"- En voiture pour Paris !... en voiture pour Paris !...
L'employé courait le long du train en criant machinalement les mots rituels.
À la fenêtre d'un wagon de 1ère classe, un voyageur fumait une cigarette. Il avait l'air impassible, mais il jetait toutes les dix secondes un regard vers l'horloge de la gare de Calais. Ou bien il était pressé de partir, ou bien il attendait quelqu'un qui ne venait pas.
C'était un jeune homme d'environ vingt-cinq ans, assez grand et d'apparence athlétique. Il suffisait de voir ses épaules pour comprendre que c'était un sportif. Son visage reflétait l'énergie tranquille des forts. Nez droit, menton carré, touche rectiligne aux lèvres minces, yeux un peu enfoncés dans les orbites, tout indiquait une volonté qu'il ne devait pas être facile d'abattre.
Il regardait toujours l'horloge, et ses mains se crispaient sur la barre d'appui.
Enfin, un coup de sifflet retentit. Le jeune homme lança sa cigarette sur le quai, avec une nervosité qui trahissait la fin d'une contrainte, et il rentra dans le compartiment en disant :
- Ça y est, Georges !... Le train démarre, nous voilà tranquilles jusqu'à Paris !
Celui qu'il venait d'appeler Georges était du même âge, un peu plus vieux peut-être. Enfoncé, tassé dans son coin, la tête sur un oreiller, les jambes enveloppées dans une couverture de louage. Il était fort pâle et paraissait de complexion maladive. Sa poitrine se soulevait et s'abaissait avec difficulté, sous le rythme irrégulier de la respiration.
En entendant la phrase prononcée avec une satisfaction indicible par son camarade, il entr'ouvrit les paupières et esquissa un faible sourire :
- Tant mieux, murmura-t-il."
Suzy Nelson attrape son train, la Flèche d"Argent, in extremis. Dans le compartiment où elle pénètre, deux hommes sont déjà installés. Au cours du voyage, Suzy est intriguée par une énorme tache sombre sur le sol... une énorme tache de sang...