiller avec cette drôle de chose qu'est la vie. Il ouvre aussi au lecteur des univers qu'il ne connaît pas. Dans Le Jeu du pendu, j'ai aimé raconter un petit village de Lorraine marqué par les souvenirs de la guerre, le rapport ambivalent des hommes à la mine, les failles des personnages... Mon nouveau roman emprunte d'autres codes, mais finalement, l'essentiel n'est pas si éloigné. Et même s'il s'agit d'une histoire plus intime, j'ai voulu instiller une certaine tension dramatique, un suspens.
Après tout, je suis un « jeune » auteur. J'ai envie d'explorer des gammes différentes. Disons que c'est un nouveau premier roman...
Dans La vie sur le fil, c'est l'univers de l'archéologie, et en particulier l'Égypte ancienne, que vous donnez à découvrir...
J'ai toujours été passionnée par l'histoire. Pour Sciences et Avenir, j'ai eu la chance de réaliser de nombreux reportages en Égypte, de suivre plusieurs chantiers archéologiques majeurs, de pénétrer dans des pyramides et des tombes interdites de la Vallée des Rois. Mais mon plus grand souvenir reste celui d'un séjour, en 2006, sur le site d'Abydos. C'est l'un des points de départ du livre : la maison de fouilles blanche perdue dans le désert où j'ai séjournée, la nécropole d'Oumm el-Qa'ab dans laquelle ont été inhumés les tout premiers souverains d'Égypte. « Un monde des débuts », comme le dit un de mes personnages, où tout a été inventé : l'écriture, l'institution pharaonique, l'idée d'immortalité... Pour le personnage de Jonn, je me suis souvenu de l'égyptologue allemand Günther Dreyer, le découvreur de la tombe du roi Scorpion avec qui j'ai longuement arpenté cette nécropole.
Et celui d'Éva, la narratrice ?
Il m'a été inspiré par une femme extraordinaire. Elisabeth Daynès, une sculptrice, plasticienne, qui crée pour des musées du monde entier des reconstitutions d'êtres anciens. Elle travaille avec les plus grands préhistoriens, les plus grands anthropologues, ses oeuvres sont des témoignages scientifiques d'une grande rigueur, mais elles sont également troublantes de vie, et très touchantes. Elisabeth éprouve, pour ces créatures si différentes de nous mais en même temps si proches, une formidable empathie. J'ai passé beaucoup de temps à l'écouter et à la regarder travailler dans son atelier.
Il y a aussi une dimension plus intime dans ce roman...
Depuis des années, toutes ces immersions dans des mondes du passé, ces rencontres, m'ont amenée à réfléchir à notre rapport au temps, à tous les rituels développés depuis le fond des âges pour combattre la peur de la mort, en un mot à cette conscience qu'a l'être humain de sa finitude et comment il se débrouille avec... Quand j'ai dû, dans ma vie personnelle, faire face à la maladie, toutes ces réflexions me sont revenues. Et j'y ai, étrangement, trouvé du réconfort. Je me suis notamment souvenue de ce jour où, dans le désert lybique, j'avais entraperçu, au fond d'une cache, quatre momies, les parents et deux enfants, allongés là depuis des millénaires. Combien ils m'avaient paru paisibles, et familiers. J'ai voulu raconter cette scène. Et le sentiment qu'elle a fait naître en moi : je n'étais pas seule face à l'absurdité de la vie, j'appartenais à une longue chaîne d'humanité.